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Al-Ahram Hebdo
La désillusion
Abir Taleb
Photo Al-Ahram
Mercredi 19 mai 2010
Palestine.
Les Palestiniens ont timidement célébré cette semaine
la nakba dans un climat marqué d'une part par la désunion, et de
l'autre par le scepticisme quant au processus de paix.
C'est sans enthousiasme que les
Palestiniens ont appris la nouvelle du retour de l'émissaire
américain George Mitchell dans la région ce mardi pour des
entretiens avec leur président, Mahmoud Abbass, concernant les
négociations de proximité entre Palestiniens et Israéliens. Car,
dans les territoires occupés et même dans les territoires
autonomes, le processus de paix et la création d'un Etat
palestinien, on n'y croit plus trop. Face à un gouvernement
israélien qui crie haut et fort son intransigeance et qui laisse
clairement entendre qu'il ne veut pas d'Etat palestinien,
l'espoir de voir les négociations indirectes, entamées le 9 mai
sous l'égide des Etats-Unis, aboutir à des progrès concrets
visant à créer un Etat palestinien est bien mince. A peine
commencées, les discussions ont achoppé sur le contentieux des
colonies juives, Israël refusant de s'engager à un gel de la
colonisation à Jérusalem-Est. C'est déjà tout dire.
Or, la colonisation est l'une
des questions majeures à être résolue en vue d'un règlement
définitif. Si l'on en juge ce simple point, on voit tout espoir
se dissiper. Que dire alors des autres sujets hautement délicats
comme Jérusalem, le droit de retour, ou encore les frontières ou
l'eau ? Le tableau paraît sombre. Près de 19 ans après la
Conférence de Madrid, qui s'est tenue en octobre 1991 et qui a
mis sur les rails le processus de paix, les progrès réalisés
sont minimes. Pire encore, l'enthousiasme d'alors s'est
complètement dissipé. Et les faits, depuis cette date, ne font
que confirmer le climat de pessimisme qui règne à l'heure
actuelle. Depuis, ce sont des territoires en peau de léopard que
les Palestiniens ont réussi à « libérer ». Des territoires sur
lesquels ils n'ont qu'une autorité limitée et qui forme un
ensemble désuni loin de ressembler à un véritable Etat
souverain. Il suffit en outre de savoir que le dernier accord
signé entre Palestiniens et Israéliens remonte à 1998, c'était
l'Accord de Why Plantation, un accord qui, du reste, n'a jamais
été mis en application et qui prévoyait de nouvelles évacuations
israéliennes sur 13 % de la Cisjordanie.
Depuis cette date, c'est le
blocage total. Les ambitions ne cessent d'être revues à la
baisse au point d'arriver là où on en est : considérer que la
tenue de négociations, même indirectes, est une avancée en soi.
Volonté d'unité
C'est donc sans grande illusion
sur l'avenir du processus de paix que les Palestiniens ont
d'ailleurs commémoré cette semaine la nakba, la catastrophe qui
les a démunis de leur terre en 1948.
Aujourd'hui, s'ajoute à l'échec
du processus de paix une autre catastrophe interne, celle de la
désunion. Le Hamas et le Fatah ont consommé leur divorce en juin
2007, et depuis cette date, les multiples tentatives de
réconciliation interpalestinienne ont échoué. La bande de Gaza
demeure contrôlée par le Hamas, la Cisjordanie par le Fatah.
Pourtant, samedi dernier, à la
date anniversaire de la nakba, les divers mouvements
palestiniens ont affiché samedi leur volonté d'unité. A Gaza,
près de 4 000 manifestants ont défilé depuis le Conseil
Législatif Palestinien (CLP, Parlement) jusqu'à la
représentation des Nations-Unies, à l'appel de l'ensemble des
mouvements palestiniens, notamment le Fatah du président de
l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbass, et le mouvement
islamiste Hamas. Les manifestants ont remis à l'Onu une lettre
signée de tous les mouvements demandant au secrétaire général de
l'organisation Ban Ki-moon « de s'activer le plus possible pour
lever l'injustice contre le peuple palestinien », selon Zakaria
Al-Agha, un haut responsable du Fatah. C'était aussi l'occasion
d'évoquer la question des réfugiés. En commémorant la nakba, les
deux mouvements ont tenté de mettre leurs désaccords de côté
pour insister, entre autres, sur le droit de retour, un droit
« sacré », selon Ismaïl Radouane, un dirigeant du Hamas.
Aujourd'hui, l'Onu estime à quelque 4,7 millions le nombre de
ces réfugiés avec leurs descendants. La Résolution 194 de l'Onu,
adoptée le 11 décembre 1948 et renouvelée chaque année, stipule
que « les réfugiés qui désirent rentrer dans leurs foyers et
vivre en paix avec leurs voisins devraient y être autorisés le
plus vite possible ». Une résolution parmi d'autres restées
lettre morte en raison du refus israélien.
Droits de reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM Hebdo
Publié
le 20 mai 2010 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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