Al-Ahram Hebdo
Les Arabes contre
Israël : faiblesse ou complicité ?
Abdallah Al-Achaal
Mercredi 25 novembre 2009 Est-ce que les
Arabes se sentent vraiment impuissants face à la férocité
d’Israël qui a annoncé la liquidation de la cause palestinienne
? Ou bien existe-t-il une complicité implicite entre les Arabes
et Israël à propos de cette question ? Ou peut-être que les
Arabes ne ressentent pas l’importance de faire face à Israël
tant que celui-ci ne vise que la Palestine, et chaque Etat doit
donc faire de son mieux pour ne pas connaître le même destin ?
Pour répondre franchement à ces questions, il
faut d’abord faire trois suppositions. Premièrement, supposons
que les Arabes veulent réellement sauver la Palestine et
Jérusalem qui a été judaïsée par la force, au su et au vu du
monde entier, en défiant les sentiments de plus d’un milliard de
musulmans. Mais ils n’ont pas eu la force de réaliser leur
objectif, que ce soit à cause des pressions américaines, ou de
la faiblesse des sentiments d’enthousiasme envers Jérusalem et
la Palestine, ou bien à cause du conflit entre le Fatah et le
Hamas. En effet, Israël a trouvé dans le monde arabe avec ses
régimes actuels et le monde islamique, avec sa structure
perturbée, une occasion propice pour poursuivre le projet
sioniste. La première supposition se base donc sur le principe
que le monde arabe et islamique est parfaitement conscient du
danger de la phase actuelle et de la force d’Israël, mais il est
atteint d’un mal intérieur qui l’empêche de bouger. Si cette
supposition s’avère vraie, pourquoi les gouvernements arabes et
islamiques ne laissent-ils pas leurs peuples organiser leurs
rangs afin de faire face à Israël ? Ou bien les forces désirant
entrer dans cette lutte sont les forces islamiques et Israël a
menacé les gouvernements arabes et islamiques d’être ses
premières victimes s’ils libéraient les mains de ces forces.
C’est ainsi que si ces forces s’activent contre Israël à travers
les frontières des Etats limitrophes, ceux-ci seront exposés aux
menaces israéliennes et peut-être même à l’éventualité du
renversement des régimes fragiles actuels, qui ne pourront pas
résister face à la ruse et aux complots du Mossad.
Concernant le conflit entre la région et le
projet sioniste, en tant qu’un conflit éternel et fatal comme
l’assure Netanyahu, est-ce que les régimes arabes comptent
encore sur la générosité d’Israël ? Pourquoi ces régimes ne
prennent-ils pas l’initiative de lancer des programmes de
réforme sérieux visant à restructurer leurs sociétés afin de les
préparer à l’affrontement historique et fatal ? Et ce au lieu de
les affaiblir de plus en plus, en attente d’un nouveau Saladin
qui ne viendra pas sans ses soldats, c’est-à-dire sans des
sociétés prêtes à faire la guerre avec lui.
La seconde supposition est que les
gouvernements arabes et islamiques sont parfaitement conscients
du danger sioniste, mais ils ne savent pas comment faire pour
affronter ce danger. C’est la supposition la plus facile et sa
solution est aussi facile. Et ce, par un arsenal de pas et de
procédures diplomatiques et juridiques immédiats à la hauteur du
projet sioniste dans sa phase actuelle. En plus de plans visant
à développer et à renforcer les sociétés arabes et islamiques
pour qu’elles puissent accomplir cet affrontement final par tous
les moyens.
Et puisque nous n’avons aucune confiance en
la volonté des leaders arabes d’entrer en action, il peut
paraître inutile de répéter ce qui doit être fait pour répondre
à l’humiliation israélienne. Bref, Israël est en effet une
entité illégale et ses actes criminels, au moins à Gaza, ont
provoqué le monde entier. La moindre des choses qu’il fallait
c’était un soutien arabe à la tendance occidentale croissante
contre Israël et l’élaboration d’un plan d’action contre Israël
au niveau diplomatique et au niveau des Nations-Unies.
La troisième supposition est qu’il y a une
certaine forme de complicité arabe et islamique avec Israël,
sous prétexte que la perte de Jérusalem et de la Palestine est
un fait accompli et qu’il est impossible de les protéger face à
un projet en application depuis de longues décennies. Il vaut
donc mieux laisser cette proie à l’ennemi pour protéger les
autres patries arabes. La Palestine est donc l’offrande offerte
à Israël. Cette logique est la même que celle qui avait été
suivie par l’Angleterre et la France face à Hitler, connu sous
le nom de politique d’accalmie et qui a ouvert la porte devant
le leader nazi pour envahir toute l’Europe et déclencher la
Seconde guerre mondiale. En réalité, tous les indices poussent à
croire que cette complicité existe vraiment, qu’elle soit
directe par un accord ou sous forme de silence et d’impuissance
face aux actes israéliens. Pour dire vrai, cette complicité va
totalement à l’encontre des sentiments des peuples arabes et
islamiques qui s’attendent à ce que leurs dirigeants aient leurs
mêmes sentiments et soient au premier rang de défense de
l’identité et des droits arabes. En réalité, nous ne voulons pas
croire à l’existence de n’importe quelle forme de complicité et
préférons expliquer cet état de léthargie par l’impuissance de
faire face à la situation. Or, des indices clairs et nets nous
poussent à penser que cette complicité existe effectivement.
Si ceci est vrai, l’espoir de faire face au
projet sioniste avec l’approbation des gouvernements arabes et
islamiques n’est que pure illusion et il faut penser à d’autres
solutions. Or, il faut savoir que le projet sioniste vise toute
la nation arabe sans aucune exception. L’hégémonie sioniste
commence par tuer le sentiment de dignité avant d’envahir les
Etats à travers leurs frontières.
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Publié
le 25 novembre 2009 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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