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« Il faut régler le dossier nucléaire
iranien par des moyens économiques »
Interview de Benjamin Netanyahu
Photo RIA Novosti
18 septembre 2007
A en croire les sondages en Israël, le leader de l'opposition
Benjamin Netanyahu a toutes les chances de décrocher le poste de
premier ministre en cas d'élections anticipées. Connu pour sa
"fermeté de roc" dans les négociations de paix avec
les Arabes, il a déjà dirigé le gouvernement israélien entre
1996 et 1999. Agé de 58 ans, "Bibi" - comme on le
surnomme en Israël - a pris en août dernier les rennes du Likoud
en remportant largement les primaires du plus vieux parti israélien.
Dans un entretien avec le journaliste du quotidien Vremia Novosteï,
Dmitri Doubov, M. Netanyahu a exposé sa vision de la menace nucléaire
iranienne, de la coopération menée par la Russie avec les pays
arabes et des problèmes politiques intérieurs de l'Etat hébreu.
Q: L'Iran représente-t-il un grand danger pour Israël?
R: La menace iranienne pèse non seulement sur Israël, mais
aussi sur le monde entier. Dans le "club nucléaire", il
n'y a pas eu jusqu'à présent un seul Etat dont le dirigeant soit
sous l'influence de l'idéologie intégriste radicale. Il est
convenu de croire que l'arme nucléaire joue le rôle d'un
"facteur de dissuasion": on n'y a jamais recours contre
ses ennemis en pratique. Dans le cas de l'Iran, cependant, cette
affirmation semble douteuse. Le développement du programme nucléaire
iranien pourrait permettre aux islamistes radicaux d'entrer en
possession d'armes de destruction massive.
Q: Que peuvent faire les Israéliens à eux seuls pour traiter
le dossier nucléaire iranien?
R: Il y a trois scénarios possibles. Le premier consiste à ne
rien faire, mais en ce cas l'Iran disposera dans trois ans de ses
propres arsenaux nucléaires. Le deuxième prévoit de résoudre
le dossier nucléaire par la voie militaire, mais ce scénario me
semble improbable. Le troisième, enfin, est que l'Etat hébreu
pousse la communauté internationale à adopter des sanctions économiques
contre l'Iran qui toucheraient les points les plus sensibles de
son économie. Les Iraniens ont en effet quelques points faibles:
le taux de chômage augmente d'année en année, alors que la
production de pétrole, principale source de revenus de Téhéran,
est en recul depuis trois ans. La communauté internationale, si
elle a réellement intérêt à éviter le développement du
programme nucléaire iranien, pourrait nettement réduire ses crédits
financiers et suspendre ses investissements dans ce pays. Si les
compagnies privées n'investissaient pas dans l'économie
iranienne, le régime des ayatollahs aurait depuis longtemps perdu
sa légitimité.
Q: La Russie figure parmi les principaux investisseurs de
l'Iran. Les deux pays coopèrent également dans le domaine nucléaire...
R: Je ne crois pas que la Russie aide l'Iran à développer sa
propre arme nucléaire. Mais si la coopération économique entre
Moscou et Téhéran se développe réellement, je pense que tôt
ou tard la Russie finira par comprendre que sa prise de position
est erronée. Il est dans l'intérêt de la Russie, comme il est
dans l'intérêt d'Israël, d'endiguer la prolifération de l'idéologie
radicale. Un régime qui menace ouvertement un pays voisin menace
potentiellement les autres voisins si ces derniers ne professent
pas la même idéologie.
Q: La Russie continue de coopérer activement avec la Syrie à
laquelle elle vend des armes...
R: Une nouvelle guerre froide n'est pas dans l'intérêt de la
Russie d'aujourd'hui. Comme dans le cas de l'Iran, je pense que la
coopération militaire avec la Syrie ne correspond qu'aux intérêts
immédiats et à court terme de la Russie et ne contribue
aucunement à la stabilité au Proche-Orient.
Q: Mais puisque cette coopération se poursuit, considérez-vous
la Russie comme une alliée ou une ennemie d'Israël?
R: Il serait naturel de désigner la Russie comme une alliée
d'Israël, surtout lorsqu'on se souvient qu'une immense quantité
de ressortissants russes vivent dans l'Etat hébreu. D'ailleurs,
beaucoup d'entre eux n'ont pas renoncé à la nationalité russe
et gardent jusqu'à présent des liens étroits avec la Russie.
Toutefois, l'assistance que la Russie apporte à des pays aussi
dangereux que la Syrie et l'Iran envenime nos relations.
Q: Les sociologues prédisent votre victoire aux prochaines élections
législatives. Vous préparez-vous déjà à devenir le prochain
premier ministre?
R: Ces prévisions montrent que la société israélienne
commence à donner raison à notre prise de position. J'ai regardé
récemment le spot préélectoral du Likoud qui avait été diffusé
lors de la dernière campagne électorale. A l'époque, nous
mettions en garde contre le renforcement du Hezbollah au Liban et
du Hamas dans la bande de Gaza. Et c'est exactement ce qui s'est
passé.
Bien sûr, je n'ai pas envie de jouer les Herzl (Theodor Herzl
avait prédit la création de l'Etat d'Israël 50 ans avant la
guerre israélo-arabe de 1948 - D.D.). Mais ceux qui sont au
pouvoir aujourd'hui n'ont même pas été capables de prévoir ce
qui allait se passer dix-huit mois plus tard, et il me semble
qu'ils n'en ont toujours pas tiré les conclusions. A l'époque,
M. Barak a commis une erreur en précipitant le retrait du Liban.
M. Olmert a soutenu le programme de retrait unilatéral de Gaza.
Aujourd'hui, ces deux gentlemen planifient encore un retrait de
Judée-Samarie (Cisjordanie), ce qui menacera la sécurité de la
moitié du pays. Est-ce cela qu'ils appellent la "paix"?
Reproduction partielle d'une interview publiée le 17 septembre
2007 dans le quotidien Vremia Novosteï.
Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la
stricte responsabilité de l'auteur.
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