Hezbollah
S.Nasrallah: Les Israéliens plieront
bagages,
le projet takfiriste non viable
Al-Manar
Samedi 20 août 2016
Le secrétaire général du
Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a
réitéré que la victoire de 2006 était
bel et bien une victoire divine qui a
imposé des équations dépassant le cadre
de la logique.
Dans une interview
accordée à la chaine de télévision
AlManar, Sayed Nasrallah a rappelé que
certains Libanais réclamaient la
poursuite de la guerre au moment où
l'ennemi voulait y mettre fin.
Selon lui, "si la
résistance avait réclamé la direction du
pays après la victoire de 2006, il y
aurait eu une guerre civile au Liban".
Dans ce qui suit
l'essentiel de l'interview diffusée sur
AlManar et animée par la journaliste
Kawthar Bechraoui:
Q: Pourquoi cette
victoire est-elle selon vous divine?
R: Quand on cherche
logiquement à démontrer quelque chose,
nous devons trouver des preuves
tangibles et logiques. En mathématique,
3+3 font 6 et non pas 600. Israël qui
possédait l'armée la plus puissante dans
la région, le plus grand arsenal
militaire, cette Entité essentiellement
militaire, et qui était soutenue lors de
la guerre par les Etats-Unis, la
communauté internationale, des pays
arabes. Des ponts aériens ont été
établis pour acheminer des armes, des
raids innombrables ont été menés… alors
que dans le camp opposé, il y avait une
simple résistance soutenue par une
partie du peuple. L'Etat libanais était
divisé sur sa position envers la
résistance. Le Premier ministre Fouad
Siniora et certains ministres y étaient
opposés. Donc, sur le plan de l'action
politique, diplomatique, militaire..
tout était en faveur de l'ennemi.
Si l'on prend en compte le
nombre des effectifs de la résistance et
ses capacités militaires, comparés à
l'ampleur des raids et des missiles
lancés sur ce groupe de combattants, et
à la décision internationale de liquider
la résistance. Face à cette équation, on
déduit que 1+1= 1 million!
Partant de ce qui précède,
ce résultat ne peut être atteint que
grâce à Dieu. Cette victoire représente
à mes yeux la promesse de Dieu à ses
combattants, c'est une victoire divine.
Je ne fais que décrire la réalité.
Q: pourquoi on ne
célèbre pas cette victoire dans le monde
arabe en son 10ème
anniversaire?
R: La situation est bien
plus minable. En 2000, lorsque les
Israéliens s'étaient retirés du Sud
Liban, sans qu'aucun incident
sécuritaire n'ait été enregistrée sur le
sol libanais, certains Libanais et
arabes étaient malencontreux de cette
victoire. Ils s'étaient sentis
embarrassés. Sachez que d'aucuns dans le
monde arabe avaient misé sur la victoire
israélienne et la défaite de la
résistance.
Q: J'ai lu une
information il y a quelques jours, selon
laquelle on comptait vous mettre en
prison à la fin de la guerre?
R: C'est un détail parmi
d'autres. Dans les derniers jours de la
guerre, une ambassade européenne a
contacté Sayed Nawwaf Moussaoui, qui
était alors responsable des relations
internationales au Hezbollah. Ce
diplomate avait demandé que le Hezbollah
trouve une issue au Liban, parce que les
Israéliens, les Américains, les Français
veulent stopper la guerre, mais seul le
gouvernement libanais refuse toujours
son arrêt!
Certains au Liban
refusaient que la guerre prenne fin tant
que la résistance demeurait au sud du
Litani.
Malgré tout, nous avons
affirmé à la fin de la guerre que nous
voulons mettre ces points de litige de
côté et de veiller à la reconstruction
du pays.
Depuis 1960, les régimes
arabes sont des régimes qui ne cherchent
pas de victoire sur Israël. Pour nous,
c'est normal que l'on ne fête pas la
victoire de 2006, tout comme la
libération de l'an 2000 que nous avons
offerte pourtant à tous les Arabes.
Aujourd'hui, tous les
dirigeants israéliens se sont attelés à
parler de la défaite sioniste en 2006 et
de ses causes, mais au Liban et dans
certains médias des pays du Golfe, on ne
cesse de dire qu'Israël a triomphé en
2006! Tout ceci est lié à des calculs
bien précis.
Q: Vous étiez dès
le début de la guerre sûr de la
victoire? Sur quoi avez-vous compté?
R: Nous comptions sur Dieu
et sur sa promesse. Nous étions sûrs que
les facteurs en notre disposition
favorisaient la victoire. Quand on
défend une cause véridique Dieu va lnous
soutenir jusqu'à la réalisation de la
victoire. Notre bataille avec Israël
était dès le premier jour une bataille
pour le Vrai.
De plus, nous avons la
croyance et la confiance en Dieu, et
nous nous sommes procurés d'armes comme
les roquettes et les missiles pour
frapper Haïfa et les chars israéliens.
Dieu sait que c'était le summum de nos
efforts. Depuis mai 2000, les
combattants se préparaient pour la
prochaine guerre israélienne. Nous avons
tout sacrifié et nous avons toujours
formé un groupe uni, obéissant et
harmonisé.
Nous avons déployé tous nos
potentiels intellectuels pour assurer le
progrès de la résistance.
Et certes le facteur de la
fidelité à Dieu est essentiel. Nous
cherchions à plaire à Dieu pour mériter
sa satisfaction. La victoire de juillet
2006 a commencé au premier jour de la
guerre. Notre population était
tranquille alors que l'ennemi était
paniqué. C'était l'une des grâces
divines.
Tant que la résistance est
prête, confiante en Dieu, et se prépare
pour la prochaine bataille, elle sera
victorieuse.
Q: Pourquoi
avez-vous refusé de prendre les rênes du
pouvoir après la victoire?
R: Ce n'est pas une
question d'ascétisme, mais c'est le sens
de la responsabilité qui a dicté notre
action. Diriger le pays et résoudre les
problèmes de la société sont une grande
responsabilité que nous assumons
d'ailleurs.
Mais le Liban est formé de
plusieurs communautés, et chacune d'elle
soutient des représentants politiques
malheureusement corrompus.
Si la résistance avait
réclamé de diriger le pays après la
victoire de 2006, il y aurait eu une
guerre civile au Liban.
Là où nous pouvons agir et
être actifs, nous sommes présents.
Q: Est-ce que cette
résistance agirait-elle de la sorte si
elle était dans un autre pays?
R: Partout la résistance
prend le pouvoir quand elle triomphe. Je
viens de dire que certains Libanais
étaient contrariés de notre victoire.
Pour combattre la corruption, on ne peut
recourir à des moyens plus corrompus
encore.
Q: Un jour
l'Histoire sera-t-elle équitable envers
la résistance à votre avis?
R: Je n'en sais rien. On
doute fort de ce qui a été écrit dans
les livres d'histoire. On est déjà
vivants et on fait face à toute sorte de
campagne de désinformation. Par exemple,
un certain Adham Khanjar qui a combattu
l'occupation française, certains
l'accusent d'avoir été un bandit!
Aujourd'hui, des gens nous
accusent de blanchiment d'argent, de
trafic de drogues, nous traitent de
voleurs. Donc, on n'a pas besoin
d'attendre des années pour savoir ce
qu'on le dira de nous.
Ce à quoi nous aspirons est le Jour de
Jugement dernier. Là-bas, il n'y aura ni
médias de Golfe, ni argent américain…
seule la vérité éclatera en ce Jour.
Nous cherchons le salut et la
satisfaction de Dieu au Jour du
Jugement. Je n'attends pas que
l'Histoire nous donne justice.
Q: lors de la
guerre de juillet, certains Libanais
festoyaient et applaudissaient les
frappes sionistes? Pourquoi avez-vous
conseillé d'omettre ces faits dans les
médias?
R: Parce que nous ne
voulions pas compliquer encore plus les
choses. La plupart des gens déplacés du
Sud étaient de la communauté chiite qui
regardait la télévision jour et nuit à
la recherche d'une nouvelle rassurante.
Si nous avions diffusé les célébrations
et les festivités, nous aurions
approfondi et aiguisé la haine et la
rancune entre Libanais. Nous cherchions
par contre à protéger le pays.
Q: Vous êtes
toujours calme. Quel en est le secret?
R: Dans le Saint Coran,
Dieu raconte l'histoire du prophète
Moïse (Moussa) pour lequel Il a divisé
la mer en deux parties afin de lui
permettre de fuir. Regardez cette
intervention divine combien elle est
tangible. C'est pour cette raison qu'on
dit que notre victoire est divine. Le
prophète et ses compagnons ont vu la
manifestation de Dieu qui vient de les
sauver. Malgré ceci, certains de ses
compagnons ont demandé à Moïse de faire
une statue pour l'adorer!
Q: quel était le premier facteur
de force qui a favorisé la victoire?
R: Les gens avaient une très grande
compréhension des événements et étaient
très conscients du déroulement de la
guerre. Ils étaient très confiants en
Dieu et en la résistance. Dieu nous a
donné une tranquillité et a jeté
l'horreur dans les cœurs de l'ennemi.
Qui avait dit à la
population de rentrer chez elle? C'était
la confiance et la grande décision du
peuple qui voulait rentrer à ses terres
malgré les menaces potentielles. Dès
8h00 du matin, les déplacés ont plié
bagages et ont pris le chemin de retour.
Pour moi, c'est Dieu qui
les a poussés à rentrer chez eux.
Certains politiciens voulaient que les
gens restaient loin de leurs terres pour
que ces derniers fassent pression sur la
résistance et obtenir en contrepartie le
désarmement du Hezbollah.
La population a fait
avorter ce nouveau complot qui a suivi
le complot des frappes israéliennes.
Personne n'a accepté de s'installer dans
des tentes, ni dans des campements.
Cette conscience et cette force
proviennent de Dieu.
Je rappelle à ce propos ce
Feltman qui a reconnu avoir versé 500
millions de dollars pour distancier les
gens du Hezbollah. Mais en vain.
Pourquoi procède-t-il
ainsi? Pour leur part, des médias du
Golfe m'accusent de diriger un groupe de
trafiquants de drogue, pourquoi? Tout
simplement parce qu'ils veulent semer le
doute dans les cœurs de nos partisans.
Mais de telles tentatives peuvent
leurrer des individus dans les pays du
Golfe, et certainement pas des Libanais!
Q: Avez-vous visité
le Sud Liban après la guerre?
R: Certainement, je me suis rendu dans
toutes les régions du pays. Sachez que
les allégations sionistes selon
lesquelles je vis dans les abris ne sont
pas vraies. Les visites des délégations
et des responsables politiques et
diplomatiques permanentes en sont la
preuve.
Q: avez-vous rencontré votre
famille lors de la guerre?
R: Non, je ne l'ai rencontrée qu'une
seule fois au cours de la guerre. Les
autres responsables du Hezbollah ne
pouvaient voir leurs familles. Ils
demandaient de leurs nouvelles. sachez
que l'un des facteurs essentiels de la
victoire étaient la patience et la
confiance de nos familles, des familles
des combattants et de nos partisans.
Q: Ce qui se passe
en Syrie est-il une suite de la guerre
de juillet 2006?
R: Evidemment. Les Israéliens le disent
ouvertement. Après la guerre, la
commission Winograd a étudié et vérifié
toute sorte de lacunes pour en tirer les
leçons de cette défaite sioniste.
Parmi les constats, les
Israéliens ont conclu qu'une nouvelle
guerre contre le Hezbollah doit être
décisive, rapide et qui assure une
victoire certaine.
Ils ont dit alors: "Si nous
voulons vaincre la résistance et l'axe
de la résistance, nous devons frapper la
Syrie". Les Israéliens ont compris
qu'une guerre directe contre le
Hezbollah ne pourra être remportée. De
plus, une guerre contre l'Iran est plus
difficile encore. Pour cette raison, ils
ont opté pour le choix ultime: extirper
la Syrie de l'axe de la résistance.
Ceux-ci réalisent que la
Syrie fait partie de l'axe de la
résistance et n'est pas un simple pont
entre le Hezbollah et l'Iran. Ils savent
qu'en frappant la Syrie, ils brisent le
dos de la résistance.
Depuis 2006, ils ont tenté
de se rapprocher de la Syrie par la
politique. Je rappelle alors la visite
surprise du roi saoudien en Syrie. En
fait, les dirigeants arabes avaient reçu
les ordres américains et israéliens pour
éloigner la Syrie du camp de la
résistance.
S'en sont suivies les
révolutions du printemps arabe. Quand
ils ont échoué en politique, ils ont
transposé le modèle de la révolution en
Syrie, une révolution qui a rapidement
dégénéré en guerre.
Le problème avec le
président Assad c'est qu'il ne peut
faire partie du projet du nouveau
Moyen-Orient. Ils veulent des présidents
vassaux, alors qu'Assad est quelqu'un
d'indépendant.
Face à l'échec de leur
projet, ils ont mis en place Daech, al-Nosra
et Cie. Aujourd'hui, les Américains
admettent publiquement leur
responsabilité dans le financement des
terroristes, qui sont déployés en Syrie
pour combattre le Hezbollah. Donc, quand
on combat Daech, on est dans la
continuation de la guerre de juillet
2006.
C'est vrai que nous avons
triomphé en juillet 2006, mais les
ennemis tentent de nous arracher cette
victoire.
Obama tente une chance de
dernière minute pour réaliser un exploit
quelconque contre Daech pour dire à
l'opinion publique US qu'il a éradiqué
Daech et les terroristes en Syrie ou à
Mossoul, d'où le rapprochement
russo-américain.
Pourtant, les frappes
américaines contre Daech agacent les
Israéliens qui y trouvent un grand
service rendu avant tout au Hezbollah!
Q: Le Liban a-t-il
connu une stabilité après la guerre de
juillet?
R: Sur le plan sécuritaire, le Liban
jouit d'une sécurité inouïe. Grâce aux
sacrifices de l'armée et des combattants
de la résistance, nous avons avorté un
projet extrêmement dangereux qui se
tramait contre le Liban.
Depuis toujours, la
population du Sud souffrait des
exactions et des crimes sionistes. Les
gens étaient horrifiés et apeurés.
Allons maintenant aux frontières du sud.
Depuis 2000 à 2006, il y a eu un essor
démographique important. Les gens
veillent au matin à la frontière. Ils
vivent tranquillement parce que la
résistance a imposé une équation de
l'équilibre de la terreur.
De l'autre côté de la
frontière, les Israéliens arrachent les
arbres, creusent des terrains, changent
les aspects géographiques de la terre,
parce qu'ils se préparent à la bataille
de la Galilée.
Q: Etes-vous prêts
à dialoguer avec vos adversaires?
R: Pour le bien du Liban et la sécurité
de la population, nous sommes prêts à
nous assoir sur la même table avec nos
adversaires. Après la guerre de
juillet, nous avons dialogué avec ceux
qui ont comploté contre nous. Le tout,
pour l'intérêt du Liban.
Q: Qui sont les
personnalités qui ont adopté une
position honorable en faveur de la
résistance lors de la guerre de juillet?
R: elles sont nombreuses. Je ne saurai
les citer. Mais dans les pays arabes,
européens, en Amérique Latine, des
groupes, des présidents, des militants
et de nombreuses personnes ont manifesté
leur soutien au Hezbollah et ont fourni
un soutien politique. J'en passe des
noms pour ne pas oublier qui que ce
soit.
Q: L'armée
libanaise assistait-elle passivement aux
combats?
R: Malgré les tentatives de
menotter les mains de l'armée, celle-ci
a suivi sa doctrine militaire
nationale et patriotique. Certains ont
cherché à provoquer une division entre
le Hezbollah et l'armée même durant la
guerre.
Sachez que le Premier
ministre avait ordonné à l'armée de
saisir les camions transportant des
armes au Hezbollah de la Békaa au sud.
Nous avons contacté le commandement de
l'armée qui a admis qu'une décision
politique est derrière cet acte.
C'est ainsi que le
président Lahoud est intervenu en force.
Nos adversaires politiques libanais ont
même conditionné le déploiement de
l'armée au sud du Litani par le
désarmement de la résistance. Bref, des
politiciens libanais ont cherché à
réaliser en politique ce qu'Israël n'a
pas pu le faire dans les 33 jours.
Nous n'avions jamais de problème avec
l'armée.
Q: L'armée combat
aujourd'hui les takfiristes. S'est-elle
libérée de la décision politique
contraignante?
R: Certains pays arabes
assurent une couverture pour défendre la
politique israélienne. Nous nous
attendrons même dans l'avenir à des
fatwas qui donnent une légitimité pour
Israël. Nous avons combattu les
Israéliens, c'était la bataille directe
contre l'ennemi. Aujourd'hui, nous
combattons les Israéliens par
procuration, à travers les takfiristes.
D'aucuns tentent de
minimiser les potentiels de
l'armée. On nous demande de déposer les
armes pour reléguer la place à l'armée
et en même temps, ils avancent que
l'armée est faible et manque
d'équipements militaires.
Je vous dis clairement:
l'armée est capable de trancher la
bataille contre les takfiristes. Mais
elle a besoin de la décision politique.
Les Israéliens misent sur
Daech et réalisent bien que le projet
takfiriste est sans avenir. Ce projet
n'est pas viable. Personne ne peut vivre
dans le giron de Daech, ni même les
sunnites. Ce groupe qui décapite
arbitrairement les gens. Personne doté
du bon sens et d'un esprit de liberté
n'accepte de vivre dans l'Etat de Daech,
cet Etat de meurtre.
Q: Le Hezbollah s'est-il
embourbé dans le bourbier de Daech?
Israël vous a-t-il entrainé dans cette
guerre?
R: L'arroseur sera arrosé.
Les Israéliens exagèrent quand ils
avancent des chiffres sur les morts de
nos combattants. Ils admettent que le
Hezbollah a acquis une grande expertise
dans la bataille contre Daech. Le
Hezbollah a pris part à des combats sans
précédent. Il a acquis une expérience
dans la guerre offensive. Pour cette
raison, ils sont terrifiés quant à la
possibilité de l'éclatement d'une guerre
dans la Galilée. Sachez qu'un Israélien
sensé devrait constater que le Hezbollah
a pu amplifier ses forces et ses
capacités après la création de Daech.
Aucune manœuvre militaire
ne peut profiter au Hezbollah comme l'a
fait la bataille contre Daech.
Q: Le rapprochement
russo-turc contribuera-t-il à résoudre
la crise syrienne?
R: Probablement. La guerre en Syrie
n'est pas une guerre interne. Des
rapports occidentaux font état des
millions de dollars et des centaines de
milliers de miliciens convoqués du monde
entier pour combattre en Syrie. Les
miliciens étrangers, saoudiens, ouzbeks,
et turkmènes sont le fer de lance dans
la bataille contre le pouvoir en Syrie.
Si la Turquie accepte de
résoudre la crise, elle devra admettre
que le projet a échoué et que la
bataille militaire ne mènera nulle part.
Si la Turquie prend la décision de
fermer ses frontières, la guerre prendra
fin. Toutes les facilités sont
présentées aux terroristes de Daech et
autres groupes via les frontières
turques. Dans ce cas, l'Arabie Saoudite
ne pourra pas larguer ses armes et ses
fonds par avions!
Il y a cinq ans, j'avais dit que les
grandes puissances ont convoqué les
terroristes des quatre coins du monde
pour combattre en Syrie, et j'ai bien
averti qu'en fin de compte, ils seront
tués par ces mêmes pays. Bandar ben
Sultan avait réclamé des miliciens de
Daguestan et de la Tchétchénie pour les
utiliser dans la guerre en Syrie
assurant qu'à la fin de la guerre il ne
restera personne en vie! Regardez
combien ils manquent d'honneur et
d'humanité.
Vraiment, j'ai le cœur
brisé pour les morts de l'autre camp,
manipulés et puis sacrifiés pour
l'intérêt des pays arabes et
occidentaux. Mais savez-vous pour le
compte de qui combattez-vous? C'est une
chose lamentable.
Q: la
normalisation avec Israël est-elle
nouvelle ou bien date-t-elle depuis
longtemps?
R: sans les complots avec les régimes
arabes en 1948, Israël n'aurait pas pu
triompher. La propagande sioniste à
l'époque promettait une vie paisible
dans la terre "de miel" aux juifs
voulant se rendre en Palestine. Comment
les Israéliens étaient-ils aussi
certains d'une vie paisible? Simplement,
parce qu'ils avaient reçu des assurances
de la part des régimes politiques
vassaux.
Sachez que depuis 1948, les
armées arabes étaient capables de
combattre et de vaincre Israël,
mais ces armées ont besoin d'une
décision politique pour entreprendre
cette action, ce qui n'a jamais eu lieu.
Le chaos destructif dont
parlent les Américains. Si le chaos
règne dans la région, et que les régimes
arabes sont renversés, le premier qui
paiera le prix sera Israël, pour cela je
vous dis que l'arroseur sera arrosé. Il
y aura toujours des gens qui combattront
Israël dans la région, l'ennemi ne saura
éteindre la flamme de la résistance dans
nos coeurs.
Q: La normalisation saoudienne
avec Israël est un sujet de controverse
en Palestine. Comment commentez-vous ce
fait?
R: Je ne pense pas qu'un mouvement de
résistance palestinien puisse admettre
la normalisation saoudienne avec Israël.
Nous sommes en contact avec toutes les
factions palestiniennes. Chacun
s'exprime à sa façon sur l'affaire.
Quant à nous, nous allons continuer à
soutenir tous les mouvements de
résistance qui combattent Israël.
Q: Les adversités
entre la résistance et les régimes
favorisent-elles désormais une unité
islamique?
R: Je pense que la situation est
compliquée mais on exagère beaucoup les
faits. Des centaines de milliers de
musulmans en Indonésie et en Malaisie ne
sont pas impliqués dans la guerre
sectaire. Même en Syrie, ce sont des
sunnites qui combattent les terroristes.
A Falloujah, la victoire a eu lieu grâce
entre autre aux forces de tribus
sunnites qui ont combattu à côté des
chiites et des kurdes.
Donc, les sunnites
combattent Daech en Irak. Les Kurdes,
dont la majorité est sunnite, combattent
aussi Daech. Les médias pro-saoudiens
prétendent le contraire. Mais en effet
les sunnites ont le plus pâti de la
criminalité de Daech.
Inchallah, la discorde sera avortée, et
je suis certain que le projet takfiriste
ne survivra pas. Dieu accorde la
victoire à celui qui le mérite.
Peut-être, cette épreuve qui frappe
l'axe de la résistance et les
peuples de la région permettrait de
discerner entre le sincère et le
menteur. Pour moi, la victoire finale
n'est pas loin à venir.
La faiblesse des sionistes
était depuis toujours camouflée par les
régimes comploteurs arabes. La
libération de l'an 2000 a mis en échec
le projet du Grand-Israël. En 2006, la
victoire a frappé l'essence du projet
israélien, et tout ceci de l'aveu des
dirigeants sionistes.
Les Israéliens plieront
bagage dans l'avenir et quitteront la
Palestine, grâce à des développements
divers, qui ne comprennent pas
nécessairement une guerre globale.
De nombreux problèmes
déchirent la société israélienne. Le
chef de l'opposition israélienne a
longuement parlé ces derniers jours du
racisme grandissant qui déchire la
société israélienne.
Par ailleurs, les Israéliens ont compris
que tous leurs efforts ne sauront
anéantir la résistance dans les cœurs de
nos peuples.
Tant que la résistance existe, Israël ne
pourra survivre.
C'est une question de temps.
Q: Que signifie à vos yeux le
fait que vous soyez le maitre de la
victoire?
R: C'est une question difficile. Les
gens affichent leur désir d'avoir une
icône pour une guerre quelconque ou pour
tout autre évènement. Mais
l'exploit de la victoire est l'exploit
de tous ceux qui se sont préparés et qui
se sont sacrifiés.
J'avais remercié les combattants pour
m'avoir accepté dans leurs rangs lors de
la guerre de juillet 2006.
En vérité, les combattants sont les
véritables maitres.
Q: la rue
tunisienne est la seule à avoir
manifesté son soutien à la résistance
cette année. Qu'en dites-vous?
R: Oui, et c'est un indice de la lueur
d'espoir dont je parle. Le tableau n'est
pas si sombre comme je l'ai déjà dit.
Q: L'amour passion que certains
vous affichent, vous donne plus
d'humilité?
R: C'est un amour réciproque. J'aime les
gens, et je partage leurs moments de
bonheur et de souffrance. C'est une loi
qui gouverne le monde. Les gens, quand
ils aiment, ils aiment pour des raisons
déterminées. C'est Dieu qui décide de
tout, c'est Dieu qui nous donne la grâce
d'être aimé.
En échange, nous sommes conscients que
cet amour est une grâce offerte de
Dieu. Nous sommes humbles devant Lui et
devant ses adorateurs.
Q: Comment endurez-vous toutes
les épreuves et les souffrances?
R: Tout le monde souffre et endure. Même
les prophètes souffrent. La patience
provient du mal et de l'endurance. Nous
souffrons mais nous patientons, parce
que la patience est un ordre divin.
Quiconque patiente sur le chemin du
Vrai, endure les traitrises, les
complots, les blocus, les menaces
sécuritaires, est la personne qui combat
sur le sentier de Dieu, et Dieu le
récompensera.
Q: vous êtes un homme de
religion et grâce à Dieu vous êtes
capable de convaincre les gens beaucoup
plus que tous les hommes de religion?
Vous avez parlé un jour de la belle
patience qui m'a beaucoup touchée.
R: C'est un concept coranique. Dieu
insiste qu'il fera triompher celui qui
patiente et qui endure. Sans la
patience, on ne peut s'abstenir des
mauvaises actions. Dieu loue ceux
qui pardonnent aux gens, qui retiennent
leur colère.
Quant au beau malheur: dans les études
gnostiques on dit que celui qui emprunte
la voie vers Dieu, aime toute sorte de
souffrances et accepte toutes les
endurances.
Sayeda Zeinab avait dit
n'avoir vu que du beau dans toute la
bataille de Kerbala. Pourquoi? Parce
qu'elle a offert tous ses sacrifices
pour la satisfaction de Dieu.
Q: quel prix paie
le leader?
R: Je ne me présente pas comme tel. Je
ne fais qu'appliquer mon devoir. Notre
souci majeur est la préparation pour
l'Au-delà. On consacre nos jours et nos
heures pour nous préparer au Jour
dernier. Ceux qui iront en enfer
pleureront. Même ceux qui iront au
paradis pleureront parce qu'ils verront
d'autres mieux placés.
Nous avons été éduqués de sorte que le
Jour du Jugement occupe la Une de nos
préoccupations. L'acte de résistance est
un devoir pour lequel nous serons
interrogés dans l'Au-delà.
Disons que le Hezbollah va
déposer ses armes et les remettre à
l'armée, et qu'Israël agresse le Liban,
il n'y aura plus de facteur de
dissuasion. Cet ennemi qui convoite nos
richesses. Le Liban aspire à explorer
ses ressources pétrolières. Il n'aura
plus la capacité de le faire.
Qu'allons-nous dire à Dieu
quand Il va nous demander sur les
raisons de notre désistement d'assumer
nos responsabilités? Notre devoir est de
repousser Israël, de protéger notre
population, d'aller en Syrie pour
combattre les takfiristes.
Bref, le Hezbollah n'abdiquera point ses
devoirs. Etre esclave de Dieu signifie
"obéir à Dieu" et "assumer les
responsabilités religieuses". Nous
devons assumer le devoir moral et humain
tant que nous sommes vivants.
Q: Quelle sorte de
livres lisez-vous le plus?
R: L'imam martyr Sayed Baqer Sader, un
grand penseur, nous a donné un conseil
pour savoir comment lire les livres: on
lit comme on adore Dieu. Autrement dit,
l'adoration de Dieu renferme plusieurs
aspects: la prière, les invocations, les
contemplations, le jeun, le Hajj... Ceci
s'applique à la lecture. Si on a envie
de lire des livres historiques, on doit
choisir un livre d'histoire. Tout dépend
de notre humeur.
Q: Quelle est la situation
actuelle de la chaine al-Manar au vu de
la campagne hostile qui tente de la
museler?
R: La guerre contre alManar fait partie
de la guerre contre l'axe de la
résistance. Elle est le fer de lance
dans la bataille. Elle joue un rôle de
mobilisation sur le plan populaire. Nous
connaissons bien les plans des ennemis
et le résultat de la guerre contre
AlManar dépend des résultats de la
guerre contre nous. alManar doit
continuer son combat par tous les moyens
technologiques pour atteindre une plus
grande audience.
On nous propose de créer
une autre chaine et de changer son nom,
comme l'a fait d'ailleurs le front al-Nosra
dernièrement.
Pour moi, toute l'histoire
d'al-Manar doit rester vivante dans les
esprits. AlManar a sacrifié des martyrs
dans la voie du combat. Nous trouverons
les moyens pour briser ce blocus.
Q: comment arriverons-nous un
jour à remercier Dieu même pour ce qu'Il
ne nous a pas accordé?
R: Ceci dépend de notre
croyance en Dieu. L'individu est appelé
à être conscient que tout ce qui a lieu
dans cette vie dépend de la volonté de
Dieu. Nous devons enrichir notre culture
pour réaliser que Dieu décide de tout.
Dieu sait par exemple que certains gens
ne méritent pas d'être riches parce
qu'ils dévieront du bon chemin. Ainsi,
ils perdront la vie et l'au-delà. S'ils
demeurent pauvres, ils resteront
humbles.
D'autres gens demeurent
riches même s'ils réclament l'inverse de
Dieu. Tout dépend de la volonté divine.
La confiance en Dieu, la
croyance en Dieu, l'obéissance à Dieu.
Tout ceci aide les gens à découvrir le
chemin de Dieu.
Le dossier Hezbollah
Les dernières mises à jour
|