Actualité - Al-Manar
Violents affrontements en
Egypte.. à une semaine des élections ?!
Mardi 22 novembre
2011
35 morts et prés de 2000 blessés.
C’est le bilan provisoire des
affrontements de ces trois
derniers jours, en Egypte, selon le
ministère de la santé égyptien. Au
Caire, tout comme à l’intérieur du pays,
les Egyptiens sont sortis nombreux pour
protester, selon eux, contre la trop
forte présence de l’armée dans la
gestion des affaires du pays. Cette
manifestation a été réprimée dans le
sang par les forces de l’ordre.
Les
autorités affirment que la police n'a
pas ouvert le feu sur les manifestants
mais ces derniers ont brandi des
cartouches, des douilles et des grenades
vides de gaz lacrymogènes.
"Le peuple veut la chute du régime",
ont scandé des milliers de manifestants
avant et après la charge de la police,
appuyée par des militaires qui étaient
jusqu'à présent restés en retrait.
D'autres slogans visaient directement
le maréchal Hussein Tantaoui, qui fut
pendant vingt ans le ministre de la
Défense de Moubarak et dirige le Conseil
suprême des forces armées (CSFA), à la
tête de l'Egypte depuis le renversement
du "raïs".
Face à de tels évenements, le
ministre égyptien de la Culture, Emad
Abou Ghazi, a présenté sa démission pour
protester contre la réaction du
gouvernement face aux violences entre
manifestants et forces de l'ordre, a
rapporté l'agence officielle égyptienne
Mena.
"J'ai présenté ma démission pour
protester contre la manière avec
laquelle le gouvernement a traité les
derniers événements sur la place Tahrir"
au Caire, a-t-il dit après les
affrontements meurtriers entre les
forces de l'ordre et des manifestants
réclamant la fin du pouvoir militaire.
Le ministre a précisé qu'il ne
reviendrait pas sur sa démission,
présentéedimanche soir en Conseil des
ministres
Bref..
Un scénario inattendu et inquiétant à
seulement 9 jours des élections
législatives, une étape décisive de
cette révolution qui doit aboutir à la
mise en place d’une Constitution,
ouvrant ainsi l’horizon d’une nouvelle
république !
Les organisateurs de cette marche,
s’ils voulaient faire une démonstration
de force, l’ont réussie.
Mais en face non plus, les autorités
de la transition, notamment l’armée,
n’ont pas voulu se laisser conter. Le
pays s’engage, mine de rien, dans un
bras de fer qui risque de prendre en
otage la transition..
Si le calme ne revient pas
rapidement, le risque d’un report est
grand et ce serait alors créer les
conditions d’une reprise en main de la
situation par l’armée, principale cible
des protestataires de la semaine
dernière. La crise de confiance est
manifeste, et c’est à l’armée de donner
des assurances au peuple quant à sa mue
afin de s’adapter au nouveau contexte.
Au lieu de cela, elle a voulu
préserver ses prérogatives héritées de
l’ancien régime, en exigeant le droit de
gérer ses propres affaires et son
budget. C’est une question délicate,
importante pour l’Egypte en tant que
puissance sous-régionale.
Mal
posée, elle prend des allures de
chantage politique. L’armée, principal
pilier de l’ancien régime, sait qu’elle
a des comptes à rendre au peuple, du
moins certains de ses chefs. C’est ce
qui explique que, d’une certaine façon,
elle veuille avoir le contrôle du
processus actuel afin de ne pas pâtir de
la fougue des jeunes révolutionnaires.
Malheureusement, on la soupçonne de ne
pas être neutre et de continuer à faire
le jeu de l’ancien régime sous le
pavillon du PND.
Les Frères musulmans, dont le parti
Liberté et justice fait figure de favori
des élections, ont condamné
l'intervention des forces de sécurité au
Caire même si eux-mêmes s'étaient
auparavant retiré de la place Tahrir.
"Cela rappelle les pratiques du
ministère de l'Intérieur de l'ancien
régime", disent-ils dans un communiqué.
Mohamed ElBaradeï et Abdallah al
Achaal, tous deux candidats potentiels à
l'élection présidentielle, ont dénoncé
les violences contre les manifestants et
réclamé la formation d'un gouvernement
de salut national, a rapporté l'agence
de presse Mena.
Par la voix de Catherine Ashton, sa
représentante diplomatique, l'Union
européenne a invité les autorités
égyptiennes à mettre fin aux violences
contre les manifestants et à garantir le
bon déroulement de la transition vers la
démocratie.
Catherine Ashton a fait part de sa
"profonde préoccupation" et a demandé le
respect des droits de l'homme dans les
opérations de maintien de l'ordre.
Les manifestations de ces derniers
jours montrent que les Egyptiens,
islamistes ou pas, n’ont pas baissé la
garde, qu’ils entendent veiller sur leur
révolution comme du lait sur le feu.
Malheureusement, l’armée qui devait être
un rempart contre toutes les déviations
de cette révolution, risque d’être la
nouvelle cible des révolutionnaires,
parce qu’elle n’aura pas su se mouvoir
entre ses propres intérêts et les
aspirations du peuple.
Manifestement, la révolution coince
quelque part.
Une partie de la solution est dans
les mains de l’armée, pour que la
révolution n’ait pas un goût d’inachevé.
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