Interview du Président du Comité des Droits Humains du Honduras,
CODEH
René Andrés Pavón: Des commandos israéliens mettent leur
expérience de Palestine et de Colombie au service des Forces
Armées du Honduras
Dimanche 2 août 2009
« Il y a des
structures paramilitaires qui travaillent en coordination avec
les forces armées », déclare le leader indiscutable de la lutte
pour les droits humains au Honduras, Andres Pavón, devant la
tombe d'une nouvelle victime de la dictature des putschistes
honduriens.
Il n’y a là rien
d’étonnant. Les principaux professeurs en terrorisme d'État
viennent de l'État sioniste pour enseigner la mort, le
renseignement, la terreur et comment soutenir un État contre une
population qui combat pour ses droits constitutionnels ou ses
revendications. Ou, comme dans le cas du peuple du Honduras,
pour rétablir la démocratie. L’interview de Andres Pavón
[Escucha
la entrevista en audio - Écoutez l’interview
en audio]
TEGUCIGALPA /
02-08-2009. Nous sommes en face du bâtiment du syndicat COPEMH
(Collège des professeurs du premier cycle de l'enseignement
secondaire du Honduras) , en compagnie du docteur René Andres
Pavón, Président du Comité des Droits Humains du Honduras,
CODEH.
Dick Emanuelsson (DE) :
Hier, le CODEH a publié un communiqué dénonçant plusieurs
choses, l’une d'elles étant que le gouvernement de facto de
Micheletti a engagé des commandos israéliens ou des gens en
mesure d’ instruire les forces militaro-policières honduriennes.
Nous savons que dans la guerre civile en Colombie ces commandos
ont également conseillé les forces armées colombiennes. Que
font-ils ici, ces Israéliens ?
Andres Pavón (AP) : Jusqu'à présent,
ce que nous savons nous indique que la mission qu'ils ont est de
préparer les Forces Armées et la police à dissuader de façon
agressive et violente les manifestations, en essayant de
commettre des crimes sélectifs afin de faire naître la peur,
créer des scènes de terreur et parvenir à la démobilisation de
la résistance. Ce qu’ils fon aussi c’est que quelques employés
d'entreprises de sécurité privées acceptent de porter l'uniforme
de la police et de commettre des actes d'agression directe
contre les manifestants. Bien que le policier ait reçu une
formation pour dissuader les mobilisations, il devient un
peu craintif au moment de charger les manifestants, d'une
certaine manière il lui est resté quelque chose en matière de
formation sur les droits humains. Par contre, les gardes de
sécurité sont payés le double et leur impunité est garantie. Ces
pratiques sont celles qu’ils développent en utilisant
l'expérience du conflit palestinien et après avoir mis en
pratique certaines de ces actions en Colombie.
DE : Où en
sommes-nous aujourd’hui, cinq semaines après le coup d'État,
combien de gens sont morts et combien ont-ils été prisonniers,
torturés et frappés ?
AP : Nous tenons un registre et depuis
l’instauration du couvre-feu, plus de 2.200 personnes ont été
arbitrairement arrêtées et privées de leur liberté. Nous avons
déjà enregistré plus de 600 arrestations lors d’actions
directes, au moment de dissolution des manifestations. Plus de
120 personnes ont été blessées et le nombre de morts lors
d’actions directes dans les mobilisations de rue s’élève à
trois, plus trois autres où l’on peut soupçonner la main de ces
superstructures [paramilitaires, NdT].
Nous allons diffuser l’information que
pendant les couvre-feu, aux heures où la police et l’armée
avaient le contrôle de la rue, plus de 37 homicides avec des
armes à feu ont été enregistrés. Du fait que le principal
suspect est l'État, nous allons demander, avec prénom et nom de
famille des victimes à l’appui, que des investigations
pertinentes soient réalisées.
DE: Au sujet de la mort d'un
garçon, Pedro Magdiel, à El Paraíso entre le 24
et le 25 juillet, aujourd’hui il y a la photographie de ce
garçon publiée dans le journal La Tribuna, qui était sortie le
même jour du soulèvement, où l’on peut distinguer que c’est un
militaire qui traîne le garçon au sol, son décès avait été
annoncé le lendemain. Où en est l’enquête sur ce cas ?
AP : Oui, dans le cas de Magdiel, nous
avons enquêté de manière précise sur les faits : premièrement,
il a été séquestré par la police et cela démontre qu’il s’agit
d’une exécution extrajudiciaire caractérisée. Nous savons que
dans le Danlí à El Paraíso il y a des
structures paramilitaires qui travaillent en coordination avec
les forces armées et la police qui se trouvent dans ce secteur ;
nous pensons que ce garçon a été livré par la police à ces
structures, qui ont commis ce crime barbare. Aujourd’hui, nous
avons aussi enregistré la mort d’un autre enseignant, qui a été
poignardé, avec la même technique que celle utilisée à El
Paraíso.
DE: Il y a eu un nouveau
mort?
AP: Oui, il ya un nouveau
mort, un enseignant appelé Martín Flores Ribera Barrientos, qui
a été assassiné dans la Colonia Centroamérica, il allait de là
vers sa maison, et il a été poignardé dans le taxi. Cela nous
indique qu'il y a là un modèle reconnu de comportement agressif
que l'État est en train de développer.
Une autre stratégie à laquelle les Israéliens
sont en train de former un groupe [de militaires et de
paramilitaires, NdT], est celle de faire s’installer dans la
conscience populaire, l'idée que nous, les leaders qui sommes à
la tête de ce mouvement, nous avons un passé de terroristes ou
que nous sommes en liaison avec les structures de la police.
Hier, une personne me disait qu'ils allaient imprimer des
affiches et, les coller sur les murs afin de soulever la
méfiance dans cette population qui ne serait pas encore
consciente que les leaders dans ce pays, selon eux, ne veulent
pas que le peuple sache ce qu'ils ont été. Cela est une
stratégie historique en Amérique latine : liquider des gens et
ensuite attribuer leur mort aux contradictions au sein des
mouvements de résistance.
DE : La raison pour
laquelle toute cette masse de gens est ici devant le siège de la
COPEMH, c’est qu'hier à 1h du matin, Roger Vallejo, 38 ans,
dirigeant de ce syndicat est mort à la suite d'un coup de feu
d'un sniper qui l’avait atteint mercredi passé au moment où le
Front national contre le coup d’État commençait à occuper la
Route Norte de Tegucigalpa. Que sait-on de cela ? Parce que cela
fait déjà le deuxième tué par un sniper. Le premier l’a été à
l’aéroport le 5 juillet et aujourd’hui nous en avons un autre,
ce monsieur, dont on suppose qu’un sniper lui a tiré dessus.
AP : C'est un meurtre prémédité avec
quelques caractéristiques sélectives. Ils ont choisi un
enseignant afin d’affecter un des syndicats qui fait partie
actuellement de la résistance, et qui comprend un grand nombre
de personnes liées à la résistance. Tout indique que cela a été
un acte prémédité. L’article du Traité de Rome grâce auquel on
peut saisir la Cour Pénale Internationale établit qu’il n’est
pas nécessaire de connaître le nom de celui qui a tiré, il
suffit de connaître le nom de celui qui dirige une politique
répressive contre un regroupement massif de la population civile
avec l'intention de provoquer quelques traumatismes
psychologiques dans la population. En cela, eh bien, il n'y a
pas de doute, l'acte de préméditation devra en son temps faire
l'objet d'une plainte formelle devant des organismes qui dans le
pays, il est bien certain, sont liés aux structures répressives
de l'État. Mais cela va nous permettre de démontrer devant le
magistrat de la Cour Pénale Internationale que quelque chose est
en train de se passer ici et que cette chose n’est autre qu’une
politique d'État et que cette politique d'État contribue à
générer tous les actes de répression que nous vivons
actuellement.
DE : Est-ce que le choix de
ce monsieur pourrait être le fait des conseillers israéliens?
AP : Oui, bien sur ! Ceci coïncide
beaucoup avec la caractéristique que reflète le conflit
colombien, où en effet il y a une confrontation avec une
corrélation de forces un peu semblable à un conflit armé. Ici,
au Honduras, la corrélation des forces n'est pas identique à
celle qu’il y a en Colombie. Ici se sont des citoyens civils qui
sont armés avec la conscience de valeur, vraiment, et en matière
d'auto-défense la seule chose qu'ils utilisent de temps à autre
c’est une pierre ou un bâton. Eux aussi ils ont leurs méthodes
pour intervenir dans des situations comme celles-ci, similaire à
ce qui s’est passé à Gaza et rn Cisjordanie.
DE : En parlant justement de
la Colombie, lorsque Obama a assumé la présidence, beaucoup de
gens avaient l’espoir que la politique guerrière des USA allait
changer radicalement. Mais ce que nous avons vu c’est la
réactivation de la Quatrième Flotte au mois de juillet de l'an
passé, elle navigue toujours depuis le nord en Alaska jusqu'au
sud en Patagonie. Ils prétendent installer cinq nouvelles bases
militaires en Colombie, trois d’entre elles à la frontière avec
le Venezuela et une dans la Bahía Málaga
[Baie de Malaga] sur la côte du Pacifique, entre l’Amérique
Centrale et l’Équateur. Rien n’indique que cette politique
guerrière va s’arrêter. Si Hillary Clinton avait voulu faire
quelque chose contre le gouvernement de Micheletti, pourquoi
n’est-ce que maintenant qu’ils ont annulé les visas de quatre
fonctionnaires du gouvernement Micheletti, mis ce ne sont que
des mesures cosmétiques. Sinon comment peut-on l’interpréter ?
AP : Ce qu’Obama dit reflète une
réalité et ce que font ses plus proches collaborateurs au niveau
patronal ou au niveau de ce groupe connu comme les faucons du
Pentagone, est un autre discours et une autre pratique. Cela
nous donne une lecture que Monsieur Obama traverse un conflit
semblable à celui dont doivent faire face d'autres dirigeants en
Amérique latine ; il faudrait penser, qu’ici en Amérique Latine,
il pourrait aussi y avoir un putsch en Bolivie, en Équateur, au
Nicaragua et au Salvador. Il faudrait aussi penser qu'aux USA,
tôt ou tard, un putsch pourrait avoir lieu ; ce sont des choses
qui paraissent impossibles à imaginer, mais elles pourraient
devenir réalité.
D'autre part il y a une autre lecture du
conflit et cette lecture pourrait être que les conseillers les
plus proches d’Obama lui vendent l’idée que c’est une
opportunité pour qu'ils deviennent la police et reprennent leur
influence en étant la police de l'Amérique latine. Parce que
lorsque nous lui demandons de ne pas seulement supprimer des
visas, il semble presque que nous lui disons qu'il intervienne
au Honduras, et qu'il y ait ici une intervention militaire
semblable à celle en Haïti, et dans une de ces situations, il
est bien possible que le gouvernement d'Obama en profite pour
rehausser son prestige.
Je suis sûr que si les Marines interviennent
au Honduras ils seraient applaudis par un tas de gens, qui ne
sont pas ici [en train de protester contre le putsch, NdR]
qui n’imagineront pas même pas que nous leur ouvrirons ainsi la
porte pour de futures interventions en Amérique latine en les
faisant revenir à leur rôle de gendarmes de l’Amérique latine.
Ce sont là les éléments du scénario. C’est
clair que si Obama y pense, il ne va pas le faire aujourd’hui,
il le fera deux mois avant les élections au Honduras et ainsi il
bloquerait la possibilité que le président Zelaya puisse plier
face à une pression sociale qui exige de lui la création d'une
assemblée nationale constituante.
Source :
LATINAMERIKA I DAG / LATINOAMÉRICA
DE HOY,
le blog de Dick Emanuelsson -
Comandos israelíes con
experiencias de Palestina y Colombia capacitan a las FF.AA. de
Honduras: Entrevista a René Andrés Pavón, Presidente del
Comité de Derechos Humanos de Honduras, CODEH
Article original
publié le 3/8/2009
Sur l’auteur
Esteban G. est rédacteur du
blog
http://letacle.canalblog.com/,
Fausto Giudice est rédacteur du blog
Basta ! Journal de marche
zapatiste.
Tous deux sont membres de
Tlaxcala,
le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette
traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter
l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur, le
réviseur et la source.
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