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Al-Ahram Hebdo
Obama cède à la pression israélienne
Abir Taleb
Photo Al-Ahram
Mercredi 4 novembre 2009
Palestine.
Tel-Aviv a réussi à rallier Washington à
sa cause pour que l’Autorité reprenne les négociations sans
l’arrêt de la colonisation. Une option irrecevable pour les
Palestiniens. En se déclarant prêt
à reprendre les pourparlers de paix « sans conditions », Israël
n’a en fait entrepris qu’une machination aux objectifs bien vils
: tenir la vedette en passant pour la partie qui appelle au
retour à la table des négociations et mettre les Palestiniens
sous le feu des critiques, puisque ce sont eux qui le refusent.
Une tactique bien connue. En effet, les Israéliens feignent
d’appeler à une reprise des négociations, en réalité, ils ne
font que maintenir leur intransigeance sans céder d’un pouce.
Or, ce qui est nouveau cette fois-ci, c’est que Tel-Aviv a
rallié Washington à son point de vue. Une position nouvelle de
la part de l’administration de Barack Obama, qui, depuis son
arrivée au pouvoir en janvier dernier, s’était montré plus
modéré que son prédécesseur et avait appelé, dans un premier
temps, à l’arrêt des activités de colonisation. « Je veux voir
les deux parties commencer les négociations dès que possible »
et sans conditions, a dit la secrétaire d’Etat américaine,
Hillary Clinton, qui a effectué une visite en Israël en début de
semaine et pour qui les propositions du premier ministre
israélien, Benyamin Netanyahu, sur une « limitation » de la
colonisation sont « sans précédent ». Elle faisait référence à
la proposition israélienne de ne pas construire de nouvelles
colonies en Cisjordanie.
Voilà donc un véritable retour en arrière
puisque l’administration américaine exigeait jusqu’ici qu’Israël
gèle totalement la colonisation avant le redémarrage des
pourparlers de paix. Ce volte-face américain est évidemment un
triomphe pour les Israéliens, triomphe que ces derniers n’ont
pas manqué de savourer. « La preuve est faite que les Etats-Unis
sont nos meilleurs amis et que l’attitude ferme d’Israël sur ses
positions est payante », a déclaré dimanche le vice-ministre
israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon, sur les ondes
de la radio publique israélienne.
Le fossé s’élargit
Cependant, côté palestinien, la réponse est
tout simplement « non ». « Faire pression sur les Palestiniens
pour qu’ils fassent davantage de concessions afin d’accommoder
l’intransigeance d’Israël n’est pas la réponse », a souligné le
négociateur en chef palestinien, Saëb Erakat, dans un communiqué
au ton tranchant. Et de lancer : « Les Palestiniens ne peuvent
accepter la poursuite de la construction des colonies ou la
colonisation de la terre palestinienne en violation des lois
internationales », précisant que depuis 2003 le nombre de colons
israéliens en Cisjordanie a augmenté de 17 %. M. Erakat a
également estimé que le processus de paix est « à un tournant
critique » en raison du refus d’Israël de « répondre à ses
obligations » de gel total de la colonisation en Cisjordanie
occupée. La veille, le président palestinien, Mahmoud Abbass,
avait déjà rejeté la demande de la secrétaire d’Etat américaine
et son porte-parole, Nabil Abou-Roudeina, avait estimé que
l’Autorité est prête « pour les négociations sur une base claire
qui est l’arrêt total et complet de la colonisation ».
Les Palestiniens sont appuyés par les Arabes
dans cette position. « S’il n’y a pas de gel des colonisations
(...), quel est le but de (nouvelles) négociations ? Ce n’est
pas sérieux », a affirmé le secrétaire général de la Ligue
arabe, Amr Moussa, au cours d’une conférence de presse en marge
d’une conférence sur la gouvernance mondiale organisée à
Marrakech (Maroc) par l’Institut Français des Relations
Internationales (IFRI) et à laquelle assiste également Mme
Clinton. « S’ils (les Israéliens) veulent continuer à agir de la
sorte, en contradiction avec les lois internationales, alors il
ne peut y avoir de normalisation » des relations entre Israël et
les Palestiniens, a souligné Amr Moussa, qui s’est aussi demandé
: « Pourquoi (les Israéliens) changent-ils la composition
démographique, le caractère géographique (des territoires
occupés), pourquoi expulsent-ils des gens de chez eux ? (...)
Vous trouvez que ça constitue un prélude à la paix ou un
environnement qui pourrait nous conduire à une paix juste ? ».
Avec ces nouveaux développements, on ne peut
que constater que le fossé entre les deux parties s’élargit de
plus en plus. Depuis l’arrêt des négociations
israélo-palestiniennes en janvier dernier suite à l’offensive
israélienne contre la bande de Gaza, la question de la
colonisation constitue la principale pierre d’achoppement. Les
Palestiniens avaient espéré dans un premier temps que les
pressions américaines sur Israël permettraient un gel de la
colonisation et un retour aux pourparlers. Or, la vérité s’est
avérée tout autre : les pressions sont allées dans l’autre sens
et c’est Washington qui a fini par céder. De quoi susciter la
satisfaction, sinon la jubilation, des Israéliens et la
désolation mêlée d’impuissance des Palestiniens.
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AL-AHRAM Hebdo
Publié
le 4 novembre 2009 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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