Plus de 30
opérations d'échanges de prisonniers depuis 1948
Rapport
de Abdel Naser Awni Ferwana
Depuis 1948, le conflit israélo-arabe s'est manifesté
par plusieurs guerres classiques ou des guerres d'usure,
mais aussi par la résistance nationale palestinienne et
libanaise. Ce conflit a conduit à l'arrestation par les
forces de l'occupation israélienne de près de 800.000
Palestiniens, des milliers de soldats et de citoyens
arabes, et des dizaines de personnes de diverses
nationalités.
Les forces arabes avaient capturé et fait prisonniers
plus de mille israéliens. Pour sa part, les organisations
de la résistance palestinienne et libanaise avaient
conservé des dizaines de dépouilles de soldats israéliens.
Le nombre élevé de prisonniers palestiniens s'explique
par la présence directe des forces de l'occupation israélienne,
sur-équipées, dans chaque rue et chaque camp, avec une
possibilité de pénétrer dans toute maison pour arrêter
les membres d'une famille.
Concernant les prisonniers palestiniens, il s'agit du plus
haut pourcentage de prisonniers dans le monde par rapport
à la population dans les territoires palestiniens occupés.
Il faut cependant considérer que les arrestations
touchent de près les familles, les proches et les voisins
des prisonniers, qui ne sont pas seulement un alignement
de chiffres, froids, mais il s'agit de l'histoire,
d'histoires et de récits, de souffrances et de peines.
Chaque prisonnier vit une histoire particulière ou plutôt
une multitude d'histoires.
La politique de l'occupation et des arrestations a
constitué, et constitue toujours, un phénomène touchant
chaque camp et chaque ville, chaque famille et chaque
maison. Une très faible minorité de notre peuple peut être
exclus de ce phénomène, n'ayant pas été touchée par
la politique des arrestations. Mais toute partie de la
Palestine a été le théâtre de l'installation d'une
prison, d'un centre de détention ou d'arrestation, du
nord jusqu'au désert du Naqab, dans le sud.
L'arrestation est devenu une expression durable dans le
dictionnaire palestinien. Cela fait partie de l'abécédaire
de la vie palestinienne. Lorsque l'enfant né, et même
avant, il connaît déjà les termes de la pauvreté et de
la destruction, sinon celui de la mort, et s'il survit, il
apprend les termes de l'occupation, de la prison, de la
torture et de l'assassinat. L'enfant peut naître sur les
barrages militaires, dans les voies de passage ou en
prison. Il y grandit et se nourrit des scènes de la
prison et des ge^liers, et apprend aux grilles des
visites.
Il est du droit du prisonnier palestinien et arabe de rêver
de liberté, de s'armer d'espoir de libération, soit par
l'achèvement de sa période d'incarcération, soit par
une opération d'échange de prisonniers, ou par des négociations
politiques, cette dernière forme ayant pris le dessus
depuis les accords d'Oslo.
Il reste à dire que les nations arabe et islamique, ainsi
que tous les peuples et leurs dirigeants, ainsi que leurs
forces résistantes et militantes, doivent faire un effort
pour que soient libérés ces prisonniers, qui ont lutté
et ont sacrifié leur jeunesse pour leur cause juste. Et
l'avenir de la Palestine ne pourra être envisagé sans
eux, s'ils n'obtiennent pas leur liberté.
Dès la création de l'Etat de l'occupation israélienne
en 1948, sur les ruines des villages, des maisons détruites
et sur les milliers de corps de martyrs, les dizaines de
milliers de blessés et les souffrances de centaines de
milliers de prisonniers, des dizaines d'opérations d'échanges
de prisonniers ont eu lieu entre le gouvernement de
l'occupation et les Etats égyptien, jordanien, syrien,
libanais, le Hizbullah et l'OLP.
Plus d'une fois, Israël avait refusé le principe de l'échange,
ou de négocier pour l'échange, comme cela se déroula à
Entebbe, Maalot ou d'autres opérations de captures et de
prises d'otages, comme cela se déroula lors de la capture
d'un bus israélien, le n°300, avec tous ses passagers,
qui fut pris par un groupe de combattants palestiniens à
Ascalan en direction de l'Egypte, le 12 avril 1984. Le bus
fut attaqué par les forces israéliennes vers Deir
al-Balah, dans la bande de Gaza, avec pour conséquence
plusieurs morts et blessés parmi les passagers israéliens,
le martyre de deux combattants palestiniens et
l'assassinat de deux autres après leur arrestation. Comme
cela se passa également avec la capture du soldat israélien,
Nahshon Fawman, capturé par des militants du Hamas en
1994, lorsque le lieu de sa cache a été attaqué, avec
pour conséquence sa mort et la mort de ceux qui le
gardaient. Il en fut de même à plusieurs reprises,
lorsque les organisations de la résistance palestinienne
tentaient de détourner des avions, comme les opérations
du FPLP en 1968, 1969, et 1970, en prenant les passagers
en otages pour les échanger contre les prisonniers et les
prisonnières.
D'autres tentatives de capture de soldats et de colons en
Palestine et au sud du Liban, furent menées par plusieurs
organisations de la résistance palestinienne. Par
exemple, la capture du soldat Moshe Tamam, exécutée par
un groupe du FPLP au milieu des années 80 en Palestine, où
le soldat fut gardé pendant plusieurs jours, et lorsqu'il
n'a pu être transféré vers l'extérieur, il fut exécuté.
Mais aussi la capture de deux soldats par un groupe du
mouvement Hamas, le 3 mai 1989, qui furent tués et enterrés,
et dont le corps de l'un fut découvert plus d'un mois
plus tard et l'autre, après plusieurs années. Le but de
ces captures était de les échanger avec les prisonniers.
En 1992, un groupe du mouvement Hamas parvint à capturer
un soldat nommé Nissim Toledano, qui fut exécuté
lorsque les troupes israéliennes donnèrent l'assaut.
Sur le plan palestinien, il nous faut remarquer qu'au
cours des deux dernières décennies, le mouvement Hamas a
agi dans ce sens de manière plus fréquente et insistante
que les autres groupes de la résistance. Le mouvement
islamique Hamas mena plus d'une tentative et exécuté
plus d'une opération de capture de soldats et de colons
en vue de les échanger contre des prisoniers, la dernière
opération datant du 25 juin 2006, en coopération avec
les organisations Jaysh al-Islam et les alwiya al-Nasir
Salaheddine, au cours de l'opération militaire "Illusion
dissipée", opération audacieuse et de qualité, menée
contre une position militaire israélienne sur la limite
de la bande de Gaza, au cours de laquelle plusieurs
soldats israéliens furent tués.
Sur le plan arabe, le Hizbullah libanais s'est distingué
par ses opérations, et ntamment par la dernière,
"la promesse sincère", menée le 12 juillet
2006, au cours de laquelle une patrouille militaire israélienne
fut attaquée, plusieurs soldats israéliens furent tués
et blessés, et deux soldats furent capturés, en vue de
les échanger avec les prisonniers détenus par le
gouvernement de l'occupation israélienne.
Selon les informations que nous avons pu recueillir jusque
là, plusieurs opérations d'échanges de prisonniers
palestiniens et arabes ont eu lieu, depuis 1948, la première
avec la république arabe d'Egypte, et au niveau
palestinien, la première fut en 1968, avec le FPLP. Plus
de 30 opérations d'échanges de prisonniers ont abouti à
la libération des prisonniers.
1 - Après la guerre de 1948, l'Etat sioniste a entrepris
des échanges de prisonniers avec l'Egypte, la Jordanie,
la Syrie et le Liban, les forces égyptiennes ayant entre
leurs mains 156 soldats égyptiens, les Jordaniens 673,
les Syriens 48 et les Libanais 8. Quant à Israël, il détenait
1098 Egyptiens, 28 Saoudiens, 25 Soudanais, 24 Yéménites,
17 Jordaniens, 36 Libanais, 57 Syriens et 5021
Palestiniens.
L'échange eut lieu avec chacun des pays détenant des
prisonniers. L'échange d'al-Falouja eut lieu avec l'Egypte
le 27 février 1949, et avec le Liban le 3-4 avril 1949,
et avec le Syrie le 21 juillet 1949.
2 - Le 30 septembre 1954, les forces égyptiennes
capturent dix marins israéliens sur le navire Bet Jalim,
dans la canal de Suez. Après intervention du conseil de sécurité
de l'ONU, l'Egypte relâche les dix marins le 1 janvier
1955.
3 - Au mois de décembre 1954, la Syrie capture 5 soldats israéliens
sur les hauteurs du Golan, venus dans une missin spéciale.
L'un d'eux se suicide, son corps est retourné dans l'Etat
siniste le 14 janvier 1955, et les quatre autres sont échangés,
quinze mois plus tard, avec 41 prisonniers syriens.
4 - Le 21 janvier 1957, et jusqu'à la date du 5 février
1957, 5500 Egyptiens sont échangés, qu'Israël avait
fait prisonniers lors de l'agression tripartite en 1956,
avec 4 soldats israéliens que l'Egypte avait fait
prisonniers au cours de la même guerre.
5 - Le 13 mars 1961, les soldats sionistes de l'unité
Golani occupent des positions syriennes dans le Glan. Les
forces syriennes capturent deux soldats israéliens qu'ils
rendent plus tard.
6 - Le 21 décembre 1963, une opération d'échange a lieu
entre Israël et la Syrie, 11 soldats sionistes sont échangés
contre 15 prisonniers syriens.
7 - Au cours de la guerre de juin 1967, les forces arabes
ont capturé 15 soldats israéliens, dont 11 par les
forces égyptiennes, 6 ayant attaqué le port
d'Alexandrie, deux aviateurs et des membres des services
des renseignements, 1 soldat capturé par les forces
syriennes, deux par les forces irakiennes et 1 par les
forces libanaises. Par contre, Israël a fait prisonniers
4338 soldats égyptiens, ainsi que 899 civils, 533 soldats
jordaniens et 366 civils, ainsi que 367 soldats syriens et
205 civils.
L'opération d'échange commença le 15 juin 1967 pour se
terminer le 23 janvier 1968 : deux aviateurs israéliens
capturés par les forces irakiennes furent ajoutés à l'échange,
ils avaient été capturés lors des bombardements de l'aéroport
H3 à l'ouest de l'Irak. Israël procéda à la libération
de 428 Jordaniens, de 572 Syriens (en échange d'un
aviateur et de trois corps de soldats israéliens. La
Syrie refuse jusqu'à présent la remise du corps de
l'espion israélien, Eli Cohen, capturé et exécuté en
1968.
8 - Le 2 avril 1968, une opération d'échanges eut lieu
avec la Jordanie, Israël libérant 12 prisonniers contre
le corps d'un soldat israélien tué lors de la bataille
d'al-Karameh. Deux soldats israéliens sont toujours portés
disparus suite à cette bataille.
9 - Le 23 juillet 1968, la première opération d'échanges
eut lieu entre l'OLP et le gouvernement de l'occupation,
après que les combattants palestiniens du FPLP ait réussi,
sous la direction de Yousef Radi' et Laila Khaled, à détourner
un avion israélien d'El Al, qui se dirigeait de Rome vers
Tel Aviv. L'avion, qui transportait 100 passagers,
fut détourné vers l'Algérie. Par l'intermédiaire de la
Croix Rouge Internationale, 37 prisonniers palestiniens
condamnés à de lourdes peines, furent libérés,
certains étant détenus avant 1967, dont le prisonnier
Sikran Sikran, arrêté depuis 1964.
10 - Fin 1969, un groupe du FPLP, dirigé par Laila
Khaled, détourne un avion israélien, et demande la libération
des prisonniers palestiniens. L'avion se pose en
Grande-Bretagne, où un membre anglais du commando est tué
et Laila Khaled arrêtée. Ensuite, la même organisation
détourne un avion anglais et réussit à faire libérer
Laila Khaled.
11 - Début 1970, 12 soldats israéliens sont capturés
par les forces égyptiennes et 3 par les forces syriennes.
Le 16 août 1970, l'Egypte rend un aviateur israélien
blessé, et le 29 mars 1971, l'Egypte échange un soldat
capturé contre un nombre très limité de soldats et de
civils égyptiens.
12 - Le 28 janvier 1971, un échange a lieu entre Israël
et le mouvement Fateh, le prisonnier Mahmud Bakr Hijazi
est échangé contre un soldat israélien que le mouvement
avait capturé à la fin de 1969.
Hijazi est considéré comme le premier prisonnier de la révolution
palestinienne contemporaine déclenchée en 1965. Il avait
été arrêté le 18 janvier 1965, accusé d'appartenir au
mouvement Fateh, ce qui lui a valu d'être condamné à
mort, mais il ne fut pas exécuté. L'échange eut lieu à
Ras Naqoura, sous l'égide de la Croix-Rouge
Internationale. Hijazi retourna à Gaza, avec les forces
palestiniennes, après les accords d'Oslo en 1994.
13 - Début mars 1973, une opération d'échange eut lieu
avec la Syrie. Israël libéra 5 officiers syriens kidnappés
au sud du Liban ainsi que le militant, qui était député
à l'assemblée du peuple syrien, le défunt Kamal Kanj
Abu Salih, contre la remise de 4 aviateurs israéliens
capturés par la Syrie.
14 - Le 3 juin 1973, la Syrie remet trois aviateurs israéliens,
trois ans après leur capture, contre la libération de 46
prisonniers syriens.
15 - Au cours de la guerre de 1973, les forces égyptiennes
capturent 242 soldats israéliens, les forces syriennes
capturent 68 soldats, et les forces libanaises 4 soldats,
au moment où les forces israéliennes ont fait
prisonniers 8372 soldats égyptiens, 392 syriens, 6
Marocains, 13 Irakiens. L'échange eut lieu avec l'Egypte
les 15 et 22 novembre 1973, les soldats et officiers israéliens
sont échangés contre tous les soldats et officiers égyptiens.
16 - L'échange eut lieu avec la Syrie du 1 au
6 juin 1974 : 392 syriens, 6 Marocains et 10 Irakiens
sont échangés contre 58 soldats israéliens.
17 - En mars 1974, Israël libère 65 prisonniers égyptiens
et palestiniens contre la remise de deux espions israéliens
capturés en Egypte.
18 - Le 4 avril 1975, l'Egypte rend à Israël 39 corps de
soldats israéliens, en échange de la libération de 92
prisonniers détenus dans ses prisons.
19 - Le 14 mars 1979, ce fut l'opératin d'échange
"Litani", entre Israël et l'OLP. Le
FPLP-Commandement général, avait capturé un sldat le 5
avril 1978, lors de l'opération d'agression israélienne
sur le Liban : le FPLP-CG avait tué quatre soldats près
de Sour et pris un en captivité. Israël libéra 76
prisonniers de toutes les formations palestiniennes, dont
12 femmes, et parmi elles Afifa Hanna Bannoura, décédée
il y a quelques années.
20 - A la mi-février 1980, l'Etat d'Israël libère le
prisonnier Mahdi Bsiso en échange d'une espionne capturée
par le Fateh. L'échange eut lieu à Chypre, sous l'égide
de la Croix Rouge internationale.
21 - Le 23 novembre 1983, une opération d'échange a lieu
de nouveau entre Israël et le mouvement Fateh. Israël
libère tous les détenus dans le centre de détention d'Ansar,
au sud du Liban, soit 4700 détenus palestiniens et
libanais, et 65 prisonniers dans les prisons israéliennes,
en échange de la remise de 6 soldats israéliens, de
l'unité Nahal, capturés à Bhamdoun, au Liban, le 4
septembre 1982 par le Fateh et deux soldats israéliens
par le FPLP-CG.
22 - Le 26 juin 1984, Israël a reçu 3 de ses soldats et
cinq corps de soldats décédés de la Syrie, en procédant
à la libération de 291 soldats syriens et 86 Libanais de
la Résistance nationale libanaise, ainsi que 13 détenus
syriens du Golan, arrêtés depuis 1973 (tout en restant
dans le Golan) et les corps de 74 soldats syriens.
23 - Le 20 mai 1985, Israël procède à un échange avec
le FPLP-CG, l'une des formations de l'OLP, dans une opération
surnommée Galilée, en faisant libérer 1155 prisonniers
détenus dans ses prisons, dont 883 prisonniers détenus
dans les prisons israéliennes et 118 détenus kidnappés
de la prison de Ansar au Liban vers l'Etat sioniste en
1983, lors de l'échange avec le mouvement Fateh, ainsi
que 154 prisonniers transférés de Ansar vers Atlit lors
du retrait israélien du sud Liban, en contrepartie de la
remise de trois soldats israéliens capturés par le
FPLP-CG (l'un capturé en 82 avec d'autres que le Fateh a
échangés. Il s'agit de la plus vaste opération d'échanges
de prisonniers, menée selon les conditions
palestiniennes.
24 - Le 11 septembre 1985, Israël fait libérer 119
libanais détenus dans la prison de Atlit, alors que
l'ensemble des Libanais libérés depuis le 4 juin 1985
est de 1132, en échange de la remise de 39 otages américains
pris à bord d'un boeing TWC, en juin de la même année,
opération menée par une organisation se faisant appeler
le jihad islamique. Au cours de la même opération, l'armée
du liban-sud (officine israélienne) est contrainte de
faire libérer 51 détenus à la prison de Khiam. Israël
remet au Hizbullah 9 corps de combattants.
25 - En 1991, deux opérations d'échanges sont menées
entre le Hizbullah et Israël, la première a lieu le 21
janvier où Israël assure la libération de 25 détenus
de Khiam, dont deux ffemmes, et la seconde le 21 septembre
où Israël libère 51 détenus de Khiam en échange d'un
corps de soldat israélien.
26 - Le 13 septembre 1991, Israël reçoit le corps d'un
soldat israélien que le FDLP avait capturé en 1983, en
échange de la permission accordée au retour au pays d'un
syndicaliste banni, Abdullah Abu Hilal, d'Abus Dis,
qu'Israël avait banni en 1986.
27 - Le 21 octobre 1991, le Jihad islamique (Liban) libère
un professeur américain en échange de la libération de
15 détenus libanais dont 14 à Khiam.
28 - le 21 juillet 1996, 132 corps de libanais tombés
martyrs lors de la guerre israélienne au Liban sont échangés
contre 3 corps de soldats israéliens. Hizbullah échange
17 soldats de l'armée collaboratrice d'Israël, l'ALS,
avec 45 détenus du Hizbullah dans la prison de Khiam.
L'Allemagne avait joué le rôle d'intermédiaire.
29 - en 1977, un accord d'échange a lieu entre le
gouvernement israélien et le gouvernement jordanien. La
Jordanie remet les agents du mossad arrêtés par les
forces de sécurité après leur tentative d'assassiner
Khaled Mechaal, président du bureau politique du Hamas,
et Israël accepte de libérer sheikh Ahmad Yassine,
fondateur du mouvement Hamas, détenu dans les prisons
israéliennes depuis 1989, alors qu'il était condamné à
la prison à vie.
30 - Le 26 juin 1998, Israël rend 40 corps de martyrs
libanais et libère 60 détenus libanais (dont 10 détenus
en Israël et 50 dans la prison de Khiam). Parmi les corps
rendus, celui de Hadi Nasrullah, fils du secrétaire général
du Hizbullah, Sayyid Nasrullah. En échange, le Hizbullah
remet le corps d'un officier haut gradé ainsi que nze
officiers et soldats israéliens d'un commando maritime
entré au Liban dans une mission spéciale.
31 - En 2003, Israël remet deux corps de martyrs du
Hizbullah en échange d'une visite du médiateur allemand
à l'officier israélien détenu par le Hizbullah.
32 - Le 29 janvier 2004, une opération d'échange entre
le Hizbullah et le gouvernement sioniste, par l'intermédiaire
de l'Allemagne, fait libérer 462 prisonniers
palestiniens, libanais, parmi eux 30 prisonniers arabes,
24 libanais, parmi eux sheikh Abdel Karim Ubayd, enlevé
par les Israéliens en 1989, Mustafa Dirani, enlevé par
les Israéliens en 1994, 6 prisonniers arabes (aucun égyptien,
jordanien ou syrien du Golan), ainsi que le prisonnier
allemand Stefen Mark, accusé par Israël d'être membre
du Hizbullah. Israël rend 59 corps de Libanais.
431 Palestiniens de Cisjrdanie et de la bande de Gaza
furent libérés, mais aucun Palestinien de 48 ou d'al-Quds,
et la plupart des prisonniers libérés avaient été arrêtés
au cours de l'Intifada al-Aqsa, à l'exception de 20
prisonniers. 60 prisonniers administratifs faisaient également
partie de l'échange.
En échange, le Hizbullah remit un commandant de
l'armée et trois corps de soldats israéliens, tués en
octobre 2000.
Israël refusa que le prisonnier Samir Qintar détenu
depuis le 22 avril 1979 fasse partie de l'échange,
indiquant qu'il lierait son sort aux informations qu'il
pourrait obtenir sur l'aviateur Ron Arad disparu depuis
1986.
33 - Le 5 décembre 2004, le gouvernement égyptien remet
l'espion Azzam Azzam à Israël en échange de 6 étudiants
égyptiens arrêtés et détenus par Israël. Selon
l'accord, Israël libère le 28 décembre 2004 165 détenus
palestiniens arrêtés lors de l'Intifada al-Aqsa (à
l'exception d'un seul détenu en 1999), dont 52 accusés
d'être entrés en Israël sans autorisation, les autres
étant condamnés à de faibles peines de prison ou dont
la peine était presque achevée.
34 - Le Hizbullah détient deux soldats israéliens depuis
le 12 juillet 2006, affirmant qu'ils ne retourneraient à
leurs familles que par des négociations indirectes et l'échange
de prisonniers. Par ailleurs, les organisations de la résistance
palestinienne détiennent un soldat israélien depuis le
25 juin dernier, affirmant qu'elles ne remettraient le
soldat qu'en échange des prisonniers.
Notre espoir est que ces échanges aient lieu pour mettre
fin à la souffrance de milliers de prisonniers
palestiniens et arabes, et que le dossier des prisonniers
soit clos définitivement.
Les principaux accords politiques de libération
des prisonniers
Quant aux principaux accords politiques ayant eu lieu ces
derniers temps, à commencer par la déclaration de
principes entre les parties israélienne et palestinienne
le 13 septembre 1993, ils ont permis la libération de
dizaines de milliers de prisonniers et détenus
palestiniens et arabes, y compris des détenus d'al-Quds.
Lors de la signature de la déclaration de principes le 13
septembre 1993, à Washington, il y avait 12.500
prisonniers palestiniens et arabes dans les prisons israéliennes.
Dans les années qui suivirent, et jusqu'à l'Intifada
al-Aqsa, en 2000, 90% de ces prisonniers furent libérés.
Et au moment du déclenchement de l'Intifada, il y avait encore 1250
prisonniers. Une partie d'entre eux fut libérée au cours
de l'Intifada, mais 553 prisonniers, représentant 5,5% de
l'ensemble des prisonniers, snt toujours détenus. 369
prisonniers sont toujours détenus depuis la période
d'avant Oslo et la constitution de l'Autorité
palestinienne, le 4 Mai 1994. Ce qui signifie que les accords
d'Oslo et les autres qui ont suivi ont réalisé une
avancée, globalement, et le négociateur palestinien
doit prendre cela en compte quelle que soit sa position
envers ceux-ci. Mais nous remarquons également que ces
accords comportaient des failles importantes qui ont
permis à l'Etat d'Israël de rompre ses engagements, de
fixer des conditions et d'exécuter ce qui allait dans son
sens, notamment en considérant la question des
prisonniers comme une question humanitaire et que leur libération
dépendait de ses bonnes intentions.
La déclaration de principes ne mentionne pas, par
exemple, l'obligation clairement exprimée d'Israël de
libérer tous les prisonniers, sans exception, selon un
agenda fixe, c'est ce qui a permis à Israël d'utiliser
les prisonniers en tant qu'otages et carte de négociation
pour faire pression sur la partie palestinienne.
Certains de ces accrds furent cependant clairs et exigent
la libération des prisonniers, comme l'article 20 de
l'accord du Caire signé le 4 mai 1994 et l'article 16 de
l'accord de Taba, avec les détails dans l'appendice 7.
Cet accord signé à Washington le 28 septembre 1995
inclut des textes et des détails pour la libération des
prisonniers en trois étapes, mais Israël a laissé traîner
et n'a respecté ni les textes, ni les critères ni le
nombre. Par exemple, dans la première étape, il était
convenu qu'il libère 1500 prisonniers, dont toutes les
prisonnières, mais seuls 882 furent libérés, et parmi
eux 375 détenus non politiques. Mais une seule prisonnière
fut libérée, Bashayer Abu Laban, les prisonnières
palestiniennes ayant refusé de sortir individuellement
après la décision israélienne de trier parmi elles,
alors que le premier article de l'accord indique
clairement la libération de toutes les prisonnières, au
cours de la première étape.
Au cours de la seconde étape, il était convenu la libération
de 1200 prisonniers, dont tous les enfants, et les
prisonniers âgés de 50 ans et plus, et les malades ainsi
que ceux qui sont détenus depuis plus de dix ans. Mais le
10-11 janvier 1996, 1042 prisonniers furent libérés,
sans respecter les détails, en incluant 60 détenus de
Gaza accusés d'avoir franchi la ligne verte (vers la
Palestine occupée en 48) sans autorisation, et 200
prisonniers de droit commun, et la plupart des prisonniers
libérés avaient presque achevé leur peine.
Si l'accord de Taba comprenait des articles clairs sans
toutefois fixer un agenda précis, le mémorandum de White
River signé le 23 octobre 1998 à Washington, qui devait
être plus précis, n'a mentionné aucun mot sur les
prisonniers, seule une promesse israélienne de libérer
des prisonniers a été incluse, sous garantie américaine.
Le nombre de 750 prisonniers, en trois étapes, a été
mentionné, mais le 20 novembre 1998, les autorités de
l'occupation libèrent 250 dont 156 prisonniers de droit
commun, 94 prisonniers politiques aux condamnations légères,
ce qui a suscité colère et découragement parmi
la population palestinienne et les prisonniers, qui ont
entamé une grève de la faim pendant dix jours à partir
de 5 décembre 1998, réclamant leur libération.
L'accord de Sharm el-sheikh signé le 4 septembre 1999
voulait régler cette faille relative à la libération
des prisonniers. Le texte fut clair, exigeant la libération
des prisonniers arrêtés avant le 4 mai 1994, les deux
parties devant constituer une commission commune pour
suivre les questions relatives à la libération des
prisonniers.
Le gouvernement israélien accepta la libération de 199
prisonniers le 9 septembre 1999 et 151 prisonniers le 15
octobre 1999, tous les prisonniers étant des condamnés
à de lourdes peines et des prisonniers arabes. Mais il
refusa la libération de 369 prisonniers.
Israël libéra également des prisonniers anciens,
individuellement, cmme Ahmas Jabbara Abu Sikkar, qui avait
été détenu pendant 27 ans, et le prisonnier Khalil Ra'i
qui avait passé 25 ans en prison et Salim Zari'i, qui
avait passé plus de 20 ans en prison.
Les autorités sionistes ont réussi à parcelliser la
question des prisonniers en procédant à leur libération
par étapes, non définies. Il a expliqué les textes à
sa manière, fixé lui-même les critères et les
conditions. Il n'a jamais voulu inclure les prisonniers
palestiniens des régions de 48 ou les prisonniers d'al-Quds
dans les différentes négociations, et a souvent procédé
de façon unilatérale dans ce dossier sans prendre en
compte les revendications palestiniennes.
Il nous faut ici nous arrêter sur la position héroïque
des prisonnières palestiniennes qui avaient refusé les
libérations individuelles, en s'appuyant sur les accords
de Taba, considérant qu'il s'agit d'un acte politique et
non humanitaire. Cette situation a duré deux ans, et
c'est suite à la signature des protocoles d'al-Khalil, le
7 février 1998 qu'Israël est contraint de libérer
toutes les prisonnières, au nombre de 31 à l'époque.
Il faut remarquer qu'Israël essaie sans cesse de considérer
cette question comme humanitaire et non politique. Il
invoque la politique des bonnes intentions, selon les critères
israéliens. Il oblige le prisonnier libéré à signer
une déclaration de "rejet du terrrorisme et de la
violence", ce qui est en contradiction manifeste avec
les accords signés avec l'Autorité palestinienne, mais
aussi avec la déclaration mondiale des droits de l'homme,
qui précise le droit de tout individu à agir et à
penser en toute liberté.
Après l'Intifada al-Aqsa et les accords de Sharm
el-sheikh, une initiative de "bonnes intentions"
israélienne permet la libération, le 21 février 2005,
de 500 prisonniers. Le 2 juin de la même année, 398
prisonniers sont libérés, soit au total 898 prisonniers.
Ces libérations furent préparées uniquement par la
partie israélienne, excluant les prisonniers anciens, ou
les condamnés à de lourdes peines, ou les dirigeants
politiques et les malades. A l'exception de 10 prisonniers
détenus avant les accords d'Oslo, ceux qui furent libérés
sont soit des détenus administratifs (119), soit des
prisonniers condamnés à de légères peines ou qui
achevaient leurs peines.
Mais la libération des prisonniers n'a pas empêché les
autorités sionistes de poursuivre les arrestations et les
rafles : sur les barrages, dans les villes, les villages
et les camps. Les citoyens palestiniens sont enlevés, les
malades et les blessés sont arrêtés dans les hôpitaux,
les dirigeants sont enlevés dans leurs maisons, ou même
en prison, comme Ahmad Saadat. Depuis le début de
l'Intifada al-Aqsa, plus de 50.000 Palestiniens ont été
arrêtés, dont près de 5000 enfants.