BDSF34
Israël cherche à expulser l’avocat Salah
Hamouri
Tamara Nassa
Des manifestations appelant à la
libération de Salah Hamouri ont eu lieu
récemment en France.
Alain
Pitton ZUMA
Press
Jeudi 17 septembre 2020
Tamara Nassar 11 septembre 2020
Israël cherche à
expulser de Jérusalem le défenseur
franco-palestinien des droits humains
Salah Hamouri.
Hamouri a été
convoqué le 3 septembre au Centre de
détention du quartier de la Mission
russe à Jérusalem, un centre de
détention israélien synonyme de torture
pour les prisonniers palestiniens. Là on
lui a remis une lettre du ministère de
l’intérieur d’Israël l’informant
que son statut de résident permanent à
Jérusalem serait révoqué,
selon le groupe de défense des
droits humains FIDH.
La décision aurait
été fondée sur la Loi israélienne
d’entrée de 1952, selon laquelle Israël
évalue si les Palestiniens peuvent
rester dans leur pays natal. Le FIDH a
alerté sur le fait que la loi viole
l’article 49 de la
Quatrième Convention de Genève, qui
interdit à une puissance occupante de
déporter des personnes vivant sous
occupation.
Hamouri, qui est
avocat,
a obtenu 30 jours pour faire appel
de la décision.
Hamouri, 35 ans,
est né à Jérusalem-Est occupée d’une
mère française et d’un père palestinien
et y a vécu depuis. Israël cherche à
l’expulser et à ne jamais permettre
qu’il revienne.
Il a auparavant
passé près de huit ans dans des prisons
de l’occupation israélienne.
France aurait
demandé à Israël de «
repousser » l’expulsion d’Hamouri.
Hamouri détient
la nationalité française.
Anna Azari, une
diplomate israélienne,
a dit à Eric Danon, l’ambassadeur de
France en Israel, qu’Hamouri est menacé
d’expulsion à cause de sa participation
active au Front populaire pour la
libération de la Palestine (FPLP), un
parti de gauche.
Azari a diffamé
Hamouri en l’appellant un des
« terroristes parmi nous ».
Israël considère
virtuellement tous les partis politiques
palestiniens comme des organisations
« terroristes » — un prétexte pour
arrêter régulièrement les Palestiniens
pour activité politique.
Hamouri a été
emprisonné en 2005 sur des
charges qui incluaient
l’appartenance au FPLP et un complot
pour tuer
Ovadia Yosef, un éminent rabbin.
Hamouri a maintenu
qu’il était innoncent.
Après trois ans de
détention administrative —
emprisonnement sans charge ni procès —
il a accepté un arrangement du tribunal
militaire d’Israël afin d’obtenir une
peine plus courte.
Il a été relâché en
2011 avec plus de 1000 autres
Palestiniens lors d’un
marché entre Israël et le Hamas. Les
prisonniers ont été libérés en échange
du soldat israélien capturé, Gilad
Shalit.
Israël
a arrêté à nouveau Hamouri en 2018
et l’a détenu pendant plus d’un an sans
charge ni procès.
Eric Danon
a demandé au ministre des Affaires
étrangères qu’Hamouri puisse rester à
Jérusalem.
Le gouvernement
français
a dit qu’il enquêtait sur les
« raisons de cette décision » et qu’il
demandait « son retrait immédiat ».
« Salah Hamouri
doit pouvoir mener une vie normale à
Jérusalem, où il est né et où il
réside », a ajouté le gouvernement.
Elsa Lefort,
l’épouse française de Hamouri, a été
expulsée d’Israël en 2016 et interdite
de retour pour dix ans.
France a appelé
Israël à permettre à l’épouse et au fils
d’Hamouri de lui rendre visite à
Jérusalem.
Révoquer le
statut de résident
En 2018, Israël
a passé une loi qui rendait possible
la révocation du statut de résident à
Jérusalem-Est pour les personnes qui
seraient considérées comme violant leur
allégeance à Israël.
Israël a occupé
Jérusalem-Est en juin 1967 et l’a annexé
formellement en 1980. Il y a environ
420000 Palestiniens qui y vivent.
Entre 1967 et l’an
dernier, Israël a
révoqué le statut de résident de
presque 14700 Palestiniens de
Jérusalem-Est.
Parmi les
excuses offertes pour ces
révocations figurait le fait que les
Palestiniens [en question] avaient
temporairement déménagé ailleurs pour
étudier, ou travailler, ou être plus
proche de leur famille ou se marier.
Parfois Israël a retiré l’autorisation
de résidence à des Palestiniens à cause
d’actions qui auraient été exécutées par
des membres de leur famille.
Des jetons de
marchandage
Le gouvernement a
annoncé plus tôt dans le mois que
les corps des Palestiniens tués par les
forces israéliennes ne seraient pas
rendus à leurs familles.
La politique
d’Israël a été de retenir les dépouilles
des Palestiniens tués par lui durant de
prétendues attaques contre des soldats
ou des civils.
Benny Gantz, le
vice-premier ministre, avait demandé que
la mesure soit renforcée.
Selon la
proposition de Gantz, Israël retiendra
tous les corps des Palestiniens tués par
ses forces d’occupation, même s’ils ne
souscrivent pas à un parti politique
palestinien.
« Le refus de
rendre les corps des terroristes fait
partie de notre engagement à maintenir
la sécurité des citoyens israéliens »,
a dit Gantz. Cela faisait aussi
partie de l’engagement d’Israël à
« ramener à la maison » les corps des
soldats israéliens qui ont été tués ou
sont portés disparus au combat, selon
Gantz.
En faisant ce
commentaire, Gantz a admis que la
politique d’Israël de retenir les corps
des Palestiniens était destinée à les
utiliser comme des jetons de marchandage
dans de futurs échanges de prisonniers.
Adalah, un groupe
qui plaide pour les droits des
Palestiniens en Israël,
a décrit la nouvelle décision comme
« une politique extrême, barbare,
illégale » qui était « motivée par la
vengeance ».
« Nous sommes
profondément inquiets des rapports
d’instrumentalisation supplémentaire de
dépouilles humaines dans le conflit
israélo-palestinien.
TWEET— ICRC en
Israël & TPO (@ICRC_ilot)
3 septembre 2020» La dignité du mort
et les droits de leurs familles doivent
être respectés à tout moment. Adalah
mène actuellement un combat pour
que soit rendu le corps d’Ahmad
Erakat, un Palestinien qu’Israël
a exécuté extrajudiciairement en
juin.
Israël a dit qu’Erakat
avait intentionnellement percuté un
checkpoint militaire avec sa voiture,
provoquant des blessures mineures chez
un soldat. Une vidéo de l’incident
montre que les soldats ont abattu Erakat
alors qu’il sortait de sa voiture, avec
les mains en l’air.
Sa famille a dit
que cet homme de 26 ans faisait des
courses avant le mariage de sa soeur
lorsqu’il a été abattu.
https://electronicintifada.net/blogs/tamara-nassar/israel-seeks-expel-lawyer-salah-hamouri
Tamara Nassar
est assistante de rédaction à The
Electronic Intifada.
Trad. CG pour
Campagne BDS France Montpellier.
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