Alors que l’on commence à avoir
des informations sur la campagne et l’humeur des
Palestiniens , il apparaît clairement que avoir
fait le lien corruption /Autorité palestinienne
est l’une des principales raisons du succès du
Hamas.
Le Procureur général de
Palestine a déclaré pendant une conférence de
presse que des enquêtes sont actuellement en
cours sur des dizaines de cas de corruption, et
cela a renforcé le sentiment que beaucoup,
pendant ces dernières années, ont agis sans
rendre de compte à personne.
La rumeur qu’environ 700
millions de dollars ont été volés au peuple
palestinien n’a pas arrangé les choses, même
pour le Procureur général lui-même.
Même si le Hamas et certains
jeunes dirigeants du Fatah ont salué le procureur
pour mener cette enquête la question est posée :
pourquoi cela n’a-t-il été rendu public
qu’après les élections ?
La position officielle des enquêteurs
est qu’ils ne voulaient pas sembler influencer
les élections en faisant état de ce problème à
la veille du scrutin. Les gens ont eu du mal à
croire à cette explication, pensant plutôt que
c’est le succès du Hamas sur une plate forme
contre la corruption et pour la réforme qui a
entraîné cette révélation.
Beaucoup de ceux qui sont contents
de la victoire du Hamas espère aussi qu’il va y
avoir une période de gouvernance sans corruption.
Dans une conférence de presse à propos du rôle
des médias, tenue à Ramallah après l’élection
par Amin Network, il est apparu que la plupart des
spots télévisés du Hamas étaient centrés sur
la corruption concernant l’attribution de postes
au gouvernement. L’interférence des hommes
politiques dans les nominations semble avoir
continué après l’élection, avec le
renouvellement de poste de nombreux candidats, qui
avaient du quitter leurs fonctions avant l’élection
et qui n’ont pas été élus. Certains ont même
été promus, en un dernier geste de corruption
avant que le Hamas ne prenne en charge le
gouvernement de l’Autorité palestinienne.
Une partie des discussions qui ont
suivi l’élection a porté sur la nouvelle loi
électorale, selon laquelle 50 % des candidats ont
été élus à la proportionnelle et 50 sur des
listes des districts locaux.
Un spécialiste des sondages a déclaré
qu’un certain nombre d’individus membres du
Fatah ont aidé le Hamas en rejetant la demande de
Mahmoud Abbas que le scrutin se déroule complètement
à la proportionnelle. S’il en avait été ainsi
le Hamas aurait pu avoir plus de voix que le Fatah
mais en tout le Fatah et ses partenaires de la
coalition des indépendants et de la gauche
auraient pu facilement former une majorité
gouvernementale.
Un changement dans le mode de
scrutin aurait résolu un problème majeur du
Fatah : le nombre si élevé de candidats du
Fatah qui se sont présentés en tant qu’indépendants,
parce qu’ils n’étaient pas sur la liste
officielle, a fait que des milliers de voix ont été
perdues dans le vote de district. A Jérusalem,
Bilal Natshe, un dirigeant du Fatah a indiqué aux
journalistes qu’environ 37,000 avaient été
perdus ainsi, plus qu’assez pour avoir fait
gagner des candidats du Fatah. A Bethléem, le
Fatah a obtenu la majorité des voix sur la liste
nationale mais a pourtant perdu tous les sièges,
sauf ceux qui étaient réservés aux Chrétiens.
.
De manière surprenante la petite
communauté chrétienne de Palestine ne semble pas
avoir peur de la victoire du mouvement islamique.
Déjà à Bethléem et Ramallah, les maires chrétiens
de ces 2 villes ont été élus avec le soutien de
membres du conseil municipal membres du Hamas. A
Gaza, l’unique siège réservé aux citoyens chrétiens
n’est pas allé au candidat du Fatah mais à un
indépendant soutenu par le Hamas.
A Gaza la situation s’est modifiée
de nombreuses autres façons. Les assassinats qui
se sont succédés de militants des Brigades des
martyrs d’al-Aqsa, du Fatah, laissent prévoir
un retournement pour le Hamas dont les combattants
se plient toujours à la trêve unilatérale (tahdia)
que tous ont approuvée au Caire et qui a pris fin
officiellement à la fin de l’année 2005.
Avec le Hamas qui veut montrer un
visage plus modéré et les rumeurs qu’il est prêt
à respecter les engagements pris précédemment
par l’Autorité palestinienne (tout en disant
qu’il espère les renégocier), il semble que ce
sont les combattants du Fatah qui ont maintenant
davantage de raisons d’attaquer les Israéliens.
Les Palestiniens observent avec
calme les discussions qui suivent les élections.
Pour le moment les Palestiniens démocrates (libéraux)
traitent la victoire des conservateurs Hamas sur
le mode de la plaisanterie. Bientôt les
dirigreants du Hams vont être confrontés à la
dure réalité dont ils n’étaient pas
conscients précédemment.
Ceci, et la peur du Hamas qu’ils
ne soient pas réélus aux prochaines élections,
rassure les Palestiniens : quoiq qu’il se
passe ce sera au bout du compte bon pour le pauple.
Et puis, comme disent de nombreuses personnes, ça
ne peut pas vraiment être pire.
Daoud Kutab, chroniqueur palestinien, directeur de
l’Institut des Médias Modernes àl’Université
Al-Quds, à Ramallah. Publié par Amin, traduction :
C. Léostic, Afps.