BDS
TripAdvisor, parmi les entreprises qui
tirent profit
des crimes de guerre israéliens
Tamara Nassar
Au sein du bloc de colonies de
peuplement Gush Etzion d’Israël, dans le
sud de
la Cisjordanie occupée, une sur
les centaines de colonies construites
sur la terre
palestinienne en violation
du droit international. (Wisam
Hashlamoun APA images)
Dimanche 3 février 2019
Tamara Nassar – The Electronic Intifada
– 31 janvier 2019
Les sociétés de
réservation en ligne Airbnb, TripAdvisor,
Booking.com et Expedia alimentent
des crimes de guerre et en tirent profit
en répertoriant des centaines de
destinations dans les colonies
israéliennes en Cisjordanie occupée,
dont Jérusalem-Est.
TripAdvisor est
l’un des sites de réservation et de
recommandation de voyages les plus
importants et les plus influents du
monde.
« Le
gouvernement israélien utilise
l’industrie de tourisme en pleine
évolution dans les colonies de
peuplement comme moyen pour légitimer
leur existence et leur expansion, et les
sociétés de réservation en ligne entrent
dans le jeu de cet agenda » affirme
Seema Joshi, d’Amnesty International qui
a publié un nouveau rapport sur les
activités des sociétés.
Leurs annonces
contiennent des logements et des
attractions, et souvent omettent
d’indiquer qu’ils se trouvent dans des
colonies.
« Amnesty
International demande à ces quatre
sociétés de cesser de faire des affaires
dans ou avec les colonies » a
déclaré Mark Dummett, chercheur à
Amnesty International. « Elles
devraient interrompre, retirer ces
annonces immédiatement ».
« Nous appelons
également les gouvernements dans le
monde à réglementer les activités de ces
sociétés, à adopter des lois les
empêchant de faire de la publicité ou de
fournir des annonces dans les colonies
israéliennes » ajoute Dummett.
Toutes les colonies
de peuplement d’Israël en Cisjordanie
occupée dont Jérusalem-Est et sur les
hauteurs du Golan en Syrie sont
illégales au regard du droit
international et sont considérées comme
un crime de guerre.
En construisant ces
colonies de peuplement, Israël perpétue
des violations des droits de l’homme
contre la population palestinienne sous
occupation, notamment des démolitions de
maisons, des déplacements forcés et des
vols de terres.
La présence accrue
des colons illégaux signifie une plus
grande présence « sécuritaire » de
l’armée israélienne, ce qui se traduit
par encore plus de violences de la part
des forces d’occupation israéliennes, et
des colons eux-mêmes, contre les
Palestiniens.
Les Palestiniens
qui vivent sous l’occupation militaire
israélienne et qui sont soumis à de
sévères restrictions de circulation en
Cisjordanie occupée – ou en tant que
réfugiés en exil – ne peuvent pas louer
de propriétés dans les colonies
israéliennes voisines.
Israël interdit aux
Palestiniens en exil de rentrer dans
leur patrie, parce qu’ils ne sont pas
juifs.
Des colonies de
peuplement en expansion
Une annonce sur
Airbnb, TripAdvisor et
Booking.com concerne Kfar Adumim,
une colonie israélienne à l’est de
Jérusalem et proche du village
palestinien de Khan al-Ahmar.
La Haute Cour
d’Israël a donné son feu vert au
gouvernement pour démolir Khan al-Ahmar
et déplacer de force ses habitants.
Cette terre à l’est
de Jérusalem, dans la zone dite E1, est
l’endroit où Israël projette d’étendre
sa colonie géante Maaleh Adumim,
achevant d’isoler l’une de l’autre les
parties nord et sud de la Cisjordanie et
encerclant Jérusalem avec des colonies.
Au début de ce
mois, le ministre de l’Économie
d’Israël, Eli Cohen, s’est rendu à Khan
al-Ahmar accompagné de représentants de
l’organisation israélienne d’extrême
droite, Regavim.
Cohen a demandé à
Israël que le village soit démoli avant
les prochaines élections israéliennes en
avril.
« L’avant-poste
de Khan al-Ahmar devrait être évacué
avant les élections. Mais plus important
encore, nous devons nier la contiguïté
territoriale de l’Autorité
palestinienne, en venant et en annexant,
et en en mettant en application la
souveraineté (israélienne) sur la Zone C »
a déclaré Cohen.
Par Zone C, on
entend les 60 % de la Cisjordanie
occupée qui sont toujours sous l’entier
contrôle d’Israël en vertu des Accords
d’Oslo signés dans les années 1990.
Les sites de
réservation attirent également les
visiteurs vers des attractions
« archéologiques » israéliennes à Silwan,
un quartier de Jérusalem-Est occupée,
dont les habitants palestiniens sont
déplacés par la violence par Israël au
profit des colons juifs.
Amnesty
International a pris note que Silwan et
d’autres villages palestiniens situés
près des colonies se trouvent à
proximité d’attractions touristiques
« lucratives ».
Un exemple en est
la prétendue Cité de David, qui non
seulement génère des profits pour les
colons, mais fait aussi partie des
efforts en cours d’Israël visant à
effacer les caractères palestiniens,
arabes, chrétiens et musulmans de
Jérusalem, et à refaire et réécrire le
passé et le présent de la ville comme
étant principalement ou exclusivement
juive.
Des appels à
respecter le droit international
Dans une lettre de
décembre, le groupe palestinien Al-Haq
de défense des droits de l’homme et
trois autres organisations ont demandé à
Booking.com de cesser de répertorier
des propriétés en Cisjordanie occupée,
dont Jérusalem-Est, et sur les hauteurs
du Golan occupé, et de cesser de se
référer à ces zones comme si elles
faisaient partie d’Israël.
Airbnb et
Booking.com favorisent la « poursuite
et l’expansion des colonies israéliennes
illégales en Cisjordanie occupée »,
a déclaré Al-Haq.
« En permettant
à des touristes de faire des
réservations dans les colonies illégales
(dans les territoires palestiniens
occupés),
Booking.com apporte son soutien et
aide au financement d’une activité
illégale », ajoute le groupe.
Airbnb quitte la
Cisjordanie
En novembre, Airbnb
a annoncé qu’elle allait retirer de sa
liste les unités situées dans les
colonies israéliennes en Cisjordanie
occupée à la suite d’une campagne de
plusieurs années conduite par des
militants palestiniens et internationaux
défendant les droits de l’homme.
Mais Airbnb n’a pas
étendu cet engagement à Jérusalem-Est
occupée, où elle a plus de cent annonces
dans les colonies.
« Amnesty
International demande à Airbnb de mettre
en application son annonce et de retirer
tous ses répertoires dans les colonies
en territoire occupé, y compris
Jérusalem-Est » a déclaré le groupe
des droits de l’homme.
Malgré des mois de
pressions intenses venant d’Israël, de
groupes lobbyistes et de législateurs
états-uniens pour qu’elle revienne sur
sa décision, Airbnb a récemment réitéré
son annonce de novembre et déclaré
qu’elle retirerait les propriétés en
location.
En représailles, le
gouverneur de Floride a donné l’ordre à
son État de cesser de commercer avec
Airbnb.
Ali Abunimah, de
The Electronic Intifada, est apparu
mercredi soir sur Al Jazeera
en anglais pour discuter du rapport
d’Amnesty International.
« Promouvoir,
aider et profiter des colonies de
peuplement ne sont pas différents de
pénétrer dans un magasin, le dévaliser
sous la menace d’une arme, puis de
sortir dans la rue et d’y vendre les
biens volés pour votre propre profit
» a affirmé Abunimah.
Ali Abunimah ajoute
que les États – tels que les Pays-Bas où
Booking.com est basé – doivent tenir
ces sociétés pour responsables.
« Le
gouvernement néerlandais prétend
s’opposer à l’occupation mais il ne fait
rien pour faire respecter le droit
international ni exiger que ses sociétés
comme
Booking.com le respectent ».
Expulser les
organisations de défense des droits de
l’homme
Israël prévoit déjà
d’exercer des représailles contre
Amnesty International en raison de son
rapport.
Le ministre de la
Sécurité publique israélien, Gilad Erdan,
a ordonné aux autorités d’ «
examiner la possibilité de s’opposer à
l’entrée et au séjour d’Amnesty
International en Israël ».
Erdan cherche
également à mettre fin à l’exonération
fiscale de l’organisation par
l’intermédiaire du ministère des
Finances israélien.
Le ministre du
Tourisme israélien, Yarif Levin, a lui
aussi critiqué violemment le rapport
d’Amnesty International.
« Aucune force
au monde ne changera la vérité
historique pure et simple – la terre
d’Israël appartient au peuple juif. Nous
combattrons cette décision antisémite
méprisable. Personne ne peut boycotter
Israël, en tout ou en partie »
a-t-il dit, selon The Jerusalem Post.
Toute nouvelle
répression contre Amnesty International
s’inscrirait dans un processus israélien
plus large visant à restreindre le
travail des défenseurs de droits de
l’homme.
En début de
semaine, le Premier ministre Benjamin
Netanyahu a annoncé qu’il ne
renouvellerait pas le mandat d’un groupe
de surveillance des droits de l’homme à
Hébron.
Le mandat de
Temporary International Presence in
Hebron (Présence internationale
temporaire à Hébron), TIPH, devait être
renouvelé le 31 janvier, comme tous les
six mois.
Le groupe TIPH a
été créé en 1994, à la suite du massacre
de 29 hommes et garçons palestiniens
dans la mosquée Ibrahimi à Hébron par un
colon états-unien, Baruch Goldstein.
Ali Abunimah a
contribué à la recherche.
https://electronicintifada.net/blogs/tamara-nassar/...
Traduction : JPP
pour Campagne BDS France Montpellier
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