Opinion
Souhaits, vœux et
promesses
Ahmed
Halfaoui
© Ahmed
Halfaoui
Mercredi 2 janvier
2013
On ne peut s'empêcher de se rappeler que
pour 2012, il y avait plein de promesses
pour les Arabes et assimilés. C'était
l'année où le «printemps» et la
«révolution» allaient s'installer chez
eux, les sortir à la lumière et panser
leurs plaies. Dans les images, qui
portaient ces choses, il n'y en avait
surtout que pour ces jolies filles et
leurs sourires éclatants qui éclairaient
une marche censée être irrépressible.
Elles étaient là, au-devant des
événements ou, du moins, telles qu'on
voulait croire, le faire accroire ou
qu'elles soient vues, les annonciatrices
de la floraison. Même à Benghazi
«libérée», elles étaient omniprésentes
dans les reportages filmés, les joues
maquillées aux couleurs du drapeau du
roi Idriss, plus vivantes et plus
rayonnantes que jamais : la «nouvelle
Libye». Elles disaient la «démocratie»
triomphante contre ces «sociétés
archaïques» où elles gémissaient sous le
joug des traditions et de la religion.
Elles étaient les prémices du vent
nouveau, même les bombes de l'OTAN ne
faisaient pas une actualité égale. Parce
que chez les Arabes et assimilés, depuis
toujours, ce sont les femmes qui
focalisent le plus l'attention des
«analystes» et des «spécialistes» et qui
sont la mesure de l'état des libertés.
Elles ont donc naturellement et dans
l'ordre des choses servi les
illustrations de la machine médiatique
mondialisée. Mais l'année 2012 n'a pas
été ce qu'elle devait être. Ce sont les
Frères qui ont cueilli le «printemps».
Etait-ce contre toute attente ? Rien de
moins sûr. Toujours est-il que les
discours, les articles et autres
expressions n'ont plus l'enthousiasme
printanier. Leur propagande s'est cassée
les dents contre la dure réalité.
En Tunisie et en Egypte, les peuples ne
s'amusent pas, comme prévu, au gré des
faiseurs de contes de fée. Ils
affrontent toujours un système qui n'a
pas d'état d'âme et dont la «démocratie»
n'est rien d'autre que cette escroquerie
qui veut faire oublier que la liberté
et… les droits de l'homme ont des
fondements bien matériels, contre la
misère, l'exclusion et la dictature de
l'argent. «Le peuple veut du pain et du
travail», c'est ce qui s'est dit, depuis
le début, dans ces deux pays et qui n'a
jamais eu droit de cité dans les médias.
En Syrie, c'est un véritable carnage à
ciel ouvert qui se déroule, loin de
l'angélisme du «changement» de ces cyberactivistes, de ces «héros» d'un
genre nouveau, ces «révolutionnaires» du
clavier qui ont disparu comme par
enchantement du paysage, une fois le
relais pris soit par les Frères, soit
par les milices soutenues par les «amis
des peuples».
Pour 2013, ni blogueurs ni filles des
barricades, plus que le sordide visage
d'une «démocratisation» au goût de
trahison et de sang et une lourde
incertitude. On prend donc 2013 sans
niaiserie et on devrait se garder de
rêver dans l'absolu des faiseurs
d'illusions. Le monde à construire, ses
printemps, la démocratie ne doivent
devoir, à bien y réfléchir, qu'à
l'émancipation de ceux qui le font tous
les jours par leur travail, qui font le
pain quotidien aussi bien qu'ils
construisent les palais d'où il est
gouverné et où se conçoivent ses
malheurs.
Article publié sur
Les Débats
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