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Interview d'Ilan Pappé

Les territoires occupés sont
la plus grande prison de la terre

Mark Karlin


A protester peers through a fence in Bil'in, Palestine,
on January 7, 2011. (Photo:
IDF)

Mercredi 11 octobre 2017

Mark Karlin pour Truthout | Traduction SF pour l’AURDIP

Cinquante ans après la guerre des six jours, l’occupation israélienne de la Cisjordanie et de la bande de Gaza n’offre pas de perspective de se terminer. L’auteur renommé Ilan Pappé apporte une description exhaustive et accablante de l’occupation dans son nouveau livre, La plus grande prison de la terre : une histoire des territoires occupés (The Biggest Prison on Earth : A History of the Occupied Territories), basée sur une recherche novatrice d’archives et sur des récits de témoins.

Dans cette interview de Truthout, Ilan Pappé, auteur de La plus grande prison de la terre, avance que le modèle d’Israël pour l’occupation des territoires n’est pas une solution finale à deux États. Israël a plutôt bâti un modèle de prison à ciel ouvert permanente à Gaza et en Cisjordanie.

Mark Karlin : pouvez-vous développer brièvement pourquoi vous recentrez la présentation de la Cisjordanie et de Gaza en prisons à ciel ouvert et non en « territoires occupés » ?

Ilan Pappé : Non seulement à ciel ouvert mais, par moments, et actuellement pour Gaza, une prison de haute sécurité. Le gouvernement israélien a récemment célébré le cinquantième anniversaire de la libération de Jérusalem et de la Judée-Samarie. Déjà en 1967, la Judée-Samarie, c’est à dire la Cisjordanie, étaient des zones libérées et non des territoires à garder pour le retour à un accord de paix, aux yeux de tous les partis sionistes, tandis que Gaza était vue comme une enclave à garder toujours, tant vis-à-vis de l’intérieur que de l’extérieur.

Donc, en 1967, le gouvernement israélien d’alors – et les gouvernements successif depuis cette date – ont considéré la Cisjordanie et la bande de Gaza comme des territoires ayant toujours été sous contrôle direct ou indirect d’Israël. La deuxième décision fut que la citoyenneté israélienne ne serait pas accordée aux habitants de ces territoires et qu’ils n’auraient pas le droit d’avoir leur propre souveraineté ou indépendance. Ils ne furent pas non plus chassés comme l’avaient été les Palestiniens en 1948. Aussi furent ils intentionnellement définis comme des gens sans droit à la citoyenneté et à la merci d’abord du régime militaire, puis de l’administration civile qui non seulement ont violé leurs droits civils mais aussi leurs droits d’humains. Le seul système que je connaisse où des gens sont privés de ces droits fondamentaux est le système carcéral. Ces gens ont été incarcérés dans cette méga-prison pour leur seul tort qui est d’être palestiniens. On leur a donné quelques avantages comme de pouvoir travailler en Israël et un régime limité d’autonomie s’ils consentaient à une telle vie – c’est le modèle de la prison à ciel ouvert, et ils ont subi une punition collective quand ils ont résisté et ça c’est la prison de haute sécurité.

Pourquoi datez-vous le projet de méga-prison israélien en 1963 ?

L’année 1963 est très importante dans l’histoire d’Israël. C’est l’année où le premier Premier ministre d’Israël et leader David Ben Gourion a laissé son rôle dans la politique au sommet à une génération de personnages politiques plus jeunes. Avec ce retrait, deux de ses principales obsessions ont cessé d’influencer la politique israélienne. Il insistait pour imposer une dure loi militaire sur la minorité palestinienne en Israël et il refusait de tenir compte des demandes d’un lobby du Grand Israël pour trouver une raison d’occuper la Cisjordanie.

Cette année-là, l’armée israélienne put commencer à se préparer sérieusement en ignorant ses deux obsessions. Les militaires ont engagé un plan pour l’abolition du régime militaire sur les Palestiniens en Israël sans démanteler l’appareil de contrôle. Ils l’ont conçu pour un autre groupe de Palestiniens : ceux qui vivaient en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Quand l’occasion s’est présentée en 1967, les chefs de l’armée avaient déjà préparé l’infrastructure humaine de contrôle des millions de Palestiniens des territoires nouvellement occupés. Les mêmes personnes qui exerçaient le pouvoir militaire en Israël furent transférées pour l’appliquer en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Le régime militaire n’était pas pensé pour être temporaire ; il convenait bien à la stratégie de la méga-prison que j’ai décrite plus haut.

Qu’est ce qui fait de Gaza particulièrement une « prison modèle » ?

En 2005, Ariel Sharon et ses conseillers ont affirmé avoir trouvé la formule magique pour contrôler la bande de Gaza dans le cadre de la stratégie d’ensemble d’Israël à la recherche de moyens d’avoir les territoires – et pas les gens qui y vivaient. En Cisjordanie, cela fut fait par la judaïsation des zones qu’Israël jugeait appartenir à ou réclamées par l’État juif. Cette méthode n’a pas marché dans la bande de Gaza ; c’était trop petit. D’où l’idée d’expulser les colons, de permettre à l’Autorité Palestinienne de gérer ce lieu et de le contrôler de l’extérieur (Israël avait déjà installé un cordon de barbelés autour de la bande de Gaza en 1994). Il n’empêche que les gens de Gaza, qui voyaient les choses autrement ont ruiné le plan et transformé la bande de Gaza en une base désespérée de résistance. Cela a convergé avec la méthodologie d’une prison de haute sécurité : des opérations de punition collective qui, avec le recul, s’apparentent à un génocide progressif des habitants.

Comment pensez-vous que le gouvernement israélien voit le rôle des colonies d’occupation en Cisjordanie ?

Comme noté plus haut, la principale fonction des colonies est de tracer une démarcation claire de la partie de la Cisjordanie qui sera régie directement par Israël, avec en vue la possibilité d’une annexion formelle à Israël. Le gouvernement essayait d’habitude de ne coloniser que des zones qui n’étaient pas densément peuplées de Palestiniens, mais le mouvement messianique des colons, Goush Emounim, s’est installé selon ce qu’il considérait comme la carte biblique, ce qui l‘a conduit à s’installer aussi au cœur de zones palestiniennes. Intentionnelle ou non, la présence des colons agit aussi comme une opération massive de harcèlement qui peut rendre la vie des Palestiniens impossible et les pousser vers d’encore plus petites enclaves de Cisjordanie.

A quoi faites-vous allusion en parlant de « guerre choisie » ?

Toute guerre qui aurait pu être empêchée par une action diplomatique active et intense est une guerre choisie. Contrairement à une opinion commune, il existait pour les Israéliens, plusieurs portes de sortie de la crise qui a mené à la guerre de 1967. Le gouvernement israélien et l’armée ont cependant décidé de les ignorer, dans leur présomption que la crise pouvait être une opportunité pour réaliser la conquête de la Palestine historique (ils n’avaient réussi à conquérir que 78% de la Palestine en 1948 et considéraient cette partie indéfendable et non viable à long terme).

La guerre en Syrie et la fragmentation croissante des différentes factions islamiques ont-elles permis à Israël d’échapper à une pression accentuée pour que leur liberté soit donnée aux Palestiniens ?

Bien sûr. Elle a détourné l’opinion publique mondiale de la souffrance des Palestiniens et du sens de l’urgence des élites politiques pour la résolution du problème. Il y a aussi un autre aspect : la souffrance palestinienne est quotidienne et retient difficilement l’attention des media, mais elle dure depuis plus d’un siècle, tandis que le même genre de brutalité est infligé à des gens en Syrie et ailleurs dans le monde arabe dans un court laps de temps et donc attire davantage l’attention des media du monde.

Pour autant, les chances de pacifier la Syrie, l’Irak et le reste du monde sont étroitement associées à la question palestinienne. Le refus de l’Occident d’appliquer le même critère moral par lequel il mesure les violations des droits humains et civils dans le monde arabe à Israël, empêche l’Occident – et les USA en particulier – de jouer quelque rôle positif que ce soit dans la construction de la paix au Moyen Orient. L’injustice en Palestine est l’un des principaux carburants qui nourrissent le feu de haine et de violence dans la région et cela continuera ainsi à moins qu’une solution juste et durable de la question de la Palestine puisse être trouvée. Les comportements et la politiques israéliens vis-à-vis des territoires occupés qui font consensus en Israël sont les principaux obstacles sur la voie d’une telle solution.

 

 

   

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Source : AURDIP
http://www.aurdip.fr/...

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