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Centre Palestinien
d'Information
La France, la Syrie: on joue à quoi ?
CPI - Département français
Photo CPI
15 juin
2008
Le président syrien Bachar Al-Assad
est invité par son homologue français Nicolas Sarkozy pour la
fête nationale du 14 juillet. Dès qu’elle a vu la lumière du
jour, cette invitation a fait couler beaucoup d’encre. Tout le
monde ne cache pas son étonnement devant une telle décision, ou
même son indignation. Comment Sarkozy, l’ami incontestable
d’"Israël", invite l’ennemi numéro deux de l’Etat hébreu –
beaucoup loin derrière son ennemi incontestable, à détruire : la
république islamique d’Iran ? Impossible de croire que le
président français tourne le dos à "Israël". Pourquoi alors cet
honneur ? Il ne vient certainement pas de rien. Beaucoup de
questions se posent d’elles-mêmes.
Les Israéliens avaient
récemment levé le voile sur des pourparlers engagés depuis des
mois avec la Syrie. Nicolas Sarkozy, lui qui affiche la volonté
de s’imposer sur la scène internationale, a-t-il voulu prendre
de l’avant et se montrer capable de faire quelque chose au
Moyen-Orient ? Ou tout simplement, il a eu cela au moment de la
distribution des rôles pour les pièces à jouer sur la scène de
la région, bientôt ?
Les Français ne sont pas si
naïfs qu’on le laisse croire. Ils possèdent tout de même leurs
propres moyens, de renseignements du moins. Si on croit Brian
Harring, ils possèdent des informations des plus détaillées sur
la guerre menée par "Israël" en été 2006, contre le Liban et
surtout contre le Hezbollah qui a réussi à infliger une défaite
des plus amère à "Israël" ; et ce n’est qu’un seul exemple. 300
pages qui mettent en doute tous les chiffres avancés par
l’Entité sioniste. Elle avançait la perte de 116 à 120 hommes,
au moment où le rapport, résumé par Harring et publié par le
centre américain Axis of Logic, annonce un nombre de 2300
hommes. L’information significative que révèle le rapport
concerne l’assassinat du Rafiq Al-Hariri. C’était les
Israéliens, via leur Mossad, qui l’avaient tué, et non les
Syriens comme le criaient haut et fort et sur tous les toits les
Israéliens, les Américains, et les Européens avec leur cour
internationale. C’était un prétexte pour chasser les Syriens du
Liban, ou du moins pour y enchaîner leurs mains. Alors après la
publication dudit rapport, Nicolas Sarkozy voudrait-il se
racheter auprès des Syriens en particulier et des Arabes en
général ?
Il y a aussi l’Iran, l’ami
quasi-stratégique de la Syrie et du Hezbollah, mais considérée
comme la vraie ennemie d’"Israël". On pratique de plus en plus
de pression sur elle pour stopper son programme nucléaire, même
civil. Dans la région, personne en dehors de l’Etat hébreu n’a
le droit d’en posséder un. Le président français veut-t-il
attirer le président syrien vers lui pour l’éloigner de l’Iran ?
Une étape supplémentaire pour isoler les Iraniens, un nouveau
message : nous pouvons aller beaucoup plus loin, si vous ne
cédez pas !
Il y a aussi la cause
palestinienne, chère au cœur des Syriens. A Damas se trouvent
les sièges de plusieurs factions palestiniennes, dont certains
qui refusent cette mascarade de processus de paix. C’est de
Damas que Khaled Michaal, chef du mouvement de la résistance
islamique Hamas, appelle à une résistance forte et dure contre
l’occupation israélienne de leurs territoires, aussi élevé en
soit le prix à payer. Alors Nicolas Sarkozy ira-t-il demander à
son homologue de les chasser ? Ou du moins de calmer le jeu ?
En somme, les questions sont
trop nombreuses pour que l’on puisse toutes les énumérer. Aussi
nombreuses soient-elles, personne n’est dupe pour croire une
seule seconde que la France, encore moins son jeune président,
fasse quelque chose qui contrera les intérêts d’"Israël", l’amie
de toujours. Tout au contraire, on fait tout pour les servir,
ces intérêts, même si cet Etat est accusé d’avoir commis les
plus affreuses discriminations et les plus affreux crimes. Les
rapports du Quai d’Orsay en sont les premiers témoins !
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