1947, Le partage et l'occupation de la Palestine
Les grandes puissances.
(Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, URSS) négocient des plans de
partage de la Palestine qui débouchent, le 29 novembre 1947 à l’ONU,
sur la proposition de la création de deux Etats et de la zone
internationale de Jérusalem (résolution n° 181).
Bilan du partage des
Nations-Unies.
. un
Etat arabe de 12.000 Km² qui comprend 735.000 habitants, dont
10.000 juifs :
. un
Etat juif de 14.200 Km² avec 905000 habitants dont, 507.000
arabes :
. une
zone internationale à Jérusalem de 205.000 habitants, dont
100.000 juifs.
Il faut
cependant noter que la population palestinienne n'a jamais été
consultée et son autodétermination n'a pas été respectée
(ceci est contraire aux principes de la charte des Nations-Unies -
chapitre 12). Les grandes puissances partagent un territoire arabe
qui ne leur appartient pas. En 1918, il y avait en Palestine
56.000 juifs sur une population de 700.000 habitants. En 1946, il
y avait 608.000 juifs sur une population de 1.850.000 habitants.
Première
guerre israélo-palestinienne et expulsion des Palestiniens
avant la fin du mandat britannique.
Pendant de
longues années, le
gouvernement israélien prétendait que les Palestiniens avaient
quitté leur pays sur appel des dirigeants arabes. Erskine
Childers, un journaliste anglais, a été le premier en Occident
à démystifier cette falsification historique. Il a auditionné
la totalité des émissions radiophoniques diffusées au
Proche-Orient à l'époque. Il a démontré que les seules émissions
incitant la population palestinienne à partir sont d'origine
sioniste. Ces émissions développaient de façon volontairement
menaçante le thème de l'extermination à laquelle sont promis
ceux qui restaient en Palestine. Des historiens israéliens (Flapan,
Morris, etc.) ont confirmé par la suite que se sont bel et bien
les forces armées sionistes qui ont provoqué le départ des
Palestiniens.
Dès le vote
du plan de partage, le 29 novembre 1947, les groupes terroristes
sionistes, agissent dans la continuité des plans A, B et C,
tentent d’occuper par la force la Palestine (déjà avant le départ
des Anglais 15 mai 1948) et expulsent les Palestiniens qui résistent.
Ben Gourion dit à l’époque
: “ La ville neuve de Jérusalem a été occupée et les
guérilleros ont été chassés de Haïfa, de Jaffa, de Tibériade
et de Safad quand les forces de la puissance mandataire étaient
encore présentes... La Haganah fit bien son Travail... Les Arabes
ont commencé à s’enfuir des villes presque dès le début des
désordres, dans les premiers jours de décembre 1947... A mesure
que les combats s’étendaient, Bédouins et Fellahs se
joignirent à l’exode... ”.
Plan
des opérations sionistes au-delà du plan de partage
L’ampleur
des troubles pousse les Etats-Unis à tenter de freiner la marche
vers le bain de sang.
Le département d’Etat et le Pentagone avaient peur de perdre
les “ Arabes ”, pour lesquels ils avaient des
projets de constitution de “ cordons sanitaires ”
contre le “ péril rouge ”. C’est pourquoi, le 19
mars 1948, le délégué américain demande au Conseil de Sécurité
de l’ONU, la suspension du Partage de la Palestine et demande
l’examen d’un plan de tutelle temporaire. Les E-U craignent
l’Union Soviétique, qui compte bien tirer profit de son soutien
militaire et politique au mouvement sioniste (à l’ONU), pour le
Plan de partage. Le 1er avril 1948, l’ONU vote une trêve. Le 4,
la Haganah déclenche la première guerre de Palestine. Le Comité
pour les droits inaliénables du peuple palestinien de l’ONU,
nous éclaire sur les véritables intentions des dirigeants
sionistes de l’époque
: “ Les écrits de ces derniers nous montrent à l’évidence
que la politique sioniste était d’occuper, durant la période
du retrait britannique, un territoire aussi étendu que possible
(y compris la rive occidentale) au delà des frontières attribuées
à l’Etat juif par la résolution sur le partage. Et de
citer un haut fonctionnaire israélien : “ En mars 1948,
le haut commandement de la Haganah a préparé un plan opérationnel
global “ D ” comme Dalet, en remplacement des plans
A, B et C qui avaient orienté la stratégie de la Haganah au
cours des années précédentes. La mission de la Haganah était
aussi simple que révolutionnaire : s’assurer le contrôle du
territoire attribué à l’Etat juif et... de ceux situés au delà,
contre des forces ennemies... ”.
De nombreux
massacres ont été perpétrés en 1948. Le plus connu fut celui
de Deir Yassine qui a coûté la vie à 105 civils (le chiffre de
254 fût exagéré afin de pousser à l’exode), il a été perpétré
par des unités Etzel et Stern. Ce sont presque deux cent villages
palestiniens qui furent ainsi attaqués et pris par les forces
sionistes avant la fin du mandat, le 15 mai 1948. De nombreux
habitants furent blessés ou tués. Tous les survivants furent
expulsés ou s'enfuirent, terrorisés.
Une déclaration
de Ménahem Bégin aux Etats-Unis en été 1948 disait comment les
choses s'étaient passées
: “ Dans le mois précédant la fin du Mandat, l'Agence
juive décida de faire sortir les Arabes des villes avant l'évacuation
des troupes britanniques... L'Agence juive en vint à un accord
avec nous (Irgoun) pour que nous exécutions ces arrangements,
tandis qu'ils répudieraient tout ce que nous ferions et prétendraient
que nous étions des éléments dissidents, comme ils le faisaient
quand nous combattions les Britanniques. Alors nous avons frappé
avec force et mis la terreur dans le coeur des Arabes. Ainsi nous
avons accompli l'expulsion de la population arabe des régions
assignés à l'Etat juif ”.
L’amalgame,
nous dit Elias Sanbar,
qui est fait entre la première guerre de Palestine et la première
guerre israélo-arabe n’est pas innocent. En confondant la première
dans la seconde, on évite le débat sur l’expulsion massive des
Palestiniens, présentée alors comme le résultat “ accidentel ”
de l’entrée des Etats Arabes en Palestine (en mai 1948) et de
la guerre de défense des juifs contre une “ invasion extérieure ”.
Les juifs y font figure d’agressés. Mais il y a eu deux guerres
: le 15 mai, date de l’entrée en guerre des troupes des différents
Etats arabes, la Palestine est déjà conquise par les Israéliens,
et les Palestiniens, qui ont laissé 14813 morts sur le terrain,
sont déjà des réfugiés.
La déclaration
de la création de l'Etat d'Israël, en mai 1948.
Le vendredi 14
mai 1948 s'ouvre, à 16 h, dans la petite salle du musée de Tel
Aviv, la cérémonie de proclamation de l'Etat d'Israël. Ben
Gourion lit la déclaration d'indépendance, puis la fait signer.
Cela dure une demi-heure, juste avant que ne débute le shabbat. Le
texte de Ben Gourion se réfère à la décision du 29 novembre 1947
(résolution no 181 de l'ONU), mais n'en retient que le projet d'établir
un Etat juif. Ni le partage de la Palestine, ni la création d'un
Etat arabe, ni le statut spécial de Jérusalem ne sont évoqués.
Ne sont pas précisées non plus les frontières d'Israël. Vers
minuit, le Mandat britannique prend fin. Les Anglais ne transfèrent
pas le pouvoir, ils l'abandonnent. Le premier acte du gouvernement
d'Israël est l'abrogation des restrictions à l'immigration juive.
La
proclamation dit notamment
: “ Nous déclarons ici qu'à partir de la date
d'expiration du mandat, c'est-à-dire le 15 mai à 0 heures, une
constitution nationale devra être établie par une Assemblée
Constituante dont les travaux devront être terminés au plus tard
le 1er octobre 1948. Le Conseil national actuel fera fonction de
Conseil d'Etat provisoire, et son organe exécutif -
l'administration nationale - constituera le gouvernement provisoire
de l'Etat d'Israël. L'Etat d'Israël sera ouvert à l'immigration
des Juifs de tous les pays, et leur arrivée permettra de favoriser
le développement de tous ses habitants. L'Etat d'Israël sera bien
fondé sur les préceptes de la justice, de la liberté et de la
paix qu'ont enseignés les prophètes hébreux. Il établira une
complète égalité des droits de tous les citoyens sans distinction
de race, de foi ni de sexe, et garantira la pleine liberté de
culte, l'éducation et la culture pour tous. Il garantira le caractère
sacré et l'inviolabilité des lieux saints de toutes les religions.
Il se conformera aux principes de la Charte des Nations Unies ”.
Première
guerre israélo-arabe
Les armées
des pays arabes pénètrent en Palestine dès le 15 mai 1948. En
1949, l'armistice est signé entre Israël, l'Egypte, le Liban, la
Jordanie et la Syrie. Le 3 avril 1949, la Jordanie annexe la
Cisjordanie (20,5 % de la Palestine), et fonde le "Royaume hachémite
de Jordanie". L'administration égyptienne contrôle la bande
de Gaza (1,5 % de la Palestine).
Les
Palestiniens interdits de retour dans leurs foyers
Le 11 mai 1949,
Israël a été admis en tant que membre de l'ONU. Le préambule de
la résolution 273 (III), relative à cette admission, renvoie à la
résolution 194 du 11 décembre 1948 qui reconnaît aux réfugiés
palestiniens qui le désirent, le droit "de rentrer dans
leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs
voisins et des indemnités doivent être payées à titre de
compensation, pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer
dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé".
Ce droit au retour a été confirmé plus de 110 fois par les
Nations-Unies mais il a toujours été rejeté par Israël. Des réfugiés
ont essayé de revenir dans leur pays à travers les frontières. L'Etat
d'Israël cependant les expulsait à nouveau. En 1954, une loi a été
promulguée prévoyant des sanctions sévères contre les
"infiltrés" et leur réexpulsion. Cette loi n'est appliquée
qu'à l'égard des non-juifs qui reviennent dans leurs pays.
Le comte
Bernadotte, observateur de l'O.N.U, affirme
: “ Ce serait une violation des principes de justice les
plus élémentaires, si les victimes innocentes du conflit (les réfugiés
arabes palestiniens) se voyaient refuser le droit de retourner dans
leurs foyers, alors que les immigrants juifs affluent et ferment
ainsi la porte au retour des réfugiés arabes dans les terres
qu'ils possédaient depuis des siècles. De nombreux rapports font
état de l'usurpation, du pillage et de la destruction de villages
entiers, sans aucune raison militaire apparente. ” Le
lendemain de la présentation de son rapport aux Nations-Unies (16
septembre 1948), le comte Bernadotte est assassiné par les
sionistes du groupe Stern. Ben Gourion affirme : “ Nous
devons tout faire pour qu'ils (les réfugiés palestiniens) ne
reviennent jamais ”.
Au total, Israël
détruisit 531 villages afin d’interdire définitivement le retour
des expulsés palestiniens qui sont au nombre d’environ 6 millions
de personnes. Ils constituent aujourd’hui les deux tiers du peuple
palestinien. Ils sont les oubliés de l’histoire…
Le nombre des
réfugiés en 1948
Selon Elias
Sanbar environ 900 000 Palestiniens seront expulsés (Livre : "Palestine
1948") déjà un mois avant la guerre de mai 1948. En 1948,
après la guerre, 8,2 % du peuple palestinien vivait à l’intérieur
de la ligne verte (Israël), 30,8 % en Jordanie et Egypte, et 61 %
peuplaient les 57 camps de réfugiés répartis comme suit : 15
camps au Liban (14 % des réfugiés), 10 en Syrie (9 %), 24 en
Jordanie (55 %) et 8 dans la bande de Gaza (22 %).
"C'est
une histoire d'adolescent : j'ai eu de la chance d'être élevé
dans une école palestinienne, pour réfugiés palestiniens. Je m'en
rappellerai toujours... A l'école, sur la première page de tous
les livres qu'on avait, que ce soit en histoire, en géographie, en
grammaire ou en n'importe quelle matière, il y avait toujours le
portrait de notre fameux roi Abdallah. La seule chose qu'on faisait
la première journée de l'année scolaire, c'était notre prof qui
venait le matin : on le saluait... La première chose qu'il disait,
"Les enfants ouvrez vos livres". Au lieu de nous demander
d'ouvrir le livre à la page qui nous intéressait pour étudier, il
disait : "D'abord la première page". La première page
bien entendu, c'était le portrait du roi. Il disait : "Déchirez-la"
! Alors chaque enfant commençait à déchirer le portrait du roi. A
ce moment, il précisait : "Les enfants, c'est le portrait de
celui qui nous a trahis, qui a vendu la Palestine : alors on ne peut
l'admirer tous les jours..." (Souvenirs d'exilés).
Notes
Les Palestiniens, BT2 n° 253, 1993, l'Ecole
moderne française.
El Deeb Sami, La liberté religieuse en Israël,
(inédit), Assoc. Emmaüs, Suisse.
Origines et évolutions du problème palestinien, 1917
- 1988, ONU, New York, 1990, 301 p.
Sanbar Elias, Les Palestiniens dans le siècle,
Paris, Découvertes Gallimard, 1994, 176p.
Origines et évolutions du problème palestinien,
1917-1988, ONU, NewYork, 1990,301 p, p 144-145.
Journal libanais "El Hayat", 20 déc
1948. Citée par Musa Alami, "The lesson of Palestine.
Middle East journal, vol 3, oct 1949, n°4, pp 381 - 382.
Sanbar Elias, Les Palestiniens dans le siècle,
Paris, Découvertes Gallimard, 1994, 176p. p.57.
Khalidi Walid, Avant leur diaspora - Une histoire des
Palestiniens par la photographie, (1876 - 1948),
éditions de la Revue d'Etudes Palestiniennes, 1986.
La création de l’Etat d’Israël, La
documentation française, Paris, Dalloz, 1993.
Les Palestiniens, BT2 n°253, L’Ecole
Moderne Française, 1993
Les Palestiniens, BT2 n°253, l’Ecole Moderne
Française, 1993.
Sanbar Elias, Palestine 1948, l’expulsion, Paris,
éd. la Revue d’Etudes Palestiniennes.
Membre de la Confédération européenne des
comités droit au retour ainsi que de la Coalition internationale
des comités droit au retour -
Paris, le 30 novembre 2005
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