Rapports de Nadi
al-asir al-Filistini
Grâce aux visites des avocats de Nadi al-asir al-Filistini
aux différentes prisons et centres de détention de
l'occupation, où 3240 prisonniers et prisonnières ont été
visités, en 2005, sur un nombre de 9500 prisonniers (chiffre
actuel), Nadi al-asir a écrit, dans son rapport du 11 avril
2006 :
1) Situation médicale
La négligence médicale envers l'état des prisonniers
s'accentue. Les cas de prisonniers malades non soignés, ou même
soignés avec retard, augmentent. Les prisonniers souffrent de
maladies de peau, de cancers, de maux d'estomac, des
articulations. Les prisonniers blessés ne sont pas soigné.
Parmi les cas de prisonniers malades non soignés, citons celui
du prisonnier Alaa Salim Ali Koujak, détenu à Shatta, qui
souffre de paralysie de la main gauche mais aussi d'une blessure
à la poitrine et d'une hépatite B. Le prisonnier Ahmad Sari
Hussayn souffre d'une blessure à la jambe droite et une
intervention chirurgicale est nécessaire pour extraire les éclats
de balles. Le prisonnier Muhammad Sami Muhammad Hussayn, touché
à la tête par deux balles, attend toujours l'exécution des
promesses de la direction des prisons pour une intervention
chirurgicale.
Près de 1000 prisonniers sont malades ou sont devenus malades
du fait des conditions de détention et de la négligence médicale.
Parmi ces prisonniers, plusieurs femmes, comme Samar Sbayh, de
Tulkarm, enceinte de 8 mois (arrêtée alors qu'elle était
enceinte de deux mois), qui ne reçoit aucun soin.
2) les conditions de détention
Les cellules dans lesquelles sont enfermés les prisonniers
sont dépourvues des conditions les plus élémentaires pour une
vie humaine digne. Elles sont étroites, 3 à 5 prisonniers
partagent une cellule, certains sont contraints de dormir sur le
sol. Les cellules ne sont jamais ensoleillées, des plaques de
fer obstruent les fenêtres. Les cellules sont infestées de
cafards et de rats, elles sont humides, et souvent, une simple
ouverture dans le sol constitue les toilettes. A Haddarim, les
douches sont à l'extérieur, 8 pour chaque section qui comprend
120 à 135 prisonniers. Ce nombre est insuffisant pour les
prisonniers qui doivent longtemps attendre leur tour pour se
laver. Les couvertures ne sont pas suffisantes, et les
prisonniers sont souvent punis par la suppression du temps de
sortie dans la cour.
La guerre menée par les autorités de l'occupation contre les
prisonniers influe sur leur vie quotidienne : alimentation,
propreté, surpopulation des cellules, interdiction de recevoir
des vêtements ou de l'alimentation.
3 ) La relation avec l'administration des prisons
L'administration pénitentiaire israélienne prend du plaisir à
inventer de nouveaux moyens pour humilier et réprimer les
prisonniers. Outre les insultes, les pressions psychologiques
qui sont devenues quotidiennes, les prisonniers sont battus et
torturés par l'armée et les services de renseignements, au
cours des arrestations, des interrogatoires et même après, au
cours des raids menés contre les cellules par les unités spéciales
de la répression.
Les fouilles à nu sont devenues une pratique
"normale" : les prisonniers qui sont déplacés vers
les tribunaux ou vers d'autres prisons. L'avocat Mundher Abou
Ahmad a assisté à une scène de ce genre dans la prison de
Ofer. Le prisonnier devait être transféré vers une autre
prison. Les soldats l'ont attaché avec des liens métalliques,
ils l'ont dévêtu devant tous ses camarades qui se trouvaient
dans les tentes. Son sac a été vidé, ses affaires éparpillées.
Il devait, tout en ayant les mains attachées, remettre tout en
ordre. L'avocat l'a aidé, malgré les protestations des
soldats. Il y a également les fouilles par surprise, dans les
cellules. Les prisonniers sont jetés hors des cellules en
pleine nuit, dans le froid, afin de procéder aux fouilles. Les
cellules sont alors dévastées.
Des punitions impitoyables sont imposées aux prisonniers, pour
les motifs les plus dérisoires : les cellules individuelles, le
paiement d'amendes trop lourdes, l'enlèvement des appareils électriques,
ou la punition collective : à Haddarim, la fermeture de la
cuisine ou l'interdiction des visites entre cellules,
l'interdiction de sortir dans la cour. interdiction de
poursuivre les études pour le prisonnier Jalal Rummaneh, car il
avait traduit la plainte d'un prisonnier en hébreu.
4) Des pressions psychologiques
Les prisonniers sont interdits des visites familles, ou des
lettres. Plus de 2000 prisonniers ne peuvent avoir la visite de
leurs familles, par décision des services de renseignements
israéliens, qui avancent des motifs sécuritaires. Même les
familles qui parviennent à obtenir le droit de visite doivent
faire face à des barrières en plastique qui empêchent le déroulement
d'une visite humaine.
La politique de l'isolement des prisonniers dans des cellules
individuelles, pour un temps très long, est la pire des mesures
punitives et répressives israéliennes; 10 prisonniers sont
actuellement en total islement, à Beer Saba' et à Ascalan.
Abdallah Barghouty, de Beit Rima, Ahmad Moghrabi, de Bethlehem,
Mahmoud Issa de Inata, Hassan Salameh, de Gaza, Mansour Shahatit,
Muhammad Jaber de Salfit, Khalil Abu Abla, de Gaza, Jamal Abul
Hayja, de Jénine, Mazen Malsa, de Jordanie, Mu'taz Hijazi, d'al-Quds.
Les prisonniers sont mis en isolement dans des cellules
minuscules, sombres, pourries et humides.
De plus, la direction des prisons s'évertue à empêcher une
quelconque stabilité psychologique des prisonniers en les déplaçant
sans cesse, d'une prison, section, ou cellule, à l'autre.
Les prisonniers jordaniens détenus
dans les prisons israéliennes
A l'occasion du 17 avril, journée des prisonniers palestiniens,
Nadi al-asir tient à rappeler les conditions de détention des
prisonniers jordaniens qui partagent l'enfer des prisons israéliennes
avec leurs frères palestiniens et arabes.
Ils sont 35 prisonniers jordaniens, qui vivent des conditions
difficiles et pénibles. Plusieurs d'entre eux sont détenus
depuis 1990, soit avant les accords de paix (de capitulation)
entre la Jordanie et Israël. Ce sont les prisonniers Amine Sane',
Khaled Abu Ghalioun, Salem Abu Ghalioun, Sultan Ajlouni, Ali
Atatiri.
Depuis un an et demi, Nadi al-asir organise la visite des
avocats en direction des prisonniers jordaniens, pour également
les défendre devant les cours israéliennes. De ce fait, il a
la possibilité de transmettre à l'opinion internationale les
conditions dans lesquelles ils sont détenus.
Les prisonniers jordaniens souffrent comme les autres de la négligence
médicale, et du manque flagrant de vêtements et d'affaires
personnelles. Les prisonniers ne sont pas visités par leurs
familles et doivent compter sur la solidarité des autres
prisonniers pour assurer leurs besoins.
Les prisonniers jordaniens sont interdits de contacter leurs
parents. Normalement, tout détenu devrait pouvoir téléphoner
à ses parents, une fois tous les six mois ou un an, mais les
prisonniers jordaniens n'ont pu contacter leurs parents depuis
plus de trois ans. De plus, ils ne peuvent se faire
photographier pour envoyer leurs photos à leurs parents, et ne
peuvent recevoir des photos ou des cassettes vidéos de leurs
parents. Il s'agit d'un acquis que les autorités carcérales
ont supprimé, car les prisonniers pouvaient auparavant recevoir
des photos ou des cassettes familiales, une fois par an.
Les prisonniers jordaniens se plaignent de la rareté des
visites du consul jordanien, qui d'ailleurs ne les visite pas
tous. Sur le plan politique, les prisonniers jordaniens considèrent
que le gouvernement jordanien a manqué plusieurs occasions pour
réclamer leur libération, et réclament l'application de la
troisième convention de Genève qui stipule que les prisonniers
de guerre doivent être libérés lorsque des accords de
"paix" sont signés entre les Etats en guerre. De même,
les prisonniers reprochent au gouvernement d'avoir refusé
qu'ils soient échangés lors de l'échange des prisonniers avec
le Hezbollah, en 2004. Ils critiquent leur gouvernement de ne
pas agir effectivement pour leur libération, surtout qu'un
accord de paix est signé et qu'à maintes reprises, il avait
promis aux familles des prisonniers qu'il ferait le nécessaire.
De plus, les prisonniers jordaniens et arabes plus généralement
sont conçus comme des otages entre les mains d'Israël. Même
lorsque leur peine est achevée, les prisonniers arabes sont
transférés en tant que prisonniers administratifs, afin de
maintenir leur incarcération et utiliser leur cause dans des
tractations sécuritaires avec les Etats dont ils dépendent.
Les prisonniers jordaniens ont mené plusieurs luttes, plusieurs
grèves de la faim et des protestations. Ils ont envoyé
plusieurs lettres aux ambassades et au parlement jordanien,
ainsi qu'aux institutions des droits de l'homme, locales et
internationales, leur réclamant d'agir pour soutenir leurs
revendications.
A l'occasion de la journée du prisonnier palestinien et arabe,
détenu dans les prisons de l'occupation israélienne, Nadi
al-asir revendique :
1 ) la libération de tous les prisonniers jordaniens selon les
conventions de Genève et l'accord de paix signé entre la
Jordanie et Israël.
2) Agir pour faire connaître et soutenir les prisonniers
jordaniens et tous les prisonniers arabes, au niveau politique,
diplomatique et populaire.
3 ) Permettre des visites familiales, en coordination avec la
Croix-Rouge internationale et les ambassades.
4) Autoriser les coups de fil des prisonniers à leurs parents.
5 ) Refuser la prétention israélienne consistant à les faire
passer pour des prisonniers de droit commun.
Parmi les prisonniers jordaniens que Nadi al-asir a visités,
1 - Riyad Abdallah, arrêté depuis le 5 janvier 2002, condamné
à 17 ans de prison, détenu à Beer Saba'
2 - Salem Abu Ghalioun, arrêté depuis le 8 novembre 1990,
condamné à perpétuité, détenu à Beer Saba'.
3 - Umar Akkawi, arrêté le 10 février 2002, condamné à 20
ans de prison, prison de Beer Saba'.
4 - Ahmad Khrays, arrêté le 5 janvier 2002, condamné à 17
ans de prison, prison de Beer Saba'.
5 - Munir Mar'i, arrêté le 2 avril 2003, condamné à 5 perpétuités,
Beer Saba',
6 - Sultan Ajlouni, arrêté le 13 novembre 1990, condamné à
perpétuité, prison de Gilboa.
7 - Muhammad Fuqaha', arrêté le 18 mars 2003 , condamné
à 14 ans de prison, Beer Saba'.
8 - Mazen Malsa, arrêté le 5 juin 2001, condamné à 6 ans de
prison, prison de Ascalan.
9 - Mir'i Abu S'ayda, arrêté le 4 août 2004, prisonnier
administratif, prison de Ascalan.
10 - Khaled Abu Ghalioun, arrêté depuis le 8 novembre 1990,
condamné à perpétuité, prison de Nafha.
11 - Naser Daraghmeh, arrêté en 2002, condamné à 35 ans de
prison, prison de Beer Saba'.
12 - Wael Arfa, arrêté le 21 janvier 2002, condamné à 20 ans
de prison, Beer Saba'.
13 - Muhammad Abu Zwayd, arrêté le 16 juin 2003, condamné à
6 ans de prison, Beer Saba'.
14 - Mustafa Abu Haniyya, arrêté le 4 octobre 2005, attend son
jugement, prison de Meggido
15 - Abdel Rahman Abu Haniyya, arrêté le 4 octobre 2005,
attend son jugement, prisdon de Meggido.
16 - Amin Sane', arrêté le 18 novembre 1990, condamné à perpétuité,
prison de Haddarim.
17 - Ahlam Tamimi, arrêtée le 14 septembre 2001, condamnée à
17 perpétuités, prison de femmes Telmond.
18 - Abdallah Abu Jaber, arrêté le 28 décembre 2000, condamné
à 20 ans, prison de Nafha.
Nadi al-Asir attend l'autorisation pour la visite des autres
prisonniers jordaniens.
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A l'occasion du 17 avril, la
journée des prisonniers palestiniens
L'enfer des prisons de
l'occupation américaine et israélienne:
De Abu Ghrayb à Ascalan
Journée de solidarité avec les prisonniers irakiens et
palestiniens
CCO - 39 Rue Courteline - Villeurbanne
Dimanche 16 avril 2006
à partir de 15 heures
Témoignages de prisonniers libérés : irakien (َAbdel
Jabbar Qubaysi) et palestinien (Munir Mansour, directeur de
l'association Ansar el-sageen)
Documentaires, stands, expositions, musique.
Participation de l'écrivain Gilles Munier, secrétaire des
Amitiés Franco-Irakiennes, accusé et condamné par les autorités
françaises pour son soutien au peuple irakien.
SOYEZ NOMBREUX : Unissons nos efforts contre
l'occupation et les visées impériales sur la région
Organisée par
Palestine en marche (membre du mouvement de soutien à la résistance
du peuple palestinien, msrpp),
Amitiés Franco-Irakiennes,
Espace Projets Interassociatifs (EPI),
Centre Culturel Arabe et Méditerranéen (CCAM),
ODC (Vaulx-en-Velin)
Avec le soutien de Radio Trait d'Union.