Opinion
La démocratie des
gangs
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Mardi 11 septembre
2012
Objectivement, il est nécessaire que la
société s'organise pour faire pression
sur ses gouvernants. C'est même une
exigence démocratique qui permet, dans
le même temps, d'évaluer le degré de
développement de la citoyenneté. A
condition que cela se fasse dans la
défense ou dans la promotion de
l'intérêt général. A l'exemple des
syndicats des salariés, des associations
de défense des personnes vulnérables, de
lutte contre les fléaux sociaux ou de
protection de l'environnement. Mais ce
n'est pas toujours le cas. Surtout quand
il s'agit des lobbies. Ces groupes de
pression nés dans les pays anglo-saxons
avec le capitalisme industriel. Le mot
lobby tire son origine de cette époque.
Au Etats-Unis, il désignait les salles
de la Maison-Blanche où s'exerçait le
lobbying et en Grande-Bretagne, il
évoquait les couloirs du Parlement où
s'établissaient les contacts entre les
lobbies et les membres de la Chambre des
communes. Aujourd'hui, les lobbies se
sont multipliés au point de se compter
par milliers. Selon diverses sources,
pour l'Union européenne on compterait
15.000 lobbyistes et pour les Etats-Unis
autour de 35.000. Les plus influents
représentent les banques, les
entreprises ou des pays, à l'instar de
l'AIPAC, qui guide la stratégie
vis-à-vis d'Israël. Le phénomène est
totalement légal et les accréditations
lui donnent force de droit. Le rôle des
lobbies est d'orienter la politique dans
le sens des intérêts des payeurs. A cet
effet, des milliards de dollars sont
déboursés au profit du Congrès des
Etats-Unis. Véritables institutions, les
lobbies fournissent jusqu'à l'expertise
et participent à la prise de décision et
à la rédaction des lois au vu et au su
des "défenseurs" de la démocratie et de
la transparence. Nul ne parle de
corruption, alors qu'elle est avérée. A
peine relève-t-on des interrogations sur
le bien fondé de telles pratiques et
l'impact qu'elles "pourraient avoir" sur
la représentativité des élus. Ceci en
marge de la problématique que peut poser
cette représentativité, du point de vue
de la validité des choix électoraux,
rapportée aux attentes de l'électorat en
termes de capacité de ce dernier à
discerner entre les programmes qui lui
sont proposés. On comprend dès lors
pourquoi les promesses des candidats ne
sont presque jamais honorées. On
comprend moins que des gouvernements,
vassalisés par les lobbies, se
permettent de détruire des pays et de
massacrer des peuples au nom d'une
démocratie dont ils ne respectent rien.
A moins qu'il faille se faire à l'idée
que tout est fait à escient, sous les
ordres des lobbies et à leur service
exclusif, comme cela a été fait pour Halliburton et consort en Irak et comme
cela est en train d'être mené en Syrie
sous les bonnes grâces d'autre gangs, au
prix de la tragédie que l'on peut
observer. Faut-il se résigner ou espérer
que le banditisme finira par se brûler
les ailes ? Tout augure que nous nous
trouvons au seuil d'un grand déballage
des frasques du système qui, dans ses
propres bases, est de plus en plus
démasqué et ne peut pas se départir de
semer exclusion, désillusion et
désespoir.
Article publié sur
Les Débats
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