Opinion
L'automne des
indignés
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Samedi 3 septembre 2011
Bientôt,
avec la rentrée sociale, le comité de
rédaction de la presse globalisée va
avoir du pain sur la planche. Parce que
cette fois-ci les opinions utiles, pas
ce magma de Noirs, d'Arabes et d'Arabes
aux origines indéfinies mais décrétés
comme tels, vont être aux premières
loges de l'événement, qui se passera
dans leurs rues, sous leurs fenêtres,
autour d'elles, dans leurs maisons. Un
mouvement s'est ébranlé vers Bruxelles,
avec ses chansons, ses brassards et ses
signes de ralliement. Il hante une
Europe, minée dans ses fondements par un
endettement implacable. Une dont
beaucoup d'analystes lucides prévoient
l'effondrement prochain. Sur son chemin,
il sensibilise, se fait acclamer et
prend rendez-vous pour le 15 octobre
devant le temple de l'Union européenne
qui «défend les marchés financiers
contre les peuples». Jusqu'ici, de
haltes en étapes, dans les différentes
villes traversées les «indignés» font
des émules et des comités les attendent,
les accueillent, en prévision de la
«journée internationale des indignés».
Où auront convergé ceux partis, ces
dernières semaines, d'Espagne, d'Italie,
d'Allemagne et d'autres pays. Les
revendications sont claires et sans
appel, contre les politiques
d'austérité, pour une économie au
service de l'humain et, bizarrement,
pour la démocratie. Alors que la
démocratie est une denrée que porte
fièrement l'Europe qui s'entête à
l'exporter, quitte à lui viabiliser le
terrain à coups de bombes. Cette
exportation que le comité de rédaction
unifié couvre avec beaucoup de
romantisme, sans les effets de la
viabilisation. Pendant ce temps il
occulte totalement ce qui attend la
capitale de la Communauté européenne. Là
où la souveraineté populaire est mise à
mal et où s'est produit ce que certains
n'hésitent pas à appeler : le coup
d'Etat des banques. Grâce au
fameux Traité de Lisbonne, il n'est plus
question de «droit au travail», ni de
«droit à une rémunération équitable et
satisfaisante» du travail. Par contre, a
été introduit la «liberté d'entreprise».
Au vu de cela, la suppression des droits
prend immédiatement une signification
particulière. Celle de l'antinomie qui
affecte les deux thématiques. On
comprend, par là, que les législations
nationales, démocratiquement choisies,
trop contraignantes ont été balayées
sans coup férir. Du mois c'est ce que
les concepteurs ont cru pouvoir faire
passer. C'était aller vite en besogne.
On ne chante pas la démocratie à tout
va, on en fait pas une quasi-religion,
pour la reléguer hors du champ social,
par un tour de passe-passe juridique. La
crise du système, sa faille, est venue
qui a mis à nu sa nature. Car, quand il
risque sa survie il dévoile sa nature.
Dans ses bastions, là où il doit
s'affronter à son propre peuple, qui est
en train de se «rassembler afin
d'élaborer et d'incarner ensemble une
société juste, responsable et
solidaire». Un revers cinglant au
double effet. Celui de devoir user du
même arsenal répressif, honni par
ailleurs, et de vivre le discrédit d'un
discours que tous les artefacts
médiatiques n'arriveront pas à
redresser. C'est ce à quoi va
assister le monde, probablement, durant
les mois qui viennent.
Article publié sur
Les Débats
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