Rapports de Nadi al-asir al-Filistini (début juin 2006) et
agences de presse
Rafles en Cisjordanie
La radio sioniste a annoncé ce mardi 6 juin l'arrestation de 12
Palestiniens dans toute la Cisjordanie, prétextant qu'ils sont
recherchés. Les forces sionistes avaient envahi la ville de
Nablus et arrêté six militants palestiniens de Nablus, du
camp de Balata et camp Bait al-ma', dont 2 du Jihad
islamique, 2 du Fateh et un du Hamas. Les envahisseurs ont
investi plusieurs maisons dans le quartier Rafidia, la rue Basha,
la zone de Ras al-Ayn, la vieille ville. Les Palestiniens arrêtés
sont : Yaser Kalbuna, 18 ans, Abdel Halim Khaled Mustafa Daoud,
19 ans, Ahmad Rida Abu Rizq, 25 ans, Tahseen Kalbouna, 18 ans,
Hazam Rida Bastami, 25 ans, Daoud Makawi, 30 ans.
La ville de Ramallah a également été envahie par les
forces militaires de l'occupation, qui ont arrêté quatre
militants du Front Populaire. A Tulkarm et à Jénine, deux
militants du Jihad islamique ont été arrêtés.
A l'aube du lundi 5 juin, les forces sionistes ont envahi
la ville et le camp de Jénine, avec 30 véhicules et deux
bulldozers. Elles ont investi les maisons, fouillé et arrêté
quatre militants du Jihad islamique, soit disant recherchés par
les forces de l'occupation. Les résistants du Jihad ont riposté
lorsque les envahisseurs ont pénétré dans la maison de la
famille Astiti. Les Palestiniens arrêtés sont : Ali Majed
Arawi, 22 ans, Saleh Farid Abu Sariya, Muhammad Farid Abu Sariya,
ainsi que Wajdi Astiti, 23 ans.
Les forces de l'occupation ont lancé par haut-parleurs des
appels aux militants recherchés de se rendre.
Prisonnier de Nablus : un soldat tire sur lui alors
qu'il est blessé
Le prisonnier palestinien Amin Ahmad Taher Amer, de Alar, déclare
à l'avocat de Nadi al-asir Iyad Mahamid que lors de son
arrestation, le 17 mai 2006, les forces de l'occupation sioniste
ont tiré sur lui. Il a déclaré que le 17 mai 2006, il se
trouvait chez son ami à Nablus. Il a entendu des coups de feu
près de la maison. Tous les deux ont pris la fuite, chacun d'un
côté. Il a essayé de grimper sur une passerelle entourant la
maison, les soldats ont tiré sur lui, il est tombé à terre.
Il était deux heures du matin. Puis, lorsque le soleil s'est
levé, il était toujours par terre, baignant dans son sang. Les
envahisseurs qui ont amené leur bulldozer pour détruire la
passerelle, l'ont découvert, il leur a demandé de l'emmener à
l'hôpital, mais l'un des soldats s'est mis par-dessus lui et a
tiré sur lui. Il est a nouveau blessé à la main et la
poitrine. Il aperçoit alors son ami, Mustafa Abdel Ghani, près
de lui, sans mouvement.
Dix minutes après les coups de feu, une ambulance
palestinienne arrive, elle emmène d'abord la dépouille du
martyr Mustafa, puis l'emmène, lui, selon les ordres des
militaires israéliens, vers les soldats. Ils lui ôtent alors
ses vêtements, avant d'être emmené par une ambulance israélienne
vers l'hôpital à Petah Tikva, pour lui ôter les balles du
corps.
Quatre jours plus tard, il est transféré à la prison Magin,
à Ramleh, où il se trouve jusqu'à présent. Il n'a pas été
interrogé, ni accusé, ni condamné.
Manal Ghanem, séparée de son fils Nour, toujours
détenue
L'avocat de Nadi al-asir al-Filistini, Adel Khalayle, a rencontré
le 3 juin la prisonnière Manal Ghanem, qui a été séparée de
son fils Nour. Manal avait accouché , en prison, de son fils
Nour, il y a près de trois ans. Une campagne
internationale initiée par le centre Addameer et d'autres
organismes palestiniens avait exigé la libération de Manal et
de son fils, étant donné que les trois autres enfants de Manal
souffraient de l'absence de leur mère, que Nour avait également
besoin d'elle hors de la prison. Mais le tribunal de l'occupant
a rejeté à plusieurs reprises toute demande de libération de
Manal.
Manal Ghanem a déclaré que les forces de l'occupation l'ont
transférée de la prison de Telmond à la prison de Ramleh, le
26 avril dernier, pour la faire suivre par des spécialistes en
psychologie qui la prépareraient à la séparation d'avec son
fils. En réalité, déclare Manal, rien n'a été fait. Il
s'agissait d'un leurre. Le 10 mai, le tribunal militaire de la
prison de Ramleh s'est réuni. Le procureur a refusé de
l'entendre et prêter attention à ses arguments, qui montraient
les dégâts psychologiques que Nour pouvait subir s'il était séparé
de sa mère. Elle affirme que le procureur s'est contenté
d'appliquer la loi sioniste, refusant tout argument humain. La
loi sioniste en effet autorise la mère à garder son enfant
deux ans après sa naissance.
Manal affirme qu'elle est angoissée et en colère à la fois.
Le 11 mai, elle a été transférée de nouveau à la prison de
Telmond, où la situation se dégrade de jour en jour. Depuis
quatre mois, les cantines sont vides, et les prisonnières sont
obligées de se contenter des repas infestés de bestioles que
la direction des prisons leur donne. Mais la solidarité entre
les prisonnières reste importante : celles qui reçoivent un
peu d'argent de leurs familles partagent les maigres achats
qu'elles font avec leurs compagnes de cellules.
Dans la section 11 où se trouve Manal, les prisonnières sont
au nombre de 59, chiffre important vu l'étroitesse du lieu,
"où les toilettes n'ont pas de pote, mais seul un rideau
les sépare de la cellule, les fenêtres sont constamment fermées
par une plaque en métal, et les rats et cafards sont disséminés
dans toutes les sections".
D'autre part, l'avocat a rencontré la prisonnière Samah Khalil
Ahmad Abdallah, détenue dans la prison de Telmond. Elle a 17
ans et est arrêtée depuis le 6 octobre 2004. Elle a été
condamnée à deux ans et demi de prison. Samah est malade, elle
souffre de rhumatismes et de maux dans les jambes. Elle n'est
pas soignée.
Une prisonnière torturée lors de son interrogatoire à
al-Moskobiyya
La prisonnière Fida' Ahmad Abdallah, de la ville d'al-Quds, détenue
depuis le 11 février 2004, condamnée à trois ans et demi
de prison et âgée de 30 ans a déclaré à l'avocat de
Nadi al-Asir avoir été sauvagement torturée lors de son
interrogatoire dans le centre d'al-moskobiyya, les premiers
jours de son arrestation.
Témoignage de Fida'
"Le 11 février 2004, l'armée de l'occupation a encerclé
l'immeuble avant d'investir la maison. Les soldats ont réclamé
les papiers d'identité, ils avaient avec eux une photocopie de
ma carte professionnelle, je travaillais au Croissant Rouge. Ils
ont ensuite fouillé ma chambre et m'ont annoncé que j'étais
arrêtée. Ils m'ont ensuit emmenée au centre Semiramis, près
de ma maison. Le médecin qui se trouvait avec eux m'a demandé
si je souffrais d'une maladie quelconque, puis ils m'ont attachée
les mains à l'arrière, ont bandé mes yeux et ont commencé à
me photographier. Ils m'ont emmenée ensuite dans une voiture
militaire sur une longue distance. Tout au long de la route, les
soldats m'insultaient et me disaient des mots grossiers.
Nous sommes arrivés à al-Moskobiyya. J'ai été poussée dans
une cellule, et là ils m'ont fouillée. Ensuite, j'ai été
emmenée au bureau des instructeurs, il y en avait deux. Ces
derniers m'ont annoncée où je me trouvais. J'ai été interrogée
pendant 23 jours de suite. J'ai été frappée, boxée sur la
figure, j'ai été mise en position de shabeh à genoux. Pendant
toute la durée de l'interrogatoire, je tombais par terre,
tellement j'étais fatiguée. Les instructeurs me demandaient de
me mettre sur la pointe des pieds, ils m'obligeaient à rester
ainsi tout le temps. Je ne sentais plus mes jambes, j'avais très
mal, et j'ai encore mal aux jambes, depuis cette période.
Au début de l'interrogatoire, j'ai mené une grève de la faim,
mais malgré cela, ils m'apportaient à manger dans la cellule.
Parfois, il se trouvait 11 instructeurs en même temps, l'un
questionnait, l'autre frappait, un autre criait, et les autres
insultaient, pour m'obliger à avouer.
Les instructeurs utilisaient des liens en métal pour couper le
passage du sang. Ils me liaient les mains avec des menottes
qu'ils fermaient au milieu du bras, et ensuite l'instructeur
faisait pression sur ces menottes pour susciter une douleur
insupportable. Ils me disaient que mes cris atteindraient Bab
al-Amoud (une des portes de la vieille ville d'al-Quds). Ils ont
utilisé cette méthode plusieurs fois le même jour, jusqu'à
ce que ma main gauche soit entièrement vidée de sang et que
les battements de mon coeur soient déréglés. Ils m'ont alors
emmenée à l'infirmerie, m'ont obligée à prendre des médicaments,
alors que je n'avais rien avalé pendant toute la journée.
Lors de l'interrogatoire, ils m'ont menacée d'arrêter les
membres de la famille, de jeter ma fille dans la rue. Ils me
disaient : "ta fille va mourir". Trois jours après le
début de l'interrogatoire, ils ont amené mon père, mais lui
ont interdit de me parler. L'instructeur m'avait seulement
annoncé que mes parents étaient arrêtés, et si je n'avouais
pas, ils resteraient en prison.
Lors de la présence de mon père, j'ai annoncé aux
instructeurs que leurs méthodes ne servaient à rien, que je
n'avouerai pas quelque chose que je n'ai pas commis. Lorsqu'ils
ont sorti mon père de la pièce, ils se sont mis à me
tabasser, sur tout le corps. L'un des instructeurs, dénommé
Abu Yussouf, m'a menacée de me briser la tête, disant que je
suis têtue et qu'il me presserait comme une orange.
Ensuite, ils m'ont descendu à la cellule. C'était une tombe,
sombre, d'où se dégageait une odeur insupportable. Le
ventilateur soufflait à fond de l'air glacé. J'étais
frigorifiée. Ils m'ont alors menacée de me passer au détecteur
de mensonge. J'y suis passée cinq fois, et à chaque fois, le résultat
était que je mentais.
Lors de ma présence en cellule, le gardien entrait et me menaçait
de coups. Ils ont essayé plusieurs fois de me faire tomber sur
les escaliers, ils m'obligeaient à descendre les escaliers les
yeux bandés et les mains attachées. Ils me frappaient sur le
dos. Ils m'ont fait également écouter des voix de jeunes
torturés. Tout cela, pour me faire avouer.
Lors de ma présence à al-Moskobiyya, le médecin de la
Croix-Rouge n'est pas venu. Seul un avocat est passé 10 jours
après le début de l'interrogatoire.
Fida' se trouve actuellement dans la prison de Telmond.
Femmes palestiniennes résistantes et prisonnières
L'arrestation des femmes palestiniennes s'est intensifiée
ces derniers temps. Le 5 juin 2006, 123 femmes sont détenues,
dont 6 mineures et 21 mères de famille. Elles sont détenues
dans les prisons de Telmond et Ramleh.
Le 4 juin, l'avocat de Nadi al-Asir a réussi à obtenir une
visite à la prison de Telmond. Les prisonnières ont déclaré
que les conditions de détention sont insupportables et humiliantes,
pour tout être humain.
Les prisonnières affirment que les cellules sont surpeuplées,
les lits font défaut, et plusieurs prisonnières sont obligées
de coucher sur le sol.
Elles se sont plaintes de la prolifération des maladies de
peau, à cause de l'humidité et le refus de la direction de les
soigner, d'autant plus que les insectes et les cafards pullulent
dans les cellules. Au cours des récréations, elles ne sont pas
protégées du soleil très fort, ce qui suscite des maux de tête
pour certaines. Elles sont interdites d'utiliser les douches
pendant la période de récréation.
Elles souffrent du manque de circulation de l'air frais dans les
cellules, et certaines souffrent d'une insuffisance
respiratoire. Plusieurs femmes souffrent d'une situation
psychologique très dure. Elles affirment manquer de vêtements
et sous-vêtements, étant donné que leur nombre augmente et
que la direction refuse l'entrée de nouveaux colis de la part
des familles. Elles se sont plaintes des punitions collectives
et individuelles que la direction de la prison poursuit, pour
les raisons les plus futiles, ainsi que des fouilles
provocatrices menées à chaque fois qu'elles sont obligées de
se déplacer.
L'avocat a réussi à voir les prisonnières suivantes :
Maha Youssef Awad, de Nablus, arrêtée le 10 novembre 2004, 20
ans.
Lina Yaser Hadayde, de Tulkarm, 24 ans, arrêtée le 10
septembre 2005
Raha' Muhammad Umar Hih, d'al-Khalil, 20 ans, arrêtée le 10
septembre 2005
Linane Youssef Moussa Abu Ghalmeh, de Nablus, 25 ans, arrêtée
depuis le 9 septembre 2004.
Muna Ramadan Muhammad Amayra, d'al-Khalil, 26 ans, arrêtée
depuis le 9 novembre 2002.
Nariman Muhammad Ahmad Rawashde, de la ville d'al-Khalil, 30
ans, arrêtée depuis le 29 mai 2005.
Maysoun Ibrahim Mitour, de la ville d'al-Khalil, 27 ans, arrêtée
depuis le 31 ocotbre 2003.
Fida' Sa'id Ahmad Abdallah, d'al-Quds, 30 ans, arrêtée depuis
le 11 février 2004.
Nariman Muhammad Sadeq Hasis, de Jénine, 23 ans, arrêtée
depuis le 10 février 2004.
Si vous souhaitez correspondre avec ces femmes résistant derrière
les barreaux de l'occupation, à Telmond, vous pouvez envoyer
vos lettres et vos cartes postales à
"Nom, prénom"
Asharon prison
Even Yehuda
Zip code 40550
P.O.BOx 7
EXIGEONS LA LIBERATION
DE TOUS LES PRISONNIERS
PALESTINIENS ET ARABES
DES GEÔLES DE L'OCCUPATION SIONISTE