Actualité
Je pense aux 14 de Nantes, jetés dans le fleuve par la police pour
avoir dansé. Et j'imagine une lettre
Emmanuel Moreira
Mardi 25 juin 2019
J'imagine une
lettre aux directeurs et directrices des
Centres Chorégraphiques Nationaux.
J'imagine une lettre adressée à tous les
chorégraphes. J'imagine leur dire que
des gens ont été jetés à l'eau, dans un
fleuve, parce qu'ils dansaient sans
autorisation. Que cela a eu lieu à
Nantes. Le 21 juin, fête de la musique.
Qu'ils ont été jetés à l'eau par la
police et sauvés in extrémis par les
pompiers. J'imagine leur dire qu'une
personne est portée disparue depuis.
J'imagine leur demander d'ouvrir
d'urgence leurs lieux, pour accueillir
tous ceux qui voudront danser,
librement, sans répression et contre la
répression. J'imagine leur demander de
le faire ensemble, une même nuit, sur
tout le territoire, à l'unisson. De
faire cela pour protester contre une
police et un pouvoir qui la protège.
Contre une police qui jette dans un
fleuve des gens qui dansent. J'imagine
demander à tous les chorégraphes de se
rapprocher des centres chorégraphiques,
et de les aider à organiser cette grande
nuit contre la répression des corps
dansants. J'imagine une lettre à tous
les musiciens, pour leur demander de
jouer toute une nuit pour que la danse
soit toujours possible. J'imagine cela,
parce que j'imagine que les Centres
Chorégraphiques nationaux, que les
chorégraphes, que les musiciens, ne
peuvent pas ne pas être directement
concerné par ce qui s'est passé au petit
matin de la nuit du 21 juin à Nantes.
J'imagine cela
parce que j'imagine que le droit de
danser est pour les centres
chorégraphiques nationaux, les
chorégraphes et les musiciens, une
liberté fondamentale. Et qu'une police
jetant dans un fleuve des corps qui
dansent au nom d'une absence préalable
d'autorisation à danser délivrée par une
préfecture et que cette préfecture
appelle cela - jeter des corps dans un
fleuve - une réponse proportionnelle -
est une violence redoublée. Est une
violence doublée d'un mépris. Est une
violence sans limite.
Et c'est ainsi que
j'imagine écrire cette lettre aux centre
chorégraphiques nationaux, aux
chorégraphes et aux musiciens, afin
qu'ils se coordonnent le plus vite
possible afin que cette police soit
sérieusement remise à sa place et qu'il
soit de nouveau possible de danser, sans
risquer de se faire jeter dans un
fleuve.
----------
Destinataires :
CCN de Nantes
ICI - CCN Montpellier Occitanie
Centre national de la danse - CN D
Ccn de La Rochelle
Ccn Roubaix Sylvain Groud
Centre chorégraphique national de Caen
en Normandie
Centre chorégraphique national de Tours
- direction Thomas Lebrun
Le Phare, Centre chorégraphique national
du Havre Normandie
CCN2 - Centre chorégraphique national de
Grenoble
CCNO - Centre Chorégraphique National
d'Orléans
ACCN / Association des centres
chorégraphiques nationaux
Terrain / Boris Charmatz
Ballet du Nord - CCN de Roubaix
Le dossier politique
Les dernières mises à jour
|