Opinion
La déchéance
morale
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 10 novembre
2011
Que
deviendront, adultes, ces enfants qui
vivent et grandissent dans un
environnement aussi malsain ? Pourquoi
les puissants de ce monde cultivent-ils
le mensonge et détruisent-ils les
derniers vestiges de ce que l'Humanité a
édifié de valeurs pour la société des
hommes ? Pourquoi sont-ils si hypocrites
et aussi cyniques ? Vers où nous
mènent-ils ? Ils ne savent pas,
eux-mêmes. Parce que nous avons atteint
le stade où la ploutocratie
internationale s'est accaparée les
ultimes espaces de décision. Il n'y a
plus que des hommes et des femmes de
main chargés de la sale besogne de
servir le marché. Le temps est
définitivement révolu où les politiques
pouvaient imposer un minimum de décence,
où l'intelligence intimidait la cupidité
et où les principes moraux avaient
cours. Désormais, ce n'est plus que la
brutale avidité qui s'exprime et rien
d'autre. Ce qui signifie qu'il n'y en a
plus que pour le profit débarrassé des
oripeaux dont il se paraît pour se
montrer discret. Pour preuve, il n'y a
qu'à observer la désertification
culturelle qui s'étend et il n'y a qu'à
constater l'inflation de ‘’philosophes’’
fast-food, de ‘’spécialistes’’ en tout
genre et ‘’d'intellectuels’’ que les
télévisions consacrent, alors que les
rares voix ou écrits réfractaires sont
étouffés. L'objectif étant celui de
décérébrer suffisamment de gens pour en
faire, au moins, des consommateurs de la
nouvelle imagerie du monde. Des
consommateurs, au moins passifs, du
spectacle qui se joue pour que soient
aplanis les derniers obstacles qui
s'érigent devant la libre-entreprise et
les flux de capitaux spéculatifs. Pour
la mise en scène, on prendra comme
langage ce qui a été produit de plus
noble. On parlera de liberté et de
justice pour tuer et prendre sans
culpabilité, ni honte. On agressera en
se faisant passer pour l'agressé et on
fera des ‘’révolutions’’ à la place et
malgré les peuples. Sinon, comment
peut-on plastronner devant sa victime,
quand elle n'avait aucune chance de se
défendre ? Comment peut-on tirer gloire
d'une victoire qui était prévue avant
même que la guerre ne soit déclenchée ?
Barak Obama a fait les deux, il a
plastronné et s'est vanté de ce qu'a
subi la Libye. Le comble est atteint
quand il déclare fièrement qu'aucun
soldat de l'Alliance atlantique n'a
trouvé la mort. Le fameux ‘’zéro mort’’
a été réalisé et le prix Nobel de la
paix des cimetières en trémousse de
joie. Il n'a pas un mot sur ces Libyens
morts par dizaines de milliers, pas un
mot non plus sur cette chair à canon à
bon marché qui a servi à faire croire à
une ‘’révolution’’. Devant un parterre
de courtisans, le premier président noir
des Etats-Unis, qui avait peut-être un
doute sur la puissance de feu de l'OTAN,
a aussi tenu à dire que l'aventure
libyenne en a prouvé la force. Le G8 est
content (pour les 12 qui en font un G20,
on ne sait pas), c'est ce qui comptait
pour notre coq de village. L'Histoire se
rappellera ce sordide discours. Car il
sera ressorti, lorsque les temps seront
venus, pour illustrer le résultat de la
déchéance des valeurs humaines et
l'indécence des princes du moment,
promus sur les cadavres de peuples
désarmés. On ne peut pas en dire plus.
Article publié sur
Les Débats
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