Politique
Interview de Daniel Cohn-Bendit
Daniel Cohn-Bendit
Une interview parue dans le journal italien Il Messagero
le 6 janvier 2009 sur la situation à Gaza en Palestine :
Monsieur
Cohn-Bendit pensez-vous qu'une solution au conflit
israélo-palestinien est encore possible à la lumière des faits
actuels ? ...
Une solution existe
aujourd'hui comme elle a toujours existé dans les années et les
décennies passées. Cette solution ne réside que dans
l'établissement de deux Etats, un Etat israélien et un Etat
palestinien. Le problème est comment parvenir à cela, comment
faire coexister deux états souverains et démocratiques qui se
respectent réciproquement. Cet objectif ne peut être atteint que
si Israël et la Palestine renoncent à une partie de leur grand
rêve.
Cela signifierait
renoncer à une grande partie de leurs territoires ?
Exactement. Renoncer à une
partie de leur rêve, c'est renoncer à une partie de leur
territoire. Nous ne pouvons pas nous obstiner à réduire la
définition du sionisme à des lignes de démarcation qui résultent
de 1947 ou de1963. C'est trop peu. Les Palestiniens doivent
également comprendre que leur idée de nation ne peut pas se
définir avec les seules lignes de démarcation, les territoires.
Le problème c'est
que ces lignes de démarcation sont aujourd'hui violées par des
missiles qui, depuis la bande de Gaza, touchent des villes
israéliennes. Est-ce que la réaction d'Israël est légitime face
à ces attaques ?
La question que nous devons
nous poser, ce n'est pas tant la légitimité de la réaction
israélienne. Je suis le dernier homme politique qui remettrait
en question la légitimité de l'Etat d'Israël. Posons-nous plutôt
la question du sens, de l'objectif des attaques israéliennes
dans la bande de Gaza. Chaque guerre doit avoir un objectif,
celui d'Israël est de garantir la sécurité de ses propres
citoyens et de mettre fin aux tirs de roquettes. Avec cette
guerre combinée avec d'autres éléments analogues dans le passé,
la sécurité du peuple israélien n'augmente pas. Au contraire.
Par conséquent, cette guerre est complètement inutile, c'est une
folie.
Et quelles alternatives proposez-vous
?
Ce qu'est en train de faire
Israël dans les territoires occupées et en particulier à Gaza
aujourd'hui correspond à du colonialisme, de l'occupation. Comme
le fit en son temps la France en Algérie. Israël est un pays
démocratique qui ne peut pas dicter les lignes palestiniennes.
Faudrait-il alors dialoguer avec le
Hamas ?
Le Hamas a été élu démocratiquement. Les
élections -et tous le confirment- se sont déroulées de façon
régulière et démocratique. Que cela plaise ou non, nous devons
également dialoguer avec le Hamas. Il faut envisager un retrait
complet de la bande de Gaza et l'intervention, durant une
période de transition, d'une force de paix à laquelle doit
également participer la ligue arabe et pas seulement l'OTAN et
l'Occident.
Mais actuellement qui pourrait jouer
un rôle de médiation ?
L'UE est certainement
affaiblie par la Présidence tchèque et oublions carrément le
rôle que pourrait jouer Vaclav Klaus. Tous les autres grands
leaders européens peuvent le faire. Bienvenue également
l'initiative de Sarkozy même si sa principale motivation est de
répéter le succès obtenu dans la crise géorgienne. J'ignore
encore si les Etats Unis de Barak Obama et d'Hillary Clinton
trouveront le courage d'abandonner la stratégie d'accuser
toujours et uniquement le Hamas, les Palestiniens radicaux.
C'est une impasse et il faut également prendre en considération
qu'il y a d'une part 550 morts et de l'autre côté une dizaine
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