Interview
Al-Assad : les
conditions n’étaient pas encore réunies
pour des négociations de paix avec
l’opposition
Lundi 21 octobre 2013
Damas /
Le président Bachar al-Assad, a jugé que
l'opposition est une structure politique
qui a une base populaire et un programme
politique clair qui n'est pas imposé de
l'étranger, et qui n'accepte pas
l'ingérence étrangère et ne porte point
l'Arme.
Dans une interview
qu'il a accordée à la chaîne
satellitaire "al-Mayadine", le président
al-Assad a dit : "Nous n'avons pas de
problème de nouer un dialogue avec
n'importe quelle partie à condition
qu'elle s'écarte du terrorisme et ne
sollicite pas l'ingérence militaire ou
politique étrangère en Syrie".
En outre, le
président al-Assad a fait noter que ce
qui s'était passé en Syrie est
complètement différent de ce qui s'était
produit en Tunisie et en Egypte,
évoquant dans ce sens l'ingérence
étrangère, l'envoi des terroristes de
l'extérieur et l'octroi des fonds pour
provoquer le chaos en Syrie.
Quant aux
revendications légitimes d'une partie
importante du peuple syrien pour le
changement et la réforme, le président
al-Assad a fait savoir que cette partie
n'avait pas agi au début de la crise,
mais elle l'avait fait après des
semaines et des mois en croyant que ce
qui s'est déroulé en Syrie était un pas
vers la démocratie, "mais ces mêmes
forces s'étaient rétractées et avaient
laissé la rue aux mercenaires et ensuite
aux terroristes et aux extrémistes",
a-t-il précisé.
Le président al-Assad
a évoqué les phases de la crise en Syrie
à partir de l'incitation, en passant par
l'octroi des fonds pour organiser des
manifestations et l'entrée des hommes
armés, jusqu'à l'affrontement avec
al-Qaïda et ses branches, dont l'Etat
Islamique en Irak et au Levant.
Le président al-Assad
a indiqué que l'incitation avait
commencé de l'extérieur, et elle s'est
heurtée au refus de l'intérieur", a-t-il
souligné.
Répondant à une
question sur la présence d'une vraie
opposition syrienne ayant des positions
nationales, le président al-Assad a dit
: " Les gens dans tous les pays du
monde, même s'ils étaient petits, n'ont
pas la même position sur une politique
donnée. C'est normale qu'il y ait de
différents courants, mais l'opposition
est un concept et une structure
politique ayant une base populaire et un
programme politique clair, l'opposition
est une structure intérieure, mais pas
de mercenaires venus de l'extérieur.
Elle n'admet pas l'ingérence étrangère
et ne porte point l'Arme. Quand cette
opposition porte l'Arme, elle se mue en
terrorisme".
A la question de
savoir si la Syrie est visée pour sa
stratégie extérieure et ses positions
bien connues, le président al-Assad a
indiqué que la Syrie était depuis des
décennies sous la pression et la menace.
Questionné sur la
raison qui est derrière la présence
accrue d'extrémistes et de takfiris en
Syrie qui est un Etat laïc, le président
al-Assad a affirmé qu'être laïc ne
signifie pas n'a pas avoir de foyers
d'extrémisme qui se trouvaient depuis
des décennies et qui a été ravivé
rapidement après les incidents de 11
septembre.
Le président al-Assad
a précisé, à cet effet, que la crise a
affaibli l'influence de l'Etat dans
nombre de régions dans le pays, la chose
qui a permis aux extrémistes de remplir
le vide et de créer une couveuse afin de
s'étendre.
A la question de
savoir si la Syrie avait traité
directement avec les Etats-Unis, de même
qu'avec des pays européens, a sujet
de la lutte contre l'extrémisme à
l'époque des incidents de 11 septembre,
le président al-Assad a répondu : "En
1985, suite aux opérations terroristes
exécutées par les Frères Musulmans en
Syrie, on a proposé la question de
l'alliance pour la lutte contre le
terrorisme, mais à l'époque, personne ne
s'y était intéressée".
Et le président al-Assad
de poursuivre : "Nous avons traité avec
la majorité des pays du monde quant à la
lutte contre le terrorisme, y compris
les Etats-Unis, avec qui la
collaboration a été élargie après les
incidents de 11 septembre".
Concernant l'appui
direct et indirect des Etats-Unis aux
groupes terroristes en Syrie, le
président al-Assad a fait noter qu'on ne
dispose pas de preuves sur un appui
américain direct à al-Qaïda. "Or, quand
l'administration américaine assure une
couverture politique au chaos et au
terrorisme en Syrie, elle les soutient
directement. C'étaient les politiques
des Etats-Unis et de l'Europe, que ce
soit d'une manière préméditée ou pas,
qui avaient contribué à l'afflux d'al-Qaïda
en Syrie", a dit le président al-Assad.
A la question de
savoir si la Syrie s'attache à des
relations normales avec les Etats-Unis
en cas du règlement de la crise en
Syrie, le président al-Assad a indiqué
que les Etats-Unis ont de grande
puissance et influent sur les événements
dans le monde, estimant qu'il est
important de nouer avec eux des
relations servant "nos propres
intérêts".
Quant au fait que
le gouvernement syrien assume la
responsabilité de la recrudescence du
terrorisme et du takfirisme en Syrie, le
président al-Assad a affirmé que la
Syrie ne soutenait guère le terrorisme
et qu'elle était toujours dans une
guerre contre ce phénomène.
De même, le
président al-Assad a fait savoir que la
Syrie était uniquement un passage pour
les terroristes depuis le Liban vers
l'Irak et le vice-versa et avait œuvré
toujours pour fermer ce passage via des
opérations de renseignements.
"Après le début de
la crise en Syrie, la situation
sécuritaire en Syrie a changé, ce qui a
poussé al-Qaïda à faire de la Syrie la
cible du Djihad", a-t-il souligné.
Et le président al-Assad
d'ajouter : "Le terrorisme n'a rien à
voir avec la résistance, les terroristes
dont je parle, en particulier al-Qaïda,
n'avaient fait aucune opération contre
les Américains en Irak ; leurs
opérations avaient un aspect
confessionnel dans ce pays".
Abordant les
tentatives des Etats-Unis d'encourager
ou d'intimider la Syrie, le président
al-Assad a fait noter que a Première
avait eu lieu via la promesse, qui
n'avait pas été rempli, de lancer un
processus de paix pour récupérer le
Golan occupé, notamment après la
participation de la Syrie à la guerre de
la libération du Koweit, alors que la
2ème était via l'isolement et les
sanctions imposées à la Syrie.
Répondant à une
question sur le début de l'entrée des
armes en Syrie, le président al-Assad a
fait noter que l'arme se trouvait en
Syrie après l'invasion de l'Irak, et
peut-être avant, mais que l'usage de
cette arme pendant la crise avait
commencé dès le 1er jour où nombre
d'agents de police étaient tombés en
martyr.
Le président al-Assad
s'en est pris au Qatar et à la Turquie
qui avaient soutenu les groupes
terroristes dès le début de la crise,
soulignant que l'appui du Qatar était en
fonds, alors que celui de la Turquie
était logistique.
Quant à
l'implication de la Jordanie dans
l'appui aux terroristes, le président
al-Assad a indiqué que la Jordanie était
au début loin de cet appui, mais
elle s'y été impliquée depuis moins d'un
an.
Faisant la
différence entre l'opposition intérieure
et celle extérieure, le président al-Assad
a assuré que l'opposition nationale doit
être intérieure et que la majorité de
l'opposition extérieure sont les Frères
Musulmans qui sont, selon nos concepts,
un groupe terroriste.
Le président al-Assad
a indiqué que l'expérience de la Syrie
avec les Frères Musulmans était pleine
de terrorisme depuis les années 50
jusqu'à présent, soulignant que la
constitution syrienne n'autorise pas la
formation des partis sous des bases
ethniques ou religieuses nuisant à
l'intérêt national.
A une question sur
les groupes d'opposition en général et
si l'armée libre ou les dissidents de
l'armée syrienne pourraient rejoindre la
patrie de nouveau, le président al-Assad
a indiqué que pour être plus précis ce
sont des fugitifs, la dissidence est une
question plus grande qui dépend des
institutions et non pas de la fuite
d'une personne qui n'est pas une
dissidence. Ce sont des gens qui ont
pris la fuite pour différentes raisons
mais certains avaient regagné l'Etat et
combattaient au sein de l'armée et
autres ont été tombés martyrs pendant
les derniers mois.
Abordant l'intiative
russe, le président al-Assad a indiqué
qu'elle avait visé d'éviter toute action
militaire pour déplacer la question
syrienne du cadre militaire au cadre
politique. "L'initiative russe était une
partie des outils syriens et russes pour
le renforcement du nouveau équilibre
international d'une façon qui sert les
intérêts syriens", a-t-il poursuivi.
Le président al-Assad
a précisé qu'il était nécessaire pour la
Syrie de répondre favorablement à ladite
initiative compte tenu que la production
de l'arme chimique a été suspendue en
Syrie depuis l'année 1997 et que la
Syrie avait proposé en 2003 l'initiative
de faire démunir la région du
Moyen-Orient des armes de destruction
massive.
A propos de la
conférence de Genève, le président al-Assad
a affirmé que les conditions n’étaient
pas encore réunies pour des négociations
de paix avec l’opposition. "Aucune date
n’a été fixée et les conditions ne sont
pas encore réunies si nous voulons que
la conférence Genève 2 réussisse",
a-t-il expliqué. "Quelles sont les
forces qui y prendront part ? Quel lien
ont-elles avec le peuple syrien ? Ces
forces représentent-elles le peuple
syrien ou bien les États qui les ont
créés? », s’est-il interrogé. "La
solution au conflit doit être une
solution syrienne par excellence",
a-t-il martelé.
"La Syrie n'avait
pas de problème avec la conférence de
Genève si cette conférence aurait arrêté
le financement des terroristes… Le
problème syrien n'est pas aussi
compliqué comme certains essayaient de
faire montrer, les complications
proviennent de l'ingérence extérieure…
En réalité ce ne sont pas des
complications mais une tentative de
jeter l'huile sur le feu".
Concernant Lakhdar
Brahimi, émissaire de l’ONU et de la
Ligue arabe pour la Syrie, le président
al-Assad lui a demandé de ne pas dévier
du cadre de sa mission, l’appelant à
être neutre. "Nous lui demandons de
respecter sa mission, de ne pas dévier
du cadre de sa mission.
"Il a été chargé de
la médiation, le médiateur doit être
neutre. Il ne devrait pas faire des
tâches qui lui ont été assignées par
d'autres pays, mais se concentrer sur le
processus du dialogue entre les parties
en conflit sur le terrain", a-t-il
indiqué.
Le président al-Assad
a accusé la Ligue arabe de
commercialiser les guerres aux Arabes et
de donner la couverture à la guerre et
aux menaces américaines contre la Syrie.
Le président al-Assad
a fustigé l'Arabie Saoudite "qui exécute
en toute honnêteté les politiques des
Etats-Unis, l'accusant de soutenir en
fonds et armes les groupes terroristes
en Syrie".
Concernant la
politique du Liban de se mettre à
l'écart et s'il était sérieux dans cette
politique, le président al-Assad a
indiqué que le Liban n'adoptait pas une
telle politique surtout qu'il a permis
aux terroristes et aux armes de passer
via les frontières syro-libanaises en
vue de contribuer à l'attisement du feu.
A une question sur
l'ingérence de Hezbollah en Syrie, le
président al-Assad a indiqué que
Hezbollah défend la résistance qui doit
être protégée en toute direction au cas
d'une agression. "L'agression contre la
Syrie était contre la méthode de la
Syrie qui est résistante soit pour la
Syrie, soit pour l'Iran ou pour la
résistance, alors toutes ces parties
sont concernées par la défense de la
ligne résistante", a-t-il indiqué,
précisant que la position de la Syrie à
l'égard de Hezbollah est ouverte.
Sur la raison
derrière la détérioration dramatique des
relations avec Hamas, le président al-Assad
a répondu qu'il faut poser cette
question à Hamas. "Nous avions appuyé
Hamas en tant que mouvement de
résistance mais s'il a décidé d'être des
/Frères musulmans/, on n'a pas besoin
franchement de cette relation.
Le président al-Assad
a en outre, indiqué que l'armée réalise
une progression grâce à plusieurs
éléments dont le plus important est
celui intérieur où les terroristes ont
perdu beaucoup de points de force, dont
l'incubation populaire.
A propos du
rapprochement entre l'Iran et les
Etats-Unis, le président al-Assad a
indiqué qu'il se félicite de tout
approchement entre l'Iran et n'importe
quel Etat dans le monde qui sert les
causes de la région et si l'autre partie
était sincère dans cet approchement.
Sur sa
candidature aux élections
présidentielles 2014, le président al-Assad
a dit notamment : "Ma réponse dépend de
deux facteurs : le premier est le désir
personnel, et le second est la volonté
du peuple. Pour le premier point, je ne
vois aucune raison qui m'empêche de se
présenter aux prochaines élections. Pour
le deuxième, il est prématuré d'en
parler, il sera discuté au moment de la
proclamation de la date desdites
élections.
Le président al-Assad
a mis en garde contre l'extrémisme
religieux qui constitue le plus grand
danger à affronter, sinon toutes autres
procédures seront mises en échec".
Le président al-Assad
a enfin précisé que ce qui se déroule
actuellement est dû au déséquilibre
entre l'arabisme et l'Islam auquel les
frères musulmans avaient principalement
contribué depuis les années "50".
"En fait la
relation normale entre l'arabisme et
l'Islam crée l'équilibre pour les autres
nationalités et religions mais sans les
annuler. Toutes les religions sont
importantes ainsi que toutes les
communautés et les nationalités.
L'arabisme et l'Islam sont les deux
appartenances les plus grandes pour
toute personne… Au cas de la
compréhension de ces différents liens,
on pourrait aller de l'avant et
présenter aux générations un avenir
stable et prospère", a-t-il conclu.
A. Chatta/ R.B. /
L.A.
International
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