Opinion
Sahara occidental
: à l'origine des choses
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Samedi 12 novembre
2011
Mohamed VI
n'en rate pas une pour tordre le coup à
la réalité, se poser en victime et
bafouer le droit international, pour
autant qu'il lui soit appliqué un jour.
Pour autant, aussi, que les Nations
unies ne finissent pas par se dissoudre
pour que le diktat réel se manifeste
ouvertement. Dans ce contexte très
favorable à l'iniquité, le monarque
appelle à la construction de l'ensemble
nord-africain. Au passage, l'Algérie est
invitée en filigrane à envoyer le
Polisario et ses réfugiés aller chercher
asile ailleurs. Car c'est de cela qu'il
s'agit et de rien d'autre. De façon,
croit-il, à chasser de la scène ce
peuple qui témoigne que la terre spoliée
lui appartient. Comptant bien sûr,
croit-il aussi, mater à huis clos les
Sahraouis qui mènent la vie dure à sa
soldatesque. Oubliant ce faisant,
surtout, qu'on ne peut appeler à l'unité
ses voisins quand on affiche une volonté
de prédation et d'expansion
territoriale. Le dernier des niais ne
s'y laisserait pas prendre. Donc, sa
majesté n'a aucune intention de céder un
iota de sa souveraineté à une Union qui
est censée balayer les frontières et les
féodalités, au profit de
l'épanouissement collectif des
Nord-Africains, Sahraouis y compris.
Dans ce cas, ces derniers auraient
adhéré de plein gré à la reconfiguration
de la région. Ce que M6 empêche de se
faire et qui nous pousse à une autre
réflexion. Ce serait bien de remonter à
l'origine du problème et de nous
rappeler les différents protagonistes
qui ont concouru à créer la situation
actuelle. A l'automne 1975, l'Espagne
livre le territoire au Maroc et à la
Mauritanie, qui l'envahissent le premier
par le nord et la seconde par le sud.
Fuyant les hordes déchaînées, des
dizaines de milliers d'habitants sont
rentrés en Algérie. Le fait accompli du
Makhzen a pu, par la suite, s'établir
avec le retrait de la Mauritanie.
Suivant la logique makhzénienne, ce ne
serait alors pas juste du tout que le
Maroc s'empare tout seul du Sahara
occidental. La Mauritanie devrait se
plaindre à l'ONU de l'arnaque en cours,
qui l'exclut de l'affaire, selon le
principe "pourquoi lui et pas moi",
parce que les Européens et les
Etats-Unis, qui font tout pour que le
roitelet de l'Ouest conserve son trône,
gèlent pour lui tout seul cette
résolution qui avait sommé son père à
organiser un référendum
d'autodétermination, il y a plus de dix
ans. Ce ne serait pas juste que la
Mauritanie qui c'était retirée
d'elle-même perde la part de territoire
que Hassan II ne lui avait pas
contestée. Au train où vont les choses
et pour respecter l'objectif réduit de
la folklorique "Marche verte", la Séguia
El Hamra et le Rio de Oro ne devraient
pas revenir au seul Maroc. Mais M6 ne
fait pas du tout allusion à ce qui a
présidé à l'occupation et au découpage
concerté du pays sahraoui. Il le
revendique en entier et se targue de
vouloir, ainsi, défendre l'unité du
royaume. Faisant par là même preuve
d'une mauvaise foi inqualifiable. Parce
qu'il suffirait que Nouakchott se
rappelle à son bon souvenir en exhibant
ce qu'il faut comme accords conclus pour
le faire se contorsionner de confusion.
Peut-être fait-il tout ce qu'il faut
pour que cela ne se produise pas.
Article publié sur
Les Débats
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