Jérusalem
et l'action arabe conjointe
Ahmad Y. Al-Qarei

Mercredi 24 février 2010
Jérusalem est la
principale cause arabe. Il était donc tout à fait normal qu’elle
occupe la priorité dans tout agenda arabe à partir de l’action
palestinienne conjointe à l’action bilatérale ou multilatérale
arabe. Cependant, il semble que cette priorité a connu un recul
évident dans l’action arabe conjointe. C’est ainsi que les
festivités de Jérusalem, capitale de la culture arabe en 2009,
ont été limitées à Jérusalem seulement. Nous comptions beaucoup
sur ces festivités en tant que point de départ d’une campagne
médiatique et culturelle sans précédent, aux niveaux arabe et
international. Mais ce n’était pas le cas. Jérusalem avait
vraiment besoin d’une telle campagne, car elle a connu les plus
violents plans de judaïsation à partir des tentatives de Sharon
de transgresser l’Esplanade des mosquées en 2000, à l’abolition
du droit de séjour à Jérusalem de 50 000 arabes vivant à
l’extérieur du mur de séparation. Tout ceci se passe alors que
les médias arabes se contentent de quelques nouvelles brèves et
de quelques rares articles et études sans lancer une campagne
médiatique globale et bien étudiée pour mobiliser les sentiments
arabes autour de la priorité de l’arabité de Jérusalem dans
l’agenda de l’action arabe conjointe.
Les festivités de 2009 de Jérusalem, capitale
de la culture arabe, n’étaient pas suffisantes. La cause de
Jérusalem a besoin de nombreux efforts. Les festivités de 2009
pouvaient être le début d’une décennie consacrée à Jérusalem
jusqu’en 2019 ou jusqu’à sa libération. Nos ancêtres ont déjà
réussi à libérer Jérusalem plus de 40 fois en 3 000 ans. Nous
devons donc nous donner la mission de la libérer une autre fois.
Jérusalem a besoin, plus que jamais, des efforts des forums de
pensée, de sciences, d’enseignement, de culture et de médias
arabes pour faire face aux campagnes israéliennes récurrentes
qui font la une des différents médias européens et américains.
Dans ce contexte, nous pouvons étudier une
situation actuelle où l’action arabe conjointe a connu un
cuisant échec. Il s’agit de la question de la déclaration
conjointe des ministres des Affaires étrangères de l’UE dont le
projet a été publié début décembre 2009 concernant Jérusalem et
les négociations. Alors qu’Israël s’est empressé d’exercer des
pressions sur l’UE et que des amendements ont été opérés sur le
projet européen pour s’accommoder avec la position israélienne,
l’action arabe conjointe est restée inerte. Bien que le projet
de rapport européen ait été déclaré à l’avance, le 23 novembre
2009, Israël s’est empressé de le mettre en doute et a prétendu
qu’il se contredisait avec la politique du Quartette. Il a même
prétendu que ce projet était une tentative de faire avorter les
tentatives américaines pour la reprise des négociations entre
les Palestiniens et les Israéliens et qu’il tentait d’imposer
des règlements contradictoires aux plans du président américain
Barak Obama. Toujours pas de position du côté de l’action arabe
conjointe. C’est ainsi que l’UE s’est trouvée obligée de se
plier aux pressions américaines et israéliennes pour amender le
projet à la faveur d’Israël.
Ces dernières années, Israël a essayé de
propager l’idée que le conflit dans la région était une guerre
israélienne contre le terrorisme. Il a réussi à exploiter les
événements du 11 septembre à son compte. C’est ainsi qu’il a
réussi à déformer l’image des Arabes dans la pensée américaine,
les plaçant dans une position permanente d’autodéfense.
Auparavant, Israël avait refusé l’initiative
de paix arabe avant même sa soumission à la conférence du sommet
arabe, c’est-à-dire depuis que le prince Abdallah bin Abdel-Aziz
l’a déclarée. Ce dernier a même proposé de participer au sommet
de Beyrouth pour parler directement avec les leaders arabes,
déclarant qu’il possédait un plan de paix en trois étapes.
Premièrement, un cessez-le-feu selon les ententes de Tenet et
les recommandations du rapport de Mitchell. Deuxièmement : une
trêve de longue durée permettant à l’Autorité palestinienne de
réaliser l’unité géographique de ses territoires sans traçage
des frontières. Troisièmement : délimiter les frontières finales
des deux Etats qui seront déterminées selon les relations
futures et selon les résolutions 242 et 338 du Conseil de
sécurité relatives aux frontières sûres et reconnues.
Quelques heures seulement après la
déclaration du sommet de Beyrouth, pour prouver son hostilité à
l’initiative de paix arabe, Sharon a dévasté Ramallah et a
encerclé l’ancien président palestinien Yasser Arafat au siège
de sa présidence. De plus, Sharon a déclaré son refus de la
clause la plus importante de l’initiative relative au retrait
aux frontières de 1967 et au retour des réfugiés. Quant aux
autres initiatives, Israël n’approuvait que les clauses
permettant la consolidation de l’occupation. Il suffit dans ce
contexte de rappeler le désengagement d’Israël envers la feuille
de route américaine. Le gouvernement du Likoud a alors pris pour
prétexte son différend avec le parti du Travail et a invité à
l’organisation d’élections anticipées le 28 janvier 2003.
Nous devons
profiter de toutes ces réalités et reconnaître l’importance de
la méthodologie juridique en traitant la question de Jérusalem
partant du fait que nous sommes les propriétaires des droits
légitimes. Pour faire face à l’intransigeance israélienne et aux
pratiques agressives israéliennes, nous devons également
renforcer les sources des forces politiques, économiques et
militaires des pays arabes et entamer une action se basant sur
les dimensions juridiques de notre cause.
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AL-AHRAM Hebdo
Publié
le 24 février 2010 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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