L'après Sharon
Pascal Boniface
L’accident cérébral dont Ariel Sharon a été victime va
l’empêcher de conduire la liste de son parti Kadima pour les élections
prévues le 28 mars en Israël, et pour laquelle il était donné
largement vainqueur.
Avant de disparaître de
la scène politique, Sharon avait accompli deux gestes extrêmement
importants : le retrait de Gaza qui avait largement contribué
à redorer son blason sur le plan international, et la création
de Kadima qui devait avoir pour conséquence le laminage
politique de son ancien parti le Likoud. Que fera Kadima sans
être mené par son créateur ? Si malgré la disparition de
Sharon, ce parti gagne les élections, il poursuivra dans la même
voie : des concessions aux Palestiniens, mais sans négociations.
Il pourrait y avoir un retrait partiel de Cisjordanie mais le
maintien de la construction du mur, Jérusalem restant en
totalité sous contrôle israélien.
Les deux autres
principaux partis qui vont s’affronter pour les élections
israéliennes à venir sont le Parti travailliste (dirigé
par Amir Peretz), et le Likoud (sous la conduite de
Netanyahu). Si ce dernier gagne, il n’y aura pas de
nouvelles « concessions » données aux Palestiniens. Si
c’est Amir Peretz, il ira beaucoup plus loin que ne le
voulait Sharon. Il devrait accepter par le biais d’une négociation,
la création d’un Etat palestinien sur l’ensemble de
la Cisjordanie, au prix de quelques rectifications
territoriales mutuellement agréées, avec Jérusalem pour
capitale - soit une paix véritable. Ces élections sont
donc un enjeu stratégique majeur. Mais le système électoral
israélien, avec une proportionnelle intégrale, peut
donner un résultat mitigé où personne n’est véritablement
gagnant. Il y a donc une chance mince mais réelle de voir
la paix progresser en cas de victoire travailliste.
Si les désordres
gagnaient les territoires palestiniens, ou si le Hamas
emportait les élections de janvier, Netanyahu serait
évidemment le grand bénéficiaire et augmenterait
ses chances d’emporter les élections. Mais si
Mahmoud Abbas les gagne et qu’il n’y a pas de détérioration
majeure de la situation sécuritaire en Palestine,
Peretz sera renforcé. L’avenir des élections israéliennes
dépend donc en grande partie de l’avenir de la
situation politique palestinienne.
Reste à
s’interroger sur l’héritage de Sharon. Il a
été l’homme de la guerre du Liban, de la «
promenade-provocation » sur l’Esplanade des
mosquées qui a lancé la seconde Intifada et de
la réoccupation des territoires palestiniens,
mais il a été aussi l’homme du retrait de
Gaza. Jamais avant lui, en effet, un Premier
ministre israélien n’avait procédé à un démantèlement
de colonies dans les territoires palestiniens.
A-t-il
été l’homme de la paix ? Il a été en
tous les cas l’homme du mouvement vers la
paix. Mais sans négociations, pas plus avec
Mahmoud Abbas qu’avec Arafat. Et le retrait
de Gaza est un geste historique, ce n’est
pas la paix véritable. On ne saura jamais
jusqu’où il aurait été s’il avait gagné
les élections de mars. Ce qualificatif
d’homme de paix lui fut donné en premier
par Bush, c’est exact du point de vue israélien,
cela ne l’est pas du point de vue
palestinien.
Pascal
Boniface / Yahoo ! Actualités / 10
janvier 2006
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