Centre
Palestinien
d'Information
Rapport
Par la patience et en s'attachant au Saint Coran, les captifs
palestiniens vainquent la solitude

Photo CPI
Jeudi 9 juillet 2009
Ramallah - CPI
Les moments précédant la libération sont
uniques. Il sera quasi-impossible de les décrire pour quelqu’un
qui ne l’a jamais vécu. Des moments de joie, mais aussi de peur
et d’attente. Il va quitter ses semblables, ses partenaires de
cellules avec lesquels des relations fraternelles se sont
tissées, avec le temps. Au même moment, il ne sait ce qui
l’attend à l’extérieur. A l’extérieur, est-ce que les gens ont
changé ? Beaucoup de questions remplissent la tête et les
cellules isolées derrière les barreaux israéliens.
A part la liberté, rien n’est plus cher
Faouaz Mahmoud, 25 ans, de la ville de
Ramallah, vient d’être libéré. « J’ai laissé cinq ans de toute
ma vie dans la captivité. Le moment de ma libération reste le
plus heureux de ma vie, bien que j’ai dû quitter mes camarades.
Rien au monde n’est plus cher que la liberté de l’homme ».
La veille de ma sortie était une nuit
difficile. Les captifs m’ont organisé une fête d’adieu. Je ne
pouvais pas dormir. Mes pensées s’égaraient vers l’extérieur. Je
pensais à cette vie d’extérieur. Est-ce que la vie a changé ? En
tout cas, moi, je suis changé. Apprendre le Saint Coran et
écouter les leçons de bonne conduite et les conférences
scientifiques m’ont transformé, ont fait de moi un nouvel homme.
Lors de ma sortie, j’ai vécu le bonheur avec
ma famille, mes parents, mes amis. Mais après les mots de
bonjour et d’accueil, on sent une lacune approfondie par le
temps. Il y a de nouvelles réalités, je dois mettre du temps
pour m’adapter. Beaucoup trop de choses ont changé.
Ils tuent la joie de la libération
Alaa Jamal, de la ville d’Al-Khalil, vient
d’être libéré des prisons israéliennes. Il dit, lui aussi, que
la joie de la libération est agréablement inégalée. Mais les
agents de renseignements de l’occupation israélienne ne laissent
de Palestinien tranquille, même à ce moment de sa vie. En effet,
tout captif palestinien est sous le glaive de la « Détention
administrative ».
Une fois, une heure avant ma sortie,
l’administration de la prison m’a informé que ma détention avait
été prolongée !!!
En tout cas, tout le cœur et toute la pensée
du captif s’orientent vers l’extérieur. « Aussi longue soit la
durée de la détention, l’aube de la liberté viendra », dit-il.
Les adieux
Le captif libéré Riyad Khaled, de la ville de
Jénine, dit que dès que le captif sent qu’il est sur le point de
départ, il distribue toutes ses affaires, ses couvertures,
vêtements et autres à ses compagnons de cellules. Ces derniers
lui confient des messages destinés à leurs familles. Les larmes
de joie de la libération se mêlent aux larmes d’adieux. Ce n’est
pas facile de quitter du jour au lendemain des compagnons avec
qui on est resté des mois, des années, voire des décennies.
Penser à l’extérieur est très stressant, dit
Khaled Ali. Les enfants deviennent des hommes et des femmes. Il
y a ceux qui ont disparu, les captifs dans les prisons
israéliennes, les martyrs, les émigrés…
Il ajoute enfin :
« Malgré tout, combien sont agréables les
moments de liberté, lorsque l’on s’éloigne de l’enchaînement de
l’espace et du temps ».
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