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La mission du Mossad au Yémen
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Le Premier
ministre israélien, Benyamin Netanyahu,
entouré d’immigrés juifs yéménites.
©AFP
Dimanche 18 février 2018
Il y a
quelques semaines, l’armée yéménite et
Ansarallah ont annoncé avoir démantelé
une cellule composée de 17 personnes
d’origine somalienne et éthiopienne. Il
s’agissait d’ex-immigrés expulsés
d’Israël qui étaient chargés de missions
de renseignement. Ces agents possédaient
des appareils d’écoute, des disques durs
laser qui contenaient des données liées
à des personnalités et commandants
yéménites ainsi qu’aux institutions
militaires et civiles du pays. Soumis à
des interrogatoires, les prévenus ont
avoué avoir été recrutés par le Mossad. Au Yémen, Israël
joue « un sale jeu » qui n’est pas sans
rapport avec l’expulsion en masse des
immigrés d’origine africaine. Car la
guerre que l’Arabie saoudite a
déclenchée en 2015 contre le Yémen et
qu’elle s’acharne à poursuivre coûte que
coûte, ne lui profitera pas qu’à elle
seule. Le site israélien Walla évoque
dans un récent article les « intérêts
que partagent l’Arabie saoudite, les
États-Unis et Israël » au Yémen, qui ne
sont pas sans rapport avec la Palestine,
le Liban, l’Irak et la Syrie. « Ce sont
des intérêts liés à l’importance
stratégique que revêtent la mer Rouge et
le détroit de Bab el-Mandeb, importance
qui explique par ailleurs l’hostilité
d’Israël et de l’Arabie saoudite envers
Ansarallah ». Selon Walla, Israël
pourrait même être tenté de s’engager
directement dans le conflit yéménite,
tant cette région est névralgique du
point de vue géostratégique.
Que projette
Israël au Yémen ?
Le site
britannique Liberty Fighters revient sur
l’une des frappes les plus saillantes de
l’aviation israélienne en 2017 au Yémen,
celle qui a, de l’aveu de
l’ex-porte-parole de la coalition
pro-Riyad, al-Assiri, a visé « l’une des
bases d’Ansarallah à Taëz dans l’Ouest
yéménite ». À l’époque le général
saoudien était allé jusqu’à formuler le
vœu de voir la guerre au Yémen servir de
catalyseur à une normalisation
saoudo-israélienne, puisque « les
pourparlers secrets se poursuivent
depuis longtemps au sujet de l’appui
israélien à nos opérations militaires au
Yémen ».
Les juifs
yéménites particulièrement choyés par le
Premier ministre israélien, Benyamin
Netanyahu.
« Le détroit de Bab
el-Mandeb représente aux yeux d’Israël
un passage vital vers l’Asie, passage
qui pourrait devenir incontournable en
cas de tensions commerciales avec
l’Europe », affirme Walla, avant
d’ajouter : « Mais il y a aussi le canal
de Suez. Entouré de pays arabes, Israël
a toujours les yeux rivés sur les
passages maritimes de la région, car il
en a cruellement besoin dans ses liens
commerciaux avec le reste du monde.
C’est pourquoi il faudrait à Tel-Aviv un
allié, fût-ce un allié dans l’ombre,
comme Riyad, allié qui lui permettrait
de poursuivre ses efforts de guerre au
Yémen. Certes, Israël se tient pour le
moment au-dessus de la mêlée et ne prend
pas part directement à la guerre, mais
il se peut que Tel-Aviv décide de
s’impliquer directement dans les combats
contre Ansarallah et dans ce cas, la
voie la plus sûre serait des frappes
aériennes. »
Plus loin dans son
analyse, Walla lance un appel clair à
l’armée de l’air israélienne pour
qu’elle joue « un rôle plus actif » au
Yémen, où « l’aviation saoudienne n’agit
pas toujours avec succès ». Et le site
n’hésite pas à invoquer le sempiternel
argument qu’Israël met à toutes les
sauces pour justifier ses ingérences un
peu partout dans le monde musulman :
« Le Yémen se trouve sur la voie de
transit d’armes et de munitions
iraniennes vers le Liban et la bande de
Gaza, ce qui explique la nécessité de
l’intervention militaire d’Israël dans
ce pays. »
Le chroniqueur de
Yediot Aharonot, Alex Fishman,
évoque lui aussi l’intérêt qu’a Israël à
ce que la guerre « se prolonge au
Yémen » : « C’est une occasion en or
pour Tel-Aviv, dans la mesure où cette
guerre pourrait lui assurer des gains
stratégiques. » Fishman s’intéresse au
port d’al-Hudaydah, ville à majorité
houthie qui est « de loin le port le
plus important de la mer Rouge ». « Que
l’Arabie saoudite parvienne à s’emparer
de Hudaydah, ce sera une manne pour
Israël, car c’est le port qui domine le
trafic maritime au détroit de Bab al-Mandeb ».
Pour l’analyste israélien, « le contrôle
des Houthis sur la capitale Sanaa et
leur montée en puissance dans d’autres
provinces stratégiques sont une mauvaise
chose, dans la mesure où le contrôle de
Bab el-Mandeb échappera définitivement à
Riyad et à Tel-Aviv. »
Mais ce n’est pas
tout : Israël, dont l’industrie
d’armement peine à s’assurer une
clientèle digne de ce nom, a d’autres
considérations au Yémen. Surtout après
les confrontations militaires de ces
dernières années qui ont prouvé
la limite technique des missiles, des
boucliers antimissiles voire des avions
de combat israéliens. Les monarchies du
golfe Persique sont presque des proies
potentielles pour cette industrie
fléchissante.
La guerre au Yémen
a fourni le prétexte nécessaire à une
hausse de la vente des armes
israéliennes aux monarchies du golfe
Persique. Dans un récent article, le
chroniqueur du journal israélien
Maariv, Yossi Melman, revient sur
la présence des marchands
d’armes israéliens aux Émirats arabes
unis et cite l’un d’entre eux, le
dénommé Mati Kochavi. L’intéressé est à
l’origine de plusieurs contrats
d’armement d’une valeur de plusieurs
centaines de millions de dollars. Israël
aurait fourni aux Émirats de quoi
protéger ses sites pétrogaziers ainsi
que ses frontières maritimes. Melman
reconnaît que les coopérations
militaires des Émirats avec Israël ont
fait « retravailler » de nombreux
militaires israéliens à la retraite qui
travaillaient anciennement pour le
Mossad.
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