Opinion
Les civilisations
qui défendent l'humanité
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Samedi 11 février
2012
Selon M.
Claude Guéant, «les civilisations qui
défendent l'humanité (lui) paraissent
plus avancées que celles qui la nient.
Celles qui défendent la liberté,
l'égalité et la fraternité, (lui)
paraissent supérieures à celles qui
acceptent la tyrannie, la minorité des
femmes, la haine sociale ou ethnique».
En disant cela il ne précise pas à quoi
il se réfère, au régime de Vichy ou à la
Commune de Paris, et de qui lui croit
tenir, du général Jacques de Bollardière
ou du général Salan. Les gens de bien
connaissent la réponse et il fallait
bien que cela arrive, au sein même de la
classe politique française. Il fallait
que cela soit un descendant d'esclave,
Serge Letchimy, un Martiniquais, qui
réagisse. Depuis quelques années, les
choses se sont banalisées, les propos
racistes, de plus en plus nombreux, ont
gagné en audace et en précision. Le
débat sur «l'identité nationale»
renfermait en lui-même les prémices de
l'attaque qui va être dirigée contre
tous les acquis républicains. Le
discours de Dakar du président Nicolas
Sarkozy, la loi du 23 février 2005,
réhabilitant le colonialisme et des
dizaines de «petites phrases», jalonnent
le glissement vers la restauration d'une
idéologie sans concession envers les
maillons faibles de la société et les
indigènes, fussent-ils «de la
République», et qui pourrait se
justifier plus, le cas échéant, au cœur
de la stratégie atlantiste. La réponse
qui a explosé, au siège de l'Assemblée
nationale française, a eu l'effet
qu'elle devait avoir. Démasquée, la
droite ne pouvait que quitter la salle.
Ce fut la fin du «faire semblant», des
«lapsus» et «dérives individuelles». M.
Letchimy a montré du doigt la bête
immonde qui se pare encore du minois de
la démocratie. Même si François
Hollande, représentant d'un «socialisme»
douteux, pense que c'est une «polémique
inutile», le fascisme en herbe a
rencontré sa première adversité.
Désormais, la grille de lecture de tout
ce qui se dira et se fera va changer et
les décantations utiles vont se faire.
Déjà, libérée, la députée PS Marylise
Lebranchu a félicité M. Letchimy : «On a
quelqu'un de plus courageux que nous
tous. Nous aurions dû hurler depuis
longtemps». Et selon Cécile Duflot,
secrétaire nationale d'Europe
Écologie-Les Verts (EELV), «on
instrumentalise le débat public avec les
racines les plus sordides pour faire
oublier un échec politique, la crise
économique qui s'aggrave, les quatre
millions de chômeurs». Dans la même
veine, un article de presse rappelle que
«la dernière fois qu'en France un régime
politique ou une idéologie a évoqué
cette histoire de civilisation, c'était
l'extrême droite et la Collaboration».
Claude Guéant, celui qui a fait déborder
la colère, aura des difficultés à
rattraper les insultes faites à
l'intelligence humaine. Les médias qui
le soutiennent tentent, pitoyablement,
de focaliser l'attention de l'opinion
sur le mot «nazisme» utilisé par M.
Letchimy, dans le but de le
culpabiliser. Une façon désespérée de
détourner l'attention sur la
«nazification» en cours, qui risque,
faute de réaction appropriée,
d'annihiler deux siècles de victoires
contre la haine et l'asservissement.
Article publié sur
Les Débats
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