Opinion
Des matons
contrôlent notre courrier
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Lundi 10 juin
2013 Imaginons que dans chaque bureau de
poste, comme dans une prison, il y
ait un agent de sécurité qui ouvre
les lettres des citoyens pour les
lire, en vérifier le contenu et en
faire copie s'il y a lieu. Nous y
sommes en plein. Seulement, le
courrier a profité du développement
technologique et il n'y a pas besoin
de recourir à ce travail fastidieux
et trop voyant. Internet a balayé la
poste et la téléphonie mobile
connecte des milliards de personnes.
Les lettres, messages et autres
communications circulent à la
vitesse électronique entre les
correspondants sur un support
infaillible en efficacité. Alors, le
régime au pouvoir dans la plus
puissante «démocratie» du monde n'a
qu'à se servir directement dans les
réseaux qui maillent la planète. A
travers ses services de
renseignement, il peut avoir accès à
tout ce qui se dit, s'écrit ou se
transmet. La National Security Agency (NSA), le FBI et d'autres
officines certainement se servent
directement sur les serveurs ou sur
la Toile. Et voilà que le Washington
Post et le Guardian découvrent la
chose et la jette en pâture aux
Etatsuniens, très frileux lorsqu'il
s'agit de leur vie privée. Religion
néolibérale oblige, où il n'y a rien
de plus sacré avec la propriété,
bien sûr. La vérité établie, le
président Barack Obama doit
rattraper le scandale. Ecoutons-le :
«Personne n'écoute vos appels
téléphoniques.» Il parle à ses
concitoyens, car pour le reste du
monde, c'est permis. Il insiste en
assurant que l'opération consiste à
examiner " «les numéros et la durée
des appels», mais que les services
de sécurité «ne regardent pas le nom
des gens» et «n'examinent pas le
contenu». Nous ne savons pas encore
si les Etatsuniens ont compris ce
qu'il a voulu dire et s'ils ont cru
à son explication, mais le fait est
qu'il y a plus que l'écoute
téléphonique, les sites de
Microsoft, Google, Yahoo!, Facebook,
YouTube, Skype, AOL, Apple et
PalTalk sont intégrés dans un
programme qui permet de consulter
directement et en temps réel les
courriels envoyés sur Hotmail ou
Gmail ainsi que toute conversation,
images, vidéos et discussions
instantanées sur ces sites. Et cela
depuis quelques années. Nous
comprenons un peu plus précisément,
s'il en faut, pourquoi Hillary
Clinton tenait tant à la liberté
d'internet et pourquoi le
gouvernement qu'elle représentait
avait classé la censure de cet outil
au rang de crime. Certains
«révolutionnaires du clavier» ont dû
croire qu'ils étaient seuls
concernés et que c'est pour leurs
beaux yeux que la dame gesticulait
ses menaces. Alors que l'intérêt
était ailleurs, dans ces
gigantesques flux d'informations qui
alimentaient le renseignement du
Pentagone. Suppléant Obama, le chef
des services apporte l'éclairage
suivant : «Les informations
récoltées par ce programme font
partie des informations les plus
importantes que nous collectons à
l'étranger et sont utilisées pour
protéger notre pays d'une grande
variété de menaces.» Une attitude de
profond mépris pour l'humanité. Une
insulte faite aux peuples de la
Terre, auxquels sont déniés les
droits des «Américains», ce peuple
qui aurait tous les droits envers et
contre tous, y compris ces
Américains qui n'en sont pas et qui
sont connus en tant que Mexicains,
Brésiliens, Argentins, Vénézuéliens…
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