Rapport du ministère palestinien aux affaires des prisonniers et
libérés
Par le département des statistiques
Depuis le début de l'occupation israélienne en 1967 des
territoires de Cisjordanie et de la bande de Gaza, jusqu'à
aujourd'hui, l;es autorités de l'occupation ont arre^té plus de
650.000 Palestiniens, soit près de 20% de la population de ces
territoires.
Plus de 40.000 Palestiniens ont été arrêtés au cours de
l'Intifada al-Aqsa.
Nombre de prisonniers actuels
9300 prisonniers palestiniens et arabes sont détenus dans les
prisons et les centres de détention d'Israël.
- Ces prisonniers sont répartis dans 28 prisons, centres de détention
et d'arrestation.
Les autorités de l'occupation ont poursuivi sans relâche
les campagnes d'arrestations bien que la partie palestinienne
observe toujours la trêve depuis le mois de février 2005.
L'occupant a même accentué sa répression et les arrestations,
au cours des raids militaires sur les villes, les camps et les
villages palestiniens, utilisant les mitraillettes, mais aussi les
chars, les jeeps, et parfois, les hélicoptères apaches. Le
nombre des détenus est en constante progression, leur situation
empire de jour en jour et les souffrances de leurs familles se
poursuivent. Il faut noter que l'intérêt général du peuple
palestinien et ses forces politiques par le processus démocratique
et les élections législatives qui ont eu lieu le mois dernier a
été l'occasion pour les forces israéliennes d'intensifier leur
campagne d'arrestations. Au mois de janvier 2006, elles ont arrêté
300 Palestiniens, parmi eux des dizaines de candidats et de
militants, au cours des campagnes électorales, afin d'empêcher
la bonne marche du processus démocratique palestinien.
M. Ferwana, directeur du département des statistiques, a déclaré
que ces campagnes d'arrestations se sont déroulées pendant que
des milliers de prisonniers sont encore détenus dans des
conditions épouvantables dans les prisons et centres de détention
israéliens.
Au cours du mois dernier, les centres de l'occupation ont ouvert
de nouvelles sections dans plusieurs prisons, comme celles de Ofer,
Shatta, Nafha, afin de pouvoir enfermer encore plus de détenus,
et pour instaurer un état d'instabilité et de tension permanentes
chez les prisonniers. Pour les autorités sionistes, il s'agit
d'ouvrir ou de fermer des sections dans plusieurs prisons, de déplacer
les prisonniers d'un lieu à l'autre, en permanence, pour les empêcher
de s'organiser ou même de s'habituer quelque peu à leurs
camarades et à leur lieu de détention.
C'est pourquoi, a ajouté M. Ferwana, il faut intensifier nos
campagnes de dénonciation de l'occupation, mener une large
campagne pour exiger la libération de tous les prisonniers, en
expliquant leur situation. Il faut faire pression sur le
gouvernement de l'occupation pour l'obliger à appliquer les
conventions internationales et les droits de l'homme.
M. Ferwana a adressé un appel à la Croix Rouge Internationale,
lui demandant d'envoyer des délégués pour rencontrer les
prisonniers, et un appel aux représentants des Etats signataires
de la quatrième convention de Genève, qui devraient obliger Israël
à respecter cette convention et les droits des prisonniers de façon
plus générale.
Le nombre de prisonniers
560 prisonniers sont ceux qui ont été arrêtés avant l'Intifada
al-Aqsa, et qui sont toujours en prison. Ils représentent 6% de
l'ensemble des prisonniers. Certains sont arrêtés avant même
les accords d'Oslo, soit avant l'instauration de l'Autorité
palestinienne. Ce sont les anciens prisonniers qui sont au nombre
de 369. Ceux qui ont été arrêtés après les accords d'Olso et
avant l'Intifada sont au nombre de 191 prisonniers.
Répartition géographique des prisonniers avant l'Intifada
al-Aqsa
Provinces du nord (Cisjordanie)
282 50,4%
Provinces du sud (Gaza) 167
29,8%
Quds et Palestine 48 et autres
111 19,8%
Total
560
100%
Les 369 prisonniers détenus avant les accords d'Oslo représentent
4% de l'ensemble des prisonniers
Provinces du nord
148
40,1%
Provinces du sud
145
39,3%
Quds, Palestine 48 et autres
76
20,6%
Total 369 100%
191 détenus furent arrêtés après les accords d'Oslo et avant
l'Intifada al-Aqsa, ils représentent 2% de l'ensemble des
prisonniers.
Total des prisonniers toujours détenus
Région
Nombre pourcentage
Provinces du Nord
8110 87,2%
Provinces du Sud
670
7,2%
Quds, Palestine 48 et autres 520 5,6%
Total
9300
100%
Situation familiale des prisonniers
Célibataires
6806
71,2%
Mariés
2494 28,8%
Total
9300
100%
Les prisonnières
Depuis 1967, les forces de l'occupation ont arrêté près de
10.000 femmes, dont 500 pendant l'Intifada actuelle. Elles ont été
détenues dans des conditions inhumaines et ont subi des
interrogatoires humiliants.
Les femmes palestiniennes ont été réprimées, torturées, et
ont subi toutes sortes de pressions psychologiques. Elles sont
exposées à des conditions, des comportements inhumains, sont
enfermées dans des lieux inappropriés. La police de la prison et
les geôlières les provoquent sans cesse, les insultent et les
agressent. Les femmes subissent les fouilles à nues humiliantes,
lors de leur passage au tribunal ou de leur transfert d'une
section à l'autre.
Parmi les femmes, il y a des mères de familles privées de leurs
enfants, il y a également les étudiantes privées de leurs études
et de la chaleur de leur foyer, il y a les femmes malades à cause
de la négligence médicale. Mais la femme palestinienne poursuit
sa résistance, sa foi dans la justesse de sa cause reste inébranlable.
Les différents témoignages des femmes détenues ou qui ont été
détenues et libérées demeurent des témoignages de leur lutte
incessante pour leurs droits en tant que palestiniennes.
Les forces de l'occupation ont arrêté près de 500 femmes au
cours de l'Intifada al-Aqsa.
117 prisonnières sont toujours en prison, soit 1,2% de l'ensemble
des prisonniers.
107 prisonnières sont des provinces du nord,
6 sont de la région d'al-Quds
4 des provinces du Sud.
5 prisonnières sont mineures.
18 femmes ont été arrêtées en 2005.
Nature de la condamnation
Condamnées
60
51,3%
Arrêtées 51
43,6%
Administratif
6
5,1%
Total
117
100%
Les enfants détenus dans les prisons israéliennes
Le gouvernement de l'occupation israélienne emprisonne les
enfants palestiniens et les détient dans des prisons et centres
de détention, comme les autres détenus palestiniens, dans des
conditions désastreuses et en violation de toutes les
conventions internationales. Depuis le début de l'Intifada
al-Aqsa, les lois israéliennes autorisent les arrestations
d'enfants, souvent pris lors de rafles. Les enfants sont interrogés
par des membres des services de renseignements, sont torturés,
sont menacés et ils ne sont pas soignés quand ils souffrent de
diverses maladies. Ils manquent de nourriture, ils sont taxés
d'amendes. Les conditions de leur détention sont inhumaines. Leur
avenir est menacé parce qu'ils sont privés de poursuivre leurs
études.
M. Salah Nazzal, directeur du département de l'enfance et de la
jeunesse, au Ministère palestinien aux affaires des prisonniers,
explique que les autorités de l'occupation ont fait des prisons
des lieux pour tuer l'âme des enfants, les condamnations sont
prononcées pour briser leur avenir et certains enfants ont
été condamnés à la prison à vie.
Nazzal ajoute que le gouvernement de l'occupation ne tient pas
compte de leur jeune âge lorsqu'ils sont arrêtés et détenus,
ni même lorsqu'il prononce les condamnations. Leur enfance est
brisée par l'occupation et ses mesures répressives. Les autorités
de l'occupation bafouent toutes les conventions internationales
relatives à la protection de l'enfance. Il est nécessaire pour
toutes les institutions internationales de se mobiliser pour faire
libérer les enfants palestiniens des prisons israéliennes.
Les enfants prisonniers
Plus de 4000 enfants ont été arrêtés depuis le début de
l'Intifada al-Aqsa (28 septembre 2000).
319 enfants sont toujours en prison, soit 3,4% de l'ensemble des
prisonniers.
13 sont de la région d'al-Quds
5 enfants sont de la bande de Gaza
301 enfants sont de la Cisjordanie, dont 76 de Nablus, 73 de
Ramallah et 27 de la région d'al-Khalil.
207 enfants ont été arrêtés au cours de l'année 2005 et 7
enfants ont été arrêtés au cours des premiers mois de 2006.
314 enfants sont de sexe masculin et 5 de sexe féminin.
70 enfants, soit 21,9% sont malades et souffrent de diverses
maladies, dont chroniques. Ils sont privés de soins.
99% des enfants arrêtés ont subi des coups et la torture,
notamment l'enfermement de la tête dans des sacs puants et le
shabeh.
164 enfants sont détenus dans la prison de Telmond (prison
centrale), 53 à Ofer (prison militaire, tentes), 27 à Meggiddo
(prison militaire, tentes) et 18 dans la prison du Naqab, les
autres étant répartis dans les autres prisons, comme Asharon,
Jamale, Atzion, Moskobiya et autres.
470 détenus étaient des enfants lorsqu'ils ont été arrêtés,
et sont toujours détenus.
Nature des condamnations
Condamnés
148 soit 46,4%
Arrêtés 160 soit
50,2%
Administratif
11 soit 3,4%
Total 319
100%
Prisonniers : répartition selon les condamnations
Durée
Nombre Pourcentage
1 mois- moins de 10 ans
2744
61,4%
de 10 à moins de 15 ans 436
9,8%
de 15 à moins de 50 ans 695 15,6%
50 ans et plus
587
13,2%
Total
4462 100%
Répartition des prisonniers selon la nature des condamnations
Condamnés
4462
48%
Administratif
820 8,8%
Arrêtés
4018 43,2%
Répartition des prisonniers selon la durée de leur détention
Plus de 25 ans de prison
7
Plus de 20 ans et moins de 25
28
Plus de 15 ans et moins de 20
128
Plus de 10 ans et moins de 15 ans 253
Total de ceux qui ont passé plus de 10 ans : 416 prisonniers
Les anciens prisonniers
Ils sont ceuxd qui ont été arrêtés avant l'instauration de
l'Autorité nationale palestinienne en 1994. Ils sont toujours détenus
et sont au nombre de 369 détenus. Leurs conditions de détention
sont très pénibles, partagent le sort des autres détenus sur ce
plan, mais ils sont généralement plus âgés, et aucune considération
n'est faite pour leur âge. Ils souffrent de diverses maladies. La
direction des prisons cherche constamment à les provoquer et à
les empêcher de ressentir une quelconque stabilité. Leurs
cellules sont fouillées en pleine nuit, ils sont constamment
transférés d'une prison ou d'une section à l'autre. Ils sont
constamment mis en isolement individuel, et pour de longues périodes,
afin de briser leur volonté et leur détermination. Ils sont
souvent privés de visites familiales, pour les mêmes raisons, et
sont taxés d'amendes, pour les motifs les plus futiles.
Parmi les prisonniers anciens, 7 ont passé plus de 25 ans en
prison, il s'agit de :
Saïd Wajih Saïd Atabeh, Na'el Saleh Abdallah Barghouty, Fakhri
Asouf Abdallah Barghouty, Samir Sami Ali Qintar, Akram Abdel Aziz
Saïd Mansour, Muhammad Ibrahim Mahmoud Abu Ali (élu député du
Fateh lors des récentes élections législatives), Fouad Qasem
Arafat Razzam.
Commentant l'élection de 15 prisonniers au conseil législatif
palestinien, M. Ferwana a dit : que l'intérêt de la question des
prisonniers est évident pour le peuple palestinien, qui s'est
mobilisé pour leur libération.
Mais cela reste insuffisant. Dans le passé, nous avions deux députés
prisonniers, Marwan Barghouty et Hussam Khadr, et à notre grand
regret, nous n'avons pas réussi, malgré nos campagnes, en tant
que gouvernement, forces et institutions pour protéger leurs
droits et leur immunité parlementaire. Aujourd'hui, nous avons 15
députés prisonniers, il s'agit d'un nombre important, qui exige
des efforts sérieux de la part du nouveau gouvernement, des députés,
et de l'ensemble des institutions pour faire en sorte qu'ils
soient libérés. Les efforts doivent être déployés pour faire
libérer les anciens détenus, ceux qui sont depuis près d'un
quart de siècle détenus dans les prisons israéliennes. Le
nouveau gouvernement doit pouvoir exiger que tout processus de
paix soit accompagné de la libération des prisonniers, selon un
agenda bien précis. En un an de trêve, nous n'avons pu libérer
aucun de nos prisonniers, mais au contraire, les arrestations se
sont poursuivies et le nombre des prisonniers est en constante
augmentation.
Les prisonniers malades
Près de 140 prisonniers, détenus avant l'Intifada al-Aqsa, sont
atteints de maladies diverses et graves. Plus de 1200 prisonniers
souffrent de plusieurs malades, parfois chroniques. Certains détenus
sont blessés et l'ont été lors de leurs arrestations. Ils n'ont
pas été soignés et leur vie est en danger. Tous les centres de
détention sont dépourvus de vrais centres de soins. Des dizaines
de prisonniers attendent de pouvoir être opérés. De plus, l'état
de santé du prisonnier est souvent un motif pour exercer des
pressions et des chantages sur le prisonnier au cours des
interrogatoires.
La torture dans les prisons et centres israéliens de détention
Les autorités de l'occupation continuent à exercer la torture
sur les prisonniers palestiniens, pratique qu'elles ont autorisée
et légalisée. Les autorités israéliennes ont justifié la légalisation
de la torture lors des interrogatoires.
La torture et la terreur contre le prisonnier commencent dès son
arrestation. Le Palestinien est traîné, battu, ligoté par des
fils en plastique. Il a les yeux bandés, il est tiré pour être
jeté dans une jeep. Souvent, il est battu férocement à partir
du moment où il est mis dans la voiture militaire, et les coups
durent tout le long du trajet. Lorsqu'il arrive au centre de détention
ou d'arrestation, il est souvent dans un état épouvantable,
souvent avec des membres cassés et des profondes blessures.
Les arrestations sont opérées sur les barrages, lors des raids
en plein jour dans la ville ou le camp. Les personnes arrêtées
sont souvent kidnappées devant les universités ou les écoles,
sinon dans la rue.
La torture systématique est souvent menée lors des
interrogatoires, dans les centres d'interrogatoire. Il s'agit
d'arracher des aveux. Des méthodes de torture interdites sur le
plan international sont pratiquées sur les prisonniers
palestiniens.
Les martyrs du mouvement national des prisonniers
Selon le département des statistiques du ministère palestinien,
181 prisonniers sont décédés des suites de la torture, des exécutions
immédiatement après les arrestations, de la négligence médicale.
Le dernier décès fut celui du prisonnier martyr Jawad Adel Abu
Mghayseb, 18 ans, qui était détenu dans la prison du Naqab, à
cause de la négligence médicale. Le martyr Abu Mghayseb est de
Deir al-Balah, dans la bande de Gaza. Il a été arrêté le 21 décembre
2002. Il était né en 1987. Lorsqu'il avait été arrêté, il
avait 15 ans. Il était condamné à 33 mois de prison. Il est décédé
le 28 juillet 2005.
Cause du décès
Nombre
Pourcentage
Torture
70 martyrs 38,7%
Négligence médicale 40
martyrs 22,1%
Exécution
71 martyrs 39,2%
Total
181 martyrs 100%
Rappelons que des centaines de prisonniers sont décédés après
leur libération, quelques jours ou quelques mois, à cause des
années de détention et des séquelles de la torture, ainsi que
de la négligence médicale.
Pour plus de renseignements, vous pouvez contacter
Abdel Naser Ferwana, directeur du département des statistiques
Traduit par Centre d'Information
sur la Résistance en Palestine
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