Opinion
La barbarie en
campagne
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Dimanche 5 août
2012
Le refus de
négocier du CNS, cet aréopage désigné
par Hillary Clinton en tant que
«représentant du peuple syrien», a fini
par excéder Kofi Annan qui a fini par
comprendre que sa mission n'intéressait
pas du tout les Etats-Unis. Il a donc
décidé de ne plus continuer à se faire
prendre pour une marionnette. Pourtant,
il a essayé jusqu'au bout de faire
semblant de croire que les «amis du
peuple syrien» voulaient vraiment une
solution négociée et s'est dépensé sans
compter pour la cause. Plus haut dans la
hiérarchie, c'est Ban Ki-moon, le
secrétaire général de l'ONU, qui s'est
senti obligé de dévoiler «la guerre par
procuration» de l'OTAN contre la Syrie.
Ces deux signaux marquent le début de la
fin des mensonges sur le soutien à la
«démocratie» contre la «dictature». Le
refus de négocier n'a rien à devoir à
une radicalité, dont s'armerait le
conseil supplétif, mais à la totale
absence d'ancrage de la «révolution»
dans la société syrienne. Dans cette
situation, une transition pacifique
appuyée sur des consultations populaires
ne laissera aucune chance aux fantoches.
Sur ce registre, le ministre d'Etat
syrien pour les Affaires de la
réconciliation nationale, Ali Haidar,
vient de réitérer que la seule issue aux
violences était le dialogue politique.
Ce qui place le pouvoir syrien en
position de force, quand il ne cesse
d'appeler à des concertations, sachant
qu'à ce moment là, le décret de la
Clinton ne résistera pas à l'implacable
réalité du verdict populaire. Se pose,
alors, la question sur ce battage
médiatique qui persiste à ignorer le
véritable problème, celui de cette
«guerre par procuration», pour maintenir
le cap sur la prétendue «lutte
démocratique» qui de surcroît est
essentiellement menée par des bandes qui
revendiquent l'instauration d'un Etat
islamique. La réponse se trouve ailleurs
que dans un cadre moralement admis. Elle
se trouve dans le cynisme et dans la
barbarie des représentants des forces du
marché, qui ne se préoccupent pas du
tout d'être un jour démasqués. «On ne
demande pas au vainqueur de
s'expliquer», c'est le principe
directeur de ceux qui ne croient qu'au
droit de la force. Principe auquel
s'accrochent tous les vassaux et toutes
les servilités périphériques, convaincus
de tirer quelque bénéfice de se mettre
du côté du plus fort, fusse au prix de
toutes les vilenies et de toutes les
bassesses. C'est l'attitude campée par
une partie de la presse algérienne, dès
que le sifflet a retenti pour qu'elle
s'aligne derrière l'appareil médiatique
de guerre de l'OTAN. Solidement
interconnectée avec les médias
mainstream, dans le même temps, elle
travaille en coordination étroite avec
eux, principalement lors des offensives
contre les acquis de l'Algérie
indépendante, dont le maintien d'une
certaine souveraineté sur des secteurs
économiques et sociaux et sur le marché
national. Le tout sous couvert de
«s'opposer au pouvoir» et d'œuvrer pour
la «démocratie», en donnant de larges
espaces à la propagande néolibérale,
représentée par des «experts» vendeurs
des recettes du FMI, de la Banque
mondiale et de l'Organisation mondiale
du commerce.
Article publié sur
Les Débats
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