Opinion
« L'Occident se
meurt de ses propres manquements à ses
principes »
René
Naba

René Naba
Jeudi 26 janvier
2012
Dissonance
diplomatique de Obama au moment où les
Palestiniens luttent pour décrocher leur
adhésion à l’ONU, un islam pétrolier et
atlantiste à l’effet boomerang, une
Europe dans les rets de la
mondialisation financière et prédatrice
des pays arabes, des monarchies, sous
coupe américaine, préjudiciable au bon
fonctionnement de la Ligue arabe, une
opposition syrienne amnésique et, enfin,
un émir du Qatar jouant au nouveau Field
Marshall du monde arabe. Telles sont les
grandes questions abordées par
La
Nouvelle République avec René Naba.
Grands
titres
Barack Obama, archétype du
conditionnement mimétique du discours
dominant, la plus grosse déception de
l’histoire diplomatique contemporaine
-L’Islam pétrolier et atlantiste, un
instrument d’asservissement du Monde
arabe à l’axe israélo-américain
L’Europe, dans les rets de la
mondialisation financière, fond en
prédatrice sur les pays arabes (Libye,
Syrie) pour prendre des gages en vue de
négocier au mieux sa relégation
inéluctable de la gestion des affaires
du Monde.
Les monarchies arabes, sous la coupe
américaine, dispose d’une minorité de
blocage automatique préjudiciable au bon
fonctionnement de la Ligue arabe en ce
que les vassaux de l’Amérique et les
alliés souterrains d’Israël ont la haute
main sur les destinées du Monde arabe.
Syrie: Faire appel à l’ancienne
puissance coloniale pour restaurer la
démocratie dans son propre pays relève
d’une grave déformation mentale.
L’Emir du Qatar qui nourrit
l’ambition de jouer le nouveau Field
Marshall du Monde arabe devrait méditer
le sort de la grenouille qui voulait se
faire aussi grosse que le bœuf.
I- Obama
Question: Barack Obama vient
de prononcer son dernier discours sur
l’Etat de l’Union de sa mandature.
Quelles réflexions vous suggèrent le
personnage et son mandat ?
RN: Barack Obama est apparu au cours
des quatre ans de sa mandature comme
l’archétype du conditionnement mimétique
du discours dominant. Comme symbole de
docilité et résignation, il est en passe
de surpasser dans l’imaginaire du Monde
Oncle Tom et sa case et Uncle Bun’s. Le
fait de donner pour non de code
«Geronimo» à l’opération spéciale visant
à l’élimination d’Oussama Ben Laden, le
2 Mai 2011, renvoie aux pires souvenirs
de la conquête de l’Ouest et à
l’éradication des Peaux rouges. Ce fait
révèle le degré de conditionnement
mimétique quasi pavlovien de son auteur,
en même temps que sa pathologie.
Le lexique militaire américain abonde
d’expressions belliqueuses visant à
magnifier le triomphe de l’homme blanc
sur les amérindiens, de Tomahawk, (le
missile à longue portée utilisé conte
l’Irak), à l’hélicoptère Apache qui
semait l’apocalypse dans le ciel du
Vietnam. En empruntant un vocabulaire
identique, le premier président post
raciale de la société multiculturelle
américaine occulte la part africaine de
sa complexion mentale et de sa
personnalité. Obama apparaît de ce fait
comme la reproduction, en négatif, de
ses prédécesseurs prédateurs.
Il est désormais clairement établi
que Barack Obama ne passera pas dans
l‘histoire comme le Mahatma Gandhi
(Inde) ou le Nelson Mandela (Afrique du
sud) du nouveau monde, mais la plus
formidable opération de blanchiment de
la stratégie américaine après la
sinistre mandature de George Bush Jr. Ce
président Bounty sans dessein est le
seul homme au Monde à avoir bénéficié
d’un «Prix Nobel par anticipation», un
Prix Nobel non pas précoce mais
prématuré, pour sa stricte conformation
aux canons de la pensée Wasp (White
anglo saxon protestant) qui prône la
supériorité de l’anglo sphère sur le
reste du Monde.
Ceci explique, rétrospectivement, les
lignes de force d’une politique
inaugurée avec éclat par le fameux
«Salam aleikoum» de son discours du
Caire et qui s’achève dans la honte de
sa capitulation face au diktat israélien
de la colonisation rampante du reliquat
de la Palestine. Le débat sur la
Palestine a d’ailleurs été escamoté par
une vaste opération de diversion
destinée à le soustraire de l’agenda
public international.
Dans la foulée de la demande
d’adhésion de la Palestine à l’ONU, le
23 septembre, l’administration
américaine a focalisé l’attention sur
une série de sujets pointant tous l’axe
de la contestation: L’attentat ou le
faux attentat iranien contre
l’ambassadeur saoudien à Washington, le
sort de la démocratie en Syrie, le
nucléaire iranien, enfin le tribunal
spécial sur le Liban, (le tribunal
Hariri), donnant la possibilité à Israël
poursuit sa colonisation de Jérusalem,
sans la moindre protestation.
Dans la perspective du retrait
américain d’Irak, fin 2011, la nervosité
des Etats-Unis pourrait s’expliquer par
le vent de panique qui s’est emparé de
l’administration après le démantèlement
d’un réseau d’agents de la CIA au Liban,
en Syrie et en Iran, conduisant la
centrale américaine a transféré son
quartier général de Beyrouth à Doubaï.
La révélation en juin 2011 par Cheikh
Hassan Nasrallah de la découverte de
quatre agents de la CIA dans les rangs
du Hezbollah a donné le signal à une
chasse à l’homme qui a abouti à
l’arrestation de 17 agents américains en
Syrie et une cellule d’une trentaine de
membres en Iran, selon le quotidien
libanais «Al Akhbar», mardi 22 novembre
2012,
Bien qu’observant un mutisme officiel
sur cette affaire ou cherchant à en
minimiser la portée, les Américains ont
paru consternés par le démantèlement
d’un réseau qu’ils avaient mis tant de
soin à édifier, avec d’infinies
précautions.
Redoutant un attentat comparable à
celui opéré le 18 avril 1983 contre
l’ambassade américaine à Beyrouth, qui
avait fait 63 morts et 100 blessés,
entrainant la décapitation de l’antenne
de la CIA au Moyen orient, Washington a
procédé à la centralisation de toutes
les activités d’espionnage de la
centrale américaine vers Doubaï,
ordonnant le transfert du personnel des
antennes de Beyrouth et d’Arabie
saoudite vers l’émirat pétrolier, ajoute
le quotidien, sous la plume du directeur
de la publication Ibrahim al Amine.
La Ligue arabe, il est vrai, était
occupée à instaurer la démocratie dans
le Monde arabe, sans le moindre reproche
aux Etats-Unis pour son usage abusif du
veto. Barack Obama, comme atteint de
psittacisme, se prononce pour un état
palestinien, mais démilitarisé, sans
doute pour se protéger contre la
première puissance atomique de
l’hémisphère Sud… comme si la sécurité
d’Israël, à ses yeux, est sacrée et
celle des Palestiniens, c’est juste bon
pour les chiens. Pour un état
palestinien sur les frontières de 1967,
mais entravé du mur d’apartheid. Un état
indépendant, mais interdit de proclamer
unilatéralement son indépendance.
Mais alors pourquoi ce qui est
autorisé pour Israël et le Kosovo, une
proclamation unilatérale d’indépendance,
est interdit pour les Palestiniens? Le
peuple arabe n’est pas un peuple au
rabais et vient de le démontrer. Il
devrait taper plus souvent sur la table
plutôt que de se vautrer devant ses
bourreaux.
Le débat de la Palestine à l’ONU a
donné lieu à un beau spectacle de bal
des hypocrites. L’Europe bien sur, la
France en tête, qui a multiplié les
pré-conditions, qui pense «se la jouer
finaud» en votant pour l’admission à
l’Unesco et non pour l’ONU. Sa fameuse
politique arabe vaut son pesant de
cacahuètes. Et Les Etats-Unis, ces
grands défenseurs de la démocratie à
travers le monde, menacent les
Palestiniens de leur couper les vivres.
Pourquoi ce qui est bon pour le sud
Soudan ne le serait pas pour la
Palestine?
Le plus intrigant aura été le fait
que les pétromonarchies aient asséché
les Palestiniens, leur coupant les
vivres. Pas étonnant de l’Arabie
saoudite, le gardien des lieux saints,
est surtout le grand serviteur de
l’Amérique. Et le petit Qatar, le grand
ami du président Sarkozy, qui joue au
commandant en chef en Libye et en Syrie
par Otan interposé, que n’a-t-il déployé
autant de zèle, tiré un coup de feu pour
la Libération de la Palestine?
Le plus pathétiquement cruel dans
cette affaire est le fait que La Russie,
implosée en Afghanistan par les coups de
butoir combinés saoudo américains, ait
parrainé l’admission de la Palestine,
alors que les Etats-Unis, les grands
bénéficiaires de l’effondrement de
l’URSS, y apposent leur veto. Il y a des
potences qui tardent à être dressées.
Les Occidentaux démolissent les
dictateurs, à tour de bras, au nom de la
démocratie. Enfin, pas tous, ceux qui
les dérangent, pas les autres, les
tyrans africains fournisseurs de Djembé
et de mallettes; ni les pétromonarchies,
générateurs de rétro commissions.
Mais, curieusement, quand la
démocratie triomphe dans le monde arabe,
c’est l’Hallali. Le Hamas est
terroriste, An Nahda, intégriste. Cette
distorsion de comportement se retrouve
dans le traitement qu’ils réservent aux
«petits blancs». Ainsi quand la Grèce
veut recourir au référendum pour sa
dette, c’est le branle bas de combat
contre l’aventurisme d’un pays, qui est
pourtant le berceau de la démocratie.
Mais quand une organisation
internationale, vous savez la fameuse
légalité internationale, en l’occurrence
l’UNESCO à propos de la Palestine, prend
une décision contraire à leurs intérêts,
ils prennent carrément des mesures de
rétorsion dans le cas d’espèce, les
Etats-Unis, la première démocratie au
monde, Israël, l’unique démocratie du
Moyen orient, qu’ils disent.
II- Palestine
Question: Actuellement, la
question de création d’un Etat
palestinien n’a pas été tranchée. Quels
résultats peut-on espérer compte tenu de
la politique occidental pro-sioniste ?
RN: L’affaire palestinienne a
démasqué définitivement les parangons de
la diplomatie occidentale en ce qu’elle
a démasqué Barack Obama en un renégat,
Nicolas Sarkozy en un belliciste
invétéré et confirmé Tony Blair dans sa
fonction de caniche de la stratégie
américaine.
En voie de pantinisation, Barack
Obama, otage du lobby pro israélien,
passera dans l’histoire comme la plus
grosse déception diplomatique de
l’histoire diplomatique contemporaine et
Nicolas Sarkozy, en voie de
caramélisation après la succession de
ses revers politiques et économiques,
comme le pire président français depuis
Pétain dont il a récupéré à son profit
la thématique.
Question: Sachant que les «
maîtres » du jeu actuel font obstacle à
la création d’un Etat palestinien,
croyez-vous qu’un jour les palestiniens
arriverons à arracher ce droit
inaliénable et à quelle condition ?
RN : Le devoir d’un intellectuel est
l’intégrité et la clairvoyance. Quelque
soit ma sympathie pour la cause
palestinienne, je me dois d’appliquer
cette méthode dans l’analyse de la
démarche palestinienne à l’ONU, par
respect pour les milliers des martyrs,
la douleur de la dépossession de
plusieurs millions de Palestiniens, la
souffrance de millions d’autres sous
l’humiliation des brimades et privations
quotidiennes.
C’est donc sans concession ni
complaisance que je vous livre mon
analyse de la situation palestinienne au
lendemain du 23 septembre. Un Etat
palestinien verra bien le jour, mais à
la mesure des sacrifices des
Palestiniens et des sympathisants de la
cause.
Un Etat palestinien indépendant et
souverain, pas un état croupion pour
solde de tout compte à la plus
importante opération de dépossession de
l’histoire contemporaine, comparable par
sa nature au hold up européen sur les
Amériques. Pas un état croupion, ni un
Bantoustan à la merci de la charité
internationale, comme la marque de la
bonne conscience chronique de la
mauvaise conscience.
Tels sont les termes des enjeux sous
jacents de la demande d’adhésion de la
Palestine en tant qu’Etat indépendant au
sein de l’Organisation des Nations
Unies. La Palestine a beaucoup concédé,
sans contrepartie, et fait l’objet d’un
déni d’existence.
Personne n’a donné mandat au peuple
palestinien de renoncer à 80 % du
territoire national, à Jérusalem, la
terre de Palestine, à Al Qods et au
droit de retour des millions de
réfugiés.
Question: En faisant usage de
leur droit de véto les Etats-Unis jouent
une carte politique risquée avec ce déni
d’existence d’un Etat palestinien
souverain ; serait-ce là une erreur
stratégique qui risque de compromettre
leurs relations avec le monde
arabo-musulman ?
RN:- Il importe de contraindre les
Etats-Unis de faire usage de leur droit
de veto à la demande d’adhésion de la
Palestine en tant que membre de plein
droit de l’ONU. Cette démarche revêt une
portée pédagogique à deux niveaux
-Démasquer aux yeux du monde
l’hostilité des Etats-Unis à l’exercice
d’un droit fondamental du Droit
International Public, le droit à l’auto
détermination des peuples, et le non
respect de l’engagement de Barack Obama
de faire siéger la Palestine à l’ONU, en
septembre 2011. Barack Obama est nu et
impuissant, spectacle affligeant pour un
dirigeant qui avait été perçu comme
prometteur d’une ère nouvelle;
pathétique pour un prix Nobel de la
Paix.
-Oter définitivement à l’Islam
atlantiste et pétrolier l’envie de
songer à s’engager dans une coopération
avec Israël de type de celle menée par
Hosni Moubarak, le Roi de Jordanie ou le
Qatar.
L’Amérique et ses laquais arabes
doivent payer le prix de leur mépris des
aspirations légitimes des peuples arabes
et démasquer leur connivence face à la
démission américaine devant le diktat
israélien.
Question: Qu’en est-il au
niveau palestinien ?
RN : Au niveau palestinien, Mahmoud
Abbas, président en fin de mandat privé
de toute légalité voire même pour
certains de toute légitimité, sans le
moindre bilan positif, se devait de
procéder à une telle démarche lui dont
l’indigence intellectuelle et
l’inconsistance politique a conduit à
une telle impasse.
En vertu de quel principe
stratégique, ce négociateur du volet
économique des accords d’Oslo concède
sans contrepartie à Israël l’adoption du
Shekel, comme monnaie de référence des
échanges israélo-palestiniens? En vertu
de quelle inspiration, de quel génie
politique, confie t-il à Israël le soin
de percevoir les taxes à charge pour son
occupant de les lui rétrocéder. Une
débilité innommable. Pourquoi pas le
dollar comme monnaie de référence; ou
l’EURO pour sensibiliser et impliquer
les européens. Pourquoi n’avoir pas
songé à créer une banque centrale pour
centraliser les transferts?
Enfin pour quoi avoir accepté
l’infamie de tenir le congrès général du
Fatah, le premier post Arafat, en 2009,
à Ramallah sous occupation israélienne,
laissant à Israël le soin de refouler
les délégués indésirables au regard de
ses propres critères? Pourquoi
s’employait dans son discours à l’ONU à
rassurer Israël sur son existence, alors
que l’Etat hébreu, détenteur de l’arme
nucléaire, est la super puissance
militaire régionale, solidement soutenue
par la superpuissance mondiale, alors
que l’existence même des Palestiniens
est l’objet de la négociation, de même
que leur subsistance?.
Question : «Régner sur le
vocabulaire, telle est la première
victoire du maître sur l’esclave.
»dit-on. Dans ce contexte Israël a
envahi tous les champs lexicaux lui
permettant d’être dans la peau de la
victime au lieu de celle du bourreau,
n’est-ce pas là déjà le premier terrain
que les palestiniens n’auraient pas su
occuper ?
RN : Les dégâts de l’aliénation sont
incommensurables. Axe de la modération,
disaient-ils pour justifier la
destruction de Gaza et son blocus. Tous
balayés par l’histoire ou en voie de
l’être: Ehud Olmert et Tzipi Livni,
Hosni Moubarak et Ahmad Aboul Geith,
Bernard Koucher. Ne subsiste que Nicolas
Sarkozy, mais Mai 2012 est proche.
Patientons.
Même dans la bataille médiatique,
Abbas a fait preuve de maladresse. Face
au concept de la crainte d’un nouveau
génocide brandi par les Israéliens pour
justifier leur rigidité, l’arsenal
sémantique est vaste. Sur le plan de la
guerre psychologique, dans l’ordre
symbolique, il est absolument malsain
d’emprunter au vocabulaire de son
adversaire.
Cela signe une abdication mentale et
intellectuelle. Il convient de bannir de
notre vocabulaire les termes Shoah
(langue hébraïque) ou Holocauste
(biblique) et de recourir à des termes
factuels. Le génocide est le terme le
plus approprié en ce que les atrocités
hitlériennes visaient à l’élimination
d’une génération. En contrepoint, les
Palestiniens subissent, eux, un
véritable sociocide en ce que leur
persécution permanente vise à la
destruction de l’ensemble de la société
à travers plusieurs générations, à la
dénaturation de leurs pays, la
falsification de son histoire, sa
judaïsation, sa dés arabisation.
Les Arabes doivent maitriser les
concepts: La bataille de l’imaginaire
est l’enjeu majeur du XXI me siècle, un
siècle voué à être une société de
l’information. La Palestine se perd du
fait de la veulerie arabe. Pourquoi
conférer une prime à Alsthom, maitre
d’œuvre du tramway sanctionnant
l’amputation de Jérusalem de son
environnement arabe et la ghettoïsation
de la Cisjordanie?
A quoi rime le zèle intempestif du
Qatar auprès du plus anti arabe des
dirigeants français, Nicolas Sarkozy, le
président d’un pays au lourd passif
colonial avec les Arabes,
d’Alexandrette, à Sétif, à Suez, à
Bizerte, Bir Zeït. Un pays en perte de
vitesse qui consacre davantage de
dépenses au remboursement des intérêts
de sa dette qu’à la modernisation de son
armement ou à la recherche scientifique.
III- Syrie
Après la Libye, voila une
nouvelle campagne contre la Syrie.
D’après vous quels sont les enjeux de
cette nouvelle escalade ?
RN : L’affaire syrienne est une vaste
fumisterie. Une supercherie monumentale
qu’il importe de dénoncer sans
ménagement. Le système doit être
sérieusement réformé, mais pas par cet
attelage claudiquant et tortueux.
Le chef nominal de l’opposition
syrienne, Bourhane Ghalioune, nourrit
une sorte de «complexe des exilés de
Coblence», du nom de ses royalistes
français qui ont rallié les ennemis de
la France pour abattre la République.
Etonnante métamorphose qui en dit long
rétrospectivement sur l’engagement
antérieur du personnage. Une posture qui
pourrait tourner à l’imposture du fait
de ses alliances récentes.
En aucun cas, sous aucun prétexte, en
aucune circonstance, il est sain de
s’allier avec son ennemi. Faire appel à
l’ancienne puissance coloniale pour
restaurer la démocratie dans son propre
pays relève d’une grave déformation
mentale, une pathologie qui relève de
l’ordre psychiatrique. Elle nécessite un
sérieux traitement. Faire cause commune
avec les maîtres d’œuvre du démembrement
de son propre pays, en l’occurrence, la
France et la Turquie, par l’amputation
par la France district d’Alexandrette et
son rattachement à la Turquie, est une
insulte à la mémoire du chef
nationaliste Youssef Al-Azmeh et aux 310
morts sur le champ d’honneur de
Mayssaloun, en 1921, la bataille
fondatrice de la conscience nationale
syrienne.
Elle jette un voile de suspicion sur
les motivations profondes de
l’opposition, son opportunisme à tout
crin d’autant plus lourd qu’elle groupe
de sulfureux personnages tels, le
renégat baasiste Abdel Halim Khaddam, le
prédateur en chef de l’économie
Libanaise en association avec son
partenaire en affaires Rafic Hariri, de
même que le boucher de Hama, en 1982, le
général Rifa’at al Assad, frère du
président Hafez Al-Assad, mais surtout
beau frère de l’actuel Roi Abdallah
d’Arabie.
Ne soyons pas dupe, l’universitaire
parisien Bourhane Ghalioune, un homme
sans assises populaires, sans ancrage
territorial, apparaitra tôt ou tard
comme le faux nez des Frères Musulmans,
lesquels pour gagner en crédibilité, se
doivent de renoncer à leurs
sempiternelles béquilles, la béquille
saoudienne de l’ultra-conservatisme et
la béquille américaine de l’ultra
sionisme.
Abdel Halim Khaddan est d’ailleurs
l’illustre précurseur de Bourhane
Ghalioune, dont ils constituent avec
leur pendant libanais, la triplette pro
haririenne, l’ancien trotskiste mondain
Samir Frangieh, l’ancien compagnon de
route de la résistance palestinienne, le
journaliste Samir Kassir et l’ancien
communiste Elias Atallah, la plus
célèbre génération de la gauche mutante
arabe de l’ultra gauchisme au néo
conservatisme.
Est-il besoin de leur rappeler leur
mot d’ordre d’antan qui demeure d’une
actualité si brûlante? «Une société sans
gauche est une société de brigands et de
prédateurs. Une société sans âme».
Michel Kilo, un des opposants syriens
les plus respectés, dans une boutade au
goût amer, ira jusqu’à souhaiter le
maintien de Bachar Al-Assad, plutôt que
de vivre sous le joug étranger, selon le
témoignage de participants à un colloque
tenu à Beyrouth en automne sur le
devenir de la Syrie.
Jeffrey Feltman, le chef d’orchestre
de la pantomime américaine dans le Monde
arabe, l’affirmera publiquement le 7
décembre 2011, au terme d’une tournée de
mobilisation de ses troupes au Moyen
orient, assurant que la confrérie ne
remettra pas en cause les arrangements
israélo-égyptiens de Camp David. Cela ne
faisait pas de doute mais il est bon que
cela ait été rappelé sans la moindre
ambiguïté par leur patron effectif.
Curieuse conception de l’honneur et
de la dignité nationale que de se
soumettre aux fourches caudines de ses
plus implacables ennemis, que celle
développées par les Frères Musulmans
plus préoccupés à maintenir leur mâle
tutelle sur les femmes que de lever la
lourde tutelle israélienne qui pèse sur
la Palestine. Plus prompts à dénoncer la
passivité syrienne sur le Golan que
l’inertie saoudienne à propos des ilots
de Tiran et Sanafir, à l’entrée du Golfe
d’Akaba.
Que de surcroît Khaled Machaal, le
chef politique du mouvement palestinien,
qui a bénéficié pendant vingt ans de
l’asile politique de la Syrie, alors
qu’il était boycotté par tous ses frères
arabes musulmans, de la Jordanie, à
l’Egypte, à l’Arabie saoudite, ne lève
le petit doigt pour défendre la cause de
son protecteur porte la marque d’une
ingratitude absolue contre productive
sur le plan de la morale politique et de
l’éthique du combat. La loyauté est un
point cardinal du combat politique. Un
champion de l’intégrisme et la cohérence
idéologique ne saurait fléchir dans ses
convictions face à la perspective d‘une
lubrification de ses engagements par des
pétromonarchies soumises au diktat
israélo-américain.
Quant à l’Emir du Qatar, un
parricide, ne l’oublions pas, il se
prend pour le Roi du macadam. Il met le
PSG dans sa poche, rachète le surplus
invendus des doses de vaccins de la
France pour soulager sa trésorerie.
Rencontre en catimini l’israélien
Benyamin Netanyahu à l’Elysée dans une
partie de cache-cache casher. Fait venir
par avion des djihadistes d’Afghanistan
pour combattre en Libye.
La vie est belle pour lui tant qu’il
aura du Gaz et Al Jazira. Mais cela
commence à tourner au vinaigre pour lui.
Al Jazira, tant vantée, a perdu des
plumes pour sa couverture des
révolutions arabes, celles qui
concernent uniquement les républiques et
jamais les monarchies. La Libye commence
à se plaindre de son activisme et de sa
trop pesante tutelle. L’Emir doit faire
gaffe. Le Chah d’Iran, l’ancien gendarme
du Golfe, Moubarak, le pharaon d’Egypte,
Ben Ali, le rempart tunisien, le
philippin Marcos, le zaïrois
Mobutu…..non grata au premier
trébuchement.
Les premiers qui le lâcheront, j’en
prends le pari, seront son protecteur
américain et son tonitruant ami
français. Les Français l’ont déjà fait
avec le père de l’Emir. Qu’il observe le
sort réservé par les Etats-Unis à leur
allié le Chah d’Iran et par la France à
Saddam Hussein, et que le destin des
dirigeants des deux pays voisins du
Qatar le fasse réfléchir.
Atteint de mégalocéphalyte, passible
du syndrome de la courbe de Gausse,
l’Emir du Qatar qui nourrit l’ambition
de jouer le nouveau Field Marshall du
Monde arabe, serait bien inspiré de
méditer le sort de la grenouille qui
voulait se faire aussi grosse que le
bœuf.
Très franchement confier le sort de
la Palestine, la ligne de fracture
majeure entre l’Occident et le Monde
arabo musulman, à des confettis de
l’ancien empire français, -Djibouti,
dont l’activité principale est le trafic
du Qat et la perception des royalties de
sa location d’une base franco
américaine, témoigne d‘une grave
pathologie, une insulte à l’intelligence
humaine.
L’islam pétrolier et atlantiste est
maléfique en ce qu’il instrumentalise
l’organisation pan arabe, dans une
politique qui précipité le Monde arabe
dans une régression épouvantable, sous
couvert de régénérescence démocratique
du «printemps arabe».
Question: Quel serait
l’impact de la déstabilisation de la
Syrie ?
Double: la bataille des détroits
entre la Russie et les Etats-Unis, la
bataille pour la suprématie régionale
entre la Turquie et l’Iran avec, à
l’arrière plan, la possibilité de régler
sur le dos de la Syrie, le lancinant
problème Kurde.
Les Kurdes, les supplétifs exemplaires
des Etats-Unis lors de l’invasion
américaine de l’Irak, en 2003, qui
s’estimaient en mesure d’obtenir un état
en récompense de leur collaboration n’y
ont pas eu droit en raison de
l’hostilité de la Turquie à un projet
qui pourrait la déstabiliser du fait de
la présence d’un fort sentiment
irrédentiste kurde sur son territoire
IV – L’Europe et le Monde
arabe, La France et l‘Algérie
Question : En Libye, la
France et la grande Bretagne ont occupé
les devants de la scène. A quel niveau
situer le rôle américain ?
RN: L’Europe se trouve dans les rets
de la mondialisation financière. Elle
fond en prédatrice sur les pays arabes
(Libye, Syrie) pour prendre des gages en
vue de négocier au mieux sa relégation
inéluctable de la gestion des affaires
du Monde.
La stratégie occidentale a consisté à
couper les voies de ravitaillement
énergétique de la Chine pour la
contraindre à une négociation globale
paritaire. La Chine a ainsi perdu deux
sources de ravitaillement majeures, -le
sud Soudan et la Libye-, mais la crise
de l’endettement bancaire européen a
réduit à néant les effets supposés
bénéfiques de cette stratégie en ce que
l’euro zone a du quémander cinquante
milliards d’euro auprès de la Chine pour
renflouer l’euro après la déconfiture de
la Grèce et de l’Italie.
Pour Les Etats-Unis, cela est plus
subtil. Les Américains veulent propulser
les Frères Musulmans-longtemps leurs
alliés, via l’ Arabie saoudite, en
Egypte contre Nasser, en Syrie contre
Assad-, pour opérer une sorte de
ravalement cosmétique, en vue d’occulter
leur ancienne alliance, corrosive pour
leur image, avec les Taliban et Al Qaida.
Cette nouvelle alliance, si elle
répond aux aspirations des masses
arabes, n’en fera pas moins de nouveaux
vassaux dans une sorte de servitude
volontaire en ce qu’elle sera scellée
sur les mêmes bases que celles du pacte
saoudo-américain. Un pacte qui lie les
deux pays qui détiennent le record
mondial absolu des exécutions capitales
par an, à égalité avec la Chine.
Liberté religieuse et liberté
d’entreprise, ce qui signifie que les
contestations syndicales, les
revendications ouvrières ou patriotiques
devront se faire dans le cadre de la
liberté de marché et de ne pas porter
atteinte aux investissements
occidentaux, ni aux intérêts de la
stratégie occidentale, avec mise en
sourdine de la question de la
revendication nationale palestinienne.
Question : En Libye, les
occidentaux ont utilisé la carte des
«rebelles».Qu’en serait-il en Syrie où
les conditions sont tout à fait
différentes ? En d’autres termes, quel
serait la carte propice pour renverser
le gouvernement Bachar El-Assad ?
RN : Nicolas Sarkozy bombe le torse.
Il débarque en Libye, menace la Syrie,
dans l’espoir d’impressionner ses hôtes,
flatter leur vanité et la sienne et
rafler quelques milliards. Dans sa
griserie, on lui prête même cette
phrase: Dans un an l’Algérie, dans trois
ans l’Iran. Ne nous laissons pas
impressionner. Il y a quatre ans, il
lançait, à grand fracas, l’Union Pour la
Méditerranée qui devait faire merveille.
Le constat est pitoyable. Les deux
piliers sud du projet, Moubarak et Ben
ALI, gisent déjà dans les poubelles de
l’Histoire.
Pis, la Turquie, qu’il toisait de haut,
vient d’expulser l’ambassadeur d’Israël
et Israël a été contraint de rapatrier
son ambassadeur du Caire pendant
quelques mois sous la pression
populaire, chose inimaginable il y a
peu.
Faisons le pari de savoir qui sera
encore au pouvoir d’ici un an
Ahmadinijad ou Sarkozy
Cela fait cinq ans qu’il menace
l’Iran avec sa formule passée à la
postérité comme illustration de son
ignorance du problème: « la bombe ou le
bombardement ».
Entretemps, l’Iran est parvenu au statut
de puissance du seuil nucléaire. La
centrale de Bouchher a été raccordée au
réseau électrique iranien et Sarkozy n’a
pas encore été captable depuis cette
date de retourner devant la dalle
d’Argenteuil.
Avec l’Algérie, il n’a rien à offrir
à ce pays pour le 50 me anniversaire de
son indépendance.
Il est captif de sa démagogie et de son
refus de la repentance. Alors il lui
promet le chaos.
D’une manière générale, l’Europe
brasse de l’air, sans aucune
originalité, ni autonomie de décision
par rapport aux Etats-Unis et aux
groupes de pression pro-israéliens.
Songez que Le maire de Paris, Bertrand
Delanoë, a inauguré une esplanade à
Paris en l’honneur de David Ben Gourion,
fondateur de l’armée israélienne, en
pleine tourmente de l’assaut israélien
contre la flottille humanitaire pour
Gaza.
La démagogie électoraliste n’est pas
toujours de bon conseil et se retourne
souvent contre ses propres auteurs.
Songez que la grande œuvre diplomatique
majeure de Nicolas Sarkozy, l’Union Pour
la Méditerranée, a tourné à la
catastrophe absolue et ridiculisé son
promoteur. Sarkozy est un stratège en
chambre. Que pouvez-vous espérer d’un
président d’un pays qui n’a pas le
courage de franchir le périphérique de
sa capitale. La dalle d’Argenteuil c’est
le véritable test de crédibilité
Sarkozy.
Question: L’objectif des
Américains et des Européens, en
partenariat avec les sunnites, n’est-il
pas de détruire les Chiites afin de
pallier les conséquences du pri perdu de
l’Islam sunnite sur l’Améérique ? Parier
sur cette allia,nce serait-il un gage de
pérennité de la prt des sunnites ?
RN: Détruire le chiisme serait pour
les Américains la compensation qu’ils
offriraient aux sunnites et aux sunnites
leur consolation de leurs déboires avec
l’Amérique. Rien d’étonnant qu’il y ait
des révolutions dans la sphère arabo
musulmane.
La Turquie, pendant cinquante ans, a
été la sentinelle du «monde libre» de
l’Otan face au bloc soviétique. Lorsque
elle a demandé son admission au sein de
l’Union européenne, on s’est souvenue
qu’elle était musulmane, pas tout à fait
démocratique et j’en passe, Toute sorte
de prétexte que l’on ne soulevait pas
quand elle était le garde chiourme de
l’Europe.
L’Arabie saoudite, qui a financé
toutes les équipées néo colonialistes de
l’Amérique, de l’Afghanistan au
Nicaragua à l’Afrique, pareil. Auteur de
deux plans de paix, le ravitailleur
énergétique de l’Amérique et son
banquier, n’a pu obtenir la restitution
de la moindre parcelle de la Palestine,
ni l’arrêt de la judaïsation rampante de
Jérusalem alors qu’il est concerné au
premier chef en sa qualité de gardien
des Lieux saints de l’Islam.
Pis, Elle n’a a jamais pu obtenir la
restitution de ses deux ilots, Tiran (80
km2) et Sanafir (39 km2) situés à
l’entrée du Golfe d’Akaba qu’Israël a
occupés en 1967 dans la foulée de la 3me
guerre israélo-arabe. Ces îlots, d’une
valeur stratégique absolue, puisqu’ils
contrôlent l’accès au Golfe, n’ont
jamais fait l’objet d’une revendication
saoudienne, ni d’une démarche auprès des
Etats-Unis ami commun des Saoudiens et
des Israéliens en vue de leur
restitution.
Un marché de dupes. Un pays qui veut
se faire respecter fait valoir ses
droits. Fait payer sa facture rubis sur
ongle. Donnant Donnant. On ne se tue pas
pour toi et on te baise les babouches en
prime. Tous les serviles du Monde arabe
doivent dégager. Pas uniquement Ben Ali,
Moubarak, Ali Abdallah Saleh, Kadhafi…
Pour une meilleure justice sur terre,
quelques têtes couronnées doivent rouler
aussi. Ce sera là, le signe indiscutable
qu’une véritable révolution s’opère dans
l‘univers mental des arabes et de la
perception que les Occidentaux se font
d’eux. Car jusqu’à présent le
comportement des gérontocrates du Golfe
relève du surréalisme politique ou
plutôt d’un conte de la folie ordinaire.
L’Arabie saoudite, l’un des foyers de
la régression sociale et de l’intégrisme
religieux, a, dès le début des
manifestations, résolu le problème. Par
Fatwa de son conseil religieux aux
ordres du souverain wahhabite, Ryad a
prohibé les manifestations, décrétant la
contestation d’un dirigeant comme
contraire aux prescriptions de l’Islam.
Rien que cela. A part réprimer les
revendications populaires au Bahreïn
avec le consentement américain, l’Arabie
pense pouvoir compenser sa léthargie
gérontocratique, par le financement de
révoltes off shore: Egypte, Syrie et
dans une certaine mesure la Tunisie.
Les Koweïtiens, eux, sont
complètement à l’Ouest. En plein
printemps arabe, une activiste
koweitienne a proposé la constitution de
brigades de concubines pour combler la
libido des mâles koweitiens. La dame en
question, Salwa Al-Mutairi, est une
militante politique et ancienne
candidate à la députation koweitienne.
Elle veut tout simplement une agence
«d’esclaves sexuelles» pour assouvir les
désirs de ses compatriotes mâles.
A part être né sur une nappe de pétrole,
qu’est ce qu’ils ont de si
extraordinaires les Koweitiens? Ont-ils
marché sur la lune? Inventé la poudre?
Libéré la Palestine? Vous avez bien
entendu «esclaves»……En plein printemps
arabe? Proposer cela un 5 juin, la date
commémorative du 44me anniversaire de la
défaite arabe de juin 1967? Que la dame
commence par se préoccuper de la
condition féminine dans son propre pays,
D’aider ses sœurs saoudiennes à obtenir
le droit de conduire librement. Chercher
à asservir d’autres peuples pour
assouvir les hommes de leurs pays. Les
Koweitiens sont complètement à l’Ouest
d’Allah.
La condition primordiale au
redressement du Monde arabe est
l’enfermement de toute cette engeance
dans un asile psychiatrique dans un
quartier de Haute Sécurité. A bas cette
imposture permanente qui a précipité le
Monde arabe dans les bas fonds de
l’Histoire. Le pouvoir colonial anglais
en se dégageant de la zone pétrolifère
du Golfe avait confié le pouvoir aux
sunnites quand bien même ils étaient
minoritaires dans leurs propres pays, en
raison du fait que le sunnisme est le
courant majoritaire de l’Islam dans le
monde arabe et dans le Monde musulman.
Ce fut notamment le cas en Irak avec la
dynastie hachémite, ainsi qu’au Bahreïn
où la dynastie Al Khalifa règne sur une
population à 75 pour cent chiite.
Personne ne conteste le leadership
sunnite, mais la déontologie du
commandement impose que le meneur tire
son monde vers le haut et non vers le
bas. Les textes sacrés proscrivent
d’ailleurs la distinction entre «arabi
aw a’jami» que par la piété.
Comment justifier alors, en Arabie
saoudite, -en sus des femmes, éternelles
mineures-, que le quart de la population
chiite se vit en paria du royaume sans
possibilité d’accéder à des postes
d’autorité dans l’administration ou le
gouvernement. Comment expliquer cette
insistance de la dynastie wahhabite à
pointer du doigt le danger iranien
résultant de la constitution d’un arc
chiite, et de ménager systématiquement
Israël, l’ennemi officiel du Monde
arabe.
La première révolution démocratique du
XXI me siècle a pris de court la France
parce qu’elle était engluée dans un
débat surannée, unique parmi les grandes
démocraties occidentales, sur le «rôle
positif» de la colonisation au point que
cette insistance pose la question de la
pertinence de cette thématique et des
ses objectifs sous jacents; au point que
se pose la question de savoir si la
«Patrie des Droits de l’Homme» ne
chercherait pas à ériger, en dogme, la
doxa officielle française, de crainte
qu’il ne soit contesté un jour par la
réminiscence de faits hideux, provenant
de sa mémoire occultée. Si personne n’a
rien vu venir des événements, c’est pour
l’évidente raison que les Français se
sont aveuglés eux-mêmes, s’intoxiquant
de leur propre poison. Comme tétanisée
par sa nostalgie de grandeur, la France
a consacré l’essentiel de son énergie
intellectuelle, en cette période de
mutation, non pas tant à une étude
discursive de son nouvel environnement
international, mais à un combat
d’arrière garde contre ses anciens
combattants.
A égalité, les Arabes et les
Musulmans occupent la première place au
hit parade de la phobie des Occidentaux,
dont la haine rance n’a d’égale que leur
crasse ignorance, quand bien même
l’Occident est redevable d’une part de
sa liberté et de son indépendance à la
contribution des «peuples basanés» aux
deux Guerres mondiales, quand bien même
l’Occident est redevable d’une part de
sa victoire sur l’Union soviétique à
l’effort de guerre arabo musulman dans
le conflit Afghan, quand bien même
l’Occident est redevable d’une part du
confinement de l’Iran, son croquemitaine
du moment, à ses voisins pétro
monarchiques arabes et musulmans.
L’Occident se meurt de ses propres
manquements à ses principes. Il est à
craindre que le printemps arabe ne sonne
l’automne des Occidentaux.
Le combat pour l’avènement de la
démocratie dans le monde arabe incombe
au premier chef, non aux gérontocrates
repus, mais à l’ensemble de la
communauté des citoyens démocratiques du
Monde arabe dans un large front fédérant
les diverses composantes de la société,
ouvriers, artisans, agriculteurs,
professions libérales, chrétiens et
musulmans, du Machreq ou du Maghreb,
laïcs ou religieux, jusque même les
intellectuels enfin sortis de leur
léthargie et de leur servilité…tant il
est vrai que de «Min Yafa Ila Beyrouth
Cha’ bon Wahad Lan yamout». (De Yafa à
Beyrouth un peuple unique ne saurait
mourir).
Entretien réalisé par Chérif
Abdedaim
© René Naba
Reçu de René Naba pour publication
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