Opinion
Libye : les
vérités voient le jour
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Dimanche 2 octobre
2011
L'Alliance
atlantique peut-elle plus, veut-elle
plus en Libye ? Le fait est qu'elle se
trouve dans une sale situation, parce
que les initiateurs du bourbier actuel
avaient des informations
particulièrement optimistes, quand la
réalité se trouvait dans
l'anticolonialisme exacerbé du peuple
libyen, dans ses capacités de résistance
et dans son entêtement à ne jamais se
soumettre, quel que soit le prix à
payer. Les bombardements criminels et
leur lot de victimes ont achevé de le
convaincre qu'il doit se battre jusqu'au
bout. Il ne reste plus aux agresseurs et
à leurs supplétifs qu'à se gargariser
d'une «victoire» que personne ne voit
sur le terrain et à la fabriquer, coûte
que coûte, en crédibilité, à une presse
mondialisée et fédérée dans l'ignominie
du mensonge. Mais, inévitablement, le
système médiatique commence à s'épuiser
devant les faits. Il ne peut plus
continuer indéfiniment à annoncer
presque quotidiennement la prise de Béni
Walid et, depuis quelques jours, il ne
peut plus cacher pourquoi l'OTAN
continue de bombarder et pourquoi le
«nouveau pouvoir» ne trouve à
s'installer nulle part. Les canaux
alternatifs ont fini par gagner en
audience et à attirer ceux, en masse,
qui ont fini par être écœurés par les
ridicules contorsions d'une presse qui
n'arrive même plus à trouver les
ressorts qu'il lui faut pour se
renouveler. La faute est parfois imputée
à l'inconséquence de l'OTAN/CNT, pour se
dédouaner, ce qui arrive assez tard pour
faire oublier des mois de mépris de
téléspectateurs, d'auditeurs ou de
lecteurs trompés. Sur des sites
sourcilleux vis-à-vis de l'authenticité
des informations postées, une leçon aux
monopolisateurs de la démocratie, on
peut accéder à une actualité qui ne met
pas en scène les seuls
«révolutionnaires» et qui n'est pas
fabriquée par les centres de propagande.
On peut apprendre qu'il n'y a pas de
«victoire» mais un massacre continu que
la «communauté internationale» ignore.
On peut apprendre que les ONG
humanitaires refusent ou sont interdites
de porter secours aux habitants de Syrte
qui paient le prix de défendre leur
dignité et qui manquent cruellement de
médicaments. On peut apprendre que le
«nouveau pouvoir» ne contrôle pas
grand-chose dans le pays et qu'à
l'inverse, sans les bombes des avions
occidentaux, il ne tiendrait pas une
journée. On peut apprendre que des
quartiers de Benghazi et de Tobrouk sont
insurgés et que Tripoli vit un face à
face où ce sont les résistants qui ont
l'initiative avec le soutien de la
population, dont les manifestations
anti-OTAN sont sauvagement réprimées. On
peut apprendre, surtout, malgré les
prévisions de l'OPEP et de la presse
spécialisée que la production de pétrole
est loin de faire l'objet de la moindre
prévision, puisque tout bonnement Brega
et Ras Lanouf sont sous contrôle de la
résistance libyenne et que Zaouiah
connaît des assauts incessants. Ceci
n'est qu'une partie de la liste des
vérités qui ont fini par gagner une
opinion qui grossit à vue d'œil. A leur
lumière on pourra comprendre pourquoi le
«nouveau pouvoir» reproche à l'OTAN de
«ne pas faire assez» et pourquoi le
colonel Roland Lavoie, porte-parole de
l'opération «protecteur unifié» lui
répond que «l'Otan n'a pas pour objectif
d'apporter un soutien aux forces du CNT
au sol». Dans la foulée, bientôt, il
faudra bien que soit mise sur la table
cette escroquerie criminelle de
«protection des civils».
Article publié sur
Les Débats
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