Opinion
Les Frères tels
qu'ils sont
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Vendredi 13 janvier
2012
La
confrérie ne se retient plus, elle
caracole en tête des favoris de la
presse bien pensante. Hier ennemie jurée
des gouvernements nationalistes, elle
savoure, aujourd'hui, leur chute ou leur
affaiblissement. Les Frères musulmans,
arrivés au pouvoir en Tunisie et en
Egypte, s'empressent de se défaire de ce
qui fut leur fonds de commerce,
l'animosité contre Israël en particulier
et l'Occident en général. Ils abattent
leurs cartes. Les Frères égyptiens ont
donné des garanties aux Etats-Unis sur
le respect du traité de paix conclu en
1979 entre l'Egypte et Israël.
Parallèlement, Rached Ghannouchi, le
Tunisien, a assuré Washington et
l'AIPAC, par l'intermédiaire du
Washington Institute for Near East
Policy (WINEP), qu'il ne s'interdisait
pas des relations avec l'Etat sioniste.
Il l'a déclaré sans sourciller, alors
que le projet de Constitution de son
pays en faisait une ligne rouge à ne pas
franchir. Ce qui vient confirmer ses
«rencontres discrètes avec des
dirigeants israéliens» révélées par «The
Economist». Sur quoi, l'ancien
ambassadeur d'Israël en Egypte, Yitzhak
Levanon, a cru nous apprendre des choses
en déclarant que la nouvelle politique
islamiste serait «plus réaliste».
Comprendre : trouver sa concrétisation
dans l'abandon de la résistance à la
volonté hégémonique du grand capital et
des Etats-Unis. En récompense, le leader
d'Ennahda a été désigné, lors d'une
cérémonie organisée par le magazine «Foreign
Policy», comme l'un «des plus grands
intellectuels de l'année 2011». Que ses
partisans ne s'emballent pas, leur chef
n'a pas eu droit à un quelconque examen
pour juger de ses capacités cérébrales.
Comme d'ailleurs ses co-lauréats, tels
Dick Cheney, Condoleezza Rice, Hillary
and Bill Clinton et quelques Arabes bien
choisis. Ainsi, le nationalisme en
projet d'être définitivement hors
course, les Frères sunnites vont servir
dans la deuxième grande bataille, contre
l'ennemi chiite : l'Iran et ses alliés
dans une région qui regorge de pétrole
et de gaz. Le calcul souffre, quand même
et heureusement, de grandes zones
d'incertitudes. Les rapports de force
internationaux, la montée au créneau de
la Russie appuyée par la puissance
chinoise, les doutes sur les capacités
des Etats-Unis à réduire l'Iran, quand
ils ont dû se retirer de l'Irak et
qu'ils ne sont pas loin de céder devant
la résistance des Talibans, autant de
facteurs qui empêchent les certitudes
sur la concrétisation du projet de Grand
Moyen-Orient, initié par Georges W.Bush
et poursuivi par Barak Obama et son
égérie Mme Clinton. Ceci sans préjudice
de la dynamique propre des peuples qui,
là où les Frères ont eu le bonheur des
urnes, ne sont pas en phase avec les
desseins cachés de leurs élus, même si
les votes ont été massifs comme en
Egypte. Ainsi, l'Islam «modéré», cet
euphémisme concocté dans des
laboratoires de la communication, a
fini, enfin, par se manifester au grand
jour, mettant fin à tous les débats
scabreux sur l'entêtement des
Occidentaux à insister sur la nécessité
de le promouvoir, depuis la chute des
bureaucraties de l'Est. Aujourd'hui, on
sait de quoi il retourne.
Article publié sur
Les Débats
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