Opinion
Envers du
«printemps»
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 4 avril
2012
Quand on aura épuisé cette histoire de
"printemps", on devrait y voir un peu
plus clair derrière l'apparence des
choses. D'ailleurs, les premières
éclaircies peuvent être observées dans
les pays qui ont fait leur "printemps".
Ce n'est pas encore suffisant pour que
les yeux se décillent, mais c'est tout
de même le début de quelque chose de
grandiose. Car il faudra, alors,
inventer autre chose ou affronter les
vraies forces du changement. Celles-ci,
ni Hillary Clinton, ni ses clercs, ne
les apprécient. C'est pour cela qu'ils
se sont empressés, ici et là, soit de
faire élire, par des "amis", à la place
des peuples leurs gouvernements ou CNT,
CNS "représentatifs ", soit de présenter
comme modèle à suivre une monarchie des
plus archaïques. Toujours est-il
qu'après la fête et les satisfécits, le
"changement" promis et chanté se fait
attendre, si la situation n'est pas pire
que ce qu'elle était. En Tunisie, il y a
longtemps que le jasmin annoncé a été
oublié et, sur fond de montée des
fractures idéologiques, s'aggrave un
quotidien dont les Frères au pouvoir ne
semblent pas être les meilleurs
gestionnaires. Et pour cause, le système
reste bien en place et il n'est
nullement question de s'en défaire. Par
conséquent, en guise de programme
économique, le gouvernement s'installe
dans la routine de Zine El Abidine Ben
Ali, avec la difficulté d'une fronde
sociale que le dictateur déchu ne
connaissait pas. Aucun miracle, donc,
que l'espoir d'une "relance du tourisme"
et d'une "reprise complète de l'activité
dans le secteur des phosphates". Les
Tunisiens avaient cela qui marchait et
qui ne les a pas empêchés de ne pas être
contents. Ils attendaient plus des
nouveaux venus, portés par les vents
"révolutionnaires". Le même tableau se
présente au Maroc, où le "changement" a
enthousiasmé les Etats-Unis, l'UE et
l'ONU. Là-bas, il y a aussi des Frères
au pouvoir (si l'on peut occulter celui
de Mohamed VI) . Eux aussi ont de
sérieux problèmes en perspective. Cela
commence par la révision à la baisse des
prévisions de croissance, par la Banque
du Maroc. Malgré l'introduction des
règles "islamiques" qui devaient faire
gagner des points. De 5%, on est passé à
4,2% pour l'année 2012, pour s'en tenir
à 3%. Additivement, le déficit
budgétaire a atteint à plus de 6% du
PIB, un record dit-on. Et c'est le
"printemps" qui l'a provoqué, car le
Makhzen aurait fait beaucoup de dépenses
pour calmer la rue et la maintenir dans
le moule de ses "réformes" à lui. De
plus les Frères survoltés ont fait
énormément de promesses, et on attend
qu'ils "passent à la caisse", ironise un
économiste, du moins, si la "relance du
tourisme" et les exportations de
phosphates donnent les moyens qu'il
faut. Les Marocains apprécieront. En
Algérie, il n'y a encore ni Frères au
pouvoir, ni "printemps". Mais, après le
10 mai prochain, elle en aura le label.
C'est sous haute surveillance,
occidentale surtout car l'autre ne
compte pas, que le pays va bourgeonner.
Déjà Catherine Ashton, la haute
représentante des relations extérieures
de l'Union européenne, se réjouit de
l'intérêt que porte l'Algérie à son
organisation en l'invitant. On attend
pour voir.
Article publié sur
Les Débats
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