Opinion
Libye : le FMI
fait semblant
Ahmed
Halfaoui

© Ahmed
Halfaoui
Samedi 4 février
2012
On continue
à faire semblant, malgré tout. Le
problème est que les mensonges, qui ont
accompagné la «révolution» arrivent de
moins en moins à entretenir l'illusion
d'une «démocratie» en marche. La bande
interlope censée représenter la «Libye
nouvelle» n'aide pas à la tâche. Les
«révolutionnaires» ne semblent pas prêts
à se départir du pouvoir, qui leur a été
offert par les bombardiers de l'OTAN,
sans s'assurer de leur part de richesse.
Dur, dur de mentir encore et encore sur
un pays dont l'avenir est des plus
sombres. Malgré tout, la «communauté
internationale», moins triomphante quand
même, continue de faire comme si tout
s'était bien passé. C'est ainsi que l'on
peut expliquer la visite de Christine
Lagarde, présidente du Fonds monétaire
international. Malgré tout, elle a fait
des appréciations et donné des
orientations pour sortir le pays d'une
situation financière «précaire». On
remarquera, en passant, que personne ne
s'est étonné de cette soudaine
«précarité» d'une économie qui irriguait
les banques en faillite et l'Afrique.
Mais ce serait trop demander au cynisme
incarné et aller trop loin, au gré de
ceux qui ont, à la fois, détruit le pays
et «gelé» ses avoirs souverains, au nom
du soutien à la «révolution». Toujours
est-il que la dame du FMI est inquiète
de la situation et envisage d'aider à
combler le déficit budgétaire. Le
rapport qu'elle a amené sous son bras
indique que «l'Etat se finance en
empruntant à la banque centrale et en
tirant sur ses dépôts. La contrepartie
sur le bilan de la banque centrale est
une création de monnaie, principalement
à travers un accroissement des billets
en circulation ainsi que des soldes des
comptes des banques commerciales à la
banque centrale». Une très mauvaise
affaire qu'on tente d'atténuer en
tablant sur environ 70% de croissance en
2012. Trop facile, pourrait-on dire,
quand il s'agit de partir de zéro. C'est
pour cela qu'on ne parle que d'aider la
Libye à relever «les défis essentiels»,
sous réserve que «la situation
sécuritaire sera normalisée». Suivent
des recommandations sur les conditions à
mettre en place, surtout l'équilibre
macroéconomique. Pour ne rien gâcher, le
pouvoir croupion, qui contrôle à peine
ses bureaux et les communications avec
ceux qui l'ont installé, a des projets
de développement de la finance
islamique. Le FMI a donc proposé de
l'aider à rédiger la législation, «en
s'assurant que des principes législatifs
et comptables adéquats soient en place,
le personnel de régulation bien formé,
et les produits de banque islamique
présentés au grand public de manière
transparente». Le FMI n'étant pas
habilité à mettre de l'ordre dans le
tumulte qui rend impossible toutes ses
recommandations, se contente de réciter
ses recettes habituelles. Reste au CNT
de se débrouiller avec les hordes qui
occupent le territoire et se le
disputent sans concession. Des hordes
qui ne l'ont jamais fait figurer dans
leur hiérarchie et qui ne reconnaissent
pas en lui la moindre autorité. Mais la
présidente du FMI se devait de faire le
voyage. Il le fallait bien pour que ne
soit pas démenti que la Libye soit bien
ce pays «libéré» et en voie de
démocratisation.
Article publié sur
Les Débats
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