Palestine - Solidarité

   



Partage de la Palestine

01.12.2005

 

 
1947, Le partage et l'occupation de la Palestine

Les grandes puissances[1]. (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, URSS) négocient des plans de partage de la Palestine qui débouchent, le 29 novembre 1947 à l’ONU, sur la proposition de la création de deux Etats et de la zone internationale de Jérusalem (résolution n° 181).

 

Bilan du partage des Nations-Unies.

. un Etat arabe de 12.000 Km² qui comprend 735.000 habitants, dont 10.000 juifs :

. un Etat juif de 14.200 Km² avec 905000 habitants dont, 507.000 arabes :

. une zone internationale à Jérusalem de 205.000 habitants, dont 100.000 juifs.

 

 

Il faut cependant noter que la population palestinienne n'a jamais été consultée et son autodétermination n'a pas été respectée (ceci est contraire aux principes de la charte des Nations-Unies - chapitre 12). Les grandes puissances partagent un territoire arabe qui ne leur appartient pas. En 1918, il y avait en Palestine 56.000 juifs sur une population de 700.000 habitants. En 1946, il y avait 608.000 juifs sur une population de 1.850.000 habitants.

 

Première guerre israélo-palestinienne  et expulsion des Palestiniens avant la fin  du mandat britannique.

Pendant de longues années[2], le gouvernement israélien prétendait que les Palestiniens avaient quitté leur pays sur appel des dirigeants arabes. Erskine Childers, un journaliste anglais, a été le premier en Occident à démystifier cette falsification historique. Il a auditionné la totalité des émissions radiophoniques diffusées au Proche-Orient à l'époque. Il a démontré que les seules émissions incitant la population palestinienne à partir sont d'origine sioniste. Ces émissions développaient de façon volontairement menaçante le thème de l'extermination à laquelle sont promis ceux qui restaient en Palestine. Des historiens israéliens (Flapan, Morris, etc.) ont confirmé par la suite que se sont bel et bien les forces armées sionistes qui ont provoqué le départ des Palestiniens.

 

Dès le vote du plan de partage, le 29 novembre 1947, les groupes terroristes sionistes, agissent dans la continuité des plans A, B et C, tentent d’occuper par la force la Palestine (déjà avant le départ des Anglais 15 mai 1948) et expulsent les Palestiniens qui résistent. Ben Gourion dit à l’époque[3] : “ La ville neuve de Jérusalem a été occupée et les guérilleros ont été chassés de Haïfa, de Jaffa, de Tibériade et de Safad quand les forces de la puissance mandataire étaient encore présentes... La Haganah fit bien son Travail... Les Arabes ont commencé à s’enfuir des villes presque dès le début des désordres, dans les premiers jours de décembre 1947... A mesure que les combats s’étendaient, Bédouins et Fellahs se joignirent à l’exode... ”.

 

Plan des opérations sionistes au-delà du plan de partage

L’ampleur des troubles pousse les Etats-Unis à tenter de freiner la marche vers le bain de sang[4]. Le département d’Etat et le Pentagone avaient peur de perdre les “ Arabes ”, pour lesquels ils avaient des projets de constitution de “ cordons sanitaires ” contre le “ péril rouge ”. C’est pourquoi, le 19 mars 1948, le délégué américain demande au Conseil de Sécurité de l’ONU, la suspension du Partage de la Palestine et demande l’examen d’un plan de tutelle temporaire. Les E-U craignent l’Union Soviétique, qui compte bien tirer profit de son soutien militaire et politique au mouvement sioniste (à l’ONU), pour le Plan de partage. Le 1er avril 1948, l’ONU vote une trêve. Le 4, la Haganah déclenche la première guerre de Palestine. Le Comité pour les droits inaliénables du peuple palestinien de l’ONU, nous éclaire sur les véritables intentions des dirigeants sionistes de l’époque [5] : “ Les écrits de ces derniers nous montrent à l’évidence que la politique sioniste était d’occuper, durant la période du retrait britannique, un territoire aussi étendu que possible (y compris la rive occidentale) au delà des frontières attribuées à l’Etat juif par la résolution sur le partage. Et de citer un haut fonctionnaire israélien : “ En mars 1948, le haut commandement de la Haganah a préparé un plan opérationnel global “ D ” comme Dalet, en remplacement des plans A, B et C qui avaient orienté la stratégie de la Haganah au cours des années précédentes. La mission de la Haganah était aussi simple que révolutionnaire : s’assurer le contrôle du territoire attribué à l’Etat juif et... de ceux situés au delà, contre des forces ennemies... ”.

 

De nombreux massacres ont été perpétrés en 1948. Le plus connu fut celui de Deir Yassine qui a coûté la vie à 105 civils (le chiffre de 254 fût exagéré afin de pousser à l’exode), il a été perpétré par des unités Etzel et Stern. Ce sont presque deux cent villages palestiniens qui furent ainsi attaqués et pris par les forces sionistes avant la fin du mandat, le 15 mai 1948. De nombreux habitants furent blessés ou tués. Tous les survivants furent expulsés ou s'enfuirent, terrorisés.

 

Une déclaration de Ménahem Bégin aux Etats-Unis en été 1948 disait comment les choses s'étaient passées[6] : “ Dans le mois précédant la fin du Mandat, l'Agence juive décida de faire sortir les Arabes des villes avant l'évacuation des troupes britanniques... L'Agence juive en vint à un accord avec nous (Irgoun) pour que nous exécutions ces arrangements, tandis qu'ils répudieraient tout ce que nous ferions et prétendraient que nous étions des éléments dissidents, comme ils le faisaient quand nous combattions les Britanniques. Alors nous avons frappé avec force et mis la terreur dans le coeur des Arabes. Ainsi nous avons accompli l'expulsion de la population arabe des régions assignés à l'Etat juif ”.

 

L’amalgame, nous dit Elias Sanbar[7], qui est fait entre la première guerre de Palestine et la première guerre israélo-arabe n’est pas innocent. En confondant la première dans la seconde, on évite le débat sur l’expulsion massive des Palestiniens, présentée alors comme le résultat “ accidentel ” de l’entrée des Etats Arabes en Palestine (en mai 1948) et de la guerre de défense des juifs contre une “ invasion extérieure ”. Les juifs y font figure d’agressés. Mais il y a eu deux guerres : le 15 mai, date de l’entrée en guerre des troupes des différents Etats arabes, la Palestine est déjà conquise par les Israéliens, et les Palestiniens, qui ont laissé 14813 morts sur le terrain, sont déjà des réfugiés.

 

La déclaration de la création de l'Etat d'Israël, en mai 1948.

Le vendredi 14 mai 1948 s'ouvre, à 16 h, dans la petite salle du musée de Tel Aviv, la cérémonie de proclamation de l'Etat d'Israël. Ben Gourion lit la déclaration d'indépendance, puis la fait signer. Cela dure une demi-heure, juste avant que ne débute le shabbat. Le texte de Ben Gourion se réfère à la décision du 29 novembre 1947 (résolution no 181 de l'ONU), mais n'en retient que le projet d'établir un Etat juif. Ni le partage de la Palestine, ni la création d'un Etat arabe, ni le statut spécial de Jérusalem ne sont évoqués. Ne sont pas précisées non plus les frontières d'Israël. Vers minuit, le Mandat britannique prend fin. Les Anglais ne transfèrent pas le pouvoir, ils l'abandonnent. Le premier acte du gouvernement d'Israël est l'abrogation des restrictions à l'immigration juive.

 

La proclamation dit notamment[9] : “ Nous déclarons ici qu'à partir de la date d'expiration du mandat, c'est-à-dire le 15 mai à 0 heures, une constitution nationale devra être établie par une Assemblée Constituante dont les travaux devront être terminés au plus tard le 1er octobre 1948. Le Conseil national actuel fera fonction de Conseil d'Etat provisoire, et son organe exécutif - l'administration nationale - constituera le gouvernement provisoire de l'Etat d'Israël. L'Etat d'Israël sera ouvert à l'immigration des Juifs de tous les pays, et leur arrivée permettra de favoriser le développement de tous ses habitants. L'Etat d'Israël sera bien fondé sur les préceptes de la justice, de la liberté et de la paix qu'ont enseignés les prophètes hébreux. Il établira une complète égalité des droits de tous les citoyens sans distinction de race, de foi ni de sexe, et garantira la pleine liberté de culte, l'éducation et la culture pour tous. Il garantira le caractère sacré et l'inviolabilité des lieux saints de toutes les religions. Il se conformera aux principes de la Charte des Nations Unies ”.

 

Première guerre israélo-arabe

Les armées des pays arabes pénètrent en Palestine dès le 15 mai 1948. En 1949, l'armistice est signé entre Israël, l'Egypte, le Liban, la Jordanie et la Syrie. Le 3 avril 1949, la Jordanie annexe la Cisjordanie (20,5 % de la Palestine), et fonde le "Royaume hachémite de Jordanie". L'administration égyptienne contrôle la bande de Gaza (1,5 % de la Palestine)[10].

 

Les Palestiniens interdits de retour dans leurs foyers

Le 11 mai 1949, Israël a été admis en tant que membre de l'ONU. Le préambule de la résolution 273 (III), relative à cette admission, renvoie à la résolution 194 du 11 décembre 1948 qui reconnaît aux réfugiés palestiniens qui le désirent, le droit "de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins et des indemnités doivent être payées à titre de compensation, pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé". Ce droit au retour a été confirmé plus de 110 fois par les Nations-Unies mais il a toujours été rejeté par Israël. Des réfugiés ont essayé de revenir dans leur pays à travers les frontières. L'Etat d'Israël cependant les expulsait à nouveau. En 1954, une loi a été promulguée prévoyant des sanctions sévères contre les "infiltrés" et leur réexpulsion. Cette loi n'est appliquée qu'à l'égard des non-juifs qui reviennent dans leurs pays.

 

Le comte Bernadotte, observateur de l'O.N.U, affirme[12] : “ Ce serait une violation des principes de justice les plus élémentaires, si les victimes innocentes du conflit (les réfugiés arabes palestiniens) se voyaient refuser le droit de retourner dans leurs foyers, alors que les immigrants juifs affluent et ferment ainsi la porte au retour des réfugiés arabes dans les terres qu'ils possédaient depuis des siècles. De nombreux rapports font état de l'usurpation, du pillage et de la destruction de villages entiers, sans aucune raison militaire apparente. ” Le lendemain de la présentation de son rapport aux Nations-Unies (16 septembre 1948), le comte Bernadotte est assassiné par les sionistes du groupe Stern. Ben Gourion affirme : “ Nous devons tout faire pour qu'ils (les réfugiés palestiniens) ne reviennent jamais ”.

 

Au total, Israël détruisit 531 villages afin d’interdire définitivement le retour des expulsés palestiniens qui sont au nombre d’environ 6 millions de personnes. Ils constituent aujourd’hui les deux tiers du peuple palestinien. Ils sont les oubliés de l’histoire…

 

Le nombre des réfugiés en 1948[13]

Selon Elias Sanbar environ 900 000 Palestiniens seront expulsés (Livre : "Palestine 1948") déjà un mois avant la guerre de mai 1948. En 1948, après la guerre, 8,2 % du peuple palestinien vivait à l’intérieur de la ligne verte (Israël), 30,8 % en Jordanie et Egypte, et 61 % peuplaient les 57 camps de réfugiés répartis comme suit : 15 camps au Liban (14 % des réfugiés), 10 en Syrie (9 %), 24 en Jordanie (55 %) et 8 dans la bande de Gaza (22 %).

 

"C'est une histoire d'adolescent : j'ai eu de la chance d'être élevé dans une école palestinienne, pour réfugiés palestiniens. Je m'en rappellerai toujours... A l'école, sur la première page de tous les livres qu'on avait, que ce soit en histoire, en géographie, en grammaire ou en n'importe quelle matière, il y avait toujours le portrait de notre fameux roi Abdallah. La seule chose qu'on faisait la première journée de l'année scolaire, c'était notre prof qui venait le matin : on le saluait... La première chose qu'il disait, "Les enfants ouvrez vos livres". Au lieu de nous demander d'ouvrir le livre à la page qui nous intéressait pour étudier, il disait : "D'abord la première page". La première page bien entendu, c'était le portrait du roi. Il disait : "Déchirez-la" ! Alors chaque enfant commençait à déchirer le portrait du roi. A ce moment, il précisait : "Les enfants, c'est le portrait de celui qui nous a trahis, qui a vendu la Palestine : alors on ne peut l'admirer tous les jours..." (Souvenirs d'exilés).

 

Notes


[1] Les Palestiniens, BT2 n° 253, 1993,  l'Ecole moderne française.

[2] El Deeb Sami, La liberté religieuse en Israël, (inédit), Assoc. Emmaüs, Suisse.

[3] Origines et évolutions du problème palestinien, 1917 - 1988, ONU, New York, 1990, 301 p.

[4] Sanbar Elias, Les Palestiniens dans le siècle,  Paris, Découvertes Gallimard, 1994, 176p.

[5] Origines et évolutions du problème palestinien,  1917-1988, ONU, NewYork, 1990,301 p, p 144-145.

[6] Journal libanais "El Hayat", 20 déc 1948. Citée par Musa Alami, "The lesson of Palestine. Middle East journal, vol 3, oct 1949, n°4, pp 381 - 382.

[7] Sanbar Elias, Les Palestiniens dans le siècle,  Paris, Découvertes Gallimard, 1994, 176p. p.57.

[8] Khalidi Walid, Avant leur diaspora - Une histoire des Palestiniens par la photographie,  (1876 - 1948), éditions de la Revue d'Etudes Palestiniennes, 1986.

[9] La création de l’Etat d’Israël,  La documentation française, Paris, Dalloz, 1993.

[10 ]Ibid.

[11] Les Palestiniens, BT2 n°253,  L’Ecole Moderne Française, 1993

[12] Les Palestiniens, BT2 n°253, l’Ecole Moderne Française, 1993.

[13] Sanbar Elias, Palestine 1948, l’expulsion, Paris, éd. la Revue d’Etudes Palestiniennes.

 

Comité droit au retour / France comiteretourfrance@hotmail.com
Membre de la Confédération européenne des comités droit au retour ainsi que de la Coalition internationale des comités droit au retour -
Paris, le 30 novembre 2005
Avec la complicité de Walid Atallah walidatallah664@hotmail.com


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