Pourquoi il faut voter travailliste
AB Yehoshua
[Après Amos Oz, qui a appelé à voter Meretz et qui participe
activement à lacampagne, c¹est AB Yehoshua, autre grand écrivain,
qui appelle à voter travailliste]
http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3230876,00.html
Yediot Aharonot, 22 mars 2006
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
Il y a quelque chose de positif à ce que des gens changent d¹affiliation
politique d¹une élection à l¹autre. La loyauté à un parti n¹est
pas d¹une importance capitale. A l¹exception des extrêmes des
deux côtés du paysage politique, les questions idéologiques ne
sont pas figées, et s¹il est acceptable, pour un parti
politique, de modifier ou d¹ajuster son idéologie, il est tout
à fait normal que les électeurs en fassent autant.
La pauvreté est aujourd'hui une réalité en Israël, et l¹on ne
peut minimiser ni son étendue ni ses causes. Le fossé entre les
classes s¹approfondit toujours davantage, cela fait de plus en
plus peur, et une nouvelle classe est née en Israël : les
pauvres qui ont un emploi, les gens qui effectuent un travail pénible
mais dont le salaire ne suffit pas à maintenir un niveau
de vie minimum.
Que beaucoup de ces pauvres, qui, souvent, ont recours à la soupe
populaire, viennent des milieux arabes ou ultra orthodoxes, n¹a
aucune importance. Il est de notre responsabilité à tous de
ramener la population orthodoxe sur le marché du travail et d¹appliquer
l¹égalité aux Arabes israéliens pour que ceux-ci jouissent d¹un
niveau de vie digne.
De notre faute
C¹est nous-mêmes qui avons créé cette pauvreté. Nous ne
pouvons en rendre responsables ni le Hamas ni Mahmoud Abbas. Aucun
comportement palestinien, passé, présent ou futur, n¹explique
la douloureuse crise économique ni l¹effroyable inégalité que
connaît la société israélienne.
Dans une large mesure, nous nous sommes "endormis au
volant" quand le gouvernement Likoud d¹Ariel Sharon,
Benjamin Netanyahou et Ehoud Olmert a mené sa politique économique
agressive qui a provoqué cette situation tragique. Les ministres
travaillistes qui participaient au gouvernement, Shimon Peres en tête,
ont protesté faiblement, mais n¹ont rien fait pour empêcher la
crise.
La menace qui grandit
La plupart des partisans traditionnels du Parti travailliste ne
connaissent pas les affres de la vie dure. Certains ont même bénéficié
de la politique fiscale de Netanyahou.
Mais la pauvreté grandissante finira par toucher les classes plus
aisées. La montée de la violence, l¹usage de la drogue, l¹échec
scolaire et le sentiment grandissant d¹aliénation que ressentent
les Arabes et les ultra orthodoxes, tout cela va détruire les
fondations de notre société, et nous en paierons tous le prix.
Pendant de nombreuses années, le Parti travailliste a dû faire
face à la douleur et à l¹aliénation ressentie par les classes
laborieuses à l¹égard de sa politique extérieure modérée. En
retour, cette aliénation a durci le c¦ur du parti à l¹égard
de la détresse économique des classes laborieuses.
Retour aux racines
L¹élection d¹Amir Peretz à la tête du Parti travailliste, et
les nouveaux venus qui serrent les rangs autour de lui, n¹ont pas
changé fondamentalement le parti, mais annoncent le renouveau de
ses valeurs traditionnelles, longtemps oubliées et bafouées.
Pendant les années qui ont précédé la création de l¹Etat, et
celles qui ont suivi l¹indépendance, le Parti travailliste avait
deux bannières : le socialisme et une diplomatie privilégiant la
sécurité. Les membres des kibboutz servaient ainsi d¹exemples
brillants de cette combinaison, malgré leur petit nombre relatif
dans la société israélienne.
Si Berl Katznelson, David Ben Gourion ou les autres pères
fondateurs de la social-démocratie israélienne pouvaient voter
aujourd¹hui, ils considéreraient Amir Peretz et ses amis comme
leurs successeurs idéologiques naturels, et ils verraient d¹un
très bon ¦il leur programme ambitieux d¹absorption des
immigrants, de mise en valeur des campagnes et de protection
sociale. Et tout cela sans renoncer aux intérêts d¹Israël en
matière de sécurité.
Il faut un Parti travailliste fort
Si Kadima veut réellement faire la paix, ou pour le moins se
retirer et se séparer du peuple palestinien, il aura toujours le
soutien du Parti travailliste.
Mais pour que soient prises les mesures nécessaires pour réduire
la pauvreté et réparer les torts qui ont été causés, il
faudra une présence massive du Parti travailliste dans une
coalition emmenée par Kadima, parce qu¹à partir de maintenant,
ces questions représentent pour les travaillistes bien plus qu¹un
thème électoral : elles représentent un retour à ces valeurs
traditionnelles qui, pour la première fois, occupent la première
place dans l¹ordre du jour du parti.
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