GAZA (AFP) - jeudi 22 septembre 2005, 13h16
La bande de Gaza, où la densité démographique est l'une des plus
fortes au monde, dont les réseaux d'eau potable et d'assainissement
sont vétustes et la nappe phréatique en voie d'épuisement, est
menacée d'une "catastrophe écologique", selon des
experts palestiniens.
"Nous allons vers une catastrophe écologique avec une densité
démographique qui va atteindre 8.000 personnes au kilomètre carré
en 2010", a indiqué à l'AFP Chaddad al-Atili, conseiller de
l'Autorité palestinienne pour l'eau et les affaires écologiques.
La bande de Gaza, d'où viennent d'être évacués les colons et
soldats israéliens après 38 ans d'occupation, compte actuellement
1,3 million d'habitants, dont 900.000 réfugiés, avec une densité
de 6.000 personnes au kilomètre carré. C'est une région côtière
de 362 km2.
Des experts du programme de l'Onu pour l'environnement sont attendus
dans ce territoire du 27 septembre au 17 octobre pour évaluer les dégâts
qu'il aurait subis du fait de l'infiltration des eaux polluées dans
la nappe phréatique, de l'absence de drainage, de stations
d'assainissement et d'épuration des eaux.
Les experts internationaux doivent enquêter sur d'éventuelles
infiltrations de résidus industriels polluants dans la nappe phréatique,
l'enfouissement de déchets solides dangereux à l'emplacement des
colonies évacuées en août et les conditions d'exploitation du
sable par les entreprises israéliennes, a indiqué à l'AFP
l'expert palestinien Said Abou Jalala.
"Des dizaines de milliers de tonnes de sables de haute qualité
ont été prélevés par les Israéliens à Gaza pour les besoins de
leur industrie du verre et du bâtiment, privant ainsi la nappe phréatique
d'un filtre naturel", a-t-il affirmé.
"L'eau est rare à Gaza et son unique nappe phréatique sur le
littoral, est en voie d'épuisement", souligne pour sa part M.
Atili.
Ce territoire palestinien reçoit annuellement entre 45 et 55
millions de mètres cubes d'eau de pluie, pour une consommation évaluée
à environ de 150 millions de M3.
"En outre, Israël ne nous autorise pas à importer de l'eau
d'autres régions en dehors de Gaza", souligne M. Atili. Israël
a proposé aux Palestiniens de leur vendre de l'eau dessalée à
Ashkelon, mais au prix d'un dollar le mètre cube qu'ils ont trouvé
prohibitif.
La question de la répartition des ressources en eau doit être
discuter dans le cadre des négociations sur le statut final des
territoires palestiniens, au même titre que le tracé de la frontière,
le retour des réfugiés et Jérusalem, rappelle-t-il.
La rareté de l'eau a poussé à la multiplication du nombre de
puits à Gaza. Outre les 4.200 puits autorisés, 2.400 ont été
creusés par les habitants sans autorisation aggravant la pression
sur la nappe phréatique, selon lui. Plus de 70 millions de mètres
cubes d'eau sont ainsi puisés illégalement sur la nappe.
L'exploitation intense de la nappe phréatique a provoqué
l'augmentation de la salinité de l'eau.
Dans certaines régions, cette salinité atteint 3.000 mg par litre,
soit 15 fois la norme internationale admise (250 mg par litre) et
dans plusieurs autres régions, elle s'élève à 400 mg par litre,
dit M. Atili.
"Quelque 30 millions de mètres cubes d'eaux polluées par les
engrais et les résidus industriels s'inflitrent annuellement dans
la nappe phréatique, faute de réseau d'assainissement ou en raison
de la vétusté du réseau", ajoute l'expert.
Pour combler partiellement le déficit pluviométrique, l'Agence américaine
pour le développement international (USAID) a prévu d'installer
une station de dessalement d'eau de mer d'une capacité annuelle de
22 millions de mètres cubes dans une première étape, devant être
portée à 55 millions de mètres cubes en 2018. Mais le projet n'a
pas vu le jour en raison de la situation sécuritaire.
|