Centre Palestinien
d'Information
Frapper
l’Iran, laissez l’affaire aux grands
Yoel Marcus
16 novembre 2007
L’idée israélienne
disant que l’Etat n’a pas besoin de soldats étrangers pour le
protéger est à respecter. Toutefois, il ne faut pas s’y
attacher de façon stupide. Israël ne doit pas se mettre en avant
pour menacer l’Iran d’une quelconque attaque. Même si
Ahmadinejad provoque Israël, l’Iran doit rester un problème
international. En effet, la question ne concerne pas Bush
uniquement. Poutine, lui qui se montre comme l’ami de l’Iran,
ne se sent pas à l’aise avec l’idée d’un Etat chiite doté
du nucléaire sur ses frontières sud. Un Etat qui veut mettre la
main sur les pays du Golfe et sur les sources de pétrole, et qui
veut mette le chiisme et l’Islam fondamentaliste au pouvoir dans
tous les pays musulmans modérés vivant en paix avec le monde
occidental.
Les menaces directes de
liquidation d’Israël ont produit l’avertissement de Bush
suivant : « Empêcher une troisième guerre
mondial nécessite d’interdire à l’Iran d’obtenir une force
nucléaire ». Et tant que Bush reste président, il aura la
capacité d’attaquer l’Iran et de détruire les
infrastructures du projet nucléaire. Pour le moment, tout cela
n’est que mots, et il n’est pas évident que l’opinion
publique américaine l’approuve – après avoir vu ce que
l’armée américaine subit en Irak, ce qui pourrait constituer
une forte indication de ce qui se passera en Iran, si une attaque
militaire a lieu.
La menace iranienne
d’envoyer onze mille missiles en une minute vers des objectifs déjà
déterminés n’est qu’une parole en l’air, si c’est Israël
qui est le but. En fait, Iran ne possède guère un nombre aussi
important de moyens militaires qui pourraient atteindre Israël.
Ce sont des missiles de courte portée, dont quelques-uns portent
des têtes chimiques qu’il possède et avec lesquels il pourrait
faire des dégâts en Arabie Saoudite, au Qatar, au Koweït et
dans quelques objectifs américains au Golfe. Mais ce qui est évident,
c’est que l’Iran a mis en réserve des plans pour commettre
d’affreuses opérations terroristes en Amérique elle-même. En
tout cas, le front intérieur israélien, étant « le petit
diable », reste un objectif iranien. L’intérêt résidera
alors dans la coopération avec le monde dans le domaine des
sanctions, non de se précipiter pour être à la tête de ceux
qui menacent d’aller en guerre.
Certains Israéliens
sont convaincus que le « monde civilisé » n’arrêtera
pas la production de la bombe. Et puisqu’Israël est un objectif
pour cette bombe, elle doit alors attaquer avant qu’elle-même
ne soit attaquée. A titre d’exemple, Araym Snih prétend que
les pays naturellement grands ne feront rien et que les promesses
de Bush ne sont pas fondées. Israël se trouvera obligée
d’attaquer tôt ou tard.
La capacité d’Israël
à mettre un terme au projet nucléaire iranien est une idée
rigolote. L’Iran a certainement tiré une bonne leçon du
bombardement fait par l’aviation israélienne contre la centrale
nucléaire iraqienne de Tammouz en 1981. Suite à cela, Téhéran
a distribué ses fours et ses centrifugeuses sur trois zones, très
profondément dans la terre, bien loin du regard des satellites.
Ceux qui portent l’idée de l’attaque estiment qu’une seule
zone frappée serait suffisante à retarder la production de la
bombe pour plusieurs années. Par contre, il n’est pas facile
pour nos avions d’arriver à un de ces objectifs, sachant
qu’elles devront traverser plusieurs pays arabes et
s’alimenter dans l’air ; plusieurs surprises pourraient
se produire.
L’échec de l’opération
sera plus dangereux que de ne rien faire. L’exemple de Nasrallah
pourrait se répéter, lorsque l’échec transforme Ahmadinejad
en héro islamique. Et toute la région serait en feu quand
Tel-Aviv serait bombardée. Sans parler de la possibilité que le
Hamas mette la main sur les territoires.
Sur les dernières décennies
de guerre, Israël a connu des opérations brillantes, elle a
aussi a eu des défaites gênantes. Plusieurs années après la
guerre de Golfe, l’armée israélienne a suggéré de rendre
à Saddam Hussein la monnaie de sa pièce pour son lancement de 39
missiles Scud laissant découvrir combien le front intérieur israélien
était fragile. L’idée d’Ehud Barak a été d’assassiner
Saddam pendant sa visite annuelle de la tombe de son oncle. Une
unité spéciale a entamé des entraînements à Tsalim. Durant
ces entraînements, un problème technique a tué plusieurs des
meilleurs de nos éléments ; ce problème a tué l’opération
au lieu de tuer Saddam. Et l’année dernière, le gouvernement
avait voulu frapper sur la main de Nasrallah, mais il a été tiré
vers une guerre de 33 jours, une guerre qui a montré l’anarchie
de la direction et la facilité avec laquelle l’armée israélienne
pouvait perdre sa place, sa réputation et sa force dissuasive.
Avec tout le respect
pour l’idée que la sécurité d’Israël ne dépende pas des
forces étrangères, nous disons que le gouvernement d’Olmert ne
possède pas la crédibilité politique et populaire permettant de
s’impliquer dans une opération contre l’Iran.
En somme, résoudre la
crise qui menace le monde dépasse nos capacités ; il sera
plus sage alors de laisser aux grands l’emploi de la force.
Article
paru dans le journal hébreu Haartis, le 23/10/2007
Traduit et résumé
par le CPI
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