Turquie
Putsch avorté en Turquie:
161 morts, 1563 militaires et 2700 juges
arrêtés
Al Manar
Samedi 16 juillet 2013
La tentative de putsch militaire qui
a secoué la Turquie dans la nuit de
vendredi à samedi a été mise en échec, a
annoncé le général Umit Dündar, chef de
l'armée turque par intérim, indiquant
que 104 putschistes avaient été abattus.
"Cette tentative de coup a été mise
en échec", a-t-il dit devant la presse à
Istanbul confirmant que 90 personnes -
41 policiers, deux soldats et 47 civils
- "sont tombées en martyre" dans les
violences.
Un peu plus tard, le Premier ministre
a fait état de 161 morts, sans compter
ceux des putschistes et de 1440 blessés.
Binali Yildirim, qui s'exprimait
devant la presse à Ankara, a indiqué que
2.839 militaires avaient été arrêtés en
lien avec cette tentative
qu'il a qualifiée de "tache" sur la
démocratie turque. La situation est
"entièrement sous contrôle", a-t-il
ajouté.
Selon les médias turcs, les autorités
turques ont également arrêté 2745 juges,
après l'échec du putsch.
Les mesures en question sont prises à
l'égard des juges et des procureurs
soupçonnés de lien avec les putschistes,
indique le journal Daily Sabah.
Des photographies et des vidéos
postées en ligne pnt montré des scènes
de violences contre les militaires
putschistes capturés.
Des SMS signés Erdogan
Le président turc Recep Tayyip
Erdogan a de son côté exhorté les Turcs
sur Twitter à rester dans les rues,
mettant en garde contre une "nouvelle
flambée".
En
pleine tentative de putsch, des
habitants ont reçu des SMS signés par le
président Recep Tayyip Erdogan les
appelant à "préserver la démocratie" et
à descendre dans les rues, rapportent
des utilisateurs turcs de Facebook.
Personne ne savait toutefois s'il
s'agit vraiment d'un message officiel du
leader turc.
"Enfants de la nation turque! (…) Je
vous invite à descendre dans les rues
contre ces petites cliques qui pensaient
vaincre la nation turque. Conservez
votre gouvernement et votre nation!",
lit-on dans le message.
Au lieu du numéro de téléphone de
l'expéditeur, le SMS indique ses
initiales et son nom: RTERDOGAN.
Retour d'Erdogan
Deux
heures environ après l'annonce du coup
d'Etat, le président Erdogan avait
prédit son échec, la voix blanche à la
télévision et s'exprimant depuis un
endroit non précisé, avec un portable
via FaceTime.
Avant l'aube. il est arrivé à
Istanbul, où il a été accueilli par de
nombreux partisans. L'homme fort de
Turquie passait depuis quelques jours
des vacances avec sa famille dans une
station balnéaire de l'ouest du pays.
Devant la presse à l'aéroport
Atatürk, Erdogan a affirmé que l'hôtel
où il se trouvait en vacances à Marmaris,
station balnéaire du sud-ouest de la
Turquie, avait été bombardé après son
départ.
Selon lui, il s'agit "d'une trahison"
menée depuis plusieurs heures par des
soldats putschistes, qu'il a accusés
d'être liés à son ennemi juré Fethullah
Gülen, un orateur exilé depuis des
années aux Etats-Unis.
Le régime turc qui a toujours accusé
Gülen d'être à la tête d'une
"organisation terroriste" avait par le
passé demandé à Washington de
l'expulser, ce que les Américains ont
toujours refusé.
"Je réfute catégoriquement ces
accusations", a rétorqué l'imam
Fethullah Gülen dans un communiqué.
"J'ai souffert de plusieurs coups d'état
militaires au cours des 50 dernières
années et trouve donc particulièrement
insultant d'être accusé d'avoir un
quelconque lien avec cette tentative".
Des soldats putschistes se
rendent
Samedi matin, les capitulations se
sont multipliées.
Dont une unité de l'armée turque
composée de près de 60 soldats rebelles,
qui avaient investi dans la nuit l'un
des ponts suspendus enjambant le
Bosphore à Istanbul.
Une
scène diffusée en direct à la
télévision.
Des photographies diffusées sur les
réseaux sociaux ont montré des scènes de
violences contre les militaires
putschistes capturés.
Les forces de sécurité turques ont
arrêté 1.563 personnes, pour la plupart
des militaires, en lien avec cette
tentative.
Les putschistes ont, dans un
communiqué publié sur le site internet
de l'état-major des armées, justifié
leur "prise de pouvoir totale dans le
pays" par la nécessité "d'assurer et
de
restaurer l'ordre constitutionnel, la
démocratie, les droits de l'Homme et les
libertés et laisser la loi suprême du
pays prévaloir".
"Tous nos accords et engagements
internationaux restent valides. Nous
espérons que nos bonnes relations
continueront avec les autres pays",
poursuit le texte, cité par l’AFP.
Le chef de l'armée libéré
Entre-temps,
le chef d'état-major des armées turques,
le général Hulusi Akar, a été libéré des
militaires putschistes qui le retenaient
sur une base aérienne située dans la
banlieue d'Ankara samedi et conduit dans
un lieu sûr, ont rapporté les chaînes de
télévision.
Ce dernier avait été retenu par les
rebelles tout au long de la nuit avant
d'être libéré lors d'une opération
militaire menée contre une base aérienne
de la banlieue d'Ankara.
"Le coup a été avorté grâce à une
solidarité totale entre notre
commandant-en-chef et président, notre
Premier ministre et les forces armées
turques", a indiqué le général qui
remplace à priori temporairement le chef
d'état-major, le général Hulusi Akar.
Le sort du général, remplacé peu
auparavant par un général d'armée car il
était incapable de remplir ses
fonctions, était devenu un mystère, le
président turc Recep Tayyip Erdogan
déclarant ne pas savoir où il était
retenu.
Les évolutions de vendredi
soir
Vendredi,
des putschistes de l'armée ont tenté de
prendre le pouvoir en Turquie avec des
avions de chasse et des chars,
entraînant une violente riposte d'Ankara
et le retour précipité de vacances du
président Recep Tayyip Erdogan.
Cinq généraux et 29 colonels ont été
démis de leurs fonctions sur ordre du
ministre de l'Intérieur Efkan Ala, a
précisé l'agence progouvernementale
Anadolu.
Après que son Premier ministre Binali
Yildirim a assuré que tout était
"largement sous contrôle", le président
turc Recep Tayyip Erdogan était moins
affirmatif, déclarant samedi avant
l'aube qu'il "y a en Turquie un
gouvernement et un président élus par le
peuple" et que "si Dieu le veut, nous
allons surmonter cette épreuve".
La
situation dans ce grand pays de 80
millions d'habitants, membre-clé de
l'Otan, restait confuse six heures après
l'annonce de la tentative de coup
d'Etat.
Des coups de feu sporadiques étaient
toujours audibles au petit matin dans
plusieurs quartiers d'Ankara et
d'Istanbul, après une nuit marquée par
des explosions causées, selon les
médias, par des bombardements aériens.
Appel à abattre les avions
des putschistes
Le
Premier ministre Yildirim a ordonné
samedi à l'armée d'abattre les avions et
les hélicoptères se trouvant aux mains
des militaires putschistes, a indiqué un
responsable turc.
"Des avions de combat ont décollé de
leur base d'Eskisehir", dans l'ouest de
la Turquie, pour combattre les appareils
rebelles, a précisé ce responsable.
Le parlement bombardé
Le
Parlement, autour duquel des chars ont
été déployés, a été bombardé dans la
capitale Ankara, où 17 policiers ont été
tués, a annoncé l'agence Anadolu.
A Istanbul des soldats ont ouvert le
feu sur la foule, faisant des blessés, a
constaté un photographe de l'AFP.
Des avions de chasse F-16 ont abattu
un hélicoptère des putschistes, selon la
télévision turque, après qu'un
couvre-feu et la loi martiale ont été
instaurés.
'Prise de pouvoir totale'
La
chaîne publique turque de télévision
avait diffusé peu avant minuit (21H00
GMT) un communiqué émanant des "forces
armées turques", faisant état de la
proclamation de la loi martiale et d'un
couvre-feu sur l'ensemble du territoire
national.
"Nous ne permettrons pas que l'ordre
public soit dégradé en Turquie (...) Un
couvre-feu est imposé sur le pays
jusqu'à nouvel ordre", a indiqué un
communiqué signé par le "Conseil de la
paix dans le pays", qui dit avoir "pris
le contrôle dans le pays".
Le Premier ministre a averti ceux
impliqués dans cette action "illégale"
qu'ils paieraient "le prix le plus
élevé".
Les ponts enjambant le Bosphore entre
l'Asie et l'Europe à Istanbul ont été
fermés dans les deux sens.
A Istanbul, des grandes artères
menant notamment à la place Taksim, dans
le centre de la première métropole de
Turquie, étaient bloquées par les forces
de
l'ordre et la présence policière
était importante dans les rues.
Les
télévisions ont montré des foules
importantes réunies près de l'aéroport
Atatürk à Istanbul, se réjouissant de la
tentative de coup d'Etat.
Mais d'autres, notamment place Taksim,
protestaient en masse contre le putsch.
Réactions internationales
Le
président américain Barack Obama a
appelé à soutenir le gouvernement turc
"démocratiquement élu", "faire preuve de
retenue et éviter violence ou bain de
sang".
La chef de la diplomatie européenne
Federica Mogherini a également exhorté à
la "retenue" et au "respect des
institutions démocratiques".
Son homologue russe Sergueï Lavrov,
dont le pays vient de se réconcilier
avec la Turquie, a demandé d'éviter
"tout affrontement meurtrier".
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon
a jugé "crucial de réinstaurer le
pouvoir civil et l'ordre constitutionnel
rapidement et pacifiquement".
En Iran voisin de la Turquie, le
ministre des Affaires étrangères
Mohammad Javad Zarif a exprimé sa
"grande inquiétude".
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