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Dieudonné: « Interdit de rire », un
livre qui revient sur la « chasse à
l’homme » menée par Manuel Valls
Arrêt sur Info
Photo:
D.R.
Lundi 22 septembre 2014
Près de
200’000 euros. C’est l’«incroyable et
somptueux cadeau fiscal» dont Dieudonné
a bénéficié
de l’administration française alors même
qu’au sein du gouvernement on
l’accusait d’être un fraudeur. C’est ce
qu’affirment les avocats de l’humoriste
dans un livre qui sort aujourd’hui et
qui est publié par une maison d’édition
suisse.
Par GRÉGOIRE CORTHAY
Maître David De Stefano et Maître
Sanjay Mirabeau, respectivement avocat
fiscaliste et avocat pénaliste au
barreau de Paris, peuvent un peu être
considérés comme «les avocats du diable»
en France. Tous deux assurent en effet
la défense d’un client qui ne laisse pas
indifférent: l’humoriste Dieudonné
M’bala M’bala. Un artiste qualifié
presque systématiquement de
«controversé» qui comptabilise plus
d’une demi-douzaine condamnations
définitives à son casier judiciaire.
«Chasse à l’homme» et «haine
ministérielle»
Au premier trimestre 2014, Dieudonné
a un peu donné l’impression d’être
devenu la principale préoccupation du
gouvernement français. Son spectacle «Le
Mur» a été interdit et David De Stefano
et Sanjay Mirabeau n’ont pas chômé pour
le défendre. Un labeur et des heures aux
côtés de l’humoriste qui leur ont
inspiré un livre: «Interdit
de rire. L’affaire Dieudonné par ses
avocats». Celui-ci sort
officiellement ce lundi 22 septembre.
L’ouvrage de quelque 150 pages est
publié par une maison d’édition
indépendante suisse (les Editions Xenia).
Tiré «à plusieurs milliers
d’exemplaires», il a figuré toute la
semaine avant sa parution en 2e place
des ventes sur le site Amazon en France…
avant que le libraire en ligne arrive en
rupture de stock!
«Interdit de rire» est, selon ses
auteurs, «un récit circonstancié des
persécutions» dont Dieudonné et son
entourage ont récemment fait l’objet.
L’ouvrage veut dénoncer de manière
argumentée la véritable «chasse à
l’homme» et la «haine ministérielle»,
menée en premier lieu par Manuel Valls
(alors ministre de l’Intérieur), dont
Dieudonné aurait été la victime. Le
livre est aussi vendu comme un
«réquisitoire qui fera date contre un
pouvoir en proie à l’incohérence et à la
dérive autoritaire».
La vraie signification d’une
«quenelle»
«Interdit de rire» propose notamment
un chapitre et un historique du fameux
geste de «la quenelle». Pour ses
avocats: «la vérité est que la quenelle
est un geste humoristique inventé par
Dieudonné et qui correspond tout
simplement à un bras d’honneur détendu
signifiant: je vous ai bien eu ou vous
m’avez bien eu, dans un esprit farce».
Les autres interprétations sont
mensongères, selon les
magistrats-auteurs.
Le livre expose encore en détails les
raisons et relate les coulisses
judiciaires de l’interdiction du
spectacle «Le Mur», une première en
France. Les auteurs évoquent aussi la
nature du rire, la fonction du comique
dans une société, notamment en France.
Se demandant notamment: «Y aurait-il,
d’un côté, des personnes dont il est
interdit de se moquer et de l’autre,
celles dont il est permis de rire?»
2 millions d’euros d’impôts
versés par Dieudonné
Surtout, ce livre révèle qu’un
«incroyable et somptueux cadeau fiscal»
a été offert à Dieudonné «par le
ministre du Budget Jérôme Cahuzac». Dans
un des chapitres, Maître David De
Stefano et Maître Sanjay Mirabeau
assurent que Dieudonné, accusé de ne
payer ni ses impôts ni ses amendes et
même d’organiser son insolvabilité, est
d’un point de vue fiscal «un patriote de
l’impôt» dont la situation fiscale
est en règle.
Documents à l’appui, les avocats
expliquent que Dieudonné a versé au
Trésor Public français plus de 2
millions d’euros, une somme «qui
correspond aux impositions dont
l’humoriste s’est acquitté ces dix-sept
dernières années, de 1997 à 2013». Les
défenseurs de l’artiste soulignent que
«Dieudonné paie ses impôts en France.
Contrairement à de nombreuses célébrités
françaises issues des milieux de la
chanson, du cinéma et du théâtre,
Dieudonné n’a pas, pour des raisons
fiscales, quitté son pays, la France.
C’est un patriote de l’impôt».
Surtout, ses avocats expliquent que
Dieudonné a bénéficié d’une remise
fiscale d’environ 200’000 euros (la
somme précise donnée est de 197’103,88
euros, n.d.l.r.) accordée par Jérôme
Cahuzac, le 1er février 2013. «L’État a
fait un cadeau de 200’000 euros à
Dieudonné alors même qu’il le
soupçonnait d’être un fraudeur, d’une
part, et que l’humoriste ne lui avait
toujours pas réglé ses amendes d’un
montant de 65’000 euros, d’autre part»,
notent ses avocats.
Des dysfonctionnements dans
l’action du Gouvernement?
Et ceux-ci de s’interroger dans leur
livre: «Comment une telle situation
a-t-elle pu se produire? Pourquoi le
gouvernement français a-t-il accusé en
fanfare Dieudonné d’être un fraudeur,
après lui avoir accordé en sourdine un
cadeau fiscal de presque 200’000 euros?»
Allant encore plus loin, Maître David
De Stefano et Maître Sanjay Mirabeau
écrivent souhaiter «la création d’une
commission d’enquête parlementaire afin
de connaître le fonctionnement et de
déterminer les éventuels
dysfonctionnements dans l’action du
Gouvernement et des services de l’État,
entre le 27 décembre 2013 et le 1er mai
2014, dans la gestion d’une affaire qui
a conduit à la détérioration de la
cohésion nationale».
*******
Dieudonné: «Je ne me
sens guidé par aucune haine»
«Interdit de rire» est préfacé par
Dieudonné. L’artiste, qui saura mardi 23
septembre s’il est expulsé du théâtre
parisien de la Main d’Or, comme le
demandent à la justice les propriétaires
de cette salle où il se produit depuis
15 ans, y défend le droit à la liberté
d’expression et à celui d’exercer son
métier d’humoriste.
Extrait : «Insolent, provocateur et
même indigne, ce sont des qualificatifs
que je veux bien entendre mais lorsqu’on
m’accuse d’antisémitisme, d’incitation à
la haine ou je ne sais quel renouveau
nazi, je ne peux que compatir aux
souffrances psychologiques de mes
accusateurs».
Il poursuit: «Je vous dirais que
malgré la puissance de la rumeur, sachez
que je ne me sens guidé par aucune
haine, je n’ai aucun projet
d’extermination en tête, pour les temps
qui viennent. Au contraire, j’ai envie
de dire aux gens que je les aime et
par-dessus tout, que j’aime les voir
rire. Ce sont pour moi des instants de
grâce et de communion».
Et de conclure: «Si j’ai heurté,
choqué ou indigné quiconque, je m’en
excuse sincèrement. Mais je vous
préviens que je recommencerai, et de
plus belle, car c’est mon droit et ma
liberté. Libre à vous de ne pas
m’écouter.»
22 septembre 2014
Source: La liberté.ch
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