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Pour le gouvernement, l'enfance ne mérite plus de défenseur
Dominique Versini -
Photo: defenseuredesenfants.fr
Jeudi 17 septembre 2009
La Défenseur des enfants, Dominique Versini, réagit à la
décision du gouvernement de supprimer sa mission dans le cadre
de la révision constitutionnelle.
Elle a
été « choquée » d’apprendre par hasard la suppression de sa
mission dans le cadre de la révision constitutionnelle :
ancienne secrétaire d’état chargée de la Lutte contre la
précarité et l’exclusion dans les deux gouvernement de
Jean-Pierre Raffarin, Dominique Versini a été nommée Défenseure
des enfants le 28 juin 2006. Ses attributions, ainsi que celles
du Médiateur de la République et de la Commission nationale de
déontologie et de sécurité (CNDS) seront désormais celles du
futur Défenseur des Droits, selon les prérogatives qui ont été
déterminées par un projet de loi organique voté en Conseil des
ministre le 9 septembre.
Comment avez-vous réagi à l’annonce de la suppression du
Défenseur des enfants ?
Dominique Versini.
Avec beaucoup de colère et d’incompréhension. Notre institution
a appris par hasard qu’elle était rayée de la carte. Non
seulement je ne m’y attendais pas, non seulement il n’y a pas eu
de groupe de travail, mais on ne m’a pas appelée - on ne m’a
d’ailleurs toujours pas appelée. Mon interlocuteur, c’est le
Président de la république. J’ai été nommée par décret
présidentiel. Certes il s’agissait de Jacques Chirac mais la
fonction est une continuité. Je suis indépendante, je ne relève,
hiérarchiquement, d’aucune autorité administrative ni politique.
Je ne peux relever et discuter, échanger, qu’avec le Président
de la République. L’affaire dépasse maintenant l’institution, de
nombreuses personnes en France, associations, professionnels et
politiques se soulèvent en s’étonnant qu’au moment du vingtième
anniversaire de la Convention internationale des droits de
l’Enfant, le gouvernement n’a pas trouvé d’autre idée que de
supprimer le Défenseur des enfants.
Vos
prises de position peuvent-elles être à l’origine de cette
décision ?
Dominique Versini.
Si c’est le cas on ne m’en a jamais fait part. J’ai vraiment
fait mon travail et juste mon travail. Je me suis contentée de
donner des avis conformes à la Convention internationale des
droits de l’enfant que la France a ratifiée. J’ai toujours eu
conscience d’être à la tête d’une autorité de la République. Je
n’ai jamais été dans un discours politicien ni militant. Mais je
ne pouvais pas dire que c’était bien de mettre des enfants dans
des centres de rétention administratives alors que ce n’est pas
du tout leur intérêt supérieur. Après si cela a déplu je n’en
sais rien. On ne me l’a jamais dit…
Défenseur des enfants, médiateur de la République, CNDS :
avez-vous le sentiment que le gouvernement cherche à faire taire
des institutions gênantes ?
Dominique Versini.
Si elles sont réunies, plus aucune ne parle de manière
distincte. C’est une façon de diluer leur effet. Quand moi,
Dominique Versini, je parle, je suis une personne identifiée et
incarnée. Après il y aura un Défenseur des droits qui parlera
aussi bien des droits des commerçants, des droits des gens au
regard des impôts… Et puis de temps en temps il parlera des
droits des enfants. Alors que pour nous il s’agit d’une mission
à temps plein. Qui plus est une mission voulue par le Parlement
en 2000 et votée à l’unanimité. Le Défenseur des enfants est
celui qui défend les enfants et leurs garanties en matière de
droits et de libertés publiques. On va avoir bientôt une grande
réforme de la Loi sur la justice des mineurs, qui va dire
quelque chose ? Est-ce que vous avez entendu une haute autorité
administrative dire quelque chose ? de façon percutante ? Il ne
suffit pas de rédiger un document administratif. Nous, citoyens,
sommes tous concernés par l’avenir de nos enfants.
Entretien réalisé par Anne Roy
Le
communiqué des Verts sur le sujet
Site de la
Défenseure des enfants
© Journal L'Humanité
Publié le 18 septembre 2009 avec l'aimable autorisation de
L'Humanité
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