Syrie
Syrie : La laïcité est la chose la
plus précieuse
que nous tentons de protéger
Bachar al-Assad
Vendredi 4 décembre 2015
Entrevue
accordée par le Président Bachar al-Assad
à la télévision tchèque le 1er
décembre 2015 [Texte intégral]
Question 1
: Permettez-moi de commencer par une
question personnelle. Vous êtes médecin.
En 2011, vous avez dit, et je vous cite,
que vous avez choisi la chirurgie
ophtalmologique, car c’est une
spécialité qui se pratique rarement en
situation d’urgence avec peu de
saignement. Cette même année 2011, la
guerre syrienne a éclaté ; le conflit le
plus meurtrier dans le monde et une
grande urgence. Quel est votre sentiment
à ce sujet ?
Président
al-Assad : Si vous
cherchez à établir une relation entre ce
travail –ou toute autre spécialité
chirurgicale- et ce qui se passe en
Syrie, ce serait en rapport avec
l'intention. Vous avez toujours du sang
en chirurgie, mais c’est pour sauver la
vie du patient, non pour le tuer ; alors
que le sang qui coule en Syrie est celui
de Syriens tués par des terroristes.
Notre travail en tant que gouvernement
est de sauver leur vie par la
destruction des terroristes. C’est le
seul lien, en espérant avoir bien
compris votre question.
Intervention
: Oui, oui, je veux dire ...
Président al-Assad
: Donc, notre travail est de sauver
des vies. Si le sang coule, c’est pour
défendre notre pays. Nous utilisons
notre armée pour défendre notre pays.
Question 2
: Mais 250.000 personnes [tuées], c’est
inimaginable pour n’importe quel pays.
Président
al-Assad : C’est le
résultat de la présence d’un grand
nombre de terroristes soutenus par des
puissances régionales et par l'Occident.
Il ne s’agit pas seulement de
terroristes issus de l'intérieur de la
Syrie, mais de terroristes venus de plus
d’une centaine de pays à travers le
monde. Ils ont voulu faire de la Syrie
la plaque tournante du terrorisme et
c’est ce qui se passe. Si nous n’avions
pas défendu notre pays, ce nombre serait
plusieurs fois supérieur.
Question 3
: Vous avez parlé de terrorisme. Il
semble que des développements importants
concernant la crise syrienne aient eu
lieu ces derniers jours. À votre avis,
laquelle des deux dates aura été la plus
importante dans l’évolution de cette
crise : le 30 Septembre et
l'intervention russe ou le 13 Novembre
et les attaques terroristes à Paris ?
Président
al-Assad : Sur un plan
pratique, la participation russe, ou ce
qui a été annoncé comme un front de
lutte contre le terrorisme est
assurément l’événement le plus
important, alors que sur le plan
politique, ce qui s’est passé à Paris
avait pour but d’apaiser les sentiments
des Français et leur dire qu’ils
allaient s’attaquer à l’EIIL [État
Islamique e Irak et au Levant : Daech]
différemment. Qu'est-ce que cela veut
dire ? La France n’était donc pas
sérieuse avant l’attaque contre Paris ?
Ce qui s’est passé [à Paris] n’est donc
pas une réponse sérieuse au terrorisme,
alors que les Russes manifestent leur
ferme détermination à le combattre et à
coopérer, d’une certaine manière, avec
l'armée syrienne.
Question 4
: Donc, vous pensez que
l'intensification des attaques de la
Coalition occidentale menée par les
États-Unis n’est pas un secours ?
Président
al-Assad : Si vous
tenez compte des faits et non des
opinions depuis les débuts de cette
Coalition, l’EIIL s’est étendu et ses
recrues de partout dans le monde ont
augmenté. Alors que depuis la
participation des Russes à cette même
prétendue guerre [de la Coalition menée
par les USA] contre le terrorisme,
l’EIIL, Al-Nosra et bien sûr d’autres
groupes terroristes ont rétréci. C’est
la réalité. Les faits sont éloquents.
Question 5
: Militairement parlant, ne serait-ce
pas tout simplement parce que l'armée de
l'air russe pouvait travailler avec les
Forces armées syriennes ?
Président
al-Assad : C’est ce que
je disais : parce qu’il y a eu
coopération. Vous ne pouvez pas éliminer
les terroristes et détruire le
terrorisme par des interventions
aériennes. Vous ne pouvez pas. C’est
presque impossible. Depuis combien de
temps les Américains ont-il tenté de le
faire en Afghanistan ? Plus de 12
ou 13 ans. Ont-ils accompli quoi que ce
soit ? Rien. Le terrorisme est toujours
fort en Afghanistan. Vous ne pouvez donc
pas. Vous avez besoin de la coopération
des forces intérieures du pays ; la
force majeure en Syrie étant l'armée
syrienne et, bien sûr, le gouvernement.
Question 6
: Le président français
tente de former une coalition plus large
contre le terrorisme. Êtes-vous
sceptique quant à ses efforts ?
Président
al-Assad :
Certainement. S’ils avaient voulu
apprendre de ce qui est arrivé récemment
à Paris, pourquoi n’ont-ils pas appris
de [l’attentat contre] Charlie Hebdo ? À
l’époque, nous avions dit que c’était la
pointe de l'iceberg et que la partie
immergée était beaucoup plus importante.
Ensuite, vous ne pouvez pas lutter
contre le terrorisme pendant que vous le
soutenez directement en l’armant et en
faisant alliance avec les plus zélés de
ses partisans dans le monde ;
c'est-à-dire, le royaume saoudien. Vous
ne pouvez pas. C’est contradictoire.
Vous ne pouvez pas être la police et le
voleur en même temps. Vous devez choisir
votre camp.
Question 7
: Mais je n’ai entendu
parler d’aucun approvisionnement
occidental en direction de l’EIIL ?
Président
al-Assad : Vous en avez
des exemples très clairs sur Internet.
Des exemples concernant les Français et
évidemment d’autres parties, mais
l’exemple français existe. Comment un
pays comme la France peut-il vendre de
telles armes en ignorant leur
destination finale ? Ce n’est pas
possible. Ils le savent par le biais
du royaume saoudien, du Qatar et
peut-être d'autres pays. C’est certain.
Question 8
: Il y a eu un incident sur la frontière
turque : le bombardier russe abattu [par
la Turquie]. Pensez-vous que cet
incident influera sur le résultat des
efforts du président français pour la
création d’une coalition élargie ?
Pensez-vous qu'il pourrait compliquer
les pourparlers de paix en Syrie ?
Président
al-Assad : Je ne le
pense pas, mais je pense que cet
incident a démontré l'acharnement de M.
Erdogan qui, disons-le, a perdu ses
nerfs juste parce que l'intervention
russe a modifié l'équilibre sur le
terrain ; l’échec de M. Erdogan en Syrie
et la défaite de ses groupes terroristes
signifiant sa mort politique. Il a donc
voulu tenter quelque chose pour faire
obstacle à n’importe quelle solution. Il
a agi, mais je ne pense pas que cela
puisse modifier aucun équilibre. La
guerre contre le terrorisme se poursuit.
L’aide participative russe, qui était
déjà forte, est entrain de se renforcer.
Je pense qu'il n’y aura aucun moyen de
revenir là-dessus, qu’il [M. Erdogan]
recommence à agir de la sorte ou
autrement.
Question 9
: Le président américain a dit qu'il ne
voulait pas répéter la même erreur en
lançant une invasion terrestre sans
réellement savoir qui va combler le
vide. La plupart des candidats
américains aux récentes élections
déclarent qu'ils veulent plus que des
bombardements [aériens]. Selon vous,
quelle est l'approche la plus réaliste
qui mènera à la défaite de l'État
islamique ?
Président
al-Assad : En réalité,
s’agissant du terrorisme en général et
non seulement de l’EIIL, nous devons
travailler sur plus d'un axe et trouver
une solution à ses différents aspects ;
une partie étant liée à son idéologie,
une autre partie étant en rapport avec
son économie du fait des coopérations et
des prises de position politiques [en sa
faveur], une dernière partie concernant
la coopération sécuritaire et le combat
direct. Étant donné la situation
actuelle, il n'y a pas d’autre moyen de
le combattre que directement. Mais ce
n'est pas assez. Si vous voulez le
combattre et le vaincre, il faut
l’étouffer et couper ses
approvisionnements en armes, en argent
et en recrues qui viennent
principalement à travers la Turquie,
avec le soutien des Saoudiens et des
Qataris ; ceci étant censé être l’étape
préliminaire du combat au sol.
Maintenant,
le problème est que nous combattons les
terroristes mais que leurs
approvisionnements sont illimités et
incontrôlables de la part de plusieurs
pays, notamment certains pays régionaux
avec le soutien ou l’ignorance
intentionnelle de certains pays
occidentaux, pour être précis.
Question
10 : Vous avez dit que
votre priorité est de combattre et de
vaincre les terroristes avant la
solution politique. Qu'entendez-vous par
vaincre le terrorisme ? Qu'il n'y aurait
plus de groupes armés de l’opposition en
Syrie
Président
al-Assad : Vous ne
pouvez pas parler d’opposition politique
alors qu’elle est armée, en sachant que
dans votre pays vous en parleriez comme
d’un mouvement strictement politique.
Ensuite, une opposition politique
possède nécessairement des racines
profondes. Par conséquent, des rebelles
ou des combattants, armés de fusils ou
de n’importe quel armement, pour
s’attaquer au peuple syrien ou à l’armée
syrienne, détruire des propriétés
publiques ou privées, etc., c’est du
terrorisme. Il n’y a pas d’autre
définition possible et nous refusons les
termes qui les qualifient d’« opposition
armée, opposition militaire ou
opposition modérée ». Il ne s’agit pas
d’opposition. Il s’agit de terrorisme.
Pour nous,
l’opposition est un mouvement politique.
Qu’il soit à l’extérieur ou à
l’intérieur de la Syrie, n’a pas
d’importance. Et, évidemment, son
deuxième aspect est qu’elle elle est
nécessairement patriote, non une
opposition formatée en France, au Qatar,
en Arabie saoudite, aux États-Unis ou au
Royaume-Uni. C’est une opposition qui
doit être syrienne, formée en Syrie.
Nous avons une opposition politique en
Syrie. Nous avons une véritable
opposition syrienne. Quelle serait son
importance ou sa force n’est pas le
problème. Partant de là, vaincre le
terrorisme éliminera les obstacles qui
se dressent devant tout processus
politique.
Actuellement,
si vous vous mettiez d’accord sur toutes
les étapes ou les procédures [d’un
processus politique] avec n’importe
quelle opposition syrienne de par le
monde, que pourriez-vous accomplir ?
Pourriez-vous mener de vraies élections
? Pourriez-vous assurer la stabilité
avec ladite opposition ? Les terroristes
ont leur propre monde, leurs propres
objectifs, leur propre agenda et leur
propre idéologie ; ce qui est totalement
différent de la politique. Par
conséquent, si vous voulez prendre des
mesures concrètes, vous devez commencer
par vaincre le terrorisme. Je ne dis pas
qu’il faudrait lancer le processus
politique après avoir définitivement
vaincu le terrorisme, mais que
vous devez le lancer à partir du moment
où vous avez commencé à vaincre le
terrorisme, car sa défaite sera une
opération de longue haleine.
Question
11 : À ce stade, je
vois un problème majeur, étant donné
qu’à Vienne les discussions ont porté
sur une opposition modérée et même sur
les groupes armés, alors que vous
dites : pas de négociation avec
quiconque porterait des armes ?
Président
al-Assad : Non, le
processus politique a deux aspects :
l'un d'eux est de traiter avec
l'opposition politique, l'autre est de
traiter avec ces groupes [armés]. En
Syrie nous désignons ce deuxième aspect
par « le processus de réconciliation »
qui fait que nous accordons l’amnistie à
ceux qui déposent leurs armes et
retournent à une vie normale.
Intervention
: À vos conditions ?
Président al-Assad
: Non, il s’agit d’une amnistie
avec reprise d’une vie normale. Dans ce
cas, l’amnistie est totale sans aucune
condamnation retenue contre vous. Vous
êtes libre de mener votre vie, une vie
normale, paisible, sans combat armé,
sans terroriser les gens. En Syrie, ce
processus de réconciliation a réussi
plus que tout autre processus politique.
Donc, nous nous ne refusons pas de
négocier avec ces terroristes à partir
du moment où ils acceptent de modifier
leur comportement. En revanche, si vous
parlez des ramifications de l’EIIL,
d’Al-Nosra et d’Al-Qaïda, ils ne sont,
de toute façon, pas prêts à déposer
leurs armes ou à négocier avec le
gouvernement. Ils refusent toute
négociation, et nous de même. Leur
idéologie est contre le gouvernement et
contre l'ensemble du pays. Ils ne
reconnaissent pas les frontières. Ils ne
reconnaissent pas ceux qui sont
différents d’eux. Il est donc difficile,
voire impossible, d’envisager une
quelconque réconciliation avec eux. La
réconciliation, dont je parle, concerne
les autres groupes qui terrorisent pour
de l'argent, par peur ou pour toute
autre raison, avec lesquels nous avons
réussi à négocier.
Question 12 :
En fait, cela nous
ramène aux réunions
de Vienne qui
ont envisagé des
pourparlers entre le
gouvernement et
les
groupes d'opposition
dans un délai d’environ un mois,
c'est-à-dire d’ici la fin de cette
année ?
Président
al-Assad : Depuis le
début de cette crise, nous avons dit que
nous étions prêts à négocier avec
quiconque. Maintenant, la question est
de savoir à quoi nous aboutirons en
négociant avec des groupes [d’opposants]
qui ne sont pas représentatifs des
Syriens et que nous savons liés aux
Français ou à d’autres ; les Syriens
étant conscients de cette réalité. En
effet, nous ne sommes pas contre toute
forme de coopération, de négociation ou
de dialogue, ce dernier étant le plus
précis en l’occurrence ; mais que
pouvons-nous atteindre par un accord
avec une opposition qui ne dispose pas
de racines populaires ? C’est là une
simple question. Nous pouvons négocier
pendant des mois, mais en fin de compte
qui pourra appliquer [cet accord] si ces
opposants n’ont aucune influence sur les
terroristes et aucune influence sur les
Syriens. À quoi riment ces réunions ?
Par principe nous ne disons pas non,
nous disons oui ; mais, en réalité, nous
ne pouvons pas compter là-dessus pour
dire aux gens : voilà un espoir et voilà
comment nous allons résoudre le
problème.
Question
13 : Comment
décririez-vous ce conflit ? Est-ce un
conflit entre gouvernement et
combattants de la liberté, entre chiites
et sunnites, entre Arabes et Perses ?
Est-ce un clash entre les grandes
puissances ? Est-ce un combat entre un
État laïc et des fanatiques religieux ?
Qu'est-ce que c'est ?
Président
al-Assad : Ce sont tous
ces facteurs que vous avez mentionnés
sans qu’aucun ne corresponde à la
réalité. Je veux dire que si vous tenez
compte du sentiment réel des Syriens,
vous découvririez qu’il est faux de
ramener le conflit au facteur sectaire,
pour ne citer que cet exemple. C’est
faux, parce que si vous vous rendez en
Syrie dans les régions contrôlées par le
gouvernement, vous verrez que toutes les
composantes ethniques et religieuses de
la société syrienne vivent ensemble.
Cependant, comme toujours vous avez des
fanatiques dont la haine sectaire a été
aggravée par la rhétorique des Saoudiens
et Qataris qu’ils écoutent.
En fait, il
s’agit [d’un conflit] entre un
gouvernement et des « rebelles »
soutenus par différentes puissances
régionales et internationales ayant,
parfois, des motivations différentes
mais toujours le même agenda. Ils
veulent renverser le gouvernement et
l’État syriens, changer le président
ainsi que tout le système politique,
sans en référer au peuple syrien.
Ceci est le
vrai combat. Donc, les « rebelles » avec
lesquels nous négocions n’ont pas cet
agenda. En réalité, ils n’ont aucune
revendication politique, ils n’aiment
que l’argent et sont, pour la plupart
d’entre eux, comparables à des
mercenaires qui exécutent l’agenda
d’autrui.
Et si la
Russie semble soutenir le gouvernement
syrien, c’est parce qu’en réalité elle
soutient le droit international, sa
propre stabilité et la stabilité de
toute la région et du reste du monde.
Quant aux États-Unis, ils œuvrent
toujours pour leur propre hégémonie sur
le monde entier et ne peuvent tolérer
que la Syrie indépendante leur dise
non !
Finalement,
il s’agit d’un gouvernement soutenu par
la majorité du peuple syrien, contre ces
mercenaires soutenus par ces pays
étrangers.
Question
14 : D’un point de vue
plus personnel, il y a eu une évolution
vraiment intéressante de votre
perception par le public,
particulièrement en Occident. Après
avoir été considéré comme l’espoir de
votre pays, vous êtes devenu le plus
vilain des chefs de ce monde, et vous
voici entrain de refaire partie de
l’équation syrienne. Comment avez-vous
vécu cette évolution ?
Président al-Assad
: L'évolution de qui ?
Réponse :
Votre évolution d’un espoir pour votre
pays, vers ...
Président al-Assad
: Vous voulez dire avant la crise ?
Réponse :
Oui, maintenant tout le monde compte de
nouveau sur vous pour l'avenir de la
Syrie.
Président al-Assad
: Si vous parlez de la relation avec
l'Occident. En 2005, j’étais le tueur ;
en 2008, j’étais un artisan de la paix ;
puis en 2011, je suis devenu le
boucher ; et maintenant, il y a un
changement positif, timide surement mais
non explicite.
Question
15 : Comment le
ressentez-vous personnellement ? Comment
avez-vous vécu à travers cette
évolution ?
Président
al-Assad :
Personnellement, cela ne m’influence pas
pour une première raison qui fait que
personne ne prend plus au sérieux les
responsables occidentaux. Tout d'abord,
ils ne sont plus crédibles.
Deuxièmement, ils n’ont pas de vision et
manquent de profondeur. Troisièmement,
ils ne sont pas indépendants et suivent
les ordres des Américains. Ils ne sont
donc pas sérieux, la plupart des
Européens étant actuellement en dehors
de la voie. Par conséquent, nous tenons
compte du maître. Et ce maître est aux
États-Unis.
Cela ne
m’influence pas et surtout pas en pleine
guerre, car mon plus grand souci est ce
que le peuple syrien veut et la façon
dont il me considère. Je ne me soucie
pas des autres. Quant aux fluctuations
du comportement des Européens à l’égard
de la Syrie ou de moi-même, elles
passent par des hauts et des bas. Mais
moi, je n'ai pas changé. Je suis resté
le même depuis que je suis devenu
président en 2000. C’est donc à eux
qu’il faudrait demander pourquoi
sont-ils si fluctuants, pas à moi.
Question
16 : Donc, votre
message à l'Occident serait qu'il n y a
pas eu de meurtres de civils au début de
la guerre syrienne, ni de torture
massive des opposants au régime ?
Président
al-Assad : Supposons
que ce soit vrai. Compte tenu de leur
propagande, comment pourriez-vous
expliquer le soutien populaire et le
fait d’être resté à votre poste, alors
que les pays les puissants et les plus
riches sont contre vous, et que la
population -que vous êtes censé tuer-
est aussi contre vous ? Comment
serait-ce possible ? Vous avez certes
besoin de soutien, mais comment
pourriez-vous avoir le soutien d’un
peuple pendant que vous le tuez ?
Pouvez-vous l’expliquer ? Non. Donc, ce
n’est pas vrai.
Maintenant,
si vous voulez parler des victimes,
toute guerre est une mauvaise guerre, il
n y a pas de bonne guerre même
lorsqu’elle est menée pour une bonne
cause. La guerre est mauvaise et vous
devez l’éviter, mais quand vous ne le
pouvez pas, la guerre tue et les armes
tuent. Vous avez toujours des victimes
et toutes les guerres de l’histoire ont
fait des victimes innocentes. Quant à en
avoir l’intention, comment tuer ceux
dont vous voulez le soutien ?
Question
17 : Que ressentez-vous
quand vous regardez les photos de
centaines de milliers de vos
compatriotes fuyant la Syrie vers
l'Europe ?
Président
al-Assad : Un sentiment
d’autant plus triste que chacun de ces
Syriens quitte la Syrie en laissant une
triste histoire derrière lui. C’est une
situation qui reflète les difficultés
vécues par la Syrie pendant la crise.
Et, même si nous regardions [cet exode]
d’une façon strictement rationnelle,
c’est une perte pour la Syrie car chacun
de ces Syriens est une richesse humaine
dont l’absence affaiblira certainement
notre société. Il n’empêche que nous
devons en traiter les causes.
Je pense que
chaque Européen devrait se poser la
question de savoir pourquoi ont-ils
quitté ? [Ils l’ont fait] pour de
nombreuses raisons : la première est que
les terroristes les ont attaqués
partout, directement ou indirectement,
en s’en prenant à leurs besoins
essentiels quotidiens, à leurs
infrastructures, à leur mode de vie,
etc. ; la deuxième est l'embargo
européen dont les terroristes ont
directement profité et lequel,
contrairement à ce qu’ils prétendent, a
nui au peuple syrien, comme c’est le cas
de tout embargo décrété contre n’importe
quel pays.
Intervention : Ils disent qu’en tant que
chef, vous êtes responsable de leur
échec.
Président al-Assad
: Je ne les ai pas menés à cet échec. Je
n’ai pas détruit leurs infrastructures,
je n’ai pas livré des armes aux
terroristes pour tuer et détruire. La
question est : qui l’a fait ? Les
Européens, les Saoudiens et les Qataris.
Question
18 : Que devrait faire
l'Europe maintenant ? Doit-elle craindre
ces personnes ou les aider ?
Président
al-Assad : Cela dépend.
Tout d'abord, une grande partie d'entre
eux ne sont pas des Syriens. Concernant
les Syriens, ils sont en majorité de
bonnes personnes et des patriotes. Ceci
dit, il y a bien sûr des terroristes qui
se sont infiltrés parmi eux.
Combien ? Nous ne pouvons pas le dire,
car l’estimation est difficile. Mais
c’est une réalité. Je pense que vous en
avez certaines preuves sur Internet :
des photos et des vidéos qui prouvent
que certaines personnes ayant tué et
parfois décapité [en Syrie], ont quitté
pour l’Europe où ils se présentent comme
des citoyens pacifiques.
Intervention : Mais de façon générale,
l’Europe doit les aider ou en avoir peur
?
Président al-Assad
: Cela dépendra de la façon dont
l'Europe les traitera, car il s’agit non
seulement de terrorisme, mais aussi de
cultures. Même avant la crise et avant
que ce flot de réfugiés ne se rende dans
vos pays, le problème de l'Europe était
de savoir comment intégrer ces cultures
dans vos sociétés. Je pense que l'Europe
a échoué, que ce soit à cause de la
façon dont elle a géré le problème, que
ce soit à cause de l’argent déversé par
les institutions wahhabites pour
distordre leur interprétation [de
l’Islam]. Je parle des Musulmans
d’Europe. Ceci a engendré plus de
problèmes et d’extrémisme chez vous. Et
alors que notre région était considérée
comme l’exportatrice d’un certain
terrorisme en Europe, voilà que c’est
l’Europe qui exporte le terrorisme dans
notre propre crise. Parlant de ces
réfugiés, [les aider ou en avoir peur]
dépendra donc de la manière dont vous
gérerez la situation, mais je pense que
leur intégration ne sera pas chose
facile.
Question
19 : Comment vous
voyez-vous dans ce conflit ? Vous avez
dit que vos ennemis sont des
terroristes, des fanatiques, des agents
étrangers. Quelle est la chose la plus
précieuse que vous essayez de protéger ?
Président al-Assad
: Dans notre pays ?
Réponse :
Oui.
Président
al-Assad : La laïcité,
parce que la Syrie est un creuset où se
mélangent plusieurs ethnies et
religions. La laïcité en Syrie est bien
sûr différente de celle comprise par
certains en Occident et, peut-être, en
France. Elle n’est pas antireligieuse,
et implique la liberté des religions,
des confessions et des cultes. Sans
cette laïcité, la Syrie telle qu’elle a
été depuis des siècles n’existera plus.
C’est donc la chose la plus précieuse
que nous tentons de protéger.
La deuxième
chose est la modération, issue justement
de cette diversité vécue depuis des
siècles. Sans cette modération, la
tolérance naît de cette richesse
incomparable de la société syrienne ne
sera plus. Et c’est justement ce à quoi
travaillent les terroristes
actuellement. Ils essayent d’élever une
nouvelle génération qui ne connaîtra
rien de cette notion. Une génération de
tueurs, de fanatiques et d’extrémistes
qui n’acceptent pas l’autre. Ce sera un
vrai danger en quelques années. Je ne
parle pas des jeunes de vingt ans et
plus, mais des plus jeunes encore. C’est
le réel défi auquel nous devrons faire
face.
Question
20 : Y a t-il quelque
chose que vous ne feriez pas pour
protéger ces valeurs que vous venez de
mentionner ?
Président
al-Assad : Non. Vous
devez tout faire pour protéger votre
pays. Vous ne pouvez pas le protéger si
vous ne protégez pas la société et les
principes et valeurs de cette société.
Un pays n’est pas une terre et des
frontières. Un pays est un peuple et une
façon de penser.
Question
21: Si vous aviez la
chance de pouvoir modifier l’une de vos
décisions prise au cours des cinq
dernières années, quelle serait-elle?
Président
al-Assad : Nous avons
cru en beaucoup de personnes auxquelles
nous n’aurions pas dû accorder notre
confiance. Voilà le plus gros problème,
en Syrie et en dehors de la Syrie comme,
par exemple, ce fut le cas avec Erdogan.
Et durant ce conflit, nous avons
découvert nombre de Syriens fanatiques
ayant adopté l’idéologie extrémiste des
Frères Musulmans ; certains parmi eux,
appartenant à Al-Qaïda, portent
aujourd’hui des armes et participent aux
combats. C’est donc le principal
problème. Maintenant, si nous parlons de
stratégie, elle a toujours reposé sur
deux piliers : premièrement, le
dialogue ; deuxièmement, le combat
contre le terrorisme. Ces deux piliers
ne changeront pas. Jamais, nous ne les
changerons.
Question
22 : [Vous ne
changerez] même pas l’équilibre entre
ces deux piliers ?
Président
al-Assad : Vous ne
pouvez pas parler d’équilibre, car vous
avez une réalité qui change tous les
jours. Donc, le dialogue doit se
poursuivre jusqu’à son maximum, et la
lutte contre le terrorisme doit
continuer au maximum. Il faudrait une
corrélation entre ces deux piliers et
non un antagonisme, de sorte qu’il ne
s’agit pas de chercher un équilibre mais
d’aller, parallèlement, le plus loin
possible dans ces deux directions.
Question 23 :
Revenons
un instant sur
les relations avec la
République tchèque qui a
été l'un
des rares
pays
à maintenir
son ambassadeur
en Syrie tout au long
du conflit. Quelle importance
accordez-vous à cela ?
Président
al-Assad : C’est
important pour plusieurs raisons. Tout
d'abord, la relation avec la République
tchèque n’était pas très chaleureuse
avant la crise. En réalité, nous avions
beaucoup de différents et nos relations
étaient meilleures avec la plupart des
autres pays européens. Mais, le fait est
que lorsque ces pays européens ont
adopté la propagande occidentale sur ce
qui se passait en Syrie, votre pays a
gardé une position équilibrée sur cette
question. Cela ne signifie pas que vous
soutenez le gouvernement syrien ou le
président syrien. Cela signifie que vous
jouez le rôle naturel que tout pays
devrait jouer en maintenant ses
relations même avec ses adversaires.
Comment pouvez-vous jouer un rôle,
comment pouvez-vous savoir ce qui se
passe si vous coupez toute relation ?
C’est un premier aspect.
Le deuxième
aspect est que la République tchèque, un
petit pays faisant partie de l'Union
européenne a subi de fortes pressions de
la part de nombreux pays occidentaux, y
compris des États-Unis, pour l’amener à
modifier sa position à l’égard de la
Syrie, bien que le maintien d’une
ambassade ouverte est, dans certains
cas, purement symbolique. En dépit de
cela, la République tchèque a voulu
rester indépendante. Voilà ce qui nous
manque dans le monde aujourd'hui. La
plupart des pays ne sont pas
indépendants, la plupart des
fonctionnaires ne sont pas indépendants,
en particulier en Occident. D’où le fait
qu’un petit pays comme la République
tchèque veuille rester indépendant
mérite respect et lui a valu le respect
des Syriens. Et finalement, que nous
soyons d’accord ou pas avec ses prises
de position, nous le respectons. Ce qui
est très important pour nous c’est,
disons-le, ce comportement d’Hommes
d’État responsables.
Le troisième
aspect est la cohérence de vos
positions, puisque de nombreux
gouvernements européens comprennent et
reconnaissent aujourd'hui que vous aviez
raison sur ce qui passait en Syrie, par
le maintien de ce canal ouvert avec le
gouvernement syrien. Je pense qu’ils ont
désormais besoin de votre aide pour
revenir dans la bonne voie, en
particulier en ce qui concerne l'aspect
politique.
Par
conséquent, cette question revêt de
nombreux aspects que nous pourrions
résumer par une attitude équilibrée
concernant la situation en Syrie.
Question
24 : Un autre aspect
existe, étant donné que le président
Zeman a évoqué la possibilité de
signature d’un accord de paix en Syrie à
Prague. Soutenez-vous cette idée ?
Président
al-Assad : Bien sûr,
nous soutenons tout effort en faveur
d’une solution à la crise en Syrie, en
particulier de la part d'un gouvernement
crédible. Nous serons certainement très
heureux de coopérer.
Question
25 : Mais quelle en
serait la signification symbolique ? Je
veux dire, qu’il y a les pourparlers de
Genève, les pourparlers de Vienne. Un
accord signé à Prague serait-il réaliste
?
Président
al-Assad : Oui, bien
sûr que ce serait réaliste. Si vous
posiez la question au peuple syrien, il
vous répondrait, par exemple, qu’il ne
peut y avoir de conférence de paix en
France, parce que la France soutient le
terrorisme, soutient la guerre et ne
soutient pas la paix. Mais si vous lui
soumettiez l’idée de Prague, l’adhésion
serait générale en raison de la position
équilibrée de votre pays.
Question
26 : Le monde entier a
vu ces images horribles après tout ce
qui s’est passé en Syrie ces dernières
années. Vos nuits en sont-elles
agitées ? Faites-vous de mauvais rêves ?
Président
al-Assad : Vous vivez
avec cette tristesse quotidienne. Vous
vivez avec la souffrance d’un peuple au
quotidien. Chaque heure vous amène son
lot de mauvaises nouvelles, de sorte que
cela devient l’atmosphère que vous
respirez. Mais en même temps, les
Syriens ont le sentiment que c’est l’un
des défis imposés par les circonstances,
non seulement pour se battre ou se
positionner politiquement, mais aussi
pour continuer à vivre au quotidien.
L’exemple le plus frappant est celui des
familles des martyrs. Vous leur rendez
visite, vous les regardez, ils ont une
forte volonté et essayent de mener,
autant que possible, une vie normale.
Vous ne pouvez donc pas vous mettre dans
cette bulle de tristesse. Vous devez
continuer à leur donner de l’espoir,
vous devrez être optimiste pour réussir
à résoudre le problème et ramener la
Syrie à sa normale.
Question
27 : Pour un homme dans
votre position, y a t-il un espace pour
les doutes ?
Président al-Assad
: Des doutes à quel sujet ?
Réponse : Des
doutes sur vos actes et les décisions
que vous avez prises.
Président al-Assad
: Vous voulez parler du passé ?
Réponse :
Oui, je veux dire, si vous vous posiez
des questions…
Président al-Assad
: Bien sûr que vous avez à vous
interroger tous les jours. Et concernant
les détails, certains vous reviennent
toujours à l’esprit en vous posant la
question de savoir si vous auriez pu
mieux faire, étant donné que vous n’avez
peut-être pas absolument tort ou
absolument raison. Dans quel
pourcentage ? C’est quelque chose de
subjectif et vous changez d’avis sur
tout et tous les jours. Cela dépend de
la situation, d’autant plus que les
facteurs sont liés les uns aux autres.
Par conséquent, assurer l’équilibre
entre toutes les actions que vous menez
n’est pas chose facile et vous ne cessez
de réviser et de modifier ; quoique je
pense qu’une évaluation vraie et
objective ne pourra se faire qu’après la
fin de la crise, car il est difficile de
tirer des conclusions sur le tout en
plein milieu d’une guerre. Je crois donc
que ce n’est qu’après la crise que nous
pourrons dire exactement où nous nous
sommes trompés. Nous faisons
certainement des erreurs comme les
autres êtres humains.
Question
28 : Où voyez-vous la
Syrie dans dix ans ?
Président
al-Assad : En dix ans,
la seule option que nous ayons est de
vaincre le terrorisme. Il n’y pas moyen
de faire autrement pour maintenir notre
société laïque et ses différentes
composantes, et réaliser les réformes
voulues par les Syriens quant à leur
système politique et à leur avenir.
Comme je vous l’ai déjà dit, je pense
que la chose la plus importante est le
maintien de la laïcité, suivie d’une
meilleure intégration des Syriens
qu’avant la crise, bien que c’était déjà
le cas ; des courants contraires
existant dans toutes les sociétés. Voilà
comment je vois et espère réaliser sa
prospérité.
Question
29 : Où vous
voyez-vous, vous-même, dans dix ans ?
Pouvez-vous imaginer votre vie à
l'extérieur du bureau présidentiel et
peut-être en dehors de la Syrie ?
Président
al-Assad : Pour être
franc, je ne me suis jamais soucié à ce
sujet et je ne m’en soucierai pas plus
demain qu’aujourd’hui. Je n’ai jamais
pensé à cela, même avant de devenir
président. Je pense à ce que veulent les
Syriens. Maintenant et en plein milieu
d’une guerre, je ne vais pas annoncer
mon départ pour quelque raison que ce
soit, à moins que le peuple veuille que
je parte. En cas de guerre, vous avez à
faire votre travail afin de protéger
votre pays ; sinon, vous êtes un
traître. Ce qui n’est acceptable ni pour
moi, ni pour les Syriens. Quand il y
aura des élections, le peuple syrien en
décidera. S’il veut de moi, je serai
heureux de le représenter. S’il ne veut
pas de moi, je serai heureux de partir.
Cela ne me pose aucun problème.
Question
30 : Tout au long des
cinq dernières années, Des discussions
ont porté sur votre destitution.
Parfois, il a semblé qu’il ne restait
plus qu’à en fixer la date. Pourtant,
cinq ans sont passés et vous êtes
toujours là. Qu'avez-vous que les
dirigeants de l'Égypte, de la Tunisie et
de la Libye, n’avaient pas ?
Président
al-Assad : Le soutien
populaire. Si vous ne disposez pas d’un
tel soutien, vous ne pouvez pas réussir,
vous échouerez. Les présidents que vous
avez mentionnés, ne bénéficiaient pas de
ce soutien, alors qu’au tout début ils
avaient le soutien de l’Occident ;
lequel, partant de ce déficit populaire,
leur a imposé de partir quand il a
changé d’avis. C’est la seule chose qui
fait que je suis encore à mon poste,
rien d'autre.
Question
31 : Alors, peut-être
que vous occuperez la place du dernier
survivant dans l’histoire ?
Président
al-Assad : Pas le
survivant, car depuis le début j’ai été
très honnête avec les Syriens. Ensuite,
il est très important que les gens
sachent qu'ils se battent pour leur pays
et que vous vous battez avec eux. Ce
n’est pas ma guerre à moi. Ils ne se
battent pas pour moi et pour que je
reste président, comme je ne me bats pas
pour cela. C’est quelque chose qu'ils
savent très bien ; sinon, vous ne
verriez pas autant de personnes se
battre et sacrifier leur vie.
Question
32 : La dernière
question et la plus difficile : quand
est-ce qu’il y aura la paix en Syrie ?
Président
al-Assad : Lorsque les
pays que j’ai déjà cités, la France, le
Royaume Uni, les États-Unis, l'Arabie
Saoudite, le Qatar et quelques autres,
cesseront de soutenir les terroristes.
Dès le lendemain, la situation sera
meilleure et quelques mois plus tard, la
paix règnera certainement sur toute la
Syrie.
Question
33 : Sans aucune limite
de temps ?
Président
al-Assad : Je vous l’ai
dit : dans quelques mois, s’ils arrêtent
[de soutenir le terrorisme]. Sinon, il
est difficile d’estimer ce délai car il
dépendra des obstacles qu’ils mettront
en œuvre. Mais en dépit de ces
obstacles, nous allons gagner.
Question
34 : Vous êtes
optimiste à ce sujet ?
Président
al-Assad : Bien sûr;
autrement, nous ne combattrions pas. Si,
nous n’avions pas cet espoir, nous
n’aurions pas combattu tout au long de
cette guerre.
Conclusion :
Merci beaucoup, Monsieur le Président.
Président al-Assad :
Je vous remercie de votre visite.
Dr Bachar
al-Assad
Président de la
République arabe syrienne
01/12/2015
Traduction de
l’anglais par Mouna Alno-Nakhal
Sources :
Vidéo : You Tube /
Présidence syrienne
https://www.youtube.com/watch?v=hxKCxugZqdQ&feature=youtu.be
Texte
original en anglais : SANA [Syrian Arab
News Agency]
http://sana.sy/en/?p=63209
Le
dossier Syrie
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
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