Rapport
QII
La mosquée al-Aqsa :
rapport annuel de l’Institution
Internationale al-Quds
QII
Jeudi 29 août 2013
Août 2013
(Résumé du rapport
exécutif)
« légaliser la
présence sioniste dans la mosquée
al-Aqsa
Au cours de la
période située entre août 2012 et
août 2013, la présence juive
sioniste dans la mosquée al-Aqsa a
reçu l’aval de la classe politique
de l’occupant. La présence de 7
députés considérés comme
ultrasionistes au sein du Knesset,
constitue un groupe de pression pour
autoriser et légitimer la
construction d’un temple ayant
soi-disant existé à la place de la
mosquée al-Aqsa. De même, le chef du
gouvernement sioniste soutient
clairement de telles prétentions,
comme il a approuvé le plan
Charansky le 23 avril 2013 visant à
judaïser tout le pourtour de la
mosquée.
Un film a même été
produit par le ministère des
affaires étrangères de l’entité
sioniste, et diffusé le 30 janvier
2013, qui montre la destruction
fictive du Dôme du Rocher, à
l’intérieur de la mosquée al-Aqsa
(appelée esplanade des mosquées) et
l’élévation du soi-disant 3ème
temple, à la place. Le 21 juillet
2013, un documentaire en trois
dimensions diffusé par la télé
sioniste appelait les juifs à
investir massivement la mosquée al-Aqsa,
en prenant pour exemple le ministre
sioniste de l’habitat, Uri Ariel.
Un sondage d’opinion
publié par les journaux sionistes a
indiqué le 12 juillet 2013 que 59%
des personnes questionnées
soutiennent le partage de la
mosquée, entre juifs et musulmans,
dans le lieu et l’espace.
Sur le plan
juridique, l’association « le
temple » a réussi à faire adopter de
nouvelles mesures qui permettent aux
juifs d’investir massivement la
mosquée al-Aqsa, d’être protégés par
la police sioniste et de limiter la
présence des musulmans dans la
mosquée.
Le groupe de
pression à l’intérieur du Knesset
sioniste a déposé un projet de loi
consistant à partager la mosquée
dans le temps, 9 heures pour les
juifs et 9 heures pour les
musulmans, quotidiennement, et la
fermeture de la mosquée lors des
fêtes religieuses, pour les juifs
lors des fêtes musulmanes et pour
les musulmans lors des fêtes juives.
Mais le président du Knesset,
craignant les conséquences
désastreuses d’une telle loi, l’a
immédiatement retirée. Cependant,
c’est sur le terrain que la bataille
se joue, avec les associations et
groupes qui essaient de modifier
progressivement la situation au
détriment des musulmans.
C’est ainsi que la
police sioniste a effectivement
interdit aux groupes de colons
d’investir la mosquée pendant le
mois de Ramadan, mais pour pouvoir
interdire la présence des musulmans
lors des occasions religieuses
juives, sous le prétexte
d’ « équilibre et d’équité entre les
« deux communautés ». Car les
groupes juifs qui investissent la
mosquée ont l’intention de le faire
non seulement par la porte al-maghariba,
mais par toutes les portes donnant
accès à la mosquée.
Sur le plan
strictement religieux, l’attitude
traditionnelle des dignitaires juifs
consistant à refuser l’entrée des
juifs dans la mosquée al-Aqsa, pour
des raisons religieuses, a fait
place, depuis quelques années, à un
encouragement et même une
préparation des juifs à investir la
mosquée al-Aqsa, en s’appuyant sur
une falsification de l’histoire qui
prétend que le temple juif se
trouvait au lieu même où se trouve
la mosquée al-Aqsa. Les groupes
sionistes réclament de plus en plus
la permission de pouvoir accomplir
des rites dans la mosquée, de
manière à entériner une présence
juive dans ce lieu. La coalition des
associations juives réclamant la
construction d’un temple a mené, à
partir du 21 mars 2013, une campagne
de pression sur le gouvernement
sioniste, exigeant la promulgation
de la « souveraineté israélienne »
sur la mosquée al-Aqsa. Cette
coalition rassemble à présent 19
associations, la plupart financées
par le gouvernement lui-même, et
soutenues par le Shabak, comme l’a
affirmé un rabbin le 2 juin 2013.
Poursuite des
excavations sous et autour de la
mosquée al-Aqsa
Après avoir éventré
toute la zone située sous la mosquée
al-Aqsa et dans ses alentours, au
cours des deux années passées,
l’occupant a procédé cette année à
nettoyer et à relier les sites
souterrains entre eux en vue de
construire la ville juive
souterraine. 47 sites d’excavations
existent toujours, 25 dans la zone
ouest, 17 dans la zone sud et 5 dans
la zone nord.
Dans la zone ouest,
l’occupant relie les sites entre
eux pour former un réseau de lieux
touristiques et religieux. Les
endroits éventrés au cours des
années précédentes du côté de la
porte al-Maghariba ont été
transformés en synagogues pour les
femmes juives.
Dans la zone sud,
l’occupant construit la « ville de
David », et l’association sioniste
chargée de cette tâche, Elad, a
déclaré avoir achevé 55% de la
construction. Plusieurs
effondrements dans les maisons
palestiniennes ont eu lieu, à cause
des excavations menées par
l’occupant, sur une longueur de 600
mètres, allant de Selwan jusqu’à
l’extrémité sud de la mosquée al-Aqsa.
Dans la zone ouest,
où les excavations sont relativement
peu nombreuses, l’occupant a élargi
le champ de son intervention dans la
grotte al-Kittan, jusqu’à 9000
mètres carrés, sur une profondeur de
250 mètres, pour arriver au quartier
Saadieh.
Construction et
confiscations des terres autour de
la mosquée al-Aqsa
La confiscation des
terres et la construction de
colonies autour de la mosquée al-Aqsa
visent trois objectifs, le premier
étant la judaïsation de la ville
sainte, le second étant d’assurer
des lieux pour investir rapidement
la mosquée al-Aqsa, le troisième
étant de renforcer la présence
sécuritaire autour de la mosquée.
Le plan Charansky
est le nouveau plan discuté par les
autorités de l’ocucpation, qui vise
à construire un bâtiment sur 500 m2
dans la zone située entre
l’extrémité sud-ouest de la mosquée
jusqu’à la porte al-Maghariba.
Un autre plan vise à
élargir la place al-Bouraq pour
construire des synagogues
spécifiques aux juives. L’Eta de
l’occupation mène le plan « maison
de Strauss » consistant à construire
une synagogue et un poste de police
relié aux souterrains sous la
mosquée al-Aqsa.
Le plan servant la
judaïsation le plus notable, au
cours de cette période, est celui
consistant à faire fonctionner
plusieurs lignes téléfériques pour
activer la présence des touristes et
des colons à partir de plusieurs
zones vers le mur d’al-Bouraq.
Présence sioniste
dans la mosquée al-Aqsa
Les incursions
sionistes dans la mosquée al-Aqsa se
sont multipliées, que ce soit le
fait des officiels, des agents
sécuritaires ou des colons, pour
consacrer une présence permanente
des juifs sionistes dans la mosquée.
Les fidèles musulmans sont parvenus,
du fait de leur présence, à empêcher
nombre de ces incursions ou bien à
obliger la police sioniste à les
empêcher.
Plusieurs de ces
incursions contre la mosquée ont été
accompagnés de déclarations de
personnalités politiques sionistes
appelant à la construction du temple
à cet endroit et regrettant les
mesures et les obstacles qui
s’opposent à l’exécution de rites
religieux juifs dans la mosquée.
Ces mesures prises
par la police sioniste restent rares
et exceptionnelles, puisque les
colons investissent la mosquée
presque quotidiennement, mais au
cours des occasions religieuses
juives, et parce que les fidèles
musulmans sont sur le qui-vive, la
police sioniste limite la présence
juive dans la mosquée.
Le 27 mars 2013, 164
colons ont investi la mosquée, mais
le 28, ils étaient plus de 10.000
juifs à investir la mosquée al-Aqsa
pour célébrer des rites talmudiques.
A l’occasion de la commémoration de
la Nakba, près de 3000 colons ont
profané le mur al-Bouraq. Et le 8
mai 2013, à l’occasion de la
commémoration de l’occupation
entière de la ville, 180 colons ont
pratiqué des rites talmudiques dans
la mosquée.
La présence des
forces de la sécurité sionistes, que
ce soit pour protéger les colons ou
pour pratiquer des rites religieux,
est devenue de plus en plus
fréquente. L’armée organise à
présent des tournées pour ses
soldats, en vue de leur expliquer la
« question du temple ». Le 4
septembre 2012, 80 soldats ont
investi la moquée, et le 28 janvier
2013, 100 soldates également, puis
ce sont les différents services de
sécurité, comme le 3 juillet 2013,
avec 50 des membres de l’appareil de
la sécurité générale le Shabak, qui
encourage par ailleurs les juifs
sionistes à investir la mosquée, et
qui a organisé une conférence sous
le titre « le mont du temple est
entre nos mains », le 26 juin 2013.
De plus, les
autorités de l’occupation essaient
de s’emparer progressivement du lieu
saint, par différents moyens : en
empêchant les fonctionnaires des Awqafs musulmans d’y entrer, ou de
mener des travaux d’entretien, comme
cela a eu lieu le 4 septembre 2012
lorqu’elles ont empêché les employés
de rénover la porte de la mosquée
al-Marwani. Elles arrêtent même ces
employés ou leur interdisent l’accès
à la mosquée. Le directeur de la
mosquée al-Aqsa, sheikh Najeh
Bqyarat, a été éloigné de la mosquée
jusqu’à la date du 3 septembre 2013.
Quant aux fidèles, les autorités
sionistes tentent de leur interdire
l’accès en imposant des restrictions
aux étudiants qui y suivent des
cours, en interdisant aux personnes
âgées de moins de 50 ans d’y entrer,
et en interdisant aux Palestiniens
de Cisjordanie et de la bande de
Gaza d’accéder à la ville d’al-Quds.
Les réactions
Gel ou recul des
réactions, officielles et populaires
dans le monde arabo-musulman, envers
ce qui se passe dans la mosquée al-Aqsa.
Hormis les Palestiniens de 48 et les
maqdisis, qui sont devenus la
première ligne de défense de la
mosquée, l’absence de réactions dans
le monde arabo-musulman est devenue
la règle quasi-générale.
Au moment où
l’attaque se précise contre la
mosquée al-Aqsa, aucune réaction
officielle d’importance n’a pu être
enregistrée pendant l’année écoulée.
De brèves réactions populaires ont
cependant essayé de maintenir le
flambeau allumé en ce qui concerne
al-Aqsa et la ville d’al-Quds.
Les multiples
affrontements entre les sionistes et
les Palestiniens autour et dans la
mosquée al-Aqsa donnent l’impression
qu’il ne s’agit plus que d’un
conflit local, autour d’une simple
mosquée, ce qui assure du crédit à
l’occupation qui se pose en arbitre
et même en référence. Même
abandonnés, les Palestiniens de 48
et les maqdisis sont parvenus à
stopper de nombreuses incursions
grâce à leur présence quotidienne et
aux activités qu’ils organisent dans
la mosquée, pour demeurer sur place
et assurer sa défense.
Quant à l’autorité
palestinienne, elle a brillé par son
absence, tout au long de l’année, se
contentant de communiqués de mises
en garde et de dénonciation, tout en
poursuivant sa répression contre
tout mouvement populaire dans les
villes de la Cisjordanie en soutien
à al-Aqsa. Dans la bande de Gaza,
même si les mouvements populaires se
manifestent, elles restent en deça
de la mobilisation nécessaire.
L’accord conclu le
31 mars 2013 entre le président
palestinien et le roi jordanien à
propos de la protection des lieux
saints, n’a pas réussi à faire
reculer l’occupant, au contraire,
puisque les mesures de profanation,
les incursions, les restrictions
imposées aux fidèles et aux employés
des Awqafs n’ont pas amené la
Jordanie à riposter comme il se
doit. Cependant, sur le plan
populaire et dans la classe
politique, des réactions de colère
ont mis en valeur les demandes de
plus en plus fréquentes réclamant
l’expulsion de l’ambassadeur
sioniste de la Jordanie. Mais
jusqu’à présent, les mouvements
populaires n’ont pas réussi à
modifier la situation.
Sur le plan
international, les réactions aux
provocations et incursions sionistes
dans la mosquée ont été
inexistantes, puisque dans
l’ensemble, et notamment en Europe,
la question d’al-Quds et de la
mosquée al-Aqsa est plutôt perçue
d’un point de vue sioniste. Le
communiqué de l’Union européenne
publié suite aux affrontements qui
ont eu lieu en mai 2013, qui réclame
la liberté de culte aux fidèles de
toutes les religions, dans les lieux
saints, peut être considéré comme un
coup de pouce européen aux
revendications sionistes sur la
mosquée al-Aqsa.
En conclusion, le
rapport annuel de l’Institution
Internationale met en évidence
comment l’occupant sioniste est
parvenu, par son grignotage sur le
terrain, à entériner une présence
des juifs sionistes dans la mosquée
al-Aqsa. Tous ses appareils,
politiques et sécuritaires, restent
au service de l’idée relativement
récente qu’il faille détruire la
mosquée al-Aqsa pour bâtir le
prétendu temple. Dans l’attente de
ce moment pour lequel ils agissent,
les colons qui se sont emparés de la
Palestine profitent de l’absence de
réaction et d’intérêt des Arabes et
des musulmans, pour hâter la
destruction de la mosquée, et
réclament dès à présent son partage
avec les musulmans, dans le temps et
dans l’espace. Seuls les
Palestiniens vivant dans les
territoires occupés en 48 (Entité
sioniste) et les maqdisis affrontent
les sionistes qui mènent leurs
incursions régulières dans la
mosquée.
Les médias dans le
monde ont un grand rôle à jouer pour
dénoncer les crimes commis par les
sionistes envers les lieux saints de
la Palestine, et notamment la
mosquée al-Aqsa.
Le sommaire de Rim al-Khatib
Les dernières mises à jour
|