Opinion
Libye : résultat
des courses
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Jeudi 8 décembre
2011
Pour avoir
réussi à installer, au pouvoir, la bande
interlope de Benghazi, l'armée française
aurait, selon le Canard enchaîné,
bénéficié de substantielles
augmentations de salaires. Pas moins de
onze généraux français devraient palper
un bonus de 6 700 euros par an. Plus bas
dans la hiérarchie il y aurait des
augmentations de 320 à 560 euros pour
tous les officiers touchant des soldes
de plus de 5 000 euros par mois. Dans le
même temps, en Libye, l'heure est à
d'autres préoccupations. A commencer par
un grave problème de ressources
financières. Etant donné que même les
donateurs traînent des pieds avant de
libérer les aides promises. Il n'est pas
encore question des milliards de dollars
«gelés», en guise de sanction contre le
pouvoir déchu. En ce qui les concerne,
on ne sait toujours pas ce qu'il va en
advenir et pourquoi ils ne sont toujours
pas mis à la disposition de l'autorité
choisie par les geleurs eux-mêmes. En
fait, cela relève du droit
discrétionnaire de la «communauté
internationale», que les prétendus
nouveaux dirigeants du pays n'osent pas
bousculer. Ils attendront donc sagement
qu'elle se décide. En attendant, on le
voit tous les jours, ils doivent
démontrer qu'ils sont capables de gérer
ce qu'on leur a donné. Ces derniers
jours, ils ont nommé un Premier
ministre, frais émoulu des Etats-Unis,
qui commence à donner de la voix. Il
faut savoir que cela fait un moment
qu'il a été demandé aux hordes armées
qui sévissent à Tripoli d'en sortir et
de rendre les armes. Tout dit qu'elles
ne le feront pas, puisqu'elles ont
refusé d'obtempérer depuis le début et
qu'il n'y a aucune raison qu'elles le
fassent maintenant. Avant cet ordre,
c'est la population qui manifeste tous
les jours pour le même motif. Car c'est
elle qui paie le prix en exactions de
toutes sortes, que le comité de
rédaction international ne voit pas.
Dans deux semaines, le gouvernement va
l'appeler à «fermer la capitale à la
circulation» le 20 décembre, en cas de
refus des hordes armées. Sans mesurer le
culot d'un tel appel. Résumons la
situation. Pendant des mois la
population a crié, par millions, sa
colère contre les bombardements et
contre le fait qu'on veuille élire à sa
place ses gouvernants. Pendant qu'elle
criait les bombes étouffaient ses cris.
Les hordes ont pu à la fin entrer à
Tripoli et l'obliger de s'aligner, à
coup de massacres. Aujourd'hui on lui
demande d'aider les gouvernants à
s'opposer à leurs propres troupes. Ceux
qui ne délirent pas en chœur avec
l'opinion formatée par l'Alliance
atlantique et ses médias, n'auront aucun
mal à juger que ce qui se passe est trop
de la moitié. Pour les autres, les
décérébrés, ils n'auront qu'à continuer
d'admirer l'image d'Epinal de
«révolutionnaires», juste un peu
turbulents, qui ne reviennent encore pas
de leur «victoire». Jusqu'au jour où il
faudra bien que fasse déflagration la
brutale réalité d'une guerre de
prédation, peu importe qui en seront les
«bons» qui seront choisis par
Washington, Londres et consorts. Il nous
suffit d'en connaître les victimes et
les bénéficiaires.
Article publié sur
Les Débats
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