Opinion
La vérité malgré
les médias
Ahmed Halfaoui
Samedi 13 août 2011
Il ne faut
jamais désespérer de l'Humanité. Quatre
personnalités politiques européennes
dont une ex ministre de Jacques Chirac,
Margie Sudre, se sont rendues en Libye.
Elles ont expliqué leur voyage par le
souci de se «rendre compte
de la situation dans le pays». Il faut
s'attendre à ce qu'elles soient suivies
par d'autres. Il faudrait préciser
que la presse y est pour beaucoup. A
force de grossir ses mensonges, elle a
fini par son zèle à convaincre pas mal
de monde que ce qu'elle rapportait
n'était pas tout à fait ce qui se
passait. D'ailleurs elle n'en a pas été
du tout enchantée. Le Parisien, par
exemple, titre ironiquement:
«L'étrange épopée des élus français à
Tripoli». Il continue dans le texte :
«Alors que les avions français sont
toujours engagés dans le ciel libyen et
que la communauté internationale
continue à mettre la pression sur
Kadhafi pour qu'il quitte le pouvoir, un
bien curieux voyage s'est déroulé la
semaine dernière à Tripoli. «N'y pouvant
rien les médias vont tenter cyniquement
de discréditer l'initiative en insistant
sur le fait que ce serait une «ONG
sponsorisée par Aicha Kadhafi», qui
aurait organisé le voyage et que la
délégation aurait été reçue par des
ministres libyens. Ce qui est totalement
faux. Mais rien ne fera que ses
conclusions soient fausses. Ce qui est
acquis c'est que Margie Sudre regardera
la télévision et lira les journaux avec
de tout autres yeux que depuis son
enfance. Voici ce qu'elle raconte :
«Nous avons rencontré des familles de
civils bombardés par la coalition et
constaté que des dépôts de nourriture
avaient été touchés…je considère que la
communauté internationale a outrepassé
le mandat de l'ONU. Il ne s'agit plus de
défendre les populations civiles mais de
les attaquer.» CQFD. L'un de ses
compagnons, Michel Scarbonchi, enfonce
le clou : «Les conseils de Bernard-Henri
Lévy mènent notre pays dans le mur.»
Moins agressifs, mais tout aussi
fielleux, quelques articles s'essayent à
dénicher une démarche élyséenne en
vue de prendre langue avec Kadhafi, pour
l'ouverture de négociations de sortie de
crise. Le tout étant de faire en sorte
de neutraliser les vérités qui mettent à
nu la duplicité dont ils font preuve
depuis le début des massacres et
des destructions. Ainsi, à la débâcle
d'une stratégie criminelle et à la
faillite d'une ambition coloniale,
s'ajoute le profond discrédit du
discours politique et de l'arsenal
médiatique. Concernant le peuple
libyen, malgré
la tragédie qu'il est en train de vivre,
l'agression va probablement servir de
catalyseur inestimable à une
extraordinaire métamorphose, dont on
peut observer les prémices. A commencer
par cette prise de conscience de
la notion de souveraineté populaire.
Car, rarement au cours de l'Histoire on
a pu voir une telle mobilisation et une
telle communion d'un peuple. Si le
plébiscite de Kadhafi peut susciter des
doutes sur un quelconque changement,
c'est la nature de ce plébiscite qui
doit servir l'analyse. Il est le fait
d'un peuple en armes vis-à-vis d'un
«Guide» isolé et traqué par la plus
puissante machine de guerre du monde.
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Publié le 13 août 2011 avec l'aimable
autorisation de l'auteur.
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