Opinion
Traumatismes
psychiques ici et là-bas
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mardi 11 octobre
2011
Un
contrôleur de la Société nationale des
chemins de fer français a été agressé
par un déséquilibré. Ses jours n'ont pas
été mis en danger. On apprend, par
ailleurs, que «les clients et (un)
deuxième contrôleur choqués par
l'agression ont été orientés vers une
cellule de prise en charge
psychologique». Une très bonne chose,
car quand on assiste à ce type
d'événement on n'est pas forcément
insensible. Ceux qui on en fait
l'expérience peuvent témoigner de l'état
de choc qu'ils ont vécu, des pertes de
sommeil et de la terrible prostration
qui peut les avoir atteints. Dans ce
cas, il est extrêmement dur de reprendre
à vivre et de se détacher de l'horreur
que l'on a vue. Heureusement que la
France s'est dotée, depuis 1995, d'un
dispositif de secours destiné «aux
besoins psychologiques des victimes de
catastrophes, d'attentats et d'accidents
collectifs». C'était à la suite de
l'attentat terroriste à la station du
métro St Michel à Paris. Il s'agit, le
cas échéant, de mettre en place le plus
rapidement possible un dispositif étagé
pour la prise en charge de ces blessés
psychiques (sur le terrain, dans les
structures d'évacuation et dans les
consultations spécialisées pour les
séquelles). Même les ressortissants
français à l'étranger sont concernés. On
a là une grande avancée en direction de
l'humain. On ne peut que s'en féliciter
et se dire que tout va aller pour le
mieux, puisque la violence a perdu sa
banalité et qu'on s'occupe même de ses
conséquences sur ceux qui en sont
témoins, qu'on érige en «victimes». Bien
plus tôt, la notion de symptômes
séculaires de psycho traumatismes était
déjà devenue un «véritable problème de
santé publique aux États-Unis» à la
suite des conséquences sur les soldats
des troupes étatsuniennes engagés au
Viêt-Nam. La culture du traumatisme
psychique s'est, ensuite, peu à peu
étendue à la vie civile dans les pays
européens. Désormais, comme disent les
spécialistes en la matière, il est
identifié comme «une catastrophe intime,
singulière et incommensurable». Au vu de
ce qui précède, il serait très
instructif de connaître ce que pensent
ces mêmes pays de ce qu'il faut faire
pour ces populations irakiennes,
afghanes, palestiniennes, libyennes,
soumises à la violence extrême de leurs
armées. Il faut absolument leur poser la
question concernant le cas précis des
enfants de Syrte, qui vivent sous un
déluge de bombes depuis plus d'un mois
et demi. Leurs bombes. On leur fait
grâce en admettant qu'ils les bombardent
pour les protéger de Kadhafi. On leur
demandera juste s'ils ont pensé aux
dégâts psychologiques qu'ils sont en
train de provoquer, dans des têtes qui
ont l'âge des contes de fées et des
rêves bleus. On leur demandera aussi si
leurs pilotes sont suivis par des
services spécialisés, pour les
éventuelles crises de conscience qu'ils
auraient, après chaque raid. On sait
qu'ils savent ce qu'ils font, qu'ils se
fichent comme de leur dernière
chaussette des infrahumains que nous
sommes mais, au moins, qu'on les entende
le dire et qu'ils arrêtent de nous
bassiner avec leurs discours compassés,
sur les atteintes aux droits de l'homme.
Article publié sur
Les Débats
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