Opinion
Le bon côté de
l'Histoire
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Samedi 8 octobre
2011
On allait
presque se demander où elle était
passée, depuis un certain temps, depuis
qu'elle avait fait la leçon sur la Libye
aux dirigeants africains. En fait, elle
a dû se prendre de bonnes vacances,
tranquille qu'elle était de voir
l'ouvrage lancé par les tapisseurs de
bombes. Et puis la revoilà. Egale à
elle-même, pas hilare cette fois-ci, car
elle est en colère. Une colère noire.
Elle sort de l'ombre pour tancer des
auteurs de désordre. La raison est que
l'UNESCO a fait des siennes. L'UNESCO a
cru qu'elle pouvait voter ce qu'elle
voulait, comme elle voulait. La Clinton
va lui rappeler la façon de bien se
tenir. L'Organisation doit «revoir son
vote» sur la reconnaissance de la
Palestine en tant qu'Etat membre à part
entière. La furie juge qu'il est
«déroutant et inexplicable que des
organes des Nations unies prennent des
décisions sur le statut de la
Palestine». En voilà des manières ! Le
vote doit être annulé, sans autre forme
de procès. D'ailleurs, la suppression de
la contribution financière des
Etats-Unis est à l'étude. La protection
du Patrimoine culturel mondial de
l'Humanité peut aller se faire voir
ailleurs, quand est remis en cause le
sacro-saint principe d'éviter de nuire,
sous quelque forme que ce soit, à
l'entreprise de prédation sioniste.
D'après les
connaisseurs des arcanes du pouvoir
étatsunien, le fait qu'Hillary Clinton
ait été nommée à la tête du département
d'Etat n'est pas un hasard et Barak
Obama ne lui aurait pas donné ce poste
pour la consoler de sa défaite aux
élections présidentielles. Elle a été
installée parce qu'elle était la plus
sourcilleuse et la plus efficace en
matière de défense d'Israël. Deux
précautions valent mieux qu'une, au vu
du fait que le moindre état d'âme peut
être fatal au dispositif en place. Une
personne mal choisie peut faire une
déclaration qui ficherait en l'air des
dizaines d'années d'une rhétorique,
toujours la même, sur la «sécurité» de
l'Etat sioniste.
Le risque
est infinitésimal, mais il ne doit pas
être couru. Avec la dame, il est nul, et
jusqu'à présent elle ne faillit pas à sa
réputation. En plus, elle a la manière,
le geste et les mots. Du côté de
l'UNESCO on n'a pas encore les
réactions. La Belgique, le Danemark,
l'Espagne, la France et l'Italie, se
sont abstenus. Dans le contexte, c'est
comme si leur vote était pour. C'en est
trop, quelque chose ne va plus dans la
maison. Derrière tout ça, il y a ces
maudits Chinois et Russes, qui viennent
de mettre leur véto à propos d'une
résolution contre la Syrie. La dame,
folle de rage, ne manque pas de les
menacer. Pas trop loin. Eux, ils ont les
moyens de ne pas se laisser faire et
même de faire mal, très mal. Alors, elle
dit juste ça : «Ces pays
qui continuent à envoyer des armes au
régime Assad devraient examiner
soigneusement ce qu'ils font, ces
nations sont du mauvais côté de
l'Histoire et le peuple syrien ne va pas
l'oublier». C'est tout ce qu'elle a pu
trouver, en oubliant tout juste le
nombre de peuples qui n'oublient pas ce
que fait son pays dans ce qu'elle
considère, apparemment, comme étant le
bon côté de l'Histoire.
Article publié sur
Les Débats
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