Interview
Nous ne demandons pas l’impossible.
Le blocus de Gaza doit être levé
Ramadan Shallah
Dr Ramadan
Shallah
Mercredi 23 juillet 2014
Dr. Ramadan Abdallah Shallah, secrétaire
général du mouvement du Jihad islamique,
a répondu au cours de l’interview aux
questions posées par le journaliste de
la chaîne « al-Mayadeen », le 21
juillet. Ces questions ont concerné les
aspects militaires et politiques de la
guerre en cours à Gaza. Dans cet
interview, Dr. Ramadan Shallah a
souligné l’importance de la résistance
militaire et de la première fusée
tombée sur Tel Aviv, l’unité de la
résistance et son rôle primordial dans
la définition des conditions de toute
trêve.
Il a également souligné le rôle
primordial de l’Egypte qui, par sa
position géographique et son histoire et
à cause de ses liens historiques et
présents avec le bande de Gaza, doit
prendre des positions plus fermes. Il a
nié exister d’autres pistes pour une
trêve, affirmant que plusieurs
propositions sont faites, mais aucune de
sérieuse n’a été avancée jusqu’à
présent. Pour dr. Ramadan, les
revendications palestiniennes ne sont
pas difficiles, il s’agit de cesser
l’agression, de lever le blocus de Gaza
et d’ouvrir tous les terminaux. Il s’est
dit confiant dans la victoire de la
résistance à Gaza, qui ouvre de larges
perspectives dans la région.
Ci-joint quelques passages de
l’interview
Je suis certain de la victoire. Le
peuple résistant à Gaza écrit une
épopée, surtout à Shuja’iyya. Le peuple
palestinien paie de son sang pour sa
liberté.
Nous menons une guerre d’un genre
nouveau dans l’histoire de ce conflit,
car aucune guerre précédente n’a vu les
armes de la résistance palestinienne
atteindre toutes les agglomérations de
l’ennemi. Il ne connaissait rien de la
capacité de la résistance, il a été
surpris, il a perdu son équilibre.
Il piétinait sur place, il a été obligé
d’aller de l’avant, vers ce qu’il a
appelé la « phase terrestre », croyant
que cela relèverait le moral de son
peuple et que cela torderait le bras de
la résistance, politiquement et sur le
terrain ; Nous avons alors vu dans quel
marécage il est tombé, du fait de la
résistance.
L’équation a été renversée dès les
premiers jours de cettte bataille,
lorsque la première fusée est tombée sur
Tel Aviv. C’est l’idée précisément que
le mouvement du Jihad islamique voulait
faire passer : si nous touchons Tel Aviv,
que se passera-t-il ensuite ? Ce furent
les coups douloureux pour l’ennemi qui
ont suivi. L’ennemi pense que par sa
bataille terrestre, il pourra renverser
de nouveau l’équation. Il fut alors
surpris car il ignorait ce que la
résistance lui avait préparé, que ce
soit pour la bataille terrestre ou celle
des fusées. Nous sommes effectivement
face à une nouvelle équation et nous
nous tenons devant deux chemins : la
première phase de la bataille terrestre,
nous voyons son résultat, avec les
pertes énormes de l’ennemi, nous avons
vu leurs visages assombris, avec
l’annonce de dizaines de tués, et plus
de 150 blessés, et notamment de l’élite
de leurs troupes, Golani et autres.
L’ennemi hésite, soit il avance et étend
cette opération, et il se noie dans le
marécage car jusqu’à présent, il n’a
approché que le bord, il s’est brûlé les
doigts. Je pense qu’il a dû comprendre
la leçon. Et s’il poursuit, lui et le
monde entier feront face à deux
questions : la première concerne ses
pertes qui constitueront un vrai
scandale pour lui, car il va devoir
affronter la résistance, d’une maison à
l’autre et d’une rue à l’autre, il
tombera d’un piège à un autre, à partir
des premiers exemples qu’il a vus aux
abords de Gaza. La seconde question
concerne la poursuite des massacres
qu’il commet, comme celui commis à
Shuja’iyya, et c’est aussi un autre
scandale qui éclaboussera le monde
entier : est-il permis en ce siècle et
en ce moment qu’un Etat comme celui-ci
commette des tueries à l’encontre du
peuple palestinien ?
Concernant les rencontres pour faire
cesser le feu
Aucun effort réel n’a été fait
pour faire cesser cette agression. Il y
a eu des efforts mais très éloignés de
l’ampleur et de l’horreur de cette
agression, comme si le monde attendait
que l’ennemi soit rassasié de notre sang
et de notre chair, le sang et la chair
de nos enfants, de nos femmes, de nos
vieillards et de nos hommes. Sur le plan
international, la position américaine
est favorable à l’entité, comme nous le
savons. Elle justifie et donne raison à
cette agression, pour « se défendre ».
L’Européen est presque sur les mêmes
positions, et la position arabe est
celle de l’abandon, du silence et du
désintérêt, pour ne pas parler d’autres
qui insultent presque ou qui sont
complices.
L’initiative égyptienne nous a tous
surpris, l’adjoint du secrétaire général
du mouvement du Jihad islamique est
parti au Caire et a essayé d’expliquer
notre position aux autorités
égyptiennes, pour modifier le texte de
l’initiative, pour qu’il soit acceptable
pour le peuple palestinien, qui ne
demande pas l’impossible. Tout ce que
nous demandons est l’arrêt de
l’agression et la levée du blocus et
l’ouverture des terminaux, nous ne
pensions pas que ces demandes
constituent un problème. Pour revenir à
l’accord de 2012, notre problème n’est
pas avec le Caire, ni avec le président
Abu Mazen qui, a-t-on dit, a participé à
la rédaction du texte de cette
initiative. Notre problème est que nous
n’avons pas confiance dans l’ennemi
israélien : dans l’accord de 2012, ont
été mentionnées l’ouverture des
terminaux et la levée du blocus, qui
devait être appliquée au cours des 24
heures suivantes. Un an et demi plus
tard, rien n’a été appliqué. C’est ce
que j’ai dit à Abu Mazen quand il a
proposé le cessez-le-feu suivi des
négociations. Il ne faut pas croire
l’ennemi.
Nous faisons face à deux grands
problèmes aujourd’hui, le premier est
l’agression israélienne contre laquelle
le monde tout entier doit se solidariser
avec nous, pour faire cesser l’agression
et l’écoulement du sang. L’autre
problème, c’est la position de l’Egypte
envers le mouvement de la résistance, le
Hamas. De nombreux observateurs et
analystes pensent que c’est ce problème,
les relations brouillées entre l’Egypte
et le Hamas, qui empêche de parvenir à
un accord, comme nous l’avons fait en
2012, et que nous en payons le prix. De
là, j’affirme le rôle essentiel de
l’Egypte, que personne ne peut dépasser,
du fait de l’histoire et de la place de
l’Egypte dans de telles situations. Il
faut distinguer entre le mouvement Hamas
et le mouvement des Frères Musulmans en
Egypte, ou tout autre mouvement
islamique dans le monde. Nous, le
mouvement du Jihad islamique, nous nous
considérons comme partie prenante du
mouvement islamique, en général, mais
notre attachement organique est avec la
Palestine, avec notre peuple et notre
projet est de libérer la Palestine. Que
personne ne nous fasse porter des
problèmes et des conflits internes dans
le monde arabe puis nous entraîne vers
des axes pour nous en faire payer le
prix. Je me suis entretenu avec
plusieurs personnes et leur ai dit :
prenez l’expérience de la Syrie. Il y
avait, à l’époque, un problème entre les
Frères musulmans en Syrie et le
président Hafez al-Assad. A un moment,
la Syrie a réussi, avec sa grande
maturité politique, à séparer son
problème avec une organisation syrienne,
de la question palestinienne. Le Hamas a
eu les portes grande ouvertes, la Syrie
a accueilli le Hamas et le Jihad en
sachant qu’elle accueillait la
Palestine. C’est ce qui est réclamé de
la part de l’Egypte : séparer tout
problème avec un groupe intérieur de la
question de la Palestine. La Palestine
est au-dessus de tous les axes. La
Palestine est au-dessus de tous les
alignements que nous apercevons
aujourd’hui. C’est ce que nous
souhaitons de la part de nos frères et
que nous souhaitons également de la part
de Hamas, qu’il prenne en compte la
spécificité de notre situation
palestinienne et préserver cette
boussole dans nos relations. C’est
d’ailleurs ce que j’entends tous les
jours de la part de la direction et des
cadres du Hamas disant qu’ils tiennent
compte de l’Egypte et de son rôle.
A propos du document des
revendications palestiniennes
Ce n’est ni un document qatari, ni turc,
ni égyptien. C’est un document élaboré
par la résistance, notamment le Hamas et
le Jihad islamique, qui a porté six
revendications, que je peux résumer en
trois : cesser l’agression, lever le
blocus, quelques demandes concernant les
prisonniers. En ce qui concerne les
prisonniers, cette revendication derait
être d’abord égyptienne, dans le sens où
l’Egypte a participé à l’accord en 2011.
Libérer les prisonniers arrêtés ayant
été libérés par cet accord, sous l’égide
de l’Egypte, doit être une revendication
égyptienne.
Le document formulé par la résistance
est paru après l’initiative égyptienne.
Nous souhaitons que l’Egypte convoque
toutes les organisations de la
résistance, et non seulement le Hamas et
le Jihad, car il s’agit de l’affaire de
tout le peuple palestinien et toutes les
organisations doivent participer à une
telle rencontre. Nous souhaitons que
l’Egypte les convoque et les écoute pour
définir le minimum des revendications du
peuple palestinien. Le minimum qu’aucun
Palestinien n’est prêt à abandonner, est
la fin du blocus. On ne peut cesser le
feu tant que dure le blocus, qui est une
sorte de mort lente qui s’étend depuis
des années. Nous avons payé pendant le
blocus, en morts humaines, plus que la
guerre actuelle. C’est pourquoi nous ne
demandons pas l’impossible.
Le document égyptien a suscité trois
attitudes, la première étant celle de
l’Autorité palestinienne qui
semble-t-il, est partie prenante de ce
document, la seconde est celle du
mouvement du Jihad islamique qui a
réclamé des modifications du document et
la troisième a été celle du Hamas qui,
après plusieurs déclarations et
ripostes, ouvrant la porte à des
interventions, l’a refusé, dans la forme
et le fond.
Je pense que nous devons élaborer une
position palestinienne unifiée à propos
de ce document, pour l’améliorer et
sortir avec une position acceptée par
tous, sur le plan palestinien. Le
mouvement du Jihad islamique tient à
l’unité de la position politique
palestinienne telle qu’elle se déclare
sur le terrain militaire, nous refusons
toute division.
Nous n’avons aucune divergence politique
avec le mouvement Hamas, nous discutons
dans un même esprit, ni même avec
l’Autorité palestinienne, nos
discussions ne sont pas antagoniques,
nous essayons d’atteindre des point
communs acceptés par tous.
Le document proposé par la résistance
palestinienne n’a comporté aucune
demande de garantie. Les discussions sur
la garantie sont venues après, et font
partie des divers pistes suivies dans la
région. Nous avions mis en garde contre
cela, comme le fait de dire qu’il y a
une piste turco-qatarie sur laquelle
travaille Hamas, et une autre piste
égyptienne sur laquelle travaillerait
Abou Mazen. Nous avions mis en garde dès
le début contre un tel piège.
Je ne pense pas d’ailleurs que ce genre
d’alignements est réel, ce que j’ai
entendu du frère Khaled Mechaal est
qu’il n’y pas de piste turco-qatarie, au
contraire, le Hamas tient au rôle de
l’Egypte et au rôle de l’Autorité
palestinienne. Personne ne veut dépasser
le rôle égyptien. Mais quel rôle ?
Les paroles sur les garanties sont
venues parce que nous n’avons pas
confiance en l’ennemi, le garant
égyptien et les garanties dans les
accords de 2012 et tous les accords
précédents, ont été insuffisants pour
freiner « lIsraël » et l’obliger à ne
pas enfreindre les accords de trêve. De
là viennent les discussions sur les
garanties. Le Jihad islamique refuse la
garantie américaine, ceci est pour nous
une loi, les Etats-Unis sont associés
dans l’agression. Ils ne veulent aucun
bien pour la nation et la région.
Pourquoi n’y aurait-il pas une garantie
arabe ? Si l’Egypte ne peut freiner
cette agression, où sont les Arabes ?
Nous voulons une garantie réelle qui
freine cette entité. Pour éviter toute
division entre les Palestiniens, cette
question sera soumise aux discussions.
Sur l’absence du Jihad dans les
capitales arabes à la recherche d’un
accord
Nous sommes présents à Shaja’iyya, à
Beit Lahya, à Rafah, dans tout Gaza,
avec les organisations de la résistance.
Je ne pense pas que la présence de
Palestiniens dans ces capitales définira
le sort de cette bataille. Ce qui
dessinera la fin de cette bataille est
ce qui se passe sur le terrain. Nous
discutons ensemble en permanence dans
les rangs de la résistance.
La relation avec le Hezbollah
Concernant le coup de fil de Sayyid
Hassan Nasrullah, il a effectivement eu
lieu, pour moi-même et pour Khaled
Mechaal. J’ai d’ailleurs rencontré
sayyid Hassan Nasrullah récemment et
nous avons discuté de ce qui se passe à
Gaza.
Nos relations historiques sont connues
avec la résistance islamique au Liban,
qui a mené des guerres contre l’ennemi,
que ce soit en 96 ou en 2006, nous avons
entendu des assurances sur le soutien du
Hezbollah, avec tous ses moyens, pour
cette bataille. Ce que nous pouvons
dire, est déjà paru dans le communiqué
du Hezbollah et ce que nous ne pouvons
dire, nous ne le dirons pas.
La relation historique entre la
résistance palestinienne et la
résistance libanaise ne s’est jamais
arrêtée au stade de « Allah est avec
vous ».
Refus des alignements et des axes
Quand nous réclamons un rôle égyptien,
ce n’est pas dans le cadre des
alignements en cours. Nous avons, pour
notre part, payé le prix, mais certains
ne veulent pas nous donner la
marchandise : lever le blocus. Le
mouvement du Jihad islamique se
distingue des autres parties
palestiniennes parce qu’il a gardé ses
relations avec toutes les parties, le
Hamas a des sensibilités envers
l’Autorité palestinienne, il y a eu la
division, et il y a des sensibilités
dans les rapports entre l’Egypte et
Hamas. Le Jihad islamique, n’ayant pas
ces sensibilités, peut jouer un rôle et
aider à surmonter les difficultés, à
cause de nos rapports avec le Hamas en
tant que partenaire dans la résistance,
et notre présence en tant qu’assumant la
question palestinienne, avec le Fateh et
le reste du peuple palestinien.
Concernant la trêve humanitaire
proposée, si elle est pour quelques
heures, nous l’acceptons, juste pour
quelques heures, mais qu’on ne parle pas
de cessez-le-feu permanent. Que signifie
une trêve humanitaire de longue durée ?
C’est un piège linguistique, cela veut
dire d’autre part que la résistance
n’est pas humaine. La trêve humanitaire
véritable consiste à accorder aux
Palestiniens leurs droits.
Nous parcourons un chemin où la
résistance a créé un horizon
beaucoup plus vaste que tous ces
détails, nous ne plongerons dans le
marécage des détails. La bande de Gaza,
avec sa résistance, ses hommes et
femmes, ses enfants et ses maisons
démolies sur la tête de ses habitants,
ce chemin va modifier la situation dans
la région de fond en comble. Ce ne sont
pas des slogans, cherchez dans
l’histoire de ce conflit et quels furent
les rapports de force, et quelles
guerres a mené cette entité, et ce qu’a
réalisé la volonté palestinienne : ils
nous ont encerclés, ils nous ont fermé
les issues, pas de moyens d’avoir des
armes, qui peut croire que le
Palestinien a fabriqué les fusées en se
privant de tout, et des fusées qui
atteignent tous les lieux de la
Palestine occupée.
Si l’agression et le blocus ne
s’arrêtent pas, le baril de poudre qui
existe dans Gaza se transformera en
boule de feu qui brûlera toute la
région. Que personne ne croit que nous
n’avons pas d’appuis, notre appui est
Dieu le Tout-Puissant, mais cette boule
de feu à Gaza fait partie du peuple
palestinien composé de 11 millions de
personnes, qui, avec les Palestiniens de
Gaza, peuvent susciter des problèmes
partout dans le monde.
Nous refusons et avons toujours refusé
de formuler des accusations de traîtrise
envers quiconque sur la scène
palestinienne. Nous avons des points de
vue différents mais nous restons tous
dans le cadre palestinien. Quant à
l’attitude de Mahmoud Abbas, nous
pensons qu’elle ne doit pas être celle
d’un intermédiaire.
Les capacités militaires du mouvement du
Jihad islamique sont dues aux efforts
considérables des résistants et jeunes
des Brigades al-Quds, à partir des
leçons de 2012, et tout cela en plein
milieu du blocus. Ce qui s’est passé,
pour le Jihad islamique et même pour le
Hamas, relève d’un miracle ou presque.
Cela est le résultat de la volonté.
L’ennemi ne pourra jamais briser la
volonté de ce peuple.
Je ne dirai rien sur les armes possédées
par la résistance, cela fait partie de
la bataille, mais je certifie que les
capacités de la résistance, et je parle
en toute connaissance de cause, pour les
Brigades al-Quds, et en général pour les
Brigades al-Qassam, que ces capacités
sont beaucoup plus importantes que ne le
pense l’ennemi. Nous avons une direction
sage et équilibrée, nous savons ce qui
fait mal à l’ennemi et comment diriger
cette bataille, nous savons où nous
devons aller et où nous pouvons aller
dans cette bataille.
Nous avons, en 2012, pris l’initiative
de bombarder Tel Aviv. Nous savons ce
que nous pouvons faire, nous connaissons
les points faibles de l’ennemi. Son
problème est qu’il n’a pas encore
compris qu’il affronte une résistance
populaire, une résistance islamique,
nous ne cachons pas d’ailleurs notre
référence islamique. Il suffit de voir
comment les combattants se battent en
plein milieu du mois de Ramadan, à jeûn.
D’où tirent-ils leur force, sinon de
l’Islam, en demandant le martyre ?
« Entrer dans la politique »
Si la politique signifie l’insistance et
l’attachement aux droits palestiniens,
le chemin vers la récupération de ces
droits, sur la base des constantes
palestiniennes, pour récupérer la terre,
nous sommes toujours présents dans la
politique. Mais si certains pensent que
le Jihad islamique va aller dépenser les
acquis de la résistance pour quémander
des positions politiques dans l’Autorité
ou autre, qu’ils oublient ceci.
Construire une patrie, en situation
d’affrontement avec l’ennemi, qui te
propose un processus politique, n’a
d’autre but que de liquider 90% de la
patrie pour négocier sur les miettes qui
en restent.
Dans la bande de Gaza, nous nous
trouvons sur 1,13% de la terre de
Palestine. Rien que de demander
l’ouverture des terminaux devient un
problème.
Mais si jamais la bande de Gaza est
proclamée terre libérée et qu’elle ne
pourra pas être attaquée, nous pourrons
participer à la gestion de la bande de
Gaza. Mais si c’est pour être une partie
d’un règlement ou d’un accord avec
l’Autorité, pour faire passer les
accords d’Oslo, c’est une autre
question.
Cela ne veut pas dire séparer la bande
de Gaza du reste de la Palestine. Nous
pouvons libérer la Cisjordanie et la
bande de Gaza sans conditions ni
concessions. Ce qui nous a ligoté et
transformé en gardiens de l’ennemi,
c’est le projet de règlement et le
projet de l’Autorité, dans l’espoir d’un
Etat en Cisjordanie et à Gaza. Ils
parlent d’une solution à deux Etats,
oui, il y a deux Etats actuellement en
Cisjordanie même, l’Etat des colons qui
est un second Israël, et qui est en
confrontation avec nous comme le premier
Israël fut en confrontation avec nous
sous le mandat britannique. Ne
transformez pas l’Autorité d’Oslo en
autorité mandataire britannique, pour
que soit fondé le second Israël en
Cisjordanie. Face à l’Etat des colons en
Cisjordanie, il y a des miettes qui ne
peuvent constituer un Etat. La voie pour
un Etat, c’est celle de la résistance
qui est aujourd’hui en cours à Gaza.
Si les Palestiniens ne participent pas
en Cisjordanie à la résistance, c’est à
cause de l’Autorité et de ses services
sécuritaires, là où ils sont
inexistants, le peuple se révolte.
Qu’est-ce que cela veut dire ? Le peuple
palestinien doit réaliser ce que cela
signifie.
En Cisjordanie, c’est une question de
temps, il n’est pas possible que le
peuple palestinien soit soumis ou mis à
genoux, tout le monde verra lorsque le
projet de règlement va s’effondrer, et
ils verront le peuple palestinien, en
Cisjordanie et dans toute la Palestine.
Nous, nous faisons partie de la
génération qui a vu la défaite de 67, et
nous dirigeons la résistance. Mais cette
génération qui n’a pas connu la défaite,
et qui voit toutes les villes en
Palestine occupée bombardées, que
fera-t-elle ? Personne ne pourra
s’opposer à elle. Ce n’est pas notre
dernière bataille, mais ne nous dites
pas que nous ne devons pas réclamer la
fin du blocus à Gaza.
Nous avons proclamé, dès la fondation de
notre mouvement, que la question
palestinienne doit être notre question
principale, la nation peut se retrouver
autour de la Palestine. Pour toute mère
de famille, l’enfant le plus cher est
celui qui est éloigné et qui doit
revenir. La question de la Palestine est
la question la plus chère aux yeux des
fils de la nation, même s’ils disent que
le pain ou autre est plus important, les
gens ont des soucis qu’il faut régler,
mais personne de cette nation ne peut
oublier la Palestine. Ce qui arrive
aujourd’hui, c’est diriger la boussole
dans la direction juste, dirigez-vous
vers la Palestine, elle vous donnera
tout ce à quoi vous ne vous attendez
pas.
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